Festival de films alimentaires


Lors d’une rediffusion du très cool Rock avec Sean Connery, Ed Harris et Nicolas Cage, une question fondamentale et vitale a germé dans l’esprit malade mais néanmoins hilare d’Arsenio Iglesias et de moi même : A partir de quel film Nicolas Cage s’est-il laissé pousser les gonades mâles ?

 

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Pour répondre à cette question il nous faut revenir sur la filmographie du neveu/cousin de et l’analyser un peu. Le jeune Nicholas Kim Coppola prend le pseudonyme de Nicolas Cage, pour se démarquer de son illustre oncle Frankie. Il choisit Cage en référence à Luke Cage un personnage de comics du l’univers Marvel. A l’inverse du personnage à qui il empreinte une partie du nom (connu pour être un dur à cuire notoire), les premiers films de Nicolas Cage jouent beaucoup sur son coté fragile, sensible, fleur bleue et romantique.

 

Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux

nickcage meme

De Rusty James où il joue une petite frappe lâche à la consécration de Leaving Las Vegas, tous les rôles qu’il a incarnés peuvent se résumer à des fous, des lâches ou des jolis cœurs. Attention énumération non-exhaustive de la première partie de sa filmo: dans Rusty James, un lâche. Dans son film suivant, un romantique. Cotton Club, un fou. Birdy, un vétéran de guerre atteint de syndrome post-traumatique. Dans Boy in Blue, un champion d’aviron. Dans Peggy Sue s’est mariée (vous savez le remake américain de Camille Redouble, à moins que ce ne soit l’inverse), il joue le petit copain de lycée. Dans Arizona Junior, il est un ancien taulard un peu loser et gentiment doux dingue. Et dans Éclair de Lune, où il partage l’affiche avec Cher qui était déjà à l’époque dans la catégorie MILF, il incarne un romantique commis de boulangerie.

Je marque une pause pour le film suivant Vampire’s Kiss encore une fois, il y joue un fou mais son jeu y est tellement outrancier, tellement habité qu’un plan de ce film est devenu un mème. Dans ses deux films suivants dont je ne citerais même pas les titres tant ils sont peu importants, il joue encore un fou puis un patriote pilote d’hélicoptère.

 

Fou de Fafa

Et on arrive à la Palme d’Or Sailor et Lula, là il accomplit une fusion de ses rôles habituels puisqu’il y joue un fou romantique et ancien taulard. Par la suite, il est un fou dans Zandalee, un fou romantique dans Lune de Miel à Las Vegas, encore un fou surexcité dans Amos et Andrew et un loser dans Red Rock West. Dans Dead Fall, il joue un arnaqueur fou et pour la première fois il porte un costume improbable ainsi qu’une perruque avec beaucoup de toupet. Pour la comédie suivante, Un ange gardien pour Tess, il joue un agent secret surentraîné mais ridiculisé par Shirley Maclaine. Il enchaîne ensuite sur une comédie de Noël dans laquelle il joue un loser.

Et vient Kiss of Death, il y joue pour la première fois un truand hyper violent et puissant, un personnage hors norme qui fait froid dans le dos. On arrive enfin à la première amorce de virage dans sa carrière Leaving Las Vegas, film pour lequel il gagne un Oscar du meilleur acteur dans un rôle de scénariste alcoolique amoureux et autodestructeur.

Le film suivant est le déjà mentionné : Rock, dans lequel il joue un geek du FBI qui en court de film doit faire preuve de courage. C’est dans Les Ailes de l’Enfer, qu’il passe du coté des Action Men en jouant un véritable héros américain, un soldat père de famille qui malgré une légitime défense se retrouve en prison et doit se battre contre les pires ordures que le système carcéral ait abrité.

nickcage hairLa suite de sa filmographie est bien plus connue, Volte/face, lui offre un rôle mythique, La cité des anges n’est qu’un remake des Ailes du désir donc encore une romance, puis viennent Snake Eyes, 8mm, à tombeaux ouverts, Windtalkers, etc. Il tourne avec de grands réalisateurs (Oscar oblige) mais enchaîne aussi tous les blockbusters possibles de façon de plus en plus décomplexée, le tout en arborant des coiffures de plus en plus improbables.

A l’instar d’un Jack Nicholson, Nicolas Cage a gardé cette constante de la folie, de l’aliénation et de la romance pour y ajouter depuis les années 2000 l’action et les looks caméléonesque à la Lon Chaney. Alors que Bruce Willis a commencé lui aussi par de la comédie romantique pour passer très vite à l’action en assumant sa calvitie, Nick Cage s’y est mis sur le tard en portant des postiches qui sont devenue autant de sujets de mèmes.

 

Le repassage c’est son truc à Jeremy

Par association d’idée, on en est venu a se dire que le roi de l’action le plus souple, c’est quand même Jean Claude VanDamme. Mais quand il est question de filmographie, le prix du plus beau grand écart revient sans nul doute à Jeremy Irons. Il incarne presque à lui seul la vrai souplesse (filmographique), JCVD et ses coups de tatanes peuvent aller se rhabiller !

nickcage jer ironsJeremy Irons est l’acteur capable d’incarner avec sa classe toute britannique des personnages bouleversants, inquiétants et grandioses dans des films comme Mission, Faux-semblants, Le mystère Von Bulow, M.Butterfly, Die Hard 3, Inland Empire ou Margin Call et j’en oublie. Autant de grands films et d’immenses réalisateurs. Mais au milieu de toutes ces œuvres on trouve des téléfilms mineurs, des adaptations de livres pour enfants, la voix de Scar dans le Roi Lion, une voix dans les Simpsons, un remake de Lolita mais surtout Donjons et Dragons, And now…Ladies and Gentlemen… film de Claude Lelouch avec Patricia Kaas (!), La machine à explorer le temps, Eragon, la panthère rose 2 et le récent Sublimes Créatures qui est un dérivé amélioré (en même temps, il n’y a pas beaucoup d’effort à faire pour faire mieux) de Twilight.

Si par sa filmographie il prouve qu’il peut tout jouer et qu’on ne le voit jamais où on l’attend, on peut aussi se demander s’il n’aurait pas besoin d’un bon comptable pour pouvoir éviter certaines daubes et autres navets alimentaires.

 

Comme si George R.R. Martin écrivait le prochain Disney

Bon, comme je vous sens friands de filmographies atypiques, je vous en propose une dernière. Johnny Depp dans le genre filmo s’en sort pas mal, lui qui a commencé par jouer dans Freddy, puis chez John Waters et Oliver Stone avant de gagner sa notoriété à la télé avec 21 Jump Street pour ensuite exploser grâce à son pote Timmy Burton, il a gardé dans l’ensemble une certaine cohérence. Il va mélanger plus ou moins de films intimistes avec des films plus commerciaux pour finir par faire la série des Pirates de Caraïbes pour faire plaisir à ses enfants. En dehors du fait que sa filmo est peu critiquable (voire assez classe), que je ne souhaite pas me mettre à dos toutes ses fans et que je désire garder intactes mes gonades, je vais vous parler d’un autre homme de cinéma qui a dû vouloir faire plaisir à sa progéniture.

nickcage lorenzos-oilGeorge Miller a commencé sa carrière en réalisant les trois Mad Max, lançant au passage un certain Mel Gibson qui est parti depuis vers des cieux beaucoup plus antisémites et hautement alcoolisés. Les trois Mad Max donc, puis il embraye sur les Sorcières D’Eastwick avec les déjà mentionnés Cher et Jack Nicholson mais aussi Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer. Un film de sorcières glamour puis un drame qui vous fait ruisseler les larmes sur les joues, Lorenzo’s Oil avec Nick Nolte et de nouveau Susan Sarandon.

On sent une légère transition, j’en conviens, mais dans un but purement théâtral je vais dire : et là c’est le drame, il réalise Babe, l’histoire d’un bacon sur pattes et Happy Feet, une sorte de Marche de l’Empereur mise en scène par Kamel Ouali. Comment on peut réaliser la série Mad Max, films fondateurs du genre post-apocalyptique qui ont inspiré Ken le survivant, entre autres, et ensuite réaliser Babe et Happy feet ? Désillusions, lobotomie, bad trip, papa gâteau, thé, café ou conversion au culte des Bisounours ?

 

Si on résume, Nicolas Cage s’est laissé pousser les bijoux de famille au moment où il a perdu ses cheveux (preuve que c’est une histoire d’hormones), Jeremy Irons a pour initiales de ses seconds prénoms WTF et George Miller a laissé ses attributs quelque part en terre australe sous l’Uluru.