Rencontre avec… Santa Macairo Orkestar


Chez Mandorine, on reçoit parfois des albums qu’on n’a pas vraiment l’habitude de chroniquer. Cette fois-ci, il s’agit de Magnetiko, de Santa Macairo Orkestar, une sorte d’OVNI musical, habité par toute sortes d’influences culturelles et des musiciens un peu barrés. Et si je vous dis qu’ils ont joué avec Monsieur Kusturica, forcément, ça impose le respect.

Magnetiko nous fait voyager des Balkans à la Nouvelle Orléans, en passant par les Caraïbes, et bien plus encore. C’est aussi un album qui prouve qu’on peut être un groupe français – oui madame – et être avant tout citoyen du monde.

C’est aussi un album qui doit  trouver toute sa saveur en live – c’est ce que j’ai pensé tout au long de l’écoute -. Au final, c’est un album qui m’a rendu curieuse d’en savoir plus sur ce groupe.

 

Interview de Bernardo, clarinettiste/harmoniciste/chanteur du groupe.

 

 

Mylène – Pouvez-vous vous présenter ? Qui fait quoi dans le groupe ?

Bernardo – Je me présente Bernardo Godillo, je suis clarinettiste, harmoniciste et chanteur dans le Santa Macairo Orkestar. Nous sommes six, et la composition du groupe est la suivante : il y a Mario Godillo à la batterie, aux machines, au tambour et au chant ; Esteban Godillo au piano, clavier, mélodica, ainsi qu’au chant ; Miguel Godillo au violon, banjo, et chant; Emilio Godillo à la trompette, tuba, au trombone et au chant, et enfin le nouveau venu de la famille : Pédro Godillo à la basse et contrebasse.

M – Comment l’aventure a-t-elle commencé ?

B – Le SMO a été crée en 2002; au départ, c’était juste une volonté de jouer entre copains autour d’un piano, en acoustique. On jouait des petites compositions du pianiste et parallèlement on reprenait des thèmes traditionnels klezmers ou balkaniques. Au bout de 6 mois, un répertoire s’est mis en place pour une première représentation en public qui fut plutôt satisfaisante. On s’est dit qu’une aventure était possible avec du travail.
Les deux premières années, on a beaucoup répété, et joué un peu sauvagement dans la rue, en s’invitant dans les off des festivals, en multipliant les plans dans les bars…
Par notre énergie et notre fantaisie, on s’est fait remarquer, et des festivals ainsi que des salles se sont intéressés à nous. En 2004, nous avons enregistré notre premier album ( In Koncerti ) en live qui fut plutôt bien accueilli par le public et l’aventure professionnelle à été lancée.

M – Votre musique est un joyeux mélange de diverses sonorités, langues & cultures. Quelles sont vos influences ?

B – Nos influences sont multiples : on s’intéresse tout d’abord à beaucoup de musiques dites traditionnelles ou ethniques : (klezmer; balkanique, orientale, indienne, cajun, blues, vieux jazz de la nouvelle Orléans, au vieux ska jamaïcain….) et parallèlement, on écoute du rock n’roll; du dub, de la musique planante, psychédélique, du jazz….

M – Vous vous êtes produits près de 700 fois, en sillonnant un peu toute l’Europe. Quels sont vos meilleurs souvenirs de concerts ?

B – C’est vrai qu’on a fait beaucoup de concerts et il est difficile d’en extraire un souvenir en particulier ; pour ma part je retiendrais notre premier concert à Amsterdam dans un festival post hippie où, sur une sono ridicule, on a fait danser toute une population excentrique et libre.

M – Avec qui aimeriez-vous jouer ?

B – On a déjà eu la chance de jouer avec de grosses têtes d’affiches balkaniques comme Emir Kusturica ou encore Goran Bregovic et naturellement nous adorons partager la scène avec de grands artistes authentiques.
Avec qui on aimerait jouer ? Sortir un nom en particulier est difficile car c’est très personnel, pour ma part j’aimerais jouer et rencontrer une légende vivante de la musique noire américaine comme John Lee Hooker par exemple (NDLR : a Mandorine nous proposons également comme légende vivante de la musique noire Robert Johnson, Billie Holiday, Jimmy Hendrix et Bob Marley).

M – Sur Magnetiko, vous passez de l’anglais au français en passant par le turc, le créole l’allemand… Pourquoi ? Y-a-t-il un message dans cette démarche ?

B – C’est vrai dans notre nouvel album, on utilise beaucoup de langages différents comme l’anglais, le français, le créole réunionnais, le turc, ou l’allemand, et aussi des langages inventés et spontanés, des onomatopées. Pourquoi ? Et bien parce que la raison d’être du SMO est de faire danser les enfants, les jeunes, les vieux, les martiens, les jaunes, les verts, les noirs, les rouges, les bourgeois et les prolos ! La philosophie du projet est simple : rassembler les gens de culture et d’horizons différents. On leur propose un voyage plein d’énergie et de couleurs, de fantaisie et de poésie. Il faut que les gens perdent leurs repères géographiques et culturels, donc ce ne sont pas les mots qui donnent le sens, ce sont les sonorités, les façons de faire qui vont interpeler et créer de l’émotion, du sentiment.

M – Un dernier mot pour donner envie à nos lecteurs de venir vous voir en concert ?

B – Venez nous découvrir sur scène, on saura vous faire danser !

 

 

Magnetiko – Santa Macairo Orkestar
Musique Caméléon
L’album est en écoute libre et en vente à partir de 5€ sur http://www.santamacairo.net, 3€ lors des concerts.
Leurs prochaines dates de concerts