Brèves, histoire du temps… passé au ciné #3


Les plus observateurs et sensibles d’entre vous auront remarqué qu’il pleut et qu’il fait froid dehors, je vous propose donc un petit panorama des films qui valent le coup de s’enfermer au cinéma en ce moment.

Jango Fett Unchained

django couvJe vais commencer par en remettre une petite couche sur Django Unchained, le nouveau Tarantino. C’est un des indispensables de ce début d’année parce que c’est drôle, cool, la musique est bonne (bonne, booonne!), les acteurs excellents, politiquement engagé et que Tarantino démontre qu’il mûrit film après film. Et contrairement à ce que disent les mauvaises langues, ce n’est pas encore une film de vengeance mais plutôt un film de revanche et un sauvetage de donzelle épique et jouissif au possible.
Sorti le 16/01/2013

 

On met les poings sur les geeks

ciné 13 man ironfistsPuisqu’on parle de Q.T. autant rester dans le sujet et parler de l’autre film qu’il nous présente ces jours-ci. Il ne fait que le produire mais L’homme aux poings de fer (The Man with the Iron Fists) de son pote RZA, porte indéniablement sa patte KillBillienne. Vu le passé gansta rap East-Coast du membre fondateur du Wu tang Clan, je n’irais le dire en face à RZA mais j’ai trouvé son film mignon. Le film est assez maladroit, la mise en scène est basique, les acteurs sont en roue libre et cabotinent à mort, l’histoire est réduite à la portion congrue, on frôle le nanar assez souvent mais la musique, les références et les scènes de combats sauvent la mise. Le film est une déclaration d’amour aux films de la Shaw Brothers, de La main de fer à La 36e chambre de Shaolin, en passant par les 8 diagrammes de Wu-lang,l’Hirondelle d’or ou les 14 amazones ce ne sont pas les références qui manquent. RZA se fait plaisir et nous communique son enthousiasme un peu maladroit par la même occasion.

Au casting on retrouve donc RZA dans le rôle-titre, Russel Crowe avec 40 kilos en trop dans une performance digne d’un ancien acteur français porté sur la bouteille et nouvellement russe, Lucy Liu et Gordon Liu (aucun rapport). Tout le monde à l’air de bien s’amuser, les chorégraphies et les punchlines virevoltent et le tout est assaisonné d’une couche de gore Tarantinesque. Ça ne vole pas très haut mais on parle d’un véritable plaisir coupable pour les fans de films de kung fu vintage.
Sorti le 2/01/2013

 

I listen to bands that don’t even exist yet

ciné 13 sugarmanTant qu’on est dans la bonne musique, enchaînons directement avec Sugar Man (Searching for Sugar Man). Ce documentaire du suédois Malik Bendjelloul raconte l’histoire incroyable mais tragiquement vraie de Sixto Rodriguez musicien engagé de Détroit qui a sorti deux albums chez la prestigieuse Motown dans les années 70. Si le nom ne vous dit rien, rassurez vous, c’est tout le propos du film, comprendre comment un aussi bon auteur interprète avec la puissance d’un Bob Dylan, signé dans le même studio que Marvin Gaye ou les Jackson 5, a pu passer aussi inaperçu et ne vendre quasiment aucun album.

Contre toute explication alors qu’il a produit ses deux albums aux États-Unis, c’est en Afrique du Sud qu’il vend des millions d’albums. En plein Apartheid, la musique de Rodriguez, auréolée du mystère autour du chanteur, est devenue un symbole libertaire de résistance et un étendard pour toute une génération de sud-africains. Ce sont donc deux sud-africains et le réalisateur suédois qui vont se mettre à la recherche de ce musicien mystérieux et génial qui a laissé deux albums brillants dont la musique illustre merveilleusement le documentaire.

Une très belle histoire, de belles images et une musique excellente et quasiment inconnue qui date d’il y a quarante ans (les hipsters du monde entier doivent adorer), une petite pépite de documentaire qui a toutes ses chances dans sa catégorie aux Oscars 2013. Ne passez pas encore à coté.
Sorti le 26/12/2012

 

Charlie ça spleen

ciné 13 charlieRestons toujours dans le vintage et passons au film Le monde de Charlie (The perks of being a Wallflower) de Stephen Chbosky, d’après son propre roman. Le film a beaucoup de points communs avec Donnie Darko de Richard Kelly.

Comme dans Donnie Darko le film se déroule dans les années 80, la musique est un point important et qualitatif du métrage, c’est un teen movie avec des envolées fantastico-onirique et un terrible secret, le personnage principal a des problèmes qui nécessitent un suivi psychologique suite à un évènement traumatisant et il vient d’une famille avec trois enfants. Le casting composé d’acteurs prometteurs et d’acteurs confirmés dans des rôles secondaires produit lui aussi le même effet que le film culte de Richard Kelly. Le rôle titre est joué par Logan Lerman accompagné d’Emma Watson (qui après la saga Harry Potter prouve qu’elle a du potentiel) et D’Ezra Miller (le flippant Kevin de We need to talk about Kevin). Dans les rôles des adultes, on retrouve Dylan McDermott, Kate Walsh, Mélanie Lynskey, Paul Rudd, Joan Cusack ou l’improbable Tom Savini.

Le monde de Charlie est donc un teen movie plutôt malin, avec un excellent scénario, un casting très bon et une BO assez classe. On y retrouve quelques stéréotypes et poncifs du genre mais c’est une véritable bonne surprise et une perle de film indépendant qui vaut le détour.
Sorti le 2/01/2013

 

Navigateur Mozillesque dyslexique

ciné 13 foxfireLes chroniques sur l’adolescence inspirent toujours et c’est aussi le cas de Foxfire, confessions d’un gang de filles de Laurent Cantet. Le film raconte les aventures d’un groupe de lycéennes rebelles dans les années 50 aux États-Unis. Ces filles-là en ont marre du comportement des hommes et de la société de leur époque en général, alors elles s’unissent pour former un gang qui n’a rien à envier aux garçons.
Interprété quasi exclusivement par des actrices débutantes, le film est très frais, spontané et intéressant. Sans que jamais ce ne soit mentionné, le groupe de fille recrée une utopie girl power et communiste, un mélange entre Thelma et Louise et La bande à Baader. Les filles sont attachantes, impressionnantes de justesse et même si le film est assez cynique, on veut y croire et on enrage quand ça tourne mal.
Sorti le 2/01/2013

 

Senseï insensé

ciné 13 masterToujours dans les années 50 mais dans un autre genre, on va terminer avec The Master de Paul Thomas Anderson. Film après film P.T.A. met la barre de plus en plus haut, il atteint ici un nouveau palier dans son cinéma, une sorte de paroxysme qui dans l’absolu propulse ce nouveau film au rang de classique instantané.

Le film est brillant, belles images, bonne musique mais c’est surtout un film d’acteurs. Tant Philip Seymour Hoffman (incontournable chez Paul Thomas Anderson), Joaquin Phœnix (qui fait son grand retour), Amy Adams ou Laura Dern sont géniaux dans leur interprétation. Le film, en dehors de sa beauté formelle, repose totalement sur leurs épaules. Comme je disais à un ami très fan de ce réalisateur, personnellement je suis un peu passé à coté du film. Je n’ai pas vraiment accroché à l’histoire parce que les personnages eux-même m’ont été presque immédiatement antipathiques. Signe que l’interprétation est excellente, les personnages torturés avec des failles grandes comme San Andreas mais avec un charisme surnaturel m’ont énervé dès leur apparition. Après ce faux départ, j’ai regardé passer le film avec ses quelques longueurs mais surtout toutes ses qualités. A défaut d’être entré dedans par manque d’empathie, j’ai quand même vu un beau film.
Sorti le 9/01/2013

Avec toutes les sorties qui se profilent dans les semaines à venir, on remet ça très bientôt.