Betty Boop, de Max Fleischer


On flashe sur l’objet avant même de l’ouvrir : une couverture matelassée, rouge brillant avec, en son centre, la pin-up des années 30, affichant jarretière et regard innocent de rigueur. L’intérieur est à la hauteur : un papier sépia agréable au toucher – provenant de plus de forêts gérées de manière durable -, et des planches qui gardent l’aspect légèrement désuet des origines : pas de remasterisation aux couleurs criardes pour cet album.

Au départ chanteuse de cabaret sexy figurant au générique de Dizzy dishes, un dessin animé des années 30, Betty va rapidement devenir une vedette. Max Fleischer et ses acolytes s’inspirent de Mae West pour dessiner Betty, une actrice aux formes généreuses et au franc-parler certain. Fleischer vous est peut-être inconnu mais il est l’inventeur du rotoscope et il lance avec son frère les premiers dessins animés parlant. Le but avoué était de contrer le succès de Disney.

Betty Boop devient rapidement la vedette de ces dessins animés. Elle n’est cependant pas à réserver aux enfants puisque qu’elle est alors diffusée en première partie de films pour adultes. Positions provocantes, tenues très légères, voire corps dénudé parfois, Betty est le symbole de la femme libérée. Ses robes et dessous affriolants, de même que les allusions coquines à peine voilées dans ses dessins animés auront tôt fait de choquer les bien-pensants. Les tenues de Betty s’assagissent alors et les scénarios se font moins explicites. L’écrivain Alain David, qui nous conte cette histoire, note judicieusement que la plupart des copies distribuées à ce jour des dessins animés de Betty Boop sont les versions censurées pour la télévision américaine. Ce qui est dommage car, les mœurs ayant évoluées depuis, le spectateur peine à comprendre cette censure.

Betty est cependant la star de près de cent dix cartoons. Elle danse aux cotés de Cab Calloway, de Louis Amstrong ou de Maurice Chevalier. Et Marilyn reprend plus tard le célèbre « boop-oop-a-doop » à la fin de I wanna be loved by you. Betty obtient aussi deux long-métrages pour la télévision et apparait dans Qui veut la peau de Roger Rabbit.

Elle devient alors une héroïne de BD grâce au talent de Bud Counihan. Les strips montrent le quotidien de Betty Boop en tant que comédienne pétillante et parfois capricieuse. Si la série n’a pas rencontré un franc succès à l’époque, on a plaisir à retrouver ce personnage emblématique dans ce volume présentant l’intégrale des planches parues dans les quotidiens américains du dimanche. C’est frais, malicieux et Betty s’y montre délicieusement candide. Un monde coloré l’entoure, et les personnages secondaires sont charismatiques. Album-nostalgie, sans doute. Mais qu’il est très agréable de se plonger dans les aventures de celle qu’on a pu apercevoir à la télévision (pour les plus âgés) ! Pour les autres, c’est un personnage à découvrir !

Betty Boop

de Max FLEISCHER

Vents d’Ouest

112 pages, prix éditeur : 17€99

Collection Classiques

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