La Recette d’un Goût Décès réussi


Ingrédients :

  • 1 Kg de Poulet.
  • 1 CàS d’Imagination
  • 400 g de Papier qualité supérieure
  • 50 ml d’Encres
  • 2 CàS de Talent
  • Quelques épices et une bonne dose d’Humour.

L’égout de ma vie.

résumé : L’inspecteur Tony Chu possède un don pour le moins étrange : il est cibopathe. Cela signifie qu’il est capable de retracer psychiquement la nature, l’origine, l’histoire, et même les émotions, de tout ce qu’il mange. Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi un policier tout à fait respectable… lorsqu’il ne goûte pas à la victime d’un meurtre afin de découvrir l’identité du coupable et ses motifs.

Au premier  goût d’œil on voit le dessin un peu cartoon de Rob Guillory, qui n’est pas sans rappeler celui de de Gabriel Bà sur Umbrella Academy (la série scénarisée par le chanteur de My Chemical Romance, les midinettes sauront de quoi je parle), le trait est tout en rondeur, c’est dynamique et disproportionné mais cela sert admirablement l’intrigue humoristico-nécrophago policière de John Layman.

Goût de pouce.

L’histoire est celle d’un policier qui évolue dans un monde où le gouvernement des Etats-Unis a interdit la vente du poulet sous toutes ses formes à la suite d’une grippe aviaire. Comme le dit un personnage « on met le poulet hors-la-loi et seuls les hors-la-loi ont du poulet! », le poulet se vend donc sous le manteau dans des ruelles sombres et humides à des prix prohibitifs. Le citoyen lambda doit se contenter de  Poulet-Free® ou plus simplement de Faulaille. L’agence gouvernementale en charge de la législation et la  traque des contrevenants  est la R.A.S. (Répression des Aliments et Stupéfiants des Etats-Unis).  Tony Chu va très vite être engagé par ce service, aidé évidement par son don des plus ragoûtant.

Au début il tient le goût même si c’est difficile parce que son supérieur le déteste. Il découvre son nouveau poste avec l’appui et les conseils avisés de son partenaire Mason Savoy, une sorte de dandy gorillesque  et mystérieux mais tout aussi cibopathe que Chu.

Le goût de foudre

Tony Chu tombe amoureux d’ Amélia Mintz une journaliste critique gastronomique qui est saboscrivneuse, c’est à dire que quand elle décrit quelque chose qu’elle a mangé, on peut en ressentir le goût. Pratique pour l’exercice de son métier.  Comme notre détective est timide pour l’instant l’enchantement est à sens unique, mais on imagine qu’après avoir accusé le goût, il se reprendra pour l’inviter à sortir.

Tony doit aussi gérer les écarts de conduite de son frère aîné, ancien chef médiatisé qui un jour en a eu marre de ne cuisiner que des aliments reconstitués et sans saveurs.  Une machination se révèle peu à peu et face à ce goût monté, l’Agent Chu va tout faire pour aider ce frère qui lui tape sur le système.

Jeu, Set et Mâche

Ce premier tome est une belle réussite, c’est très drôle, avec un goût délicieux mais un peu rustique qui reste longtemps en bouche. On peut déceler une pointe d’amertume, de conspiration et  de critique sociale mais le tout est un goût franc joliment transformé et terriblement drôle.

On peut même parler de goût de Trafalgar puisqu’ originellement publié par une  maison d’édition indépendante, ce comic book  a remporté un succès phénoménal et surprise outre atlantique.  Il va sans dire que  c’est  amplement mérité et il a  même remporté la récompense suprême de la Bande Dessinée, un Eisner Award.

J’espère que vous aurez trouvez cette chronique à votre goût, sachez seulement que le comic contient moins de jeux de mots mais beaucoup plus d’humour. Vous ne resterez donc pas sur votre faim.

A dévorer sans modération !

 

Tony Chu  Détective Cannibale

de John Layman - Rob Guillory

Delcourt Collection Contrebande

128 pages - 14,50€

08 / 09 / 2010