Touch my Life


En attendant le film 24h Chrono et après quelques apparitions au cinéma, voici le grand retour à la télé de Kiefer Sutherland.

Dans Touch, Kiefer Sutherland joue Martin Bohm, un père veuf, sa femme est morte dans les attentats du 11 septembre et il doit donc s’occuper seul de son fils autiste Jake qui n’a jamais prononcé un mot de sa vie et qui refuse tout contact physique. Seul avec cet enfant qui a besoin d’une attention constante, le quotidien s’avère très difficile, il va de petit boulot en petit boulot et donne toujours la priorité à son fils jusqu’à ce que les services sociaux s’en mêlent. La particularité de Jake c’est qu’il passe ses journées à noircir des cahiers avec des suites de nombres qui se répètent encore et encore. Un jour son père découvre que ces nombres ont une signification et pas des moindres puisqu’il semble que les suites de chiffres font coïncider les vies et le destin de personnes à travers la planète.

J’ai découvert la série pendant que j’écrivais mon article sur les autistes donc j’étais particulièrement réceptif et sensible à cette histoire qui illustre parfaitement les difficultés que rencontrent les parents d’enfants autistes. Instabilité professionnelle, impossibilité de communiquer ou de connecter avec son enfant, jugement de l’entourage, etc.

Malgré cette situation de départ, vous l’avez compris, la série va bien plus loin. Très vite elle revêt un aspect fantastique, rien de magique, juste un enfant qui semble capable de prédire les évènements futurs par le calcul. Il joue avec les lois des probabilités et avec les notions de causes et conséquences et semble voir ces fils invisibles qui connecteraient entre elles toutes les personnes sur Terre. On pense forcément à la théorie du chaos et à l’effet papillon, un mélange entre Rain Man, Pi et l’œuvre d’Alejandro González Iñárritu. Les films du réalisateur mexicain semblent une véritable inspiration pour les créateurs de cette série, il y a beaucoup de similitudes. On suit plusieurs histoires en parallèle, celle de Martin et Jake mais aussi celles d’une poignée de personnes à travers le monde. Et à la fin, le chemin de chacun croise d’une façon ou d’une autre celui des autres.

Jake le petit garçon autiste parvient à voir tout ça, il sait quand il faut agir pour que chacun y trouve son compte. Pour agir, il parvient à ce que ce son père intervienne à son grand dam et à sa grande surprise. Jake est un véritable Deus Ex Machina incarné, il est le narrateur de la série, il connait tous les tenants et aboutissants et à part lui et le spectateur, personne ne semblent comprendre ce qu’il se passe.

Mine de rien la série met en place épisode après épisode une véritable mythologie qui lui est propre. Pour cela, elle s’inspire de plusieurs religions et mythologies à travers le monde. On retrouve des mythes gréco-romains, de la philosophie chinoise ou japonaise, etc. L’idée de base de la série est que tout est connecté, que chaque évènement fait partie d’un grand tout, d’un plan cosmique et universel qui nous dépasse tous, sauf Jake. La série oscille donc entre Bouddhisme, Taoïsme, sciences et croyances populaires, le tout sans se perdre.

 

D’ailleurs, pour le coté Taoïsme et surtout zen, Touch m’a agréablement rappelé une autre série, Life. C’est une série policière un peu atypique puisque le personnage principal, détective à Los Angeles, vient de sortir de prison après 12 ans de détention pour un crime qu’il n’a pas commis. En prison il est devenu complètement zen, ce qui fait qu’il a une approche très particulière de la vie et donc de son métier de policier. Il fait des choses complètement décalées et réagit régulièrement de façon inattendue, ce qui s’avère toujours amusant. Par ailleurs, il cherche à savoir pourquoi il s’est retrouvé en prison par erreur, et puisqu’il est innocent, il cherche à savoir qui a commis le meurtre odieux dont il a été accusé. La série mélangeait donc humour sérieux, suspens, complot et enquêtes policières, mais malheureusement elle s’est arrêtée au bout de deux saisons. Dommage.

 

Mais revenons à Touch, à l’heure où j’écris seuls trois épisodes, des six que va comporter la première saison de la série, ont été diffusés. Malgré cela, on peut déjà remarquer que, si les deux premiers épisodes ont tendance à reproduire un même système narratif, dès le troisième, il y a de légères variations apportées, et c’est tout un univers diègétique passionnant qui se met en place.

En dehors de Kiefer Sutherland, le casting se compose de David Mazouz qui joue le petit garçon, de Gugu Mbatha-Raw qui joue une assistante sociale zélée mais compréhensive et de Danny Glover, qui même s’il est trop vieux pour ces conneries, apporte beaucoup au personnage de Martin et aux spectateurs car il semble savoir de quoi il retourne, en vieux fou qu’il est. Comme le pitch l’implique, il y a aussi une ribambelle d’autres acteurs dont certains sont des visages vus dans d’autres séries.
Côté écriture on a affaire à un vétéran puisque le show runner n’est autre que Tim Kring, surtout connu pour Heroes. La série avait ses défauts, c’est certain, mais côté écriture, il y avait de bonnes choses. Et pour ce que l’on peut voir sur ces trois premiers épisodes de Touch, personnellement il a mon vote de confiance pour la suite.

Pour résumer, entre destin, effet papillon, mythologies, trauma post 11 septembre, bons acteurs et rythme haletant, Touch est une série à suivre.

fox

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