The Almost Defective Detective Dee


Hark est une flèche

Tsui Hark est de retour !

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas le maître sachez seulement qu’on lui doit beaucoup quand on aime les films de l’âge d’or Hong Kongais . The Killer et  Le syndicat du crime I, II et III de Monsieur John Woo ne se seraient pas fait sans lui. Il a réalisé, écrit ou produit certains des films de Hong Kong  les plus marquants des années 80/90 – citons en vrac la série des Il était une fois en Chine (série qui a starisé Jet li), The Blade, Le festin Chinois, Histoire de fantômes chinois, Zu les guerriers de la montagne magique, Time and Tide ou Seven Swords.  Il a travaillé ou a fait travailler tout ce que l’ancienne colonie anglaise peut compter de stars devant et derrière la caméra:  le déjà cité John Woo, mais aussi Yuen Woo Ping, Ringo Lam, Johnnie ToChing Siu Tung, Sammo Hung, Jet Li, Chow Yun Fat, Chiu Man Cheuk ou Maggie Cheung et j’en passe.  Autant dire que Tsui Hark est un Maître, une référence et un immanquable de ce genre de cinéma mais aussi et surtout du Cinéma en général.

Il est un réalisateur assez productif mais il sait se faire désirer ce qui fait de chacun de ses films un évènement pour ses nombreux fans.

Le flic de Luoyang.

« L’histoire se déroule en Chine, en l’an 690, durant la période trouble correspondant à l’ascension de l’impératrice Wu Ze Tian.
Tout est prêt pour la cérémonie du couronnement et la petite ville de Chang-An est dans ses habits de fête. Mais une série de morts mystérieuses menace l’intronisation de Wu Ze Tian.
La futur impératrice douairière décide alors de faire appel au seul homme capable de percer ce mystère : Le juge Ti, de retour après huit ans de prison pour insolence, insubordination et révolte… »

Il nous revient  donc avec ce film inspiré de l’histoire d’un authentique juge et détective de la Chine des Tang, Detective Dee a fait l’objet d’une série de romans cultes (par Robert Van Gulick). Ce personnage historique qui vécu au VIIème  siècle est aussi célébre en Chine qu’un Vidocq chez nous.

Le film s’inscrit dans la tradition du Wu Xia Pian mais aussi dans celle du Whodunit typique des films policiers. Il mélange l’onirisme, la fantaisie et l’action des films de capes et d’épées chinois avec la rigueur, le pragmatisme et le suspens du genre policier.  C’est une sorte de grand écart entre les genres mais rien d’insurmontable pour un film de « Kung fu » peuplé  d’artistes martiaux aussi souples et élastiques que des bambous dans la tourmente.

Les combats du film sont chorégraphiés par Sammo Hung Kam-Bo, connu pour la série Le flic de Shanghai et  pour avoir popularisé le style de film de son pote Jackie Chan. Mais c’est aussi un grand artiste martial et un chorégraphe hors pair, ce que ce film démontre encore.  Les joutes sont spectaculaires, virevoltantes et impeccables, sublimées par la mise en scène de Tsui Hark.

Le Dragon Docile de Dee

Coté actrices et acteurs ont retrouve Andy Lau, méga star connu pour son rôle dans l’excellente série des Infernal Affairs ainsi que Le secret des Poignards volants ou Les seigneurs de guerre. Il apporte tout son charisme et sa présence physique au    Détective Dee.  Tony Leung Ka-Fai qu’on connait surtout pour son rôle dans l’amant de Jean Jacques Annaud a un rôle en retrait mais qui ne l’empêche pas d’en imposer. Le reste du casting est moins connu mais tout aussi talentueux et charismatique, certains sont même des habitués de chez Wong Kar-Wai.

Le film est la quintessence et le paroxysme de tous ces films Wu Xia qui sont arrivés jusqu’à nos salles. Il contient toute l’ambition historique des Il était une fois en Chine, un personnage charismatique comme Wong Fei Hung (héros de la série des Il était une fois…), les décors et les costumes fabuleux et flamboyant des fresques de Zhang Yimou comme La cité Interdite ou Le secret des Poignards Volants sans être aussi extrême et kitch, le patriotisme d’un Hero, la rigueur narrative et de vulgarisation d’un Tigre et Dragon et la puissance et l’inventivité de la mise en scène que seul Tsui Hark maîtrise aussi bien.

Ce film est un aboutissement dans sa filmographie Wu xia, mélange d’Histoire de fantômes chinois, de seven swords, de Zu et d’Il était une fois…,  entre onirisme, fantastique merveilleux, surnaturel et combats aériens auxquels viennent s’ajouter une pointe patriotisme chinois et de rigueur historique.  Notons quand même qu’un des combats laisse un peu dubitatif mais s’inscrit dans un univers de magie et de combats épiques et légendaires.

Oh! mais y’a Dee au cinéma !

Le VIIème siècle qui nous est dépeint dans le film est anecdotiquement plus ouvert d’esprit et au Monde que la Chine du XIXème de Wong Fei Hung ou même la Chine actuelle…  Malgré des conflits internes et une politique autoritaire de la régente et future Impératrice, cette Chine là, en phase d’unification et de construction, s’enrichit des autres cultures. Ainsi au début du film c’est un ambassadeur Omeyyade qui visite la grande statue, montrant ainsi les bonnes relations entre la Chine et les peuples de cultures musulmanes et l’ouverture de l’Empire du Milieu aux apports du Monde entier.

Un film qui mélange donc action, mystères, suspense, rêve, réalité, complots et intrigues politiques et historiques, avec des combats brillants et une mise en scène virtuose dans des décors et des costumes fabuleux, c’est la classe.

Le film  a été présenté au Festival de Venise 2010 en compétition officielle.

Allez-y de notre part, c’est un grand film.

 

 

Détective Dee : Le mystère de la flamme fantôme

de Tsui Hark

21 Avril 2011

avec Andy Lau, Carina Lau, BingBing Li, Tony Leung Ka-Fai, Chao Deng, Jean Casanova…