La Dame en noir


Comment dire,  depuis que j’ai vu ce film, je ne dors pas, et je sursaute au moindre bruit. Je suis même, disons, irritable. Je ne suis pas le public de ce type de film habituellement, car je sais que j’ai vite, très vite, peur et que cela me gonfle rapidement du coup. Néanmoins, j’ai eu la mauvaise idée d’accompagner mes amis voir La Dame en noir, film de James Watkins, avec Daniel Radcliffe. J’ai cru qu’il s’agissait d’un énième film de série B, et trouvant le jeu d’acteur de Sir Potter assez limité, je me suis laissée faire.

 
Et bien j’ai tout faux ! Même si Daniel Radcliffe a encore un fort besoin de prouver qu’il sait jouer, on arrive à passer au-delà de l’effet Potter quelques minutes après le début du film. Car nous sommes tellement pris par cette histoire, qu’on n’arrive plus à penser à rien, à part « j’ai peur » !

Le pitch est simple : Arthur Kipps, jeune notaire à Londres, a perdu sa femme en couche. N’arrivant pas à surmonter son deuil et devant tant d’absentéisme, son patron l’oblige à se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d’une cliente récemment décédée, et ce afin de lui prouver qu’il peut redevenir un bon employé. Au manoir de cette femme, il va vite se retrouver confronté à des manifestations étranges et fantomatiques, alors qu’au village, des enfants meurent les uns après les autres, dans d’horribles circonstances…

Le réalisateur a su s’entourer d’une excellente équipe déco/accessoiriste : le film, purement gothique, baigne dans l’architecture de ces vieilles demeures remplies d’objets tous plus flippants les uns que les autres. Dans le manoir, on retrouve des jouets d’époque, des poupées en porcelaines qui ont mal vieilli, des singes qui font de la musique, des lapins qui font du bruit. Imaginez tous ces jouets de nos grand-mères, qu’on cache avant d’aller se coucher, par peur d’un effet « Chucky ».

La lumière y est très importante, car très peu présente ! Tout est sombre, les couleurs n’apparaissent que lors des séquences de la femme d’Arthur. Dès que le jour arrive, on essaie de respirer (car on a hurlé juste avant – et je dis bien hurlé – de peur, dixit la fille devant moi et la fille derrière moi et … ah bah tout le public, en fait). Et bien pas le temps de respirer, car un enfant meurt assez violemment, ou une femme est possédée, ou, ou…  je vais éviter de trop en dire.
Tous les codes du bon film fantastique d’épouvante sont là, tout le public s’est laissé surprendre, et j’avoue que ça marche terriblement bien. On attend, on s’attend à voir quelque chose, et pourtant on sursaute. On voit la mort, et beurk, c’est trop horrible. On suit Arthur, avec des plans subjectifs, on lui dit « mais non ! n’y va pas ! ». Mais pas le choix, il va voir. Il va même faire tout, tout ce que nous ferions, si on en arrivait là. Nous qui voyons régulièrement des films de ce genre. Et là encore, on est surpris du résultat. Car le film se termine d’une manière assez inattendue, et ça me plait assez.

En même temps, si le film fonctionne aussi bien, c’est sûrement parce que la Hammer, la société de production du film, a apporté tout son savoir-faire pour son retour sur le devant de la scène. Mythique dans les années 60, avec ses films à la fois fantastiques, d’horreur et d’aventures, présentant le plus souvent Christopher Lee ou Peter Cushing à l’affiche, elle connait un véritable déclin dans les années 70, que même une alliance tardive avec la Shaw Brothers n’a pu empêcher. Mais 40 ans après, les revoilà, tout frais, à une époque où le genre fantastico-horrifique connait une bonne stabilité.

Bref, je ne sais pas si c’est ma personnalité qui est trop sensible aux films de revenants, mais comme vous pouvez le lire, le film a été très efficace sur moi. Donnez-nous votre avis sur le film. Ce qui est sûr, c’est que la salle de 120 personnes de l’UGC, blindée (succès ou effet printemps du cinéma ?), a sursauté, hurlé, en même temps que moi. Au générique de fin, les gens se levaient lentement, en regardant les autres d’un œil flippé et larmoyant, cherchant à savoir si le reste de la populace savait qu’il avait failli vomir de peur, ou alors à quoi ressemblait celui qui avait failli lui vomir dessus pour les mêmes raisons…

De plus, même si je ne suis pas une assidue de ce genre, je sais que l’on peut trouver des ressemblances à ce film avec The Grudge, pour le côté revenante qui cache son visage et qui tue mais aussi pour les enfants flippants. Et sur ce dernier point, des similitudes aussi avec le film Dark Water. On sent l’influence des films d’horreur japonais, mais là encore je vous invite à donner votre avis.

Le film est tiré du roman de Susan Hill. Je ne le connais pas, et du coup je ne suis pas tentée de le lire (…), mais si le film lui est fidèle, ça doit être une excellente histoire d’épouvante !

La dame en noir de James Watkins
Avec Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet McTeer, Liz White, Shaun Dooley, Roger Allam, Sophie Stuckey, David Burke.
1h34, actuellement en salles