Call of Duty Modern Warfare 2


En tant que gros geek, rassurez-vous, je vous épargnerai les termes techniques encore inhérant à notre cher média, en proie à une démocratisation défigurée par le casual gaming (mais j’essaierai d’y revenir une autre fois). Plus que d’un jeu, je me permets plutôt de vous parler ici d’un véritable phénomène de société: le dernier Call of Duty.

Symbole ambulant du shooter à la 1re personne (à savoir que vous êtes placé « dans les yeux » de votre avatar), la saga Call of Duty initiée par le studio de développement Infinity Ward n’a cessé de gagner en notoriété depuis sa création en novembre 2003 : plaçant son contexte durant la Seconde Guerre Mondiale, les deux premiers opus furent deux succès retentissants, au profit de l’éditeur Activision toujours détenteur des droits de la licence. Les choses se gâtent en 2006, avec l’arrivée du 3ème épisode (sous-titré En Marche vers Paris) : en effet, et à partir de cette date, le développement de la série alternera entre le studio-fondateur Infinity Ward (qui a donc développé les deux premiers, le quatrième, sous-titré Modern Warfare, ainsi que sa suite directe Modern Warfare 2) et un petit studio nommé Treyarch (qui, lui aura donc développé le 3 et le 5 nommé World at War).

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Un tel choix peut susciter bon nombre d’interrogations, surtout aux vu des piètres qualités des versions de Treyarch, se contentant de récupérer les bonnes idées des épisodes d’Infinity Ward. Avec World at War en 2008, ils feront même la grossière erreur de reprendre le cadre de la Seconde Guerre mondiale, alors surexploité par les jeux du genre, alors que le studio adverse aura créé l’exploit avec Call of Duty 4 : Modern Warfare un an auparavant, plaçant la série dans un contexte moderne (presque) fictif. Bref, ces interrogations n’auront pour réponses que des intérêts pécuniers évidents, permettant à Activision d’éditer un jeu par an.

Mais concentrons-nous plus particulièrement sur ce fameux Call of Duty : Modern Warfare 2, sorti déjà en novembre dernier. Ce qui frappe à première vue, c’est le choix du titre, pas franchement évident pour les néophytes : d’abord baptisé uniquement Modern Warfare 2, Activision jugera finalement utile de rappeler qu’il s’agit quand même bel et bien d’un Call of Duty avant tout. Chronologiquement, il s’agit donc d’un Call of Duty 6. Mais devant le succès du fameux Call of Duty 4 : Modern Warfare, et constatant le maladroit retournement de veste de Treyarch l’année dernière, Infinity Ward se devait de bien faire comprendre qu’ils étaient de retour cette année. Préférant donc une suite directe à leur succès absolu. C’est donc fort logiquement que scénaristiquement, ce Modern Warfare 2 fait office de suite directe à Call of Duty 4, et s’est permis de réaliser un des plus gros lancements de l’histoire du Jeu Vidéo.

Mais quid du jeu en lui-même, me direz-vous ? Toutes ces éloges sont-elles méritées ? Eh bien je me permettrais d’être un tantinet mitigé. MW 2 (comme on l’abrège) est parfaitement représentatif d’un genre en plein essor, rendu possible avec les puissantes machines Haute Définition que sont la PlayStation 3 et la Xbox 360 : le jeu-pop corn. Aussi interactif soit-il, il vous en met plein la gueule, aussi bien en terme de mise en scène (hollywoodienne, et c’est peu de le dire) qu’en terme de visuel pur. S’approchant de plus en plus d’un film sur ce dernier point, sachez cependant – et c’est ça le plus impressionnant, que le titre d’Infinity Ward n’est même pas le plus beau de sa catégorie au jour d’aujourd’hui. Et pourtant.…

Dans un contexte géo-politique assez compliqué et franchement pas assez mis en avant pour être intéressant, Modern Warfare 2 vous catapultera littéralement aux quatre coins du monde, vous faisant incarner tour à tour un soldat des Rangers américain et un agent des Special Task Forces anglaises. Diverses missions vous attendent, et à défaut d’éviter une guerre (et sans vouloir trop vous gâcher la surprise), vous aurez la primeur de voir une Maison Blanche en proie à des tirs « ennemis ». Autant vous prévenir : il faut s’accrocher. Call of Duty a toujours eu la réputation d’avoir un gameplay nerveux, précis, et ces deux états de fait se retrouvent ici poussés à leur paroxysme tant l’habillage, couplé à cette fameuse mise en scène grandiloquente, vous impliqueront de manière unique dans l’action. C’est beau, c’est fluide, et la vraie force de cet opus, c’est qu’au final, on s’y croit. Tout simplement. On se sent à la fois puissant (le soldat que vous incarnez, sprinte, vise comme un Dieu…) et vulnérable tant la mort peut frapper rapidement. Malgré ça, le résultat se révèle, sur la longueur, moins idyllique que prévu…

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Car au fond, de par sa nature et le genre qu’il défend, ce Call of Duty se révèlera au final assez limité (dans son solo tout du moins) : le principe de la campagne vous faisant incarner un bleu ou un soldat peu gradé, vous vous contenterez de suivre un de vos supérieurs et d’exécuter ses ordres, par des scripts laissant bien peu de place à l’improvisation, et plus globalement à la liberté d’action. Oui, cet opus, comme tous ceux avant lui, est extrêmement dirigiste. Et au fond, en achetant un épisode de la série, on s’y attend plus que jamais. Mais avec les outils technologiques mis à disposition de nos jours, un gros joueur (comme moi) se voit forcément déçu par la solution de facilité qu’a choisi le développeur. Le résultat est beau, spectaculaire, mais cette véritable force de mise en scène, d’immersion, est à double tranchant : le joueur se fait tenir la main tout le long du scénario. Et quand on connaît les perles d’interaction que peut contenir le média jeu vidéo, ce constat rétrograde a de quoi énerver. A contrario, certains ennemis (cf. le passage des favelas brésiliennes) vous tueront sans savoir réellement d’où ils venaient. Énervant, surtout quand un checkpoint vous place juste avant dans l’embarras.

Heureusement, vous ne claquerez pas 70 € pour une campagne qui, en plus d’être partiellement frustrante, ne durera que 6 à 8h (en fonction de votre niveau). Pour votre gouverne, c’est très court, mais les jeux modernes tendent à le devenir. Mais la force de Call of Duty, surtout depuis le quatrième, réside dans son jeu en ligne : rapide, addictif, avec toutes les qualités de jouabilité du solo, disposant d’un système de personnalisation des classes (cf. catégories d’armes) très poussé et d’un système de classement qui vous donnera très certainement envie d’aller encore et toujours au niveau au-dessus, il constitue la véritable moelle de la galette que vous enfournerez dans votre console. Avec un intérêt constamment renouvelé, la durée de vie s’en retrouve quasiment illimitée, son seul défaut résidera dans les difficultés que vous rencontrerez sûrement face aux acharnés du pad que vous croiserez au début. Mais croyez-moi, ce délicat passage vaut largement tout ce que ce véritable monstre chronophage pourra vous apporter par la suite (ou vous enlever, tout dépend de l’état de votre vie sociale) ! À acheter d’urgence, en considérant la partie Solo comme un bon entraînement au véritable intérêt de votre investissement, que vous amortirez particulièrement bien, pour le coup. Pad en mains, soldat !

Call of Duty Modern Warfare 2

édité par Activision, développé par Infinity Ward

environ 70 €

Disponible sur PlayStation 3, Xbox 360 et PC depuis le 10 novembre 2009

Testé sur Xbox 360