Microcosme ferroviaire

Après avoir passé une semaine à parler de totalitarisme et parce que chez Mandorine on aime les trains, on ne pouvait pas passer à coté de l’adaptation cinématographique du Transperceneige.

Une fois n’est pas costume, comme on dit chez amateurs de déguisement, l’amateur de bande-dessinées que je suis n’a pas eu encore l’occasion de lire cette BD de de Jean-Marc Rochette, Benjamin Legrand et Jacques Lob, parue dans les années 80. Mais comme le nom m’était familier et que le film est réalisé par le coréen Bong Joon Ho, je ne pouvais que me laisser tenter.

Snowpiercer est donc une dystopie post-apocalyptique comme on en voit beaucoup dernièrement, à la différence près que pour une fois on n’a pas l’impression d’un énième film sur la fin des temps, comprendre qu’il y a dans le film une bonne dose d’originalité et de parti-pris pour sortir du lot.

Bong Joon Ho, à qui l’on doit déjà les excellents Memories of murder, The Host et Mother, adapte cette bande-dessinée franco-belge en y ajoutant cette touche qui rend son cinéma si unique et personnel. Sur le pitch de base d’un train dans lequel les derniers survivants sur Terre sont enfermés pour cause de nouvelle ère glaciaire provoquée, il ajoute une bonne dose de cynisme, de violence et de critique politique.

Ce train devient une métaphore de la lutte des classes, de la vie mais surtout de ce que l’humanité peut faire de pire. Un pamphlet contre les politiques totalitaires, les propagandes et les statuts-quo.

Si au casting on retrouve le bellâtre Chris Evans, c’est avec surprise qu’on se rend compte qu’il fait bien le travail, appuyé par le reste d’un casting plutôt classe. De John Hurt à Ed Harris en passant par Jamie Bell, Tilda Swinton, Octavia Spencer, Alison Pill, Luke Pasqualino ou Ewen Bremmer. Mais encore une fois celui qui attire toute la lumière sur lui est le génial et sauvage Song Kang-Ho. L’acteur coréen qui doit être, avec le Gérard Depardieu de la grande époque, l’un des seuls acteurs dont le jeu donne l’impression de voir une bête en cage, entre intensité, fragilité, force, sauvagerie et folie, le tout sans jamais sortir du cadre.

On pourrait disserter des heures sur les qualités de ce film qui gagne à être vu et connu. Parce que si ce n’est pas une adaptation fidèle, c’est un vrai bon film de science-fiction avec une vision d’auteur, un film sans concession, dur, profond, âpre et qui fait réfléchir, du cinéma en somme.