Pourquoi Glee me fait l’effet d’un pétard mouillé


En général, les séries sur les ados prennent pour protagonistes des teens populaires, brillants, blonds et aux dents trop blanches. On peut par exemple citer Sauvé par le gong, Veronica Mars, et, dans nos contrées, Foudre. Mais, depuis peu, il est définitivement tendance d’être ringard. Du coup, les séries prenant des outsiders pour héros se multiplient : Ugly Betty, The big bang theory et… Glee.

Nouvel hymne à la différence, Glee se déroule dans un lycée américain, dont la chorale réunit des parias, souffre-douleur du lycée. Au bord de la disparition, elle est prise en main par un prof d’espagnol, Will Schuester. A la stupéfaction générale, il parvient à convaincre quelques lycéens populaires de rejoindre le club. Ce qui est vu d’un très mauvais œil par la prof de gym du lycée, qui cherche à le détruire. Mais la troupe s’avère très douée et motivée par les championnats de chorale…

La troupe de Glee réunit toute une pléiade de personnages, à priori tous intéressants et attachants dans leur diversité. Les personnages « principaux » sont nombreux :12 personnes dans la chorale, au moins 7 d’entre eux voient leur histoire personnelle développée dans la saison 1. Il y a la tête à claque perfectionniste et mégalo, très douée pour le chant mais incapable de s’habiller convenablement et insupportable la plupart du temps, le quaterback du lycée, beau, populaire, petit-ami d’une pompom girl (what else?) mais bourré de préjugés, la pompom girl, donc, agent double de la chorale, prête à tout pour garder son mec auprès d’elle, le caïd prétentieux et craint du lycée, une diva black au caractère bien trempé, un jeune homo obsédé par la mode, une gotho-punk ultratimide, un souffre douleur en chaise roulante… On est assez loin du politiquement correct, au premier coup d’œil. Des ados comme les autres, des beaux, des moins beaux, des populaires, des ringards, avec des tas de défauts et de failles, que l’ont découvre les uns après les autres à chaque épisode de la série, le tout entrecoupé de chansons pop interprétées avec énergie.

C’est ici que le bât blesse : le spectateur découvre à peine l’histoire de l’un d’entre eux que l’on passe à la chanson finale. La rapidité avec laquelle sont évoquées leurs vies amène des facilités dans le traitement de leurs problèmes d’ados. L’homosexualité, la pression de groupe ou la grossesse adolescente sont abordés intelligemment, mais trop rapidement. Des séries comme South of Nowhere ou Skins prennent plus le temps de poser leurs personnages, ce qui les rend plus vraisemblables, et de traiter leurs problèmes, qui paraissent plus « vrais » en conséquence.

C’est le principal problème de Glee : on ne sait pas vraiment si cette série se veut être un show optimiste chantant le bonheur d’être sur scène ou une série « vérité » sur la vie d’ado aux USA aujourd’hui. Elle passe trop rapidement de situations compliquées et tendues à des chansonnettes dégoulinantes de bons sentiments qui semblent résoudre la plupart des problèmes. A ce sujet, mention spéciale au dernier épisode de la saison 1 qui a achevé la dernière once d’intérêt que j’avais pour cette série en se terminant sur une chansonnette mièvre et gluante.

Ce qui est particulièrement dommage, car Glee est drôle, parfois acerbe, et regorge de bons mots et de bonnes reprises de chansons pop. Elle est annoncée courant 2011 sur M6.