French touch chez Ghibli : quelques questions à Cécile Corbel sur la B.O d’Arrietty !


Cocoricoooo !!

Pour la première fois, le studio Ghibli a fait appel à des artistes français, pour signer la bande son et les génériques de leur dernier film d’animation Arrietty, le petit monde des chapardeurs. Composé et interprété en intégralité par une française, Cécile Corbel, cet album est le résultat d’une magnifique aventure pour cette jeune chanteuse et harpiste bretonne.

Repérés par le producteur du studio, Toshio Suzuki lui-même, Cécile Corbel et Simon Caby, co-compositeur de la bande originale, sont passionnés de longue date par les films d’Hayao Miyazaki et d’Isao Takahata. Ils ont travaillé pendant presque un an avec le réalisateur Hiromasa Yonebayashi et le studio Ghibli pour composer une bande son aux ambiances folk et celtiques, mâtinée de quelques accents orientaux pour certains des morceaux.

Arrietty, le Petit monde des Chapardeurs, est le 17ème long-métrage du célèbre studio Ghibli. Réalisé par Hiromasa Yonebayashi, il est adapté du roman The Borrowers de Mary Norton.

Cécile a bien voulu répondre à quelques questions juste avant la sortie du film en France, prévue le 12 janvier 2011.

Bonjour Cécile, pouvez-vous vous présentez rapidement ?

Je suis musicienne, harpiste et chanteuse. Je suis née et ai grandi en Bretagne, c’est là bas que j’ai découvert la harpe celtique lorsque j’étais adolescente.
A ce jour,  j’ai sorti trois albums personnels, dont le plus récent s’appelle « Song Book vol.2 ».

Quel est votre parcours musical ?

J’ai appris la harpe en Bretagne, de façon traditionnelle. Je suis assez autodidacte, j’ai toujours composé des mélodies. Après des études d’archéologie à l’école du Louvre j’ai décidé de me consacrer entièrement à la musique. Je me vois comme une troubadour qui accompagne ses chanson à la harpe. J’ai la chance de donner beaucoup de concerts avec mes musiciens en France mais aussi à l’étranger. La scène est mon moteur.

Votre collaboration avec les studios Ghibli ressemble à un conte de fée, pouvez-vous nous en dire plus ?

Tout a commencé par un geste de fan : j’ai naïvement envoyé mon dernier album au Studio Ghibli au début 2009. Il venait de sortir en France et j’avais envie de leur faire un cadeau pour les remercier pour leurs films. Le hasard a voulu que le cd arrive à destination et atterrisse sur le bureau de Suzuki-san, le producteur en chef du studio, au moment même où il cherchait des idées pour la musique du futur film « Arrietty ». Comme je n’avais pas laissé d’adresse, il m’a retrouvé sur internet.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu un premier mail et tout s’est enchaîné.

Les japonais sont connus pour leur rigueur et leur intransigeance dans le monde professionnel, comme se sont déroulés le processus de création et les séances de travail ?

Beaucoup  d’échanges entre Paris et Tokyo. Nous avons tout enregistré en France mais nous faisions beaucoup d’aller retour au Japon pour travailler avec les équipes.

J’ai reçu les premiers dessins du film, le scénario et des poèmes de la part du réalisateur dans lesquels il decrivait les émotions, les sensations liées à chaque personnage, chaque décor etc…Cela m’a beaucoup guidée pour composer.

Les studios Ghibli et leurs créateurs jouissent d’une aura impressionnante tant au niveau international qu’en France, la pression était-elle d’autant plus importante sur le projet ?

C’était un challenge important pour moi car c’est un honneur d’avoir été choisie pour ce projet. Il fallait honorer cette chance…

Cela dit, c’était aussi un challenge pour le studio car c’était la première fois qu’ils travaillaient avec des artistes occidentaux sur un film.

Les échanges ont été très respectueux, on a eu une grande liberté artistique pour la création des musiques.

Miyazaki, Takahata, Hisaishi sont-ils venus vous saluer et vous donner quelques conseils ?

Ils travaillent dans les studios et nous les avons évidemment croisés à plusieurs reprises.

Leur « aura » plane sur le studio mais nous avons travaillé essentiellement avec Suzuki-san et Yonebayashi-san, le réalisateur.

Nous avons échangé avec Miyazaki-san et il nous a félicité pour notre travail.

Monsieur Takahata est même venu nous écouter lors d’un concert à l’Opéra City Hall de Tokyo !

C’est magnifique d’avoir pu rencontrer ces hommes de grande valeur.

La sonorité celtique est omniprésente dans les compositions, comment avez-vous réussi à transposer votre univers dans Arrietty ?

J’ai essayé de rester moi même, de garder mon style et mon inspiration propre; cela se ressent sans doute dans le film.

Grâce aux échanges avec le réalisateur et l’équipe , il y a une vraie fusion entre mes musiques et l’image.

Comment est né le thème principal ?

C’est la première chanson qui a été créée, à partir des dessins mais aussi de deux poèmes envoyés par le réalisateur qui décrivaient de façon sensible le personnage d’Arrietty mais aussi l’extraordinaire lien qui la lie à Sho. J’ai juste essayé de créer un thème fort, à l’image d’Arrietty, avec un brin de mélancolie mais surtout l’énergie de cette petite fille qui veut découvrir le monde et aller vers les autres.

Harpe, violon, alto, violoncelle et percussions créent une certaine rusticité, une ambiance à la fois cristalline et mystérieuse, faite de grâce et de volupté …qu’est-ce qui a guidé vos choix dans l’instrumentation des différentes œuvres qui composent la B.O ?

Là encore, j’ai essayé de rester moi-même ; c’est pourquoi j’ai travaillé avec mes musiciens habituels, ceux qui ont participé à mes précédents projets et qui, pour certains, m’accompagnent sur scène toute l’année.

Nous voulions garder l’esprit du Cd qui avait au départ séduit Suzuki-san.

Chanter en japonais a été un vrai challenge ?

Un challenge oui, mais j’ai beaucoup aimé cette expérience : le japonais est une langue très musicale, avec des syllabes qui coulent très bien dans la voix. Cela a été plutôt amusant.

Quelle a été la plus grande difficulté par rapport à cet album ?

Rester soi même, ne pas avoir trop de pression, rester créatif.

Apparemment vous n’avez pas fait de composition sur image ? Cela a-t-il permis une plus grande liberté artistique ?

Cela y a participé oui…La mise à l’image des musiques s’est faite dans un second temps, quand nous avions vraiment beaucoup de matériel sonore.

Deux disques sortent pour le film, vous pouvez nous en dire plus ?

Un premier cd est sorti en avril 2010. Il s’agit de l’image album, qui contient 14 chansons et qui est une sorte de « cahier de tendances » pour le film.

Le cd de la bande originale à proprement parler est sorti quant à lui en juillet 2010. Il contient toute la musique du film (quelques chansons et beaucoup de thèmes instrumentaux) ainsi que deux thèmes inédits.

Votre souvenir « live » le plus marquant pour cette B.O ?

Nous avons participé avec les musiciens à la campagne de promotion au Japon pendant près de deux mois pendant l’été 2010 …C’est une expérience très marquante, il y a eu beaucoup d’évènements live, dont plusieurs très beaux concerts.

Je me souviendrai toujours du festival « rock in Japan » pour lequel nous avons joué dans une forêt entièrement décorée à l’effigie de Ghibli, sous le soleil brûlant du mois d’août…

Pour finir, de futurs projets similaires ? Parlez nous de votre année 2011 ?

Je travaille sur un nouvel album à paraitre à la fin du printemps 2011.

Merci à Cécile et Simon pour leur disponibilité, je vous invite à découvrir la bande-originale ainsi que le film dès demain !

Bande-originale :

Arrietty et le petit monde des Chapardeurs (BO-Ed.Limitée) – 21.99 euros

Arrietty et le petit monde des Chapardeurs (BO-Simple) – 19.95 euros

Chez Wasabi Records – http://www.wasabi-records.fr/

Film :

Date de sortie cinéma : 12 janvier 2011

Réalisé par Hiromasa Yonebayashi
Avec Mirai Shida, Ryunosuke Kamiki, Kirin Kiki…

Titre original : Karigurashi no Arrietty
Long-métrage japonais  – Genre : Animation/Fantastique
Durée : 01h34min – Année de production : 2010
Distributeur : The Walt Disney Company France

Synopsis : Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs.