Missi Dominici – Livre Premier : Infant Zodiacal


“Trouvez l’enfant! Passez les autres au fil de l’épée!!”

missi_dominiciUn des sbires des quatre cavaliers de l’Apocalypse donne ses ordres: torturer, violer, brûler toute âme vivante, sans perdre de vue leur objectif, trouver l’Enfant Zodiacal. Un très jeune adolescent investi d’étonnants pouvoirs magiques.

Puis arrivent les Missi Dominici, chargés de ramener à Rome toutes les saintes reliques éparpillées aux quatre coins du monde. Sauf que Ronan Chantilly de Guivre, jeune apprenti et Ernst Wolfram, le brutal, sont de bien étranges chrétiens… Arrivés à Riga, ils entendent parler de ce fameux enfant, qui porte le nom de Jélami, et qui pourrait très bien intéresser notre duo éclectique…

Violence, magie, mystère, le Livre Premier montre dès le départ tout l’attrait de cette bande dessinée destinée aux adultes. Le coup de crayon de Benoit Dellac est très réaliste et fin, mais peu chargé, à l’image du texte, court et clair, quoi qu’il faille comprendre le langage moyenâgeux! Heureusement pour nous, quelques annotations nous permettent de découvrir des mots disparus depuis plus de dix siècles! Très rythmée, cette bande dessinée a une structure et un montage quelque peu cinématographique. Nous suivons en fait trois histoires parallèles, seules deux à cinq pages les traitent à tour de rôle, ce qui induit que toutes ces actions se passent en parallèle. Ainsi, pendant que les cavaliers de l’Apocalypse cherchent Jélaime, les “Missi” avancent sur leur quête des reliques, et les lives – des barbares, dans le sens où ils ne sont pas chrétiens et “civilisés”-  se préparent à combattre et à revenir sur le devant de la scène: leur Dieu, Malassah, a donné un fils, Jélami, qui doit aujourd’hui mener les guerriers lives vers Z’ha’dum…

La plupart des actions commencent par un plan large, nous laissant découvrir pleinement l’espace de la scène, pour finalement de plus en plus se resserrer sur les personnages dominants, nous donnant la sensation que tous cachent quelque chose, et c’est effectivement le cas. Les scènes d’action et de mouvements rapides s’enchainent parfaitement, le sang est très présent mais il exprime plus la renaissance que la mort. Se sont les flammes, que provoquent ces fameux cavaliers, qui induisent la mort et la destruction.

Au cours du récit, alors que nous pensons être face à une énième BD ésotérique-religieuse-faussement-réaliste, nous découvrons en fait que la magie et le fantastique ont une grande part dans l’histoire, alors que cette première était interdite à l’époque de l’avènement du christianisme. Nos personnages ont des pouvoirs extraordinaires et effrayants, les Missi en premier. Ils peuvent se transformer et revêtir d’autres visages, ils peuvent ressusciter les morts. Thierry Gloris n’a pas peur de transposer le culte du christianisme à celui de cette secte, le parallèle est flagrant : Jélami nait d’une vierge “visitée” par Malassah, il détient le pouvoir de la vie et de la mort, Malassah lui-même est une combinaison du Diable et du Dieu chrétien.

Finalement, le seul point historique vérifié est l’existence véridique des Missi Dominici, qui étaient aux VIIIème et IXème siècles de vrais émissaires, des élus et envoyés du seigneur, chargés comme envoyés spéciaux de faire régner les lois du pouvoir royal, auprès des pouvoirs locaux. Ils sont composés de deux ou trois membres, très généralement un religieux et un laïc. Exactement le cas de nos héros (ou antihéros?).

Pour ce premier épisode l’histoire se met vite en place, et vous tient en haleine, un vrai pilote d’une série télévisée! Alors que tous les personnages sont en place, nous comprenons que le pire est à venir. Les Missi Dominici vont obligatoirement s’éloigner de leur mission, et se retrouver au cœur de la bataille. Cette bataille est d’ailleurs l’énoncé de la fin de ce premier tome, avec l’intervention d’un élément féminin (enfin!), qui s’incruste dans l’équipe de Ronan et Ernst. Depuis le départ, la femme est violée, mère ou prostituée, traitement basique de la femme au Moyen Âge. Ce dernier élément féminin apporte de la force, elle apparait avec une vrai et forte personnalité, et ne se laisse pas faire. Le voyage pour les Missi Dominici ne sera vraiment pas de tout repos!

Il s’agit d’une vraie bande dessinée d’aventure médiévale historico-fantastique réussie, comme on les aime!

Missi Dominici de  Thierry Gloris (scénario) et  Benoit Dellac (dessin)
Vents d’Ouest
Environ 13 euros