Liberté


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Deuxième Guerre Mondiale, en zone occupée, des Tsiganes s’installent dans un village pour les vendanges. Le maire et l’institutrice s’arrangent pour scolariser leurs enfants. Mais les contrôles d’identité se multiplient et le régime de Vichy interdit aux peuples nomades de circuler librement…

Avant-première, voyage, Histoire et liberté !

Quelle belle avant-première au festival du film d’Histoire avec la présence du réalisateur et d’un des acteurs. Trois ans après Transylvania, son précédent film, Tony Gatlif aborde de nouveau avec Liberté l’un de ses thèmes les plus chers, celui du voyage. Inspirés de faits et de personnages réels, il nous explique qu’il souhaitait mettre à jour certains oublis de l’Histoire et notamment celui de la déportation, de la concentration et du massacre des Tziganes d’Europe sous le régime Nazi. En pleine Seconde Guerre Mondiale, au cœur d’une France pétainiste, c’est par l’entremise de deux personnages engagés, Théodore et Mlle Lundi que nous suivons le destin de bohémiens de passage dans un petit village de campagne.

Nomadisme et régime de Vichy

Comme chaque année pour les vendanges, une famille de tziganes arrive aux abords d’un petit village de campagne. Théodore, maire et vétérinaire de cette charmante commune, accueille avec l’institutrice Mlle Lundi les bohémiens et tentent bon gré mal gré de les avertir de la nouvelle législation prise par le régime de Vichy. Désormais, les communautés nomades devront se sédentariser pour toute la durée de la guerre. Les bohémiens continuent de vivre selon leurs coutumes, accompagnés d’un petit orphelin, P’tit Claude, qui les a suivi sur la route et qui est bientôt recueilli par Théodore. La police, la Gestapo et les collaborationnistes rôdent, la rafle tant redoutée a lieu et la famille se retrouve internée dans un camp de concentration pour roms. Théodore, accompagné de Mlle Lundi, réussit à les sortir en leur donnant la maison de ses aïeuls. Commence alors une vie de sédentarisation, entre travail dans les champs, musique et parfois quelques jours d’école pour les enfants et Taloche, cet éternel rêveur un peu fou.

Gatliff et les Tziganes face à l’Histoire

Quel regard porte notre cinéaste sur ce sombre pan de l’Histoire ?
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Il constate, observe, nous laisse seuls juges des agissements de chacun. Des hommes et des femmes qui résistent, chacun à leur manière, d’autres qui oscillent entre peur, crainte et violence avec l’arrivée d’étrangers sur leurs terres, des tziganes plongés dans l’incompréhension, la colère et la soif de vengeance, enfin la police et les militaires, bras armés des régimes de Vichy et Nazi, implacables, redoublant de contrôle et de ségrégation envers cette population jugée inférieure et impure.

Malgré les ténèbres et la terreur, Tony Gatlif impose dans sa narration une joie de vivre, une insouciance, une énergie débordante et joviale incarnée tout au long du film par Taloche et cette famille, rythmée par une musique tzigane entraînante, joviale aux antipodes de l’atmosphère oppressante du moment. Ici pas de place au pathos, pas de dramatisation, simplement des faits, la réalité telle qu’elle s’est produite, l’Histoire telle qu’elle s’est réalisée, l’horreur telle qu’elle est…

Liberté, Liberté chérie !

Ce dernier opus de Gatlif, en plus de faire la lumière sur certains oubliés de l’Histoire nous offre une véritable ode à la liberté d’être, à la vie et une réelle envie d’émancipation et d’indépendance face au joug d’un régime. Embarquez vous à ses côtés pour ce nouveau voyage emplit de sentiments et d’émotions, celui de la liberté comme principe vital et inaliénable.


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Liberté
Réalisé par Tony Gatlif – 2008 – 1h51 – France, 2008
avec Mark Lavoine, Marie-Josée Croze, James Thiérrée, Rufus…
Prix du public Festival de Montréal – Sortie 24 février 2010