Journal de bord du 30/01/2010 : festival BD d’Angoulême


Malgré la menace qui planait sur le festival, il n’a pas été annulé, à mon grand plaisir. C’est donc pour la toute première fois que je me rends à ce grand événement.

Surprise, je suis accueillie à la gare d’Angoulême par de volumineux flocons de neige! Avec beaucoup de courage, j’affronte cette longue côte vers le centre ville. Et là, fabuleux, avant même de l’atteindre, je croise le premier bâtiment du festival, le Manga Building… Je suis vite refoulée à l’entrée, car je ne porte pas le petit bracelet… Après avoir échangé mon pass prépayé par ce petit bijou en papier, je me dirige vers l’expo de la place Henri Dunant : j’y découvre un retracé de l’histoire de la BD humoristique. Très instructif, j’y apprends que les français ne sont pas nés pour être drôles, car en fait l’ « humour », dans le sens étymologique du terme, est à 100% anglais… Ah? Bon, je continue ma visite, à travers des couloirs peu larges, pour découvrir l’auteur Fabio Viscogliosi. Des strips, des objets, ses dessins, qui sont d’un très beau tracé, finement travaillés, des personnages à têtes d ‘animaux, mais qui me laissent tous une impression de tristesse, des œuvres sombres et évocatrices. Je passe mon chemin, pour rencontrer l’œuvre de Blutch, dernier auteur représenté dans cet espace. Il est sous ligné d’un avertissement, oui, Blutch n’est vraiment pas destiné aux enfants. Apprécié d’Enki Bilal (je vous en reparle un peu plus loin), il dessine des actions empreintes de sexe, violence, vérité pure, trait vif. Intéressant, mais peu attirée, je me détourne et tombe sur le premier effet de ce festival. Une quinzaine de personnes sont affalés et serrés sur le sol, débordant d’une petite pièce, où est diffusé un documentaire sur l’artiste.

Changement d’univers (et de météo, tiens, il pleut), je repars vers le Manga Building, fermement décidée à voir ce qui m’intéresse. A l’entrée quelques stands d’éditeurs, en bas, l’expo One piece. Un vrai petit bonheur, avec des croquis de l’auteur, des dessins inédits, une décoration évocatrice (sable et palmier, tonneaux un peu partout). Mais mon intérêt réside en la conférence « Shôjo manga : histoire et analyse ». En grande néophyte, je m’instruis. La conférence est tenue par le responsable éditorial de Manga 10 000 images, plutôt intéressante, mais trop courte. En effet, le conférencier n’a pas le temps de développer, il suggère que le shôjo est remplit de stéréotypes, mais n’explique pas, dans le fond, pourquoi. Dommage, je me rattraperais sur la performance de l’auteur Makoto Yukumura dans l’après-midi.

En attendant, petit tour dans les différents lieux d’expositions : l’espace FNAC pour la sélection officielle du Prix du Public (vous avez un espace pour lire les BD sélectionnées dans leur intégralité et voter, ce qui est plus intéressant que le site internet, qui vous tient en haleine avec 2 ou 3 pages seulement…). L’hôtel de ville (ah! dommage trop de monde, rien vu!), l’Église (la Bible en manga, si si!), le Monde des collectionneurs, des artistes dans les rues d’Angoulême et le grand final, l’espace éditeurs. Je vais être sincère, j’ai étouffé! L’espace est énorme, tout en longueur, avec beaucoup trop de monde. En revanche, les stands brillent par leurs artistes et auteurs en dédicace. Vite ressortie (aussi vite qu’il est possible de zigzaguer entre les gens), je me dirige de nouveau vers le Manga Building pour la performance… au complet. Surprise! Je n’ai pas pu entrer.

Tant pis, direction le musée de la BD et l’expo Cent pour Cent, avec 110 planches d’auteurs en tout genre, des comparaisons entre un tel et un tel, des hommages d’un artiste envers un autre, certains moqués et tournés en dérision pour un autre, je m’extasie alors de voir à quel point ces planches sont sublimes, quel que soit le sujet et la manière dont il est traité. A 17h, le spectacle de danse de la troupe Archipel – B Danse. Une performance, ou comment traduire en danse le coup de crayon d’un auteur de BD. J’ai juste le temps d’en voir 1 sur 3, un danseur dans une cellule de prison reconstituée. Danse d’un emprisonné, dur, folie et noirceur, j’avoue être ravie de me diriger 30 min plus tard vers la salle Némo du Bâtiment Castro, pour faire la queue : Enki Bilal est en conférence.

Quelle meilleure façon de terminer la journée? Il nous parle de ses projets, de son travail, qui il est, ce qu’il aime, comment il pense. Il s’ouvre totalement à nous. Il a beaucoup d’humour, est à l’aise. Nous avons même droit à un extrait de montage vidéo expérimental « Cinémonstre », de ses 3 longs métrages de cinéma. Avec ses commentaires, ce qui aide à mieux comprendre les intentions. Cette conférence est une révélation pour moi, j’ai décidé de me plonger très bientôt dans ses œuvres, pour peut-être vous écrire bientôt une chronique sur lui?

Voilà une journée bien complète, un festival qui inspire et s’inspire, je vous conseille de le vivre au moins une fois dans votre vie!