Brèves, histoire du temps… passé à jouer #2


En faisant un point sur ma pile de jeux à jouer, je me suis rendu compte qu’elle dépasse les cinquante titres. Mon défi de l’année va donc être de réduire drastiquement cette liste et, pour joindre l’utile à l’agréable, j’en profite pour livrer mes verdicts ici-même !

Catherine (Atlus & Studio 4°C, 2011)

Vincent Brooks, la trentaine, est en couple depuis cinq ans avec Katherine et cette dernière commence à vouloir réaliser d’importants projets avec lui : habiter ensemble, se marier, agrandir la famille… Mais lui ne sait pas vraiment ce qu’il veut et, au bar Stray Sheep, en compagnie de ses amis, il se pose de nombreuses questions. Un soir, après le départ de ses compagnons, il est abordé par une jeune femme qui l’attire beaucoup, Catherine. L’alcool aidant, il se réveille le lendemain dans son lit avec Catherine à ses côtés. A partir de ce moment, il fait d’horribles cauchemars chaque nuit, des cauchemars dans lesquels il rêve qu’il est à deux doigts de mourir. D’ailleurs, au même moment, de nombreux hommes de son quartier décèdent dans leur sommeil. Coïncidence ?

Catherine (Atlus & Studio 4°C, 2011)

Véritable OVNI dans le monde du jeu vidéo, Catherine est divisé en deux phases. Le jour, on suit Vincent grâce à de splendides cinématiques et des phases de discussions avec d’autres personnages. Il essaie d’en savoir un peu plus sur ces mystérieuses morts et surtout, de savoir ce qu’il veut vraiment dans sa vie : être fidèle à Katherine ou continuer sa tromperie avec Catherine ? Être honnête ou non ? La nuit, on plonge avec Vincent dans ses cauchemars. Transformé en mouton devant escalader une montagne de blocs formant des casses-têtes, il fuit des personnifications de ses angoisses les plus profondes : un monstre portant une robe de mariée, un bébé cherchant à le tuer…

Les questions que posent le jeu sont très adultes et c’est aussi ce qui fait de Catherine un jeu à part, que je vous recommande. Ces thématiques sont rarement abordées dans le jeu vidéo. Par contre, les phases de casse-tête sont vraiment très difficiles. Si vous n’êtes pas familier du genre, ne vous prenez pas la tête : jouez au jeu en mode « facile ». Mais Catherine est à tester au moins par curiosité, ne serait-ce parce qu’il ne ressemble à aucun autre jeu.

Yakuza 4 (SEGA, 2010)

Assez confidentielle jusqu’à aujourd’hui en Occident, la série des Yakuza est l’une des plus connues au Japon, très rentable pour l’éditeur au hérisson. Série débutée sur Playstation 2, les différents volets racontent l’histoire de Kiryū Kazuma, yakuza faisant partie de la famille Tojo, l’une des plus grandes familles mafieuses du Japon. L’action se déroule quasi-exclusivement dans le quartier fictif de Kamurocho, basé sur le vrai quartier chaud tokyoïte de Kabukicho. Si vous n’avez joué à aucun jeu de la licence, rassurez vous : SEGA a inclus des résumés longs et complets des trois premiers titres. La petite subtilité de ce Yakuza 4 c’est que ce n’est plus seulement l’histoire d’un, mais de quatre personnages principaux que vous allez suivre !

Yakuza 4 (SEGA, 2010)

Essayer de définir ce qu’est un jeu Yakuza est assez complexe. Beaucoup pensent que c’est le Grand Theft Auto japonais, or on est très loin de la réalité. Le quartier est en fait assez petit et on le parcourt uniquement à pied. Par contre, il y a énormément de choses à faire : entre les bars, les restaurants, le bowling, les salles d’arcade, les karaokés, le baseball et les autres endroits un peu plus coquins, vous aurez l’embarras du choix pour passer le temps. Kamurocho est également rempli de missions annexes qui se trouvent en se promenant dans le quartier. On risque également à tout moment de se faire alpaguer par de petites frappes à qui l’on va mettre une rouste bien méritée, dans des combats dignes de ceux de Virtua Fighter.

Mais le cœur de Yakuza, c’est son scénario. Truffé de rebondissements toujours plus improbables, il aborde les grands thèmes que l’on retrouve dans les films du genre : honneur, loyauté, sens du devoir, tiraillement entre sa famille mafieuse et ses amitiés. On peut trouver ça légèrement exagéré et très sincèrement, ça l’est parfois. Mais c’est écrit de telle manière qu’on est finalement emporté par l’histoire et qu’on finit par se prendre de passion pour ces héros qui pourtant ne sont pas tous charismatiques.

Avec sa réalisation datée (même pour un jeu de 2010) et son système de jeu finalement très japonais , il m’est difficile de conseiller Yakuza 4 à tout le monde. Mais j’ai adoré ce jeu et si vous êtes curieux, je vous recommande vraiment de tester. Attention toutefois : en France, le jeu n’est sorti qu’en japonais sous-titré anglais !

Wolfenstein : The New Order (MachineGames/Bethesda, 2014)

Série mythique du jeu vidéo (son troisième épisode, Wolfenstein 3D sorti en 1992, est l’un des premiers jeux de tir à la première personne de l’histoire), Wolfenstein avait perdu de sa superbe depuis l’épisode de 2009. Le studio MachineGames devait relancer la licence qui avait été éclipsée par les Medal of Honor, Battlefield et autres Call of Duty et a choisi l’uchronie pour se démarquer de ses rivaux.

Wolfenstein : The New Order (MachineGames/Bethesda, 2014)

En 1946, alors que la Seconde Guerre Mondiale bat encore son plein, un groupe de soldats alliés mené par l’américain B.J. Blazkowicz prend d’assaut le repaire du général nazi Wilhelm Strasse, savant fou et « médecin » aux pratiques ignobles. Sauf que l’attaque tourne très mal, le groupe est décimé et Blazkowicz se retrouve dans le coma, puis dans un état végétatif. Il est recueilli dans un asile polonais dans lequel il reste jusqu’en 1960 où il échappe avec Anya Oliwa, infirmière dans l’asile, à une expédition punitive d’un groupe de soldats nazis. Car en 1960, ce sont les nazis qui règnent en maîtres après leur victoire dans la Seconde Guerre mondiale. B.J. et Anya vont alors essayer de rejoindre la Résistance et de faire tomber l’ordre fasciste.

Je vais être totalement honnête : le scénario est plus que secondaire dans The New Order, voire un peu con. Il sert à tuer du nazi par paquets de dix dans des environnements divers et variés. Le jeu lui-même est ultra-classique dans ses mécanismes et dans son développement. Mais il le fait bien. C’est un bon jeu de tir à l’ancienne qui fait très bien le job, propose même quelques moments de bravoure et d’humour. L’humour, vous en aurez besoin car certaines situations mettent mal à l’aise, MachineGames n’ayant pas lésiné sur le gore. Par contre, l’environnement rétro-futuriste du jeu est vraiment intéressant et certains niveaux du jeu sont tout bonnement excellents, notamment celui sur la Lune !

Ah oui, en 1960, les nazis avaient déjà marché sur le Lune.

Remember Me (Dontnod/Capcom, 2013)

Premier jeu du studio français Dontnod, Remember Me devait être au début une exclusivité Sony pour la Playstation 3, nommée Adrift, mais l’éditeur nippon l’a finalement annulé en 2011. Un autre éditeur japonais, Capcom, décide de récupérer le jeu qui sort deux ans plus tard sous le titre Remember Me. Ce qui m’a donné envie de le tester, c’est de savoir qu‘au scénario et à la conception de l’univers du jeu, on trouve Alain Damasio (cofondateur de Dontnod) puis Stéphane Beauverger, deux écrivains francophones de science-fiction de talent. Si vous n’avez jamais entendu parler d’Alain Damasio, lisez La Horde du Contrevent, c’est un livre essentiel. Si vous ne connaissez pas Stéphane Beauverger, lisez Le Déchronologue, c’est un chef d’oeuvre.

Remember Me (Dontnod/Capcom, 2013)

Remember Me est un jeu d’action/aventure qui se déroule en 2084 à Néo-Paris, reconstruction d’une Paris dévastée après une guerre. Quelques années auparavant, la société Memorize a créé  le Sensen, un dispositif permettant aux utilisateurs de télécharger et de partager ses souvenirs sur Internet, tout en offrant la possibilité d’oublier les souvenirs les plus désagréables, les plus douloureux. Avec près de 99% de la population utilisant le Sensen, Memorize est de facto le vrai tenant du pouvoir, se substituant aux gouvernements trop faibles d’après-guerre. Cependant, un groupe de personnes nommé Erroristes n’accepte pas cet état de fait et cherche à renverser la multinationale. L’héroïne, Nilin, est une chasseuse de souvenirs : elle peut voler des souvenirs d’autres personnes ou même les trafiquer.

Comme j’ai voulu l’aimer, ce jeu ! Le scénario de départ est intéressant ; l’univers créé par Damasio et Beauverger vaste, fouillé et crédible ; la musique d’Olivier Derivière sublime. Le jeu a également un concept original : à l’aide de «Pressen », que le joueur débloque au fur et à mesure de l’aventure, on peut créer des combos de coups personnalisés et ainsi choisir son style de jeu. Mais tous ces bons points sont mis à mal par des environnements étriqués et répétitifs et par un point fondamental : l’histoire ne décolle jamais vraiment et alors qu’on aimerait prendre faits et causes pour Nilin, on n’arrive jamais à s’impliquer et un sentiment de lassitude apparaît assez vite.

C’est vraiment dommage car Remember Me avait tout pour être un très bon jeu. Il est malheureusement simplement moyen, même s’il laisse beaucoup d’espoir pour la suite des aventures de Dontnod.

Super Mario Maker (Nintendo, 2015)

La nouvelle est tombée récemment : Nintendo a arrêté la production de sa Wii U au Japon, ce qui signifie la mort prochaine de la console. Avec ses 13 millions d’unités vendues en quatre ans, il s’agit du plus gros échec dans l’histoire du constructeur nippon. Avec son concept de manette-tablette, elle n’a jamais vraiment convaincu les consommateurs et Nintendo n’a jamais réussi à communiquer convenablement dessus. L’entreprise a désormais les yeux tournés vers sa nouvelle console, la Switch, qui sort le mois prochain. Néanmoins, la carrière de la Wii U a été nourrie par quelques excellents jeux qui méritent d’être mentionnés !

Super Mario Maker (Nintendo, 2015)

Mais en vérité, Super Mario Maker n’est pas vraiment un jeu : c’est plutôt un énorme outil offert aux joueurs. C’est bien simple : il s’agit d’un créateur de niveaux de Super Mario. Les possibilités sont immenses car le nombre d’éléments à disposition du concepteur de niveaux en herbe est conséquent. Quatre « ambiances » sont d’ailleurs proposés : Super Mario Bros (1985), Super Mario Bros 3 (1988), Super Mario World  (1990) et New Super Mario Bros U (2012). Il faut souligner que l’interface de créateur est assez ergonomique, ce qui permet de créer des niveaux assez rapidement.

Mais que faire si, comme moi, on a la créativité un peu limitée ? On se plonge dans les niveaux que les autres ont créés ! Dans le mode « Défi des 10 Mario », le joueur a dix vies pour réussir dix niveaux proposés par les développeurs. Le mode « Défi des 100 Mario » propose lui cent vies pour réussir huit mondes imaginés par d’autres utilisateurs. Et je peux vous garantir que certaines œuvres sont particulièrement retorses ! De quoi dépoussiérer un peu le jeu de plateforme Mario classique.

Si vous aimez les Mario à l’ancienne, il n’y a aucune raison pour vous de ne pas essayer ! Pour les nomades, une version pour 3DS est également sortie l’année dernière.