L’invisible de Robert Pobi


En ce mois d’août, sur Mandorine, nous avons décidé de vous parler de nos trois polars coup de cœur de l’année, à emporter avec vous sur la plage. Petit bonus : vous pourrez tenter votre chance pour gagner le polar de la semaine !
Le second titre de cette série est pour moi LE polar de l’année.

Je dois avouer que j’ai eu des difficultés à trouver le troisième polar de cette sélection de l’été. Si le choix des romans d’Arnaldur Indridasson et de Victor del Árbol (dont je vous parlerai la semaine prochaine) fut évident, la troisième larron de cette liste m’était plus difficile à trouver. Puis l’ami why? me souffla qu’il avait plusieurs fois entendu parler – en bien – du thriller de Robert Pobi. Thriller. Le mot est lâché. Un terme qu’on associe souvent aux grosses ficelles d’un genre beaucoup trop prolixe et prévisible. Mais il existe toujours une exception à la règle, paraît-il…

Jake Cole est agent du FBI. Pas le genre col blanc aux dents blanches qui rayent le parquet, non. Plutôt du genre à vous faire flipper si vous le croisez dans la rue en rentrant la nuit chez vous : un personnage sombre au corps couvert de tatouages – une partie du texte de L’enfer de Dante pour vous donner une idée –. Son travail consiste à réussir là où les autres agents du FBI ont échoué. Il décode les scènes des crimes les plus odieux que les États-Unis rencontrent. Il ne saurait dire lui-même comment et pourquoi il possède ce don, mais il parvient à entrer dans l’esprit des criminels les plus endurcis, à suivre le cheminement de leur cerveau malade et à les retrouver immanquablement, notamment grâce à un sens de l’observation hors du commun.

Mais Jake pense sérieusement à démissionner, entre autres parce qu’il ne souhaite plus inquiéter sa femme et son fils de trois ans avec son air sombre et les enquêtes glauques qu’il mène. Mais, avant de pouvoir donner sa démission à son patron, il doit à nouveau se rendre dans le dernier endroit sur Terre où il souhaiterait se trouver. Montauk, Nouvelle-Angleterre, la maison de son enfance. Son père y vit toujours, mais cela fait longtemps qu’il n’a plus toute sa tête. Plus de trente ans, en fait. Depuis le meurtre effroyable de son épouse, la mère de Jake, qui n’est toujours pas élucidé. Jake a fui cet endroit dès qu’il l’a pu, a fuit ce père distant, ancienne célébrité adulée du monde de l’art, fréquentant Warhol et Picasso, aujourd’hui réduit à l’état d’ivrogne atteint d’Alzheimer, reclus dans sa maison remplie de toiles sans queue ni tête. Et après être revenu de l’enfer – alcool, drogue, et abus en tous genres – et s’être promis de fuir à jamais cet endroit trop hanté de souvenirs douloureux, Jake doit y remettre les pieds, pour s’occuper de son père hospitalisé, qui, dans un moment de démence inexplicable, s’est immolé par le feu et jeté à travers la baie vitrée du salon.

C’est alors que Jake reçoit un coup de fil, lui demandant d’apporter son aide au shérif du coin dans une sale affaire de double meurtre. Une mère et son enfant impossibles à identifier ont été retrouvés morts dans une maison de vacances à Montauk. Écorchés vifs. Jake s’enfonce dans une affaire opaque, assisté des forces locales du coin, plus habituées à résoudre des affaires de délit de fuite que des crimes particulièrement sanglants. D’autant plus que ce double meurtre ressemble étrangement à celui de sa mère, 33 ans plus tôt. Et se transforme en une série de crimes de plus en plus rapprochés. Même manière de procéder, même signature. Et, comble de malchance, un ouragan d’une force jamais égalée à Montauk s’approche de la ville.

Toute l’habileté de Robert Pobi repose sur sa capacité à réinventer les poncifs du thriller (monde de l’art, meurtres horribles, temps limité). Ses personnages, tous méticuleusement approfondis, apportent du corps et de l’authenticité au récit, qui se fait plus haletant, plus urgent, à chaque chapitre. Et même si l’on est un habitué des polars, il semble impossible d’en deviner le dénouement avant les dix dernières pages. Robet Pobi s’applique méticuleusement à brouiller les pistes, les certitudes changent d’un chapitre à l’autre, d’une page à l’autre lors d’un dénouement final brutal, que le lecteur se refusait à voir. C’est alors que l’on se repasse le récit dans sa tête, à la lumière des éléments nouveaux que l’on possède, avec la pièce de puzzle qui manquait cruellement tout au long de l’histoire. Et que l’on revoit les infimes indices disséminés ça et là dans ce premier roman particulièrement réussi.

 


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Les résultats seront annoncés en fin de semaine. Bonne chance !

Edit 3 septembre 2012 : Bravo à Nanet qui remporte un exemplaire de L’invisible ! Pour recevoir ton lot, merci de m’envoyer tes coordonnées par email, à mylene.boyrie(at)mandora.fr. Rendez-vous dans quelques jours pour un nouveau polar à gagner :)

L'invisible

de Robert Pobi

Éditions Sonatine

21,30€, 426 pages

Mars 2012

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