Journal de bord, 31 janvier 2010 : Festival BD d’Angoulême


Samedi, vers midi, je reçois un appel d’Aurélie me prévenant : « Fais attention, il neige à gros flocons à Angoulême en ce moment, et le festival se trouve en haut de la colline depuis la gare, c’est pas forcément très accessible ». Bon. Me voilà prévenue. Dimanche matin, le teint et les idées un peu brouillés, je prend le train, direction la capitale de la bédé.

Repensant au message d’Aurélie de la veille, je commence à me demander ce que je fiche dans cette galère : le paysage par la fenêtre était tout blanc. Heureusement, arrivée à Angoulême, un beau soleil m’accueille. De même qu’une bénévole bien sympa (et courageuse, vu le froid polaire qui régnait) qui m’a renseignée, et avec le sourire s’il vous plait. Première bonne surprise : une navette à un euro la journée permet de se déplacer dans la ville. Ça m’arrange, vu que je ne connais absolument pas Angoulême. Seconde bonne surprise, une fois montée dans la navette, en fait, elle est gratuite.

Arrivée au centre ville. Un Lucien souriant surplombe un préfabriqué : j’adore. Margerin fait partie des auteurs bédés que j’ai lu et relu étant ado. Je profite des quelques minutes précédent l’ouverture du festival pour me promener dans la rue, et observer l’expo de la place de l’hôtel de ville, sur Les tuniques bleues. Sympa, coloré et instructif. Ma première impression est très bonne.

Ouverture des portes. Je commence par l’espace du Nouveau Monde, qui accueille la partie qui m’intéresse le plus. La BD alternative. Je fais un premier tour rapide du lieu, tout le monde n’est pas encore installé. J’en profite pour m’intéresser à l’espace éditeur, prendre ça et là quelques catalogues qui me semblent intéressants, feuilleter des œuvres, jeter un œil tout de même aux stands alternatifs, écouter d’une oreille la rencontre avec trois auteurs-éditeurs indépendants mal réveillés – dont Guillaume Trouillard des édition bordelaises La Cerise – et passer sur le stand des Inrocks (là aussi, gens mal réveillés, d’où un accueil assez frileux – je suis déçue, j’adore lire les Inrocks – cela dit, leur sélection de bouquin était très intéressante.)

Arrive la première table-ronde, organisée donc par les Inrocks, que j’attends avec impatience : Rock et bande dessinée : contre-culture et mouvement indé. L’espace se remplit, le thème intéresse beaucoup de visiteurs. Autour de la table : Christian Marmonnier, journaliste et membre du comité de sélection du festival, Jean-Christophe Menu, auteur & éditeur français de bande dessinée et Vincent Brummer, ex-journaliste de Rolling Stone. Très alléchante, cette table ronde ne déçoit pas : de la création de jaquette vinyles par des auteurs BD au lien entre rock & BD, en passant par la manière de représenter la musique en dessin, le tout souligné d’une projection d’images (dont quelques planches de Margerin, yes!)… Je sors de cette table ronde bien décidée à explorer l’espace bédé alternative cette fois-ci. Et c’est là que le bât blesse. Je me suis trouvée face à des enfilades de stands, d’où ma difficulté à en choisir un plutôt qu’un autre, surtout que je ne connais que peu ce domaine et que mon temps était assez limité, si je voulais voir tout ce qui me faisait envie… Un peu déçue par cette partie de ma journée donc, car même si je connais le concept (il faut s’intéresser aux stands, discuter avec les éditeurs, pour pouvoir découvrir leur travail) je ne savais tout simplement pas comment aborder cette partie du festival.

Tant pis, je file vers le Monde des bulles, histoire de voir qui est en dédicace et zieuter quelques stands d’éditeurs que je suis particulièrement. Seconde déception. Je n’ai pas trouvé le stand d’Asuka, dont le catalogue m’attire particulièrement. On m’a parlé la veille d’Ikigami, un manga au pitch assez intriguant, et j’avais repéré Au temps de l’amour, un autre titre de leur catalogue. J’aurai voulu feuilleter un peu ces titres et en discuter avec les éditeurs. J’en profite pour passer sur le stand de Xiao Pan. Benjamin y est en dédicace mais les 100 tickets permettant d’obtenir la griffe de l’auteur sont partis comme des petits pains. Je pousse un peu jusqu’au stand de Soleil avant de fuir le lieu. Trop de monde, une atmosphère étouffante et très peu de lumière. Le temps de résister à l’appel du Manga building, de regarder un dessinateur croquer les visiteurs version manga et de feuilleter quelques titres dans l’Espace Sélection Fnac, il est déjà l’heure de la seconde table ronde Inrocks qui m’intéresse. Retour au Nouveau Monde, cette fois pour une rencontre avec quelques auteurs des éditions Ankama. Ils commencent par discuter de la ligne éditoriale du label 619 – collection dans laquelle ces auteurs sont publiés -, de l’esprit de leurs BD, de leurs influences… Très vite cependant, deux des auteurs doivent partir. Les trains ont eu la bonne idée de se présenter en retard à quai depuis le matin, alors on anticipe. Dommage, la rencontre prenait une tournure très intéressante. Je réserve pour plus tard l’expo sur la bédé russe et  je vais faire une petite pause au soleil. Je décide ensuite d’écouter un peu la rencontre 2009 année érotique, avant de filer rapidement. Comme le fait remarquer une des nombreuses spectatrices, on assiste à un « débat pour mecs ». En plus, aucune allusion à la culture manga dans le débat, qui pourtant aurait grandement sa place, vu le thème abordé. Une rencontre assez cliché en somme et peu enrichissante à mon sens.

Il est temps d’aller visiter l’expo sur la BD russe. Très excentrée par rapport au centre ville, on peut s’y rendre en navette. Mais je vais vérifier d’abord qu’il y aura bien un train pour rentrer à Bordeaux à l’heure prévue. Apparemment pas. On me conseille de prendre le premier qui se présente, c’est à dire tout de suite.  Je ne verrai donc jamais cette expo qui m’attirait vraiment. Dommage.

Au final, une première expérience assez intéressante, même si j’aurai du mieux gérer mon temps. Certes, il y a un côté « grand messe de la BD », avec beaucoup de monde et un aspect commercial bien présent. Je me suis cependant fait la réflexion qu’il assez rare de voir des gens aussi divers – enfants coiffés de chapeaux Spirou, ados, adultes, quelques nekogirls, deux-trois cosplayeurs et lolitas gothiques, une geisha – s’intéresser à une même culture. La culture et le livre papier ont encore de beaux jours devant eux, si tant est qu’on se donne la peine de soutenir les initiatives qui veulent les faire vivre.