PGW 2013, vol au dessus d’un nid d’idiots


Que l’on soit clair dès le début de cet article, mon but n’est pas de parler de l’entièreté de la convention Paris Games Week, organisée du 30 octobre au 3 novembre au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Je voudrais simplement revenir sur les évènements qui se sont passés lors de l’ouverture du salon : bousculade, bagarres, début d’émeute… Tout ça pour un simple jeu. Pour ceux qui ont loupé cet épisode fort peu glorieux de l’histoire du jeu vidéo, petit résumé.

Au commencement était l’opération commerciale

En cette fin d’année, Activision va sortir la dixième itération d’une de ses séries phares, Call of Duty : Ghosts. A l’origine considérée comme un bon FPS, la licence est devenue un produit générique manquant d’originalité au fil des années. Mais chaque épisode se vend extrêmement bien au point qu’Activision décide de sortir un épisode par an, avec une régularité d’horloge. Call of Duty assure une bonne partie des revenus annuels de l’éditeur (avec son autre série best-seller, Skylanders), chaque jeu se vendant à des millions d’exemplaires et devenant généralement le titre vidéoludique le plus vendu de l’année. Vous comprendrez l’intérêt capital de l’entreprise à vendre son dernier bébé comme des petits pains.

Depuis sa fusion avec Blizzard, Activision est l'un des éditeurs de jeu les plus importants au monde

Depuis sa fusion avec Blizzard, Activision est un des éditeurs de jeux les plus importants au monde

Or, horreur et malheur, cette année est sorti un autre jeu vidéo qui a écrasé la concurrence et dont les ventes sont stratosphériques, j’ai nommé Grand Theft Auto V de Rockstar Games. L’éditeur craint donc que ce succès ne fasse de l’ombre à son FPS couloir de l’année, qu’il se vende moins bien et que ses résultats financiers s’en ressentent. Il va décider de mettre le paquet question opérations commerciales.

Voici l’heure de bonne idée, mauvaise idée

Activision organise donc un « concours » dans plusieurs salons européens : les 500 premiers visiteurs à arriver sur le stand du jeu repartent avec une édition Prestige de Call of Duty 10, facturée 200 € dans le commerce. Qu’avez vous donc pour ce prix ? Outre le jeu, le pack contient un steelbook, la bande originale du soft, le season pass, une carte multijoueur exclusive, un « bracelet de survie » et une caméra tactique entre autres. Vous le sentez, le problème qui arrive vitesse grand V ?

L'objet du délit

L’objet du délit

Arrive le Milan Games Week qui s’est déroulé du 25 au 27 octobre, où l’opération a été lancée. Devinez ce qui se passa : foire d’empoigne, début d’émeute et stand détruit par une foule qui aurait fait n’importe quoi pour obtenir son édition collector du jeu. On aurait pu se dire que vu le résultat, l’éditeur allait changer son fusil d’épaule et modifier, voire annuler, son concours. Mais non, l’évènement est bien confirmé pour la Paris Games Week. Le site spécialisé NoFrag titre alors avec justesse « Activision organise une émeute au Paris Games Week ».

Ce qui devait arriver arriva

Beaucoup de sites et d’anonymes, sur Facebook et sur Twitter, ont prévenu l’organisation du PGW que cela allait dégénérer comme à Milan si l’opération commerciale était renouvelée. Cependant, la PGW ne cède pas et pour cause : l’organisateur du salon, David Neichel, est également le patron de la branche française d’Activision-Blizzard, l’éditeur du jeu. Tout s’explique. Seule concession faite par rapport à Milan : la file d’attente pour le concours se fera à partir de 8 heures à l’extérieur du Parc des Expositions et les 500 premiers à faire la queue obtiendront un bracelet prouvant leur succès.

Logo de la Paris Games Week

Dès 23 heures le jour précédent, une foule de personnes se masse devant le lieu de l’évènement, certaines sources parlent de plus de 200 personnes dès minuit. Ça s’échauffe dans la foule et il devient très rapidement clair que les 500 personnes sont déjà là. La direction de la PGW décide donc, vers une heure de matin, de distribuer les lots et de l’annoncer sur les réseaux sociaux. Mais beaucoup de gens ne voient pas cette déclaration, et rebelote, à 8 heures de matin, une foule massive se presse devant l’entrée du salon. Bilan des courses : plusieurs étouffements, des dégâts matériels, intervention de la police et des pompiers. Rassurez vous, les éditions Prestige ont bien été distribuées.

Bravo champions

Les responsabilités de ce fiasco sont partagées. Les « fans » qui se sont rassemblés et qui ont fait preuve d’irrespect et de stupidité pour un simple jeu vidéo en tiennent évidemment une belle couche. Cela me rappelle dans une certaine mesure les débuts d’émeutes qui ont eu lieu lors des soldes monstres pour la liquidation de Virgin Megastore. Mais ils ne sont pas seuls responsables. Bravo à l’organisation du PGW de ne pas avoir prévu qu’une telle opération nécessitait un véritable dispositif de sécurité. Et bravo, bravo, Activision pour avoir eu cette idée stupide. Mais c’est tout bénéfice pour l’éditeur : même si c’est en mal, il a eu de la publicité gratuite.

"Entraînés par la fouuuuule..."

« Entraînés par la fouuuuule… »

Merci donc à toute cette assemblée d’abrutis d’avoir fourni aux détracteurs du jeu vidéo une occasion rêvée de discréditer notre passion, à un moment où justement, son image commençait à s’améliorer.