3 Films coup de poing


Mandales dans ta face!

Pendant l’organisation du festival Animasia de cette année 2010, tout le monde a été mis à contribution. Et lors des discussions sur la programmation de films beaucoup de noms de films (et d’oiseaux…) ont volés. Après quelques séjours aux urgences pour certains, on en est arrivé à la conclusion que tout les goûts sont dans la nature (sorte de compromis bien pratique, j’en conviens) et comme tout le monde ne peut pas voir ses désirs satisfaits, il ne reste plus qu’à partager sa passion par d’autres biais. Vous vous en doutez, j’ai trouvé un moyen de faire passer mon point de vue et c’est celui ci , alors accrochez-vous, voici quelques films qui m’ont particulièrement marqué.

The Blade de Tsui Hark

(1995)

Lors de l’un de ces longs après midi de mon adolescence cloîtré chez moi à m’abrutir devant le dieu cathodique, je zappe sur notre chaîne cryptée nationale et tombe sur Nicolas Boukhrief qui présente ce film. C’est une apocalypse pour moi, un flot d’images sombres, très sanglantes, crépusculaires (et non crépusculiennes), chaudes,  à l’esthétisme flamboyant et baroque se déversent dans mon cerveau innocent. Ce film sans concession s’impose à moi comme une évidence, c’est instinctif, martial, poétique, esthétique et riche en références.

Un héros handicapé qui surmonte sa faiblesse pour assouvir sa vengeance, des combats virevoltants et sanglants. Une histoire d’héritage, d’amour, d’amitié et de haine. Magistral.

Par la suite j’ai découvert les autres films du génie Tsui Hark, du Festin Chinois à Zu, les guerriers de la montagne magique en passant par à l’imparable saga des Il était une fois en Chine.  L’homme qui a lancé John Woo. Woo qui était l’assistant de Chang Cheh créateur de la saga du Sabreur Manchot auquel The Blade rend directement hommage.  La boucle est bouclée et un geek est né.

Sukiyaki Western Django de Takashi Miike

2003, Kill Bill de Quentin Tarantino sort sur nos écrans. Patchwork virtuose oscillant entre western spaghetti, film d’exploitation, arts Martiaux, humour et gore. Quentin (oui je l’appelle par son prénom maintenant) en cinéphage averti et maniaque aime rendre hommage aux films qu’il aime, comme le démontre toute sa filmographie, et il aime aussi faire l’acteur pour ses potes.  En 2008 donc, un de ses maîtres et amis  lui propose un petit rôle dans un film qu’il prépare.

Voilà lancé le projet Sukiyaki Western Django, Takashi Miike, un grand malade s’il en est, réalise un western psychotique, sanglant et follement fun. Égal à lui même, Miike (qui ne fait pas dans la mièvrerie Disney comme son patronyme ne l’indique pas)  livre un film gore, nerveux et délirant.  Une sorte de version extrême et sous speed du kill bill précédemment cité. Tout est ici plus plus. C’est plus fou, plus gore, plus drôle, …. plus, quoi !

Le titre du film pourrait être un avatar du métrage lui même, du n’importe quoi aux références multiples. C’est un mélange des plus disparates, d’abord le « Sukiyaki » fondue japonaise cousine de la fondue chinoise, sorte de bouillon de cultures à elle seule. Ensuite le « western »  , référence directe aux westerns classiques hollywoodiens de Ford, Penn et les autres mais aussi aux westerns spaghetti de Sergio Leone à Sergio Corbucci. Ce qui nous amène finalement au  « Django » qu’a réalisé ce dernier et d’ailleurs le film se veut même un prequel à la série de film de Corbucci. Sergio Leone ne s’est jamais caché  que pour créer l’acte fondateur du phénomène  qestern spaghetti avec son film Pour une poignée de dollars,  il a copié le Yojimbo d’ Akira Kurosawa (Kurosawa qui s’était inspiré d’un livre américain mais passons …) et donc ce film japonais hommage au western spaghetti, boucle une nouvelle boucle.

Entre poussière, moiteur, hémoglobine et coups de feu, c’est un véritable grand huit à la démesure de la folie de Miike où  Tarantino s’éclate comme le grand gamin qu’il est.

Pour terminer cette « trilogie » auto imposée, je ne vais pas parler d’un film mais d’un réalisateur trop méconnu du grand public à mon goût : Liu Chia-Liang. Ce réalisateur et surtout chorégraphe d’art martiaux qui a fait les beaux jours de la Shaw Brothers, est le grand rival de Yuen Woo-Ping devenu une méga star après avoir chorégraphié Matrix, Tigre et Dragon et Kill Bill. Kill Bill dans lequel on retrouve l’acteur Gordon Liu, petit frère et acteur principal de nombreux films de Liu Chia-Liang. Voilà qui nous fait revenir de cette nouvelle digression et boucle une autre boucle.

Liu Chia-Liang, malgré une filmographie conséquente, est surtout connu pour sa saga de la 36e chambre de Shaolin ou pour les 8 diagrammes de Wu-Lang.  Si je tiens tant à parler de lui? c’est que pour moi c’est un immense chorégraphe qui mériterait une meilleure reconnaissance des noms initiés. Si on le compare à Yuen Woo-Ping,  je dirais que le maître Yuen, bien que virtuose martial, a toujours privilégié des chorégraphies fantaisistes. S’il se caractérise par une originalité et créativité hors du commun, Yuen s’éloigne parfois du réalisme ou du moins de la vraisemblance des combats.

Liu Chia-Liang, quant à lui, se caractérise plutôt par une grande rigueur, un certain classicisme, une sobriété et une intensité toute martiale.  Ses films sont drôles, très drôles même pour certains mais au moment de se battre là, ça ne rigole plus. Pour que la comparaison soit claire, disons que Yuen c’est la bagarre à la Jackie Chan (qu’il a quasiment lancé), drôle, acrobatique et spectaculaire  et Liu c’est la bagarre à la Bruce Lee ou Jet Li, plus intense, violente et sérieuse. J’adore les deux mais on ne m’enlèvera pas l’idée que le Maître Liu gagne à être plus connu.

Des films comme Les 18 armes légendaires du Kung fu, Les Arts Martiaux de Shaolin (qui a lancé la carrière de Jet Li), le combat des maîtres ou Martial Club sont des monuments  du genre.

Autant de films que je ne me lasse pas de  voir et revoir, n’en déplaise aux autres…