Le nouveau Laurell K. Hamilton. Le Fey ou le Fey pas ?


Alors qu’Anita Blake, déjà présentée dans une chronique précédente, s’offre une deuxième jeunesse au fil de rééditions chez Milady et s’apprête à être adapté en série télévisée, les éditions J’ai Lu décident d’éditer la nouvelle série de Laurell K. Hamilton : Merry Gentry. Alors que la série en est à son sixième tome aux États-Unis, seulement deux tomes sont parus chez Fleuve noir depuis 2003. Mais comme Laurell.K Hamilton cartonne chez Milady avec Anita Blake, J’ai Lu présente l’autre série de l’auteur, et le tome 3 est prévu pour septembre 2010. Je n’ai lu pour le moment que le premier tome de Merry Gentry, Le baiser des ombres et mon avis est assez mitigé…

Voilà trois ans que la princesse Fey Meredith NicEssus s’est enfuie de la cour Unseelie et tente d’échapper à son cousin Cel, qui ne souhaite rien de plus ardemment que sa mort. Ainsi, sous le pseudonyme de Merry Gentry elle travaille à l’Agence de détectives Grey, spécialisée dans les affaires surnaturelles. Dans un monde où les Feys sont traqués par les paparazzi, Merry doit user de tout la magie de son glamour pour se dissimuler. Après trois ans de camouflage parfait, tout dérape lorsque deux femmes, l’épouse et la maîtresse, viennent à l’Agence, persuadées qu’elles sont victimes d’un sort lancé par l’homme qu’elles partagent. Et voilà Merry qui enquête sur ce tombeur, fanatique des Feys et apparemment puissant magicien.

Bon, pas la peine de s’attacher à cette affaire, elle ne représente qu’un grain de sable dans un scénario qui pourrait tenir sur un mouchoir de poche. Moins de soixante dix pages après le début, l’héroïne est déjà en train de s’envoyer en l’air. Il semblerait qu’il y ait un tournant dans le monde de Laurell K. Hamilton car, que ce soit dans les derniers Anita Blake ou dans Merry Gentry, le sexe constitue une part majeure de ses livres. Si Anita Blake n’était pas à mettre dans toutes les mains pour cause de scènes de violence particulièrement gores, Merry Gentry doit rester en haut de l’étagère car Meredith s’envoie en l’air ou manque de s’envoyer en l’air toutes les trente pages. Ado, j’avais épinglé à l’aide d’un trombone les interminables scènes de descriptions de Madame Bovary, histoire de ne pas avoir les lire et d’accéder plus vite à l’action. Ici, j’ai épinglé et sauté (sans mauvais jeu de mot) les scènes érotiques.

Autant vous dire qu’il ne restait pas beaucoup de scénario… Pour moi, il ne se passe pas grand chose dans ce livre qui pourtant sait se montrer passionnant. Avec le ton caustique qui lui est propre, Laurell K. Hamilton nous présente un monde précis, réaliste et bourré de références qui rendent l’univers de la Féérie crédible. Entre gobelins, Feys, Brownies, Ogres et autres créatures magiques, le lecteur n’a aucun mal à être captivé dans cette univers magique. Il est bien dommage donc que l’action soit si souvent interrompue par les ébats de Merry avec les différents protagonistes mâles. Mais une fois la dernière page tournée, je mourrais quand même d’envie d’acheter le deuxième tome, malgré tout le mal que j’ai pu dire de ce livre et le temps qu’il m’a fallu pour le lire. Car si les véritables tenants et aboutissants d’un scénario pour le moment vague ne sont abordés que dans la dernière moitié du livre, on sent que Le baiser des ombres n’est qu’une grande introduction à une histoire épique de guerre de succession entre les héritiers de la couronne Unseelie.
En bref, le premier tome laisse un goût d’inachevé qui vous pousse à acheter la suite pour savoir ce qui va arriver à la petite Meredith, toute aussi sexy qu’Anita Blake, mais bien moins charismatique à mon goût. Plus d’une fois elle sait se montrer agaçante avec ses manies de mademoiselle je sais tout et une confiance en elle débordante. Tout lui réussit à la jolie Fey !
A lire donc pour les fans de Laurell K. Hamilton qui veulent retrouver son style si particulier en attendant la suite d’Anita Blake, également pour les amateurs de fantastique bien construit et de récits sexy. Toujours est-il que Le baiser de l’ombre est loin, très loin de m’avoir emballée… J’ai plutôt été déçue par un de mes auteurs favoris qui est passé en quelques années d’un érotisme sous-jacent terriblement attirant à une débauche de sexe à toutes les pages, négligeant ainsi scénario et charisme de ses personnages.

Le baiser des ombres de Laurell K. Hamilton
Éditions J’ai lu
Format poche
543 pages
8 euros 90