Oh oh… On dirait que vous vous êtes perdu…

Nous n'avons pas pu trouver la page que vous recherchiez, mais voici quelques-un de nos articles les plus populaires :

On vous parle souvent musique, sur Mandorine, mais assez rarement de jazz, pour ne pas dire jamais. Une omission réparée grâce au Saint-Émilion Jazz Festival 2018, qui s’est déroulé dans la cité médiévale il y a quelques semaines. Emma Gendron s’y est rendue et nous propose un retour en photos sur la septième édition du festival.
Photo d'ambiance du Saint-Émilion jazz Festival 2018Photo du public et de la scène lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018Photo du public et de la scène lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Vendredi 20 juillet

 

Cécile McLorin Salvant

Elle était l’une de celles qui inauguraient cette première soirée de festival, Cecile McLorin Salvant, 28 ans et jeune diplômée de l’académie des Grammy pour son album Dreams and Daggers venait au creux de la scène des Douves nous raconter le jazz. Elle accompagnait ses musiciens sur de pures productions mais également sur des notes non méconnues telles que celles de Besame Mucho. Cette franco-américaine qui se destinait au départ au classique aura su bercer Saint-Émilion au moyen d’une voix douce et chaleureuse.

Cécile McLorin Salvant lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Cécile McLorin Salvant lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Cécile McLorin Salvant lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Cécile McLorin Salvant lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Cécile McLorin Salvant lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Cécile McLorin Salvant lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Hanuman

Mêlant jazz, soul mais aussi funk, Hanuman clôturait cette soirée du 20 Juillet en éveillant le parc Guadet. Ce dernier accueillait durant tout le festival des centaines de festivaliers célébrant le mariage Saint-Émilion-jazz autour de verres de vin et de bonne humeur. Si le groupe porte le nom d’un dieu indien, il se montre aujourd’hui comme un réel foyer de sonorités et d’influences habitées par une dominante groove, jeune et dynamique qu’on leur aura associée ce soir-là.

Hanuman lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018Hanuman lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018Hanuman lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Samedi 21 juillet

SHOB x Friends

C’est avec Karma Obscur, son deuxième album, que Shob est venu se donner au parc Guadet ce samedi à Saint-Émilion. Ce dernier se sera rapidement fait un nom sur la scène jazz-Rock progressif en parcourant de nombreuses scènes européennes accompagné d’artistes hors du commun qu’il présente alors comme ses « Friends ». Ce bassiste aux collaborations multiples telles que Johnny Hallyday, Patrick Rondat ou encore Charles X aura su faire vibrer son public en ne cessant de livrer une musique aussi technique que vivante.

SHOB & Friends lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 SHOB & Friends lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 SHOB & Friends lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 SHOB & Friends lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Sylvain Luc

Sylvain Luc c’est l’histoire d’un homme et d’une guitare qui depuis des années accompagnent, interprètent et improvisent avec une technicité incroyable. Si le jazz reste l’univers fétiche du guitariste, Sylvain Luc jongle entre tous les genres musicaux se présentant à lui. A l’occasion du festival, il aura même été l’invité de son ami, Stéphane Belmondo, célèbre trompettiste qui était également à l’affiche ce soir là.

Sylvain Luc lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Sylvain Luc lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Tom Ibarra

Il n’aura pas fallu longtemps à Tom Ibarra, 18 ans, pour se faire une place sur le devant de la scène jazz. Il aura fallu encore moins de temps à Tom Ibarra, jeune prodige et autodidacte, pour se faire une place au sein du parc Guadet ce samedi 21 Juillet. C’est son nouvel album Sparkling que ce guitariste venait jouer, accompagné de qutre musiciens formant avec lui un parfait groupe représentant de ce new jazz, jeune, souriant et fusionnant avec la pop instrumentale.

Tom Ibarra lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Tom Ibarra lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Tom Ibarra lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Tom Ibarra lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Tom Ibarra lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Dimanche 22 juillet

Vargas Blues Band

Vargas Blues Band trouve son origine en Espagne lorsque le guitariste Javier Vargas sort en 1992 son premier album et plus particulièrement le morceau Madrid-Memphis lui ouvrant la voie vers la scène internationale. Depuis les albums, tournées et collaborations notamment avec le célèbre Carlos Santana lui ont apporté une prestigieuse reconnaissance. Le « King Of Latin Blues » aura su retracer cette histoire autour de ses plus grands morceaux pour cette dernière soirée du Saint-Émilion jazz Festival.

Vargas Blues Band lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Vargas Blues Band lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Vargas Blues Band lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Vargas Blues Band lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Vargas Blues Band lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Vargas Blues Band lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

Maceo Parker

Maceo Parker fermait l’édition 2018 des Douves face à un public plus que présent chantant et dansant la musique de ce saxophoniste dont la réputation n’est plus à faire. Jouant de ses musiciens, des instruments et de la foule, c’est avec humour et amour que l’infatigable Maceo Parker célébrait la musique pour laquelle il vit depuis le début de sa carrière. It’s all about Love, son dernier album, figure également comme un hymne, une phrase qu’il aura si souvent fredonné à son public.

Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Maceo Parker lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018 Photo du public et de la scène lors du Saint-Émilion jazz Festival 2018

C’est au cœur de la vie d’une artiste touche-à-tout que j’ai eu envie de vous plonger aujourd’hui. Amanda Palmer a sorti en 2014 son premier livre, The art of asking, mais avant de parler plus avant dudit ouvrage (uniquement disponible en anglais pour précision), une petite contextualisation s’impose pour comprendre pourquoi il a été écrit.

Couverture du livre The art of asking, d'Amanda Palmer

Un crowdfunding qui dépasse les espérances

Surtout connue des cercles « underground » depuis pas mal d’années grâce à ses différents groupes (Dresden Dolls et Evelyn Evelyn, entre autre) ou projets solo, Amanda Palmer a fait parler d’elle au grand public à la rentrée 2012, en devenant la première artiste à atteindre 1,2 millions de dollars de contributions sur le site de crowdfunding Kickstarter pour financer son dernier album, un artbook et une tournée de concerts. Autant dire un sacré doigt d’honneur à son ancienne maison de disque…

Ce succès inattendu (rappelons qu’elle ne demandait « que » 100 000 dollars au départ) n’est bien sûr pas allé sans critiques, plutôt virulentes pour la plupart. Toujours est-il qu’il a attiré les organisateurs des conférences TED (Technology, Entertainment and Design) qui ont proposé à Amanda Palmer une tribune d’une douzaine de minutes pour s’exprimer sur le sujet, le tout filmé et diffusé sur le web via plusieurs plateformes vidéo.

Le résultat est un discours plutôt intéressant intitulé The art of asking, dans lequel elle tente d’expliquer le pourquoi du comment de ce succès, et comment  le système du crowdfunding est intimement lié à sa conception de l’art et à la relation qu’elle entretient avec ses fans. Elle en profite également pour faire un parallèle avec sa carrière d’artiste de rue, où la notion de demande directe est au centre même de ce métier (car oui, c‘est un métier).

Plutôt qu’une description par le menu détail de ce qu’elle y dit, je vous laisse aller écouter et voir vous-même ce discours ici, qui totalise à l’heure où sont écrites ces lignes 9 347 959  vues, toutes plateformes de diffusion confondues.

 

Amanda Palmer lors de son TED Talk, The art of asking

De « vache à lait » à « consom’acteur » de contenu artistique ?

Du web au papier, il n’y a visiblement qu’un pas que son auteure a fini par franchir, en déclinant sur un peu plus de 300 pages son point de vue, assez atypique à l’époque.

En effet, elle raconte dans The art of asking or How I learned to stop worrying and let people help que grâce à la relation directe qu’elle entretien avec ses fans via les réseaux sociaux, son blog et durant ses concerts ou dédicaces, nul besoin d‘être signée chez un gros label pour que son public réponde à l’appel en finançant d’avance la conception de son nouvel opus : elle n’a eu qu’à demander leur aide.

Reprenant donc la substantifique moelle de son discours TED, elle étoffe de dernier dans The art of asking en l’illustrant de plusieurs périodes de sa vie (y compris les moins joyeuses). L’occasion de comprendre que cette manière d’envisager le financement de projets créatifs n’est pas neuve, car consciemment ou non, elle fonctionnait déjà comme cela du temps où elle faisait la statue dans la rue ou jouait au sein de ses différents groupes.

Ce qui transparaît plus globalement de The art of asking est que le système du financement participatif,  par son accroissement, semble remettre totalement à plat les frontières entre l’artiste et son public. En effet, l’idée est bel et bien de demander directement aux personnes appréciant son travail de participer financièrement à la concrétisation d’un projet. Et ce, en contrepartie du résultat dudit projet – ici un disque, sous forme dématérialisée ou non –  peu importe le montant de la donation. Résultat auquel s’ajoutent d’autres contreparties selon le montant du don. Et donc, sans passer par un intermédiaire qui en temps normal s’occuperait de produire sa conception et sa commercialisation.

Visuel Theatre Is Evil: the album, art book and tour d'Amanda Palmer

Donnez, donnez, dooonnez, Amanda vous le rendra

De là, ces intermédiaires peuvent  se poser à juste titre la question de leur place, si ce système se généralise dans le futur. Nous comprenons donc que le succès du Kickstarter d’Amanda Palmer ait fait grincer des dents ces derniers, mais aussi plus globalement la sphère artistique, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, ces plateformes n’ont aucun moyen de vérifier que l’argent donné sert effectivement le projet annoncé, ou que les contreparties promises sont envoyées. Le seul garde-fou étant que si le montant demandé pour que le projet aboutisse n’est pas atteint, les donateurs récupèrent leurs fonds.

Nombre d’escroqueries ont vu le jour via ce système depuis ses débuts. Forcément, quand les donations d’un projet atteignent une somme à sept chiffres comme cela a été le cas pour Evil Theatre, cela attire l’attention, positivement comme négativement.

Dans The art of asking, Amanda Palmer se dévoile également sur son passé, de son adolescence à sa rencontre avec l’auteur de science-fiction Neil Gaiman en passant par son avortement. Cet ouvrage devient au fil des pages un hybride entre autobiographie et essai dont on ressort en ne sachant pas trop quoi en penser. Un peu à l’image de son auteure en somme. Normal. Amanda Palmer fascine et agace à la fois, tant par la vénération (qui confine parfois à la déification) que lui vouent ses plus fervents fans que sa capacité à les fédérer autour de ses projets artistiques.

En effet, depuis la sortie de son livre, Amanda Palmer a franchi une étape supplémentaire en créant une page Patreon. Cette plateforme, l’équivalent chez nous de Tipeee, permet à des donateurs ponctuels ou réguliers de soutenir un·e artiste pour qu’il·elle puisse concrétiser ses projets. Actuellement, 11208 personnes soutiennent Amanda Palmer, à raison de près de 30000 dollars par mois (ici la liste de ce qu’elle a produit grâce à sa communauté depuis l’ouverture de la page). Ce système lui garantit la plus totale indépendance, la possibilité de rémunérer directement ses collaborateurs et de ne rendre de comptes qu’à sa communauté.

Pour conclure sur The art of asking, une petite anecdote personnelle sur la façon dont je l’ai obtenu, à sa sortie en 2014 :

Amanda Palmer n’avait de cesse d’appeler à l’entraide qu’elle prône, en proposant aux personnes en ayant les moyens d’offrir le livreà celles ne les ayant pas via son profil Twitter, devenu ainsi une plateforme d’entraide. Etant à l’époque dans la seconde situation, j’ai laissé un appel sur son profil, en promettant un morceau de ukulélé en vidéo à qui aurait la gentillesse de m’envoyer l’ouvrage. Je n’y croyais pas trop, jusqu’à ce qu’une jeune anglaise ne décide de m’envoyer le livre, reçu deux jours plus tard. J’ai ainsi répondu en vidéo à sa demande de morceau au ukulélé, à savoir Always look on the bright side of life. Comme quoi, il suffisait de demander.

Amanda Palmer and the Grand Theft Orchestra.

Non, les 1,2 millions $ n’ont pas servi à payer une tronçonneuse en or…
© Photo Shervin Lainez

The art of asking se démocratise

Il y a quatre ans, il paraissait relativement marginal, voire mal venu, qu’un·e artiste demande à son public d’acheter directement le résultat de son art. Aujourd’hui, ce système tend à se répandre, par exemple aux producteurs de contenus sur des plateformes comme Youtube.

En effet, plusieurs d’entre eux ont ouvert leur propre page Tipeee, afin de ne plus dépendre des revenus publicitaires générés par les vues sur leurs vidéos, de continuer à faire vivre leur chaîne en toute indépendance, de financer l’achat de nouveau matériel et des projets plus ambitieux. Certains ont également créé des campagnes de financement participatif, à l’instar de trois Youtubeurs Absol, Anthox Colaboy et Sir Gibsy qui, associés au dessinateur Le Dessinator, ont donné naissance à la BD Les FDP de Tubonia.

En parlant de BD, nous pouvons également évoquer le cas du dessinateur Souillon, connu pour son personnage Maliki. Il s’est entièrement affranchi du système éditorial traditionnel en ouvrant sa page Tipeee à laquelle contribuent en moyenne 1100 personnes par mois, ce qui lui a permis d’auto-éditer dernier recueil.

Bien entendu, les projets financés sur ces plateformes sont en général bien plus modestes, mais reflètent la volonté de nombreux créateurs d’entreprendre de la manière la plus libre possible, sans autre contrainte que de fournir un résultat qui plaira à la communauté fédérée autour du projet.

Lundi 29 janvier, les chaînes du groupe France Télévisions ont changé de logos et d’habillage. L’habillage d’antenne, c’est cet ensemble de bandes annonces, auto-promotions, jingles qui rappellent que vous êtes bien sur tel ou tel canal. Ce sont des éléments très importants car ils forgent l’identité d’une chaîne et doivent permettre de renseigner le spectateur. Selon un article paru sur le site spécialisé Lenodal, on doit le terme habillage à Etienne Robial qui a notamment créé les logos de Canal+, M6, Métal Hurlant, (A Suivre), RTL9 ou encore Futuropolis. Robial identifie d’ailleurs sept fonctions essentielles à un bon habillage : « identifier, informer et renseigner, clarifier et hiérarchiser et enfin valoriser et promouvoir ».
photo d'Etienne Robial, spécialiste de l'habillage d'antenne

Etienne Robial, créateur des logos de Canal+, M6, Métal Hurlant, (A Suivre), RTL9 ou encore Futuropolis. © Graphéine.com

Je vous avais dit, lors de ma brève sur les trente ans de Canal+ que c’était le premier habillage de la chaîne qui m’avait conduit à m’intéresser au sujet. C’est pourquoi je vais vous parler de quelques habillages d’antenne que je trouve particulièrement marquants, avec un rapide historique de chaque. Car il faut aussi penser que la création d’un habillage s’inscrit également dans un contexte bien spécifique. Gardez néanmoins à l’esprit que c’est une sélection purement personnelle et qu’à l’instar des livres, de la musique ou du cinéma, les goûts varient selon les personnes !

Canal+, habillage « ellipse » (1984 – 1995)

On revient encore à lui, mais il n’était pas pensable d’omettre cet habillage mythique. En 1984, la France découvre la première chaîne privée nationale qui naît aux côtés des trois programmes publics (TF1, Antenne 2 et FR3). Cependant, cette chaîne ne pourra pas être financée par la publicité, ni par la redevance télévisuelle : ce sera donc une chaîne à péage, autre première dans le monde télévisuel français. André Rousselet, le président de Canal+, et Pierre Lescure, directeur de la chaîne, vont alors faire appel à Etienne Robial pour concevoir l’habillage de l’antenne. Cependant, ils dotent Robial de pouvoirs étendus car il ne sera pas seulement en charge de la création de l’habillage, il sera en plus nommé directeur artistique de Canal, un poste qu’il occupera jusqu’en 2009. Cela veut dire qu’il aura la main sur tout ce qui a trait à la communication de la chaîne, ainsi que tous les génériques diffusés. Un sacré challenge.

Etienne Robial va créer tout un système graphique basé sur les formes géométriques et la typographie pour réaliser l’habillage. Tout d’abord, il va doter la chaîne d’une police de caractère bien à elle, une Futura modifiée. Partant de là, il va entourer le nom de la chaîne d’une ellipse multicolore avec laquelle il va jouer dans tous les génériques. Trois lignes horizontales sur le bas de l’écran affichent à chaque fois le nom Canal+ ainsi que diverses informations (l’heure lors des journaux, le public visé pour les films…). D’autre part, un soin tout particulier a été apporté à l’environnement sonore de l’habillage que l’on doit à Philippe Eidel et Arnaud Devos, collaborateurs de Robial dans son agence On/Off. Citons notamment la voix de cantatrice accompagnant l’apparition du logo Canal+ qui est reconnaissable immédiatement, ainsi que celle de l’avant-programme Cinéma fait en collaboration avec Michel Jonasz.

Finalement, avec uniquement des effets géométriques et typographiques, la chaîne se dote d’un habillage qui résiste à l’épreuve du temps, n’utilisant pas d’effets 3D qui risquent de rapidement devenir désuets. Ce travail resta onze ans à l’antenne et fut remplacé par un habillage dit « carré » qui l’on doit, encore une fois, à Robial.

France 3, premier habillage d’antenne (1992 – 2000)

En 1992, la télévision publique veut donner un coup de pied dans la fourmilière. Les deux chaînes publiques, Antenne 2 et FR3, subissent une très forte chute de leur audience face à TF1, qui a été privatisée en 1987. Le nouveau président commun des deux chaînes, Hervé Bourges, va alors donner une nouvelle impulsion en regroupant ces deux chaînes sous une marque commerciale commune, France Télévision. Le choix sera également fait de doter ces dernières de nouveaux habits, leur permettant d’être plus complémentaires l’une avec l’autre. Cependant, le changement le plus notable va être le changement de nom. Le 7 septembre 1992 au matin, les téléspectateurs assistent en direct à la naissance de France 2 et de France 3.

L’agence Gédéon, chargée par le groupe audiovisuel de concevoir les habillages d’antenne, a travaillé de façon complémentaire sur l’habillage des deux chaînes. Pour France 3, les créatifs vont partir sur un découpage de l’écran en trois bandes horizontales, celle du bas étant généralement utilisée pour les différentes informations (date, heure et titre du programme, annonce publicité, logo de la chaîne). Partant du principe que ce qui identifie la Trois aux yeux des téléspectateurs, c’est le régionalisme et la découverte du monde, Gédéon va utiliser des éléments les rappelant. Ainsi, une ambiance sonore « musique du monde » est composée pour les jingles, les bandes-annonces, les « coming next ». En parallèle, des images de paysages français vont être tournées aux quatre coins du pays. Ces images vont servir pour les jingles de publicité et seront modifiées selon la saison, apportant une nouveauté régulièrement.

En 1996, la bande du bas sera affinée et des images de fleurs ou d’animaux en gros plan vont être utilisées pour les bandes-annonces. Cependant, le concept général va rester le même.

Je suis probablement influencé par mes souvenirs d’enfance, France 3 étant l’une des chaînes qui a le plus bercé ma jeunesse. Néanmoins, je considère cet habillage de Gédéon comme le meilleur que l’on ait vu sur une chaîne du service public.

M6, habillage Robial (1987-1997)

Le 1er mars 1987, M6 arrive sur les écrans français, en remplacement de la chaîne musicale TV6 (promis, je vous raconterai cette histoire un jour). Envisagée originellement comme une transposition de RTL Télévision, le canal luxembourgeois national qui avait rencontré un beau succès en Belgique et en Lorraine, elle doit changer de concept très rapidement car elle ne trouve pas son public. Elle va se métamorphoser avec une contre-programmation efficace qui va bientôt faire d’elle « la petite chaîne qui monte ». Mais cela passera aussi par un changement complet d’habillage, moins de six mois après le lancement de M6.

Le canal 6 fait appel a des personnes que l’on a déjà croisées dans cet article : Etienne Robial et l’agence On/Off. Robial va continuer à approfondir ses idées directrices (couleurs, jeux de formes) pour donner à M6 un logo frappant et un habillage d’antenne minimaliste. En effet, ce dernier va s’appuyer sur un jeu entre le logo de la 6 et des rectangles. A la composition musicale, on retrouve Philippe Eidel et Armand Devos qui vont composer des thèmes et un indicatif sonore qui restereront dans l’imaginaire collectif.

Si l’habillage de la 6 évoluera, on retrouvera une partie des principes de Robial dans l’habillage suivant, daté de 1997. La rupture vient pour les 20 ans de M6, en 2007, où l’agence View concevra de nouveaux habillages en utilisant massivement la 3D. Ma préférence va très clairement au travail d’On/Off.

La Cinquième, premier habillage d’antenne (1994-1999)

Après la fermeture de la Cinq (souvenez nous, nous en avons parlé il y a quelques temps), le gouvernement installe Arte sur le cinquième réseau, à partir de 19h seulement. La chaîne franco-allemande se sent un peu seule et il faut attendre 1994 pour qu’une consœur la rejoigne. C’est la création par le gouvernement d’Edouard Balladur de la « télévision du savoir et de la connaissance », La Cinquième. Dans la première version de cette chaîne, des programmes très courts vont cohabiter avec des émissions beaucoup plus longues. La volonté de La Cinquième était que ses contenus soient utilisées par les enseignants. Dans cette première mouture de la chaîne, on trouve des émissions comme Cellulo, Va savoir, Le magazine de la santé ou encore Arrêt sur images. L’équipe de cette dernière émission, après avoir été licenciée par France 5 en 2007, a lancé le site internet éponyme en 2008.

L’habillage de l’antenne met en scène le logo de La Cinquième, un grand cinq blanc sur un disque en relief bleu. De nombreux jingles vont s’amuser avec ces logos et deux notes vont constituer la signature sonore de la chaîne. Le tout reste très simple, mais correspond bien à l’identité du canal. Trouver des exemples de cet habillage est aujourd’hui assez compliqué, mais on peut se délecter de l’ouverture antenne de La Cinquième, qui est à mon sens un petit joyau.

Cet habillage évoluera, de même que le logo, en 1999. Peu de temps après, La Cinquième va entrer dans la holding France Télévisions, où elle rejoind France 2 et France 3. Lors du rebranding total des antennes en 2002, décision est prise de métamorphoser totalement la chaîne et de lui donner un nouveau nom : France 5. Pari réussi (les audiences augmentent) mais à mon avis, ce changement fait perdreun peu de sa spécificité à l’ex-Cinquième.

Outre ces quatre habillages, d’autres réalisations me plaisent beaucoup. Évoquons les rapidement :

La Cinq, habillage Goude (1991-1992)

Nous l’avons déjà évoqué, mais lorsque Hachette fait l’acquisition de La Cinq en 1990, la chaîne ne va pas bien du tout. Jean-Luc Lagardère va alors complètement métamorphoser le canal, entre nouvelles émissions et nouvel habillage. Celui-ci est créé par Jean-Paul Goude, célèbre artiste français, et rompt totalement avec l’ancien habillage en 3D. C’est une ode au minimalisme, les éléments d’habillage sont centrés autour d’une succession rapide et multicolore de chiffres, qui s’arrêtent toujours sur le chiffre 5. Le travail de Goude est superbe, mais n’a pas sauvé la Cinq qui ferme son antenne en 1992.

France 2, premier habillage d’antenne (1992-2002)

Créé également par Gédéon, en complémentarité de l’habillage de France 3, celui de France 2 est conçu sur la base d’une répartition verticale de l’écran en deux, comme un livre ouvert. A gauche, des images et à droite, les informations sur le programme ou le logo de la chaîne. Simple et élégant, il fait partie, au même titre que celui de France 3, des meilleurs habillages proposés sur le service public de télévision.

Canal+, habillage carrés (1995-2002)

Toujours avec Robial à la manœuvre, Canal+ change son habillage 10 ans après sa création. Exit l’ellipse, le logo de la chaîne est contenu dans un simple cartouche noir. A l’antenne, ne seront utilisés que des carrés et des rectangles de couleur. D’une simplicité et d’un minimalisme extrêmes, cet habillage a dérouté au début, mais s’est imposé par sa longévité.

Si le sujet vous intéresse, je vous conseille fortement le site Lenodal.com, avec un espace blog intéressant et une médiathèque très fournie. D’autre part, si vous souhaitez en savoir plus sur l’évolution de l’identité visuelle du groupe France Télévisions, la lecture de ce mémoire de Julien Baldacchino est plus que conseillée !

Épisode no8 de la série Petite histoire du jeu vidéo

Ce 25 octobre 2016, le jeu Tomb Raider fête ses 20 ans. Pour l’occasion, nous vous proposons de (re)découvrir notre dossier sur la saga Lara Croft. Cet article a été publié pour la première fois le 27 novembre 2015.

Noël 1998, mes parents m’offrent une Playstation. Depuis plusieurs années, je suis un peu à la ramasse avec ma NES tandis que mes amis possèdent Super NES, Megadrive ou Nintendo 64 pour les plus chanceux. Deux jeux l’accompagnent  le premier Gran Turismo et Tomb Raider. En 2014, je finis enfin le dixième opus de cette saga, une des rares qui m’a suivie durant tout ce temps avec Myst. Le moment est bien choisi pour vous offrir une rétrospective du pendant vidéoludique de l’odyssée de Lara Fabian Croft.

Tomb Raider

J’ai galéré pour ça ?

 

Tomb Raider, une gestation difficile

A l’origine de la licence Tomb Raider, on trouve le studio de développement anglais Core Design. Créé en 1988, il s’est fait notamment connaître en créant le jeu Rick Dangerous et a également réalisé une adaptation en jeu vidéo de la série Monty Python’s Flying Circus. En 1993, alors que le studio est une filiale de l’éditeur britannique U.S. Gold, une équipe de six personnes se met à l’œuvre pour créer un jeu d’aventure en 3D. Le principal souci du concepteur, Toby Gard, est le héros du jeu  il n’arrive pas à en trouver un qui se démarque suffisamment de la concurrence. L’une de ses premières idées est un homme à chapeau et fouet. Finalement, Gard va plutôt s’orienter vers une héroïne, considérant que trop souvent dans le jeu vidéo, les personnages féminins sont cantonnés à des rôles de princesses en détresse ou d’otages (même si cette histoire peut être à nuancer). Il fait ce choix alors qu’une partie de Core Design le désapprouve et que U.S. Gold l’informe qu’une héroïne serait particulièrement mal reçue, en France et en Allemagne, notamment.

L’histoire de Tomb Raider raconte les aventures de Laura Cruz, aventurière sud-américaine et archéologue (à la façon d’Indiana Jones, c’est-à-dire pas vraiment conventionnelle) qui recherche un mythique artefact de l’Atlantide, le Scion, pour le compte d’une mystérieuse femme d’affaires nommée Jacqueline Natla. Cependant, il apparaît que Natla essaye de la doubler et c’est ainsi qu’une course contre la montre va s’enclencher tout autour du globe. Le scénario, même s’il n’apporte pas de bouleversements majeurs aux codes du genre, permet au moins de voyager dans de nombreux pays  Pérou, Egypte et ruines de l’Atlantide sont au programme. Si l’histoire est plutôt agréable sans être révolutionnaire, les premiers aperçus montrent que c’est au niveau de la maniabilité que le jeu innove. L’héroïne se balade en effet avec aisance dans un environnement 3D incroyable pour l’époque. Si l’on y rejoue aujourd’hui, on peut trouver la prise en main lourde et catastrophique mais en 1996, c’est une petite révolution.

Toby Gard, créateur de Tomb Raider

Toby Gard, créateur de Tomb Raider

Peu avant la sortie du jeu en novembre 1997, U.S Gold – et avec lui Core design – est racheté par un autre éditeur anglais, Eidos Interactive. Le principal changement que demande le nouveau propriétaire concerne le nom de l’héroïne  il faut lui trouver un nom plus « anglais ». L’histoire veut que l’équipe de développement trouve le nouveau patronyme dans l’annuaire téléphonique. De Laura Cruz, elle devient Lara Croft.

Tomb Raider sort donc en novembre 1996 aux États-Unis et en Europe sur PC, Playstation et Sega Saturn. Le succès est d’emblée considérable et permet à Eidos de passer d’une perte de 2,6 millions de dollars à un bénéfice de 14,5 millions de dollars. Sony s’achète l’exclusivité console des deux prochains volets et Lara Croft devient très rapidement une icône populaire, au même titre qu’un Mario. Néanmoins, Toby Gard se trouve en conflit avec le département marketing d’Eidos au sujet de l’utilisation que fait l’éditeur de l’héroïne et, peu de temps après la sortie du jeu, décide de quitter Core Design. Cela ne marque pas pour autant la fin de la franchise, bien au contraire.

Around the world, around the woooorld

Si l’on ne compte que les jeux de la série principale (et par souci de clarté, nous allons nous cantonner à ceux-là), il y a donc dix volets de Tomb Raider que l’on peut classer en différentes périodes.

La première série Core Design

Tomb Raider (1996), je pense ne plus avoir à le présenter.

Tomb Raider II (1997), sorti sur PC et Playstation.
Lara Croft part à la recherche d’une mystérieuse dague, la Dague de Xi’an, qui est convoitée par un chef mafieux du nom de Marco Bartoldi. Elle devra se rendre en Chine, à Venise ou au fond de la mer pour réussir à mettre la main sur cet artefact. Question technique et graphisme, il n’y a pas beaucoup d’évolution par rapport au premier jeu. C’est d’ailleurs la constante de toute la première série Core Design  peu d’améliorations graphiques ou de jouabilité seront effectuées au cours des différentes itérations. Néanmoins le scénario est prenant, les lieux visités captivants et Tomb Raider II reste, dans le cœur de nombreux joueurs, le meilleur titre de la saga.

Tomb Raider II  "Laisse les gondoles à Venise", qu'ils disaient…

« Laisse les gondoles à Venise », qu’ils disaient…

Tomb Raider III – Les Aventures de Lara Croft (1998), sorti sur PC et Playstation.
Cette fois, notre héroïne va devoir rechercher des fragments de météorite qui auraient un lien avec une expédition menée par Charles Darwin. Des fragments qui ont des pouvoirs assez surnaturels… Lara Croft devra se rendre en Inde, en Russie, à Londres, dans la Zone 51 et en Antarctique. Il s’agit de mon petit préféré. Et ce n’est pas (que) parce qu’il y a un niveau dans le métro londonien…

Tomb Raider III - Les Aventures de Lara Croft

Admirez ces magnifiques textures carrées !

Tomb Raider – La Révélation Finale (1999), sorti sur PC, Playstation et Dreamcast.
Du côté de Core Design, on commence à tourner un peu en rond avec la série et on envisage un temps que ce Tomb Raider soit le dernier. Ce titre tourne autour d’un seul lieu  l’Égypte, et Lara Croft ne peut s’empêcher de déclencher une malédiction légendaire. L’histoire est vraiment le point fort de ce quatrième volet car elle semble plus solide, moins nébuleuse, moins fourre-tout. La fin laisse le joueur en suspens  Lara Croft est-elle oui ou non morte ?

Tomb Raider - La Révélation Finale

Pourquoi toujours mettre les reliques au milieu de pièges mortels ?


Tomb Raider – Sur les traces de Lara Croft
(2000), sorti sur PC, Playstation et Dreamcast.
Alors qu’une deuxième équipe est dédiée à la réalisation d’un volet sur Playstation 2, l’équipe originale offre un dernier baroud d’honneur à son héroïne sur Playstation. Quand même, il faut sortir un nouveau jeu parce que Tomb Raider reste une valeur sûre d’Eidos, que le développement de l’épisode nouvelle génération prend du retard et qu’il faut bien faire rentrer le cash. Lara Croft est toujours supposée morte et quatre de ses amis se retrouvent, le soir de sa veillée funéraire, afin de se rappeler quatre de ses aventures passées en Irlande, à Rome, dans un sous-marin russe et dans un immeuble de très haute technologie. Ce cinquième volet marque le pas question ventes  l’absence de nouveautés techniques, le gameplay archi-revu et l’histoire très bateau font que ce coup-ci, ça ne marche pas aussi bien. Les joueurs attendent une vraie révolution pour l’épisode Playstation 2.

Tomb Raider - Sur les traces de Lara Croft

En voici une aération judicieusement placée !

 

La trilogie avortée de l’Ange des Ténèbres

Tomb Raider – L’Ange des Ténèbres (2003), sorti sur PC et Playstation 2.
Au sortir de la cinquième génération de consoles, Tomb Raider est à bout de souffle. Depuis 1996, le manque d’améliorations est flagrant, et d’autres titres ont su damer le pion à Lara Croft. Core affirme avoir compris les attentes des joueurs et annonce un Tomb Raider nouvelle génération révolutionnaire  nouveaux graphismes, histoire géniale, deuxième personnage jouable… Mais en coulisses, le développeur s’embourbe dans le développement du titre et Eidos met chaque jour plus de pression  il faut que ce nouveau volet de la saga sorte en même temps que le deuxième long-métrage de la franchise. Core taille à la serpe dans le travail déjà effectué et la sixième itération des aventures de Lara Croft sort tant bien que mal. Dans L’Ange des Ténébres, Lara est poursuivie pour le meurtre de son ancien mentor à Paris, alors que la capitale française est terrorisée par une série d’assassinats imputés à une entité mystérieuse, le Monstrum. Avec l’aide d’un certain Kurtis Trent, elle va essayer de remonter aux sources de ce mal… A la sortie, il faut se rendre à l’évidence  Tomb Raider – L’Ange des Ténèbres est un désastre. Le moteur graphique est moyen, les déplacements poussifs, l’histoire rocambolesque (notamment dû aux coupes imposées par Eidos dans le scénario), le système de gain de niveau misérable, le deuxième personnage jouable aussi charismatique qu’une huître morte, etc. Les critiques sont catastrophiques, le jeu se vend mal. Paramount Pictures va même accuser L’Ange des Ténèbres d’être à l’origine des résultats médiocres du Berceau de la vie, le deuxième film Tomb Raider. C’est un véritable coup d’arrêt pour la franchise que beaucoup vont enterrer. Eidos va alors annuler la suite prévue à cette trilogie, The Lost Dominion et retirer la série à Core Design qui ne s’en remettra pas. C’est le studio Crystal Dynamics qui hérite de ce cadeau empoisonné, à charge pour lui d’essayer d’en faire quelque chose.

Tomb Raider - L'Ange des Ténèbres

Sa place est dans un musée !

 

La trilogie Tomb Raider – Legend

Tomb Raider – Legend (2006), sorti sur PC, Playstation 2, Xbox et Xbox 360.
Chez Crystal Dynamics, on se demande bien comment redonner ses lettres de noblesse à la série. Le studio va recevoir une aide précieuse  Toby Gard est embauché pour donner un coup de main aux développeurs et permettre un renouveau de la franchise. Deux axes sont privilégiés  d’une part, le nouvel opus se doit de revenir aux ruines perdues et aux civilisations disparues qui ont fait le succès des premiers titres. D’autre part, la maniabilité doit être revue en urgence pour l’adapter aux standards du jeu vidéo. L’histoire de Legend permet également de modifier certains éléments de la biographie de Lara Croft. En effet, dans ce volet, l’héroïne enquête sur un fragment d’épée qui serait Excalibur, l’épée légendaire du roi Arthur. On apprend qu’elle a eu un crash d’avion dans l’Himalaya avec sa mère à l’âge de 9 ans et que cette dernière n’a pas survécu. L’histoire va permettre joueur de traverser de nombreux pays  Bolivie, Pérou, Népal, Japon, Ghana, Kazakhstan… Réinventant le mythe Tomb Raider avec brio, corrigeant une partie des erreurs des derniers volets, l’accueil réservé à Tomb Raider – Legend est très bon. Grâce à ce travail, la franchise revient sur le devant de la scène même si sa popularité n’atteint pas les sommets du premier jeu. Crystal Dynamics réussit donc son pari et entend bien continuer sur sa lancée.

Tomb Raider - Legend

Les ruines, vous le savez, c’est ma grande passion.

Tomb Raider – Anniversary (2007), sorti sur PC, Playstation 2, Xbox 360 et Wii.
Des rumeurs ont fait état d’une tentative de Core Design de faire un remake du premier Tomb Raider pour le dixième anniversaire de la franchise. Une vidéo disponible sur Internet nous montre quelques images de cette version qui aurait été exclusive à la Playstation Portable. Cependant, soit-disant finalisée à 80% a été annulée par Eidos, qui a préféré confier les rênes d’un remake à Crystal Dynamics. Le studio américain a lui aussi présenté un remake de Tomb Raider I en le modernisant dans le gameplay, c’est-à-dire en reprenant celui de Legend. L’histoire, quant à elle, ne change pas, ou très peu, afin d’accrocher Anniversary à l’histoire racontée par le précédent opus et celui alors en préparation. Le remake est, à mon avis, excellent et c’est le titre que je conseillerais à ceux qui n’ont jamais joué à un Tomb Raider et qui souhaitent se lancer.

Tomb Raider - Anniversarys

Gros travail sur les décors

 

Tomb Raider – Underworld (2008), sorti sur de nombreuses plateformes.
Troisième titre en trois ans développé par Crystal Dynamics, ce volet continue l’histoire commencée dans Legend et évoquée dans Anniversary. Lara va encore chercher des réponses sur ce qui est vraiment arrivé à sa mère tous en recherchant le marteau mythique de Thor. Pour cela, elle doit parcourir la Thaïlande, le Mexique et l’Océan Arctique. Les critiques sont encore une fois plutôt positives mais déjà, un sentiment de lassitude se fait sentir car les nouveautés ne sont pas flagrantes.

Le reboot de Crystal Dynamics

Tomb Raider (2013), sorti sur de nombreuses plateformes.
Alors qu’Underworld était encore en vente, un événement touche directement la saga. Son éditeur historique, Eidos, est racheté par l’entreprise japonaise Square Enix, surtout connue pour Final Fantasy et Dragon Quest. Eidos est rebaptisée en Square Enix Europe et la maison mère a de grands projets pour les licences occidentales qu’elle vient d’ajouter à son catalogue. Elle va publier une suite à Deux Ex, à Hitman et un nouveau Tomb Raider, annoncé en 2010. Ce nouvel opus sera un reboot complet de la licence, aussi bien dans l’histoire de Lara Croft que dans les mécaniques de jeu. En effet, ce nouvel épisode se situe dans un monde unique, un île perdue, mais il s’agit d’un monde ouvert, et non plus une suite de niveaux. Lara Croft, étudiante de 21 ans, se trouve sur un bateau avec des amis et des collègues, à la recherche du royaume perdu de Yamatai. Mais, pris dans une tempête, il s’échoue sur une île dont les habitants ne sont pas, mais alors pas du tout accueillants. Lara va devoir retrouver ses amis et s’en sortir. Le volet « exploration et découvertes de civilisations perdues » passe complètement au second plan  Underworld est beaucoup plus un jeu de survie cherchant à montrer comment la jeune étudiante Lara Croft va devenir Lara Croft, intrépide aventurière. Pour tout vous avouer, je n’ai pas accroché à ce reboot. Je considère que c’est un bon jeu, mais un mauvais Tomb Raider. Quoi qu’il en soit, les critiques sont dithyrambiques et les ventes explosent, au point que cet épisode est aujourd’hui le plus vendu de l’histoire de la franchise.

Voila pour notre tour d’horizon de la branche principale de Tomb Raider. Elle ne comprend pas les séries dérivées (comme les Lara Croft &…), les jeux sur consoles portables, les comics ou les films. Il faut également noter que la suite du reboot, nommé Rise of the Tomb Raider, vient de sortir.

 

Véritable évolution de la place de la femme dans le jeu vidéo ou symbole sexiste ?

Sans se voiler la face, il faut reconnaître que ce qui a lancé la saga de la chasseuse de trésors, c’est le fait qu’elle soit de sexe feminin. En 1997, c’était un sacré pari de faire jouer le premier rôle dans un jeu vidéo à une femme. Même aujourd’hui, dans la sphère des plus grosses ventes de jeux vidéo, ça ne se bouscule pas au portillon. Toby Gard, je l’ai déjà mentionné, voulait que son héroïne ressemble plus à Samus Aran de Metroid qu’à la princesse Peach. En 1998, alors que le développeur a déjà quitté Core Design, il revient sur ce point dans une interview donnée au site Gamasutra

« It was never the intention to create some kind of ‘page 3’ girl to star in Tomb Raider. The idea was to create a female character who was a heroine, you know, cool, collected, in control, that sort of thing. The problem with those other games is that the female characters are actually there for purely exploitative purposes. »

Sauf que du côté de chez Eidos, on ne voit pas vraiment ça du même oeil. On va même jouer sur le tableau opposé avec un certain cynisme. D’un côté, l’entreprise va interdire des modifications du premier jeu permettant de mettre Lara Croft nue (le patch Nude Raider) mais de l’autre, l’éditeur ne va pas se gêner de distribuer des images promotionnelles mettant Lara dans des poses très suggestives, suggérant très clairement un acte sexuel dans une pub pour Seat ou jouer sur la prétendue image sexy de l’héroïne pour communiquer sur les jeux.

Pub sexiste Lara Croft - Tomb Raider

Voilà. Et ce n’est même pas la pire qu’on ait pu voir.

C’est cette divergence forte de point de vue qui a entraîné le départ de Gard et d’autres membres de l’équipe originelle de chez Core. Un ancien membre du développeur explique la point de rupture dans un long article publié par le site Ars Technca

« Gard had his own visions for how Tomb Raider would be marketed. His idea for Lara, which he wanted to get across in movie-style posters and slick marketing material, was more sophisticated. He presented these ideas to Eidos, and the Eidos marketing guys basically went, ‘What? Go away, little man,’» says Rummery. « ‘We’re not interested. What are you doing here? This is our job.’ And he was so pissed off about that. He couldn’t let that go. »

Le problème dans l’image que projette Eidos dans ses campagnes de pub et dans les produits dérivés qu’il autorise, c’est qu’elle ne se retrouve absolument pas dans les jeux, à part un rapide clin d’œil à la toute fin de Tomb Raider II. Lara Croft est une héroïne courageuse, intelligente, inventive… tout comme les héros masculins d’autres jeux vidéo. A la limite, on pourrait même taxer Eidos Interactive de publicité mensongère. Le fiasco critique et commercial de l’Ange des Ténèbres a néanmoins mis un coup d’arrêt à ce marketing totalement idiot, Eidos jouant une carte beaucoup plus sobre pour la promotion de Legend.

Je n’ai jamais joué à la saga Tomb Raider pour le design de Lara Croft. Ça m’est très sincèrement égal. J’accroche au personnage principal pour les mêmes raisons que j’adore Indiana Jones  cool, intrépide, avec une pointe d’humour et des connaissances historiques solides. Ce sont des qualités parfaites pour le héros d’un jeu d’aventure basé sur l’exploration de ruines perdues et la découverte de civilisations disparues.

 

Raider on the storm

Je l’ai dit un peu plus haut mais Tomb Raider I a deux qualités qui ont fait fait son succès  des décors sublimes et une maniabilité exemplaire. Je ne vais pas revenir sur le premier point mais il me semble important de m’étendre un peu plus sur le second. Dans un univers en trois dimensions et avec une manette n’étant composée que d’une croix directionnelle pour se diriger (la Dual Analog, puis la Dual Shock n’arrivent qu’en 1997 sur PS1), il est très important de réussir à manier le héros avec facilité. Core a réussi ce tour de force et a notamment utilisé un système dit de quadrillage. Par exemple lorsque vous voulez sauter au dessus d’un précipice, si vous appuyez sur le bouton de saut, vous faites un saut simple. Par contre, si vous reculez d’un pas puis sautez, le jeu détecte que vous effectuez un saut avec élan. Révolutionnaire.

Tomb Raider I

Et autant vous dire qu’une bonne maniabilité pour venir à bout de cette ascension, c’était nécessaire…

Cependant, avec le temps, ce qui est révolutionnaire a un moment devient obsolète si on ne l’améliore pas. Au cours des cinq premiers volets, pratiquement aucune amélioration n’est effectuée sur le moteur graphique et sur la physique. Si Tomb Raider II & III tiennent encore la route à leur sortie, La Révélation Finale montre toutes les faiblesses du titre sur un volet technique. Le jeu est principalement sauvé par son histoire et son game design mais objectivement, il faut s’accrocher pour finir le titre. Cet état de fait empire avec Sur les traces de Lara Croft car rien ne sauve le titre d’une déchéance technique criante ; au même moment sur Playstation, on fait bien mieux question graphisme et maniabilité.

C’est là où je pense que le changement de développeur a été bénéfique pour la saga  Crystal Dynamics a apporté un véritable coup de jeune dans le volet technique de Tomb Raider et a rendu la saga accessible aux joueurs actuels. Soyons honnêtes  il n’est pratiquement pas possible de jouer aujourd’hui aux volets Core Design tellement les contrôles sont raides. Même moi, fan de la première heure, j’ai voulu rejouer à Tomb Raider II et j’ai failli encastrer ma manette dans la télévision. C’est pourquoi je conseille très fortement à ceux qui veulent découvrir cette licence mythique de commencer par la trilogie Legend  c’est elle qui, à ma mon sens, réussit à transporter l’essence même de Tomb Raider dans une maniabilité acceptable de nos jours.

Quel avenir pour la saga ? Il s’écrira pour l’instant sans moi. Le reboot opéré en 2013 m’a laissé sur le côté  finis les ruines antiques, les casse-têtes, les environnements enchanteurs… Lara Croft n’est plus une aventurière, mais une survivante et à titre personnel, je n’adhère absolument pas. Le succès critique et commercial de cette nouvelle orientation me met en minorité et les premiers retours de Rise of the Tomb Raider, qui vient de sortir, montrent que Crystal Dynamics continue sur cette lancée. Ce n’est pas grave  après 15 ans à mes côtés, il est peut-être temps pour moi d’arrêter Tomb Raider pour, qui sait, reprendre la série plus tard.

I hate tombs : pour l'héroïne d'un jeu nommé Tomb Raider, ça peut être un problème.

Pour l’héroïne d’un jeu nommé Tomb Raider, ça peut poser un problème.

 

Depuis quelques jours, la sixième édition du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux bât son plein. Avec une programmation toujours plus riche, le festival a fait du chemin, depuis sa première édition, en 2012. Nous avons profité de l’occasion pour discuter avec Pauline Reiffers et Johanna Caraire, co-fondatrices du FIFIB.

 

Il vous reste deux jours pour profiter de cette édition 2017. Notre petite sélection :

La carte blanche à Virginie Despentes, une sélection de trois longs métrages centrés autour du thème du genre : Tangerine de Sean Baker, A girls walks home alone at night d’Ana Lily Amirpou et Evolution de Lucile Hadžihalilović, ainsi qu’une soirée de Lectures musicales de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini au TnBA, durant laquelle Virginie Despentes et Béatrice Dalle seront accompagnées du groupe Zëro. On a (très)hâte d’y être.

La compétition court-métrages à l’UGC Ciné Cité, dans laquelle nous vous recommandons tout particulièrement Cinq ans après la guerre, une jolie réflexion la construction de l’identité en rapport avec nos parents, et Lower Heaven, où l’on suit le parcours de deux réfugiés clandestins afghans en Irak. Une histoire racontée avec douceur, sans masquer la réalité brutale de ses attachants protagonistes.

J’ai toujours rêvé d’être un gangster, dans le cadre du Focus Samuel Benchetrit, à l’Utopia. Histoire d’ un braqueur sans arme dont la victime est elle-même une braqueuse, armée. Une « petite pépite d’humour noir, de mélancolie, de drôlerie et de grâce : il y a là un ton unique en son genre, une liberté, une audace. », selon l’Utopia. On a (aussi) hâte.

J’ai toujours eu un faible pour la saga James Bond, pour deux raisons. La première, c’est que ce sont les premiers films « violents » que j’ai eu le droit de regarder,  je devais avoir neuf ou dix ans. Deuxièmement, c’est à peu près au même moment que j’ai joué à Goldeneye 007, l’un de mes dix jeux vidéo préférés de tous les temps. Cette forte dose de Bond a été le point de départ de mon affection pour l’agent secret britannique : j’ai ensuite lu les romans signé Ian Fleming, joué à une grande partie de la production vidéoludique consacrée à 007 et vu l’intégralité de la filmographie officielle.

Il y’a quelque temps, je préparais une partie pour le jeu de rôle James Bond 007, et pour me remettre dans l’ambiance j’ai revu une grande partie des 24 films qui font actuellement partie de la saga. Le moment me paraît donc bien choisi pour dévoiler mon top des films James Bond. Si vous n’avez jamais vu un James Bond, c’est peut-être l’occasion pour vous de vous y lancer en choisissant les meilleurs épisodes. Si vous êtes calé sur le sujet, j’attends votre classement personnel dans les commentaires de cet article ! Il est important de préciser que seul sont évoqués les films officiels : le premier Casino Royale et Jamais Plus Jamais ne seront donc pas dans ce top.

Un dernier petit rappel, James Bond a été incarné par six acteurs différents : Sean Connery pour les cinq premiers, suivi par George Lazenby pour un seul film. Connery reprend alors le rôle pour un petit long-métrage, puis Roger Moore endosse l’habit de l’agent secret pour les sept productions suivantes. Timothy Dalton prend la relève par deux fois, puis c’est au tour de Pierce Brosnan d’être le premier rôle pour quatre films. Enfin, Daniel Craig est recruté, il est 007 depuis 2006 et quatre apparitions. Il reprendra son rôle dans le prochain Bond, attendu en 2019.

(Les synopsis des films sont issus de Wikipédia, d’Allociné et de Jamesbond-fr)

24 – Le monde ne suffit pas (The World Is Not Enough de Michael Apted, 1999, Pierce Brosnan est James Bond)

Top des films James Bond : The World Is Not Enough de Michael Apted

« Mais qu’est ce que je fais là… »

Pour être totalement honnête, j’avais peur de ce film dès le début. Sophie Marceau, qui interprète la protagoniste du film, est très loin d’être mon actrice favorite. Mais après visionnage, je suis forcé de le reconnaître : c’est la seule qui tire son épingle du jeu, malgré des répliques plus que médiocres.

Tout dans ce film est un échec cuisant : le méchant, Brosnan qui semble n’en avoir rien à faire, l’humour qui tombe à plat, le scénario qui semble être parti en vacances… L’idée de créer une intrigue autour du pétrole était pourtant prometteuse mais je suis désolé, il n’y a vraiment rien qui marche. On pourra éventuellement sauver la chanson titre de Garbage et la dernière apparition de Desmond Llewelyn qui tenait le rôle de Q (le monsieur gadget) depuis le deuxième film de la saga. Mais à part ça, passez votre chemin. Vraiment.

23 – Octopussy (de John Glen, 1983, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : Octopussy de John Glen, 1983

James Bond anime vos mariages, anniversaires, bar mitzvahs..

Roger Moore est mon James Bond préféré. Lorsqu’il a pris la relève de Connery et sachant que question aptitudes physiques, il ne pouvait pas rivaliser, il a préféré centrer son interprétation sur l’humour dont fait preuve l’agent secret. Chez moi, ça marche parfaitement. Mais il faut savoir trouver un bon équilibre entre humour et action. Et dans le cas d’Octopussy, il y a trop d’humour. Et on se retrouve avec un James Bond déguisé en clown, littéralement.

En fait, ce film m’ennuie profondément. Ça ne décolle jamais et j’ai l’impression qu’il n’y a pas d’enjeu. Dans le cas du Monde ne suffit pas, j’enrage dessus, il me fait réagir. Ici, je n’arrive pas à aller jusqu’au bout sans m’endormir. Peut-être qu’il fonctionnera mieux sur vous, qui sait ?

22 – Meurs un autre jour (Die Another Day de Lee Tamahori, 2002, Pierce Brosnan est James Bond)

Top des films James Bond : Die Another Day de Lee Tamahori, 2002

Et hop, un caméo Madonna !

Dans sa première partie, le film essaie des choses, même si ce n’est pas parfait. Puis d’un coup, ça bascule dans le n’importe quoi, avec une mention spéciale à cette magnifique course-poursuite en voiture sur la glace, incluant une Aston Martin qui peut devenir invisible. Le gros problème de Meurs un autre jour, c’est qu’il se repose principalement sur les gadgets. Malheureusement, ça n’en fait pas un bon film.

Les habitués de James Bond vont apprécier les nombreux clins d’oeil aux dix-neuf précédents films (c’était le film du quarantième anniversaire). Pour les autres, à part si vous adorez les Aston Martin invisibles, vous pouvez oublier.

21 – Les diamants sont éternels (Diamonds Are Forever de Guy Hamilton, 1971, Sean Connery est James Bond)

Top des films James Bond : Diamonds Are Forever de Guy Hamilton, 1971

« Ce sont des essais d’autoportraits, mais souvent, il manque un truc. »

Sean Connery revient pour un film, afin de pallier la défection de George Lazenby. Du coup, Sean Connery est en mode roue libre, comme s’il n’en avait absolument rien à faire. L’intrigue des clones du méchant est bonne, mais noyée dans une foultitude de choses vraiment dispensables. Et l’une des héroïnes s’appelle, dans la version française, Abondance Delaqueue. Bon. Je suis d’accord pour dire qu’en général, la licence James Bond est sexiste. Mais ici, on est vraiment dans les sommets de la beauferie. Abondance Delaqueue, sérieusement.

Par contre, la chanson titre interprétée par Shirley Bassey est l’une des belles de la saga. En tout cas, elle est dans mon top 5 !

20 – L’Homme au pistolet d’or (The Man with the Golden Gun de Guy Hamilton, 1974, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : The Man with the Golden Gun de Guy Hamilton, 1974

Pour la petite histoire, le pistolet d’or est notamment conçu à partir d’un briquet.

On retrouve Roger Moore pour un face-à-face avec un méchant. L’idée est bonne, mais malheureusement, la localisation de Scaramanga est laborieuse et perd le spectateur en route. Bond est en plus accompagné d’un des rôles féminins les plus cruches des vingt quatre films, Mary Bonne-Nuit (aucun commentaire…). Mais il y a Christopher Lee dans le rôle de l’homme au pistolet d’or. Charismatique, talentueux, c’est la bonne pioche du film. Pour la petite anecdote, Christopher Lee est le cousin par alliance de Ian Fleming, le créateur de James Bond.

En résumé, le personnage de Scaramanga et son interprète sont iconiques et justifient la visionnage de L’Homme au pistolet d’or. Mais c’est la réelle réussite de ce film.

19 – Dangereusement vôtre (A View to a Kill de John Glen, 1985, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : A View to a Kill de John Glen, 1985

« Je suis trop vieux pour ces conneries… »

Pour être honnête, Dangereusement vôtre ne devrait pas être aussi haut dans ce top des films James Bond. Les problèmes s’accumulent : le scénario est déjà vu, Roger Moore est tellement fatigué qu’il doit se fait doubler tout le temps, la James Bond girl se voit cantonnée à un rôle de nunuche… D’ailleurs, la légende veut que c’est lorsqu’il s’est rendu compte qu’il était plus vieux que la mère de sa partenaire que Moore a compris que c’était le moment pour lui de raccrocher.

Mais le duo de méchants, interprétés par Christopher Walken et Grace Jones, détonne : Walken est excellent dans le rôle de Max Zorin et Jones, âme damnée de Zorin, est bluffante. Rien que pour cela, le film vaut le coup d’oeil.

18 – Spectre (de Sam Mendes, 2015, Daniel Craig est James Bond)

Top des films James Bond : Spectre de Sam Mendes, 2015

« Est-ce que tu es sûr que c’était à cette station qu’il fallait changer ? »

J’attendais beaucoup de Spectre, surtout parce que c’est le retour de l’organisation criminelle ennemie de James Bond dans les sept premiers films de la saga. Le fait que le chef du Spectre soit incarné par Christoph Waltz, acteur que j’aime beaucoup, me rendait encore plus impatient. La première moitié du film est à la hauteur. Mais tout se casse la figure ensuite, pour une raison toute simple : Waltz n’est pas du tout crédible en tête pensante du Spectre. Il essaie tout ce qu’il peut, ça ne fonctionne pas. Et ça détruit tout le film.

Puis Monica Belluci, présente pendant 5 minutes chrono, a un rôle qui sert à rien. C’est bien dommage car c’est une excellente actrice, il y avait bien mieux à imaginer avec elle.

17 – James Bond 007 contre Docteur No (Dr. No de Terence Young, 1962, Sean Connery est James Bond)

Top des films James Bond : Dr. No de Terence Young, 1962

« Attendez, je suis pas n’importe qui quand même, je suis James Bond ! »

La naissance d’un mythe. Si le film est si bas dans mon classement personnel, c’est surtout parce qu’il a beaucoup vieilli. Mais on ne peut pas lui reprocher grand chose : Sean Connery est bon dans ce premier rôle de James Bond, de même que le perfide Dr No et Ursula Andress. L’intrigue se laisse suivre, ça manque un petit peu de punch, mais la plupart des éléments de la mythologie Bond sont présents dès ce premier long-métrage.

16 – Bons baisers de Russie (From Russia with Love de Terence Young, 1963, Sean Connery est James Bond)

Top des films James Bond : From Russia with Love de Terence Young, 1963

Contrairement aux apparences, cette femme ne travaille pas pour l’URSS.

On reprend les mêmes (Connery en Bond, Young à la réalisation) et on recommence, en perfectionnant la formule. Bons baisers de Russie affine la formule proposée par Dr No et propose une intrigue intéressante. Elle tire un peu trop en longueur à mon goût et, comme le film précédent, a pas mal vieilli. Néanmoins, cette seizième place n’est pas synonyme de mauvais film, c’est un très bon divertissement.

Et surtout, il y a une chaussure dans laquelle on a caché un couteau et ça, c’est la classe.

15 – Quantum of Solace (de Marc Forster, 2008, Daniel Craig est James Bond)

Top des films James Bond : Quantum of Solace de Marc Forster, 2008

Mathieu Amalric découvrant le scénario du film

Chose nouvelle dans la saga : le film est une suite directe de celui qui le précède. En effet, Quantum of Solace commence une heure après la fin de Casino Royale. Le point faible de cet épisode est le scénario, relativement confus. L’explication : au moment du tournage du film a eu lieu une grève des scénaristes, et si la trame principale était écrite, de nombreuses zones d’ombre existaient. Le réalisateur et Daniel Craig ont dû écrire certaines scènes pendant le tournage.

Il reste au film des scènes d’action impressionnantes et un très bon antagoniste, Dominic Greene, joué par Mathieu Amalric, qui interprète superbement son rôle de salaud. A voir donc, mais plutôt après Casino Royale.

14 – Vivre et laisser mourir (Live and Let Die de Guy Hamilton, 1973, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : Live and Let Die de Guy Hamilton, 1973

Je trouve que ça le change un peu du smoking !

Premier film avec Roger Moore dans le rôle de l’agent secret, Vivre et laisser mourir marque le tournant vers un James Bond moins physique, et plus humoristique. En pleine vague blaxploitation, l’intrigue se déroule en plein monde vaudou, personnifié par la présence du baron Samedi, esprit de la religion vaudou. Assez bizarrement, le mélange ésotérique/espionnage fonctionne plutôt bien et Roger Moore est investi dans son rôle.

Et la James Bond girl de ce film, la voyante Solitaire, interprétée par Jane Seymour, fut très longtemps ma préférée. Je l’adorais quand j’étais petit !

13 – Moonraker (de Lewis Gilbert, 1979, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : Moonraker de Lewis Gilbert, 1979

Annette de Premiers Baisers : les origines

Je donnerais beaucoup pour voir la réunion de scénaristes qui se sont dit : « Ok, Star Wars a fait un carton, du coup on va envoyer James Bond dans l’espace ! ». Il faut être honnête, ce sont deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Et l’esthétique globale du film, les effets spéciaux, ont pris un sacré coup de vieux. Mais sur moi, ça a très bien fonctionné, peut-être aussi parce que c’est le tout premier James Bond que j’ai vu (c’est un plaisir coupable).

Roger Moore et son humour anglais qui fait mouche, Michael Lonsdale qui incarne le méchant à la perfection, le retour d’un homme de main que j’affectionne particulièrement (Requin)… Si l’on arrive à passer au-dessus du kitsch des décors, on se retrouve avec un film qui mérite très clairement le détour.

12 – On ne vit que deux fois (You Only Live Twice de Lewis Gilbert, 1967, Sean Connery est James Bond)

Top des films James Bond : You Only Live Twice de Lewis Gilbert, 1967

« Ce camouflage est parfait. Tout le monde n’y voit que du feu. Ils pensent tous que je suis japonais. »

« You only live twice or so it seems… » chante Nancy Sinatra dans l’une des plus belles chansons d’ouverture de James Bond. Dans ce film au scénario signé Roald Dahl, Sean Connery se dirige vers le Japon pour rencontrer le chef des services secrets japonais, Tigre Tanaka. L’intrigue se déroule parfaitement, Tanaka possède un métro personnel (mon rêve !) et surtout, on voit pour la première fois la visage du dirigeant du SPECTRE, Ernst Stavro Blofeld, dont va s’inspirer plus tard Mike Myers pour la création du docteur Denfer.

La seule vraie faute de goût de ce film, c’est lorsque Bond doit se déguiser en japonais. Tout le monde fait semblant d’y croire mais c’est un échec total.

11 – Demain ne meurt jamais (Tomorrow Never Dies de Roger Spottiswoode, 1997, Pierce Brosnan est James Bond)

Top des films James Bond : Tomorrow Never Dies de Roger Spottiswoode, 1997

« J’aime beaucoup ce dernier titre. Il n’est même pas de moi ! » (véritable réplique)

Un antagoniste magnat des médias, ça me parle et c’est une excellente idée pour un film de James Bond. D’autant plus que Jonathan Pryce excelle dans le rôle d’Elliot Carver, grand patron manipulateur. Brosnan interprète efficacement le rôle de l’agent secret britannique, Michelle Yeoh est super en agent Wai Lin… Demain ne meurt jamais aurait pu être l’un des meilleurs Bond.

Le problème réside dans les vingt dernières minutes du film, où Bond se prend pour Terminator, flinguant tout sur son passage : ça casse tout le film et c’est ce qui fait reculer Demain ne meurt jamais dans la liste.

10 – Opération Tonnerre (Thunderball de Terence Young, 1965, Sean Connery est James Bond)

Top des films James Bond : Thunderball de Terence Young, 1965

Ce qui parfait avec cette couleur, c’est sa discrétion.

Le film ne vous laisse pas un moment pour vous ennuyer : de la scène de pré-générique incluant un jetpack au détournement d’avion, toute l’intrigue se déroule sur les chapeaux de roues. De plus, c’est le premier film où l’on rencontre véritablement le SPECTRE et son chef, ce qui ajoute une tension supplémentaire.

Un des meilleurs Bond avec Sean Connery dans le rôle titre.

9 – Permis de tuer (Licence to Kill de John Glen, 1989, Timothy Dalton est James Bond)

Top des films James Bond : Licence to Kill de John Glen, 1989

Dans ce film, on peut également croiser Benicio del Toro jeune.

Timothy Dalton incarne ici un Bond qui n’en a plus rien à faire des interdits : on a touché à l’un de ses amis les plus proches (son seul véritable ami, même…), il décide alors de se faire justice lui même. C’est un réel changement de paradigme : alors qu’il a toujours suivi le code du MI6 et travaillé pour l’Angleterre et la reine, il décide de tout envoyer valdinguer. Et ça fonctionne, tant Dalton joue merveilleusement bien l’agent sans limite. L’action ne souffre d’aucun répit et le fait d’avoir cassé pratiquement toutes les règles permet d’apprécier un certain renouveau.

Permis de tuer annonce d’une certaine manière les films où Daniel Craig incarne Bond. A dévorer immédiatement si vous aimez les films d’action des années 1980.

8 – Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only de John Glen, 1981, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : For Your Eyes Only de John Glen, 1981

« On avait dit de passer chez Feu Vert vérifier la suspension AVANT de partir ! »

Après les folies spatiales de Moonraker, les producteurs de la saga décident de revenir à une intrigue plus classique, avec plus de tension et de traîtres. Rien que pour vos yeux remplit très bien son contrat, grâce notamment aux splendides paysages de la Grèce et la très bonne interprétation de Carole Bouquet, impeccable dans sa recherche de vengeance à l’aide d’une arbalète. Revenir aux bases d’un film de James Bond, c’est un pari gagnant.

Mention très spéciale à la course poursuite en 2CV, épique et à des années-lumière des gros cyclindrées que l’on a l’habitude de voir !

7 – Au service secret de sa Majesté (On Her Majesty’s Secret Service de Peter Roger Hunt, 1969, George Lazenby est James Bond)

Top des films James Bond : On Her Majesty's Secret Service de Peter Roger Hunt, 1969

Je… Non, rien.

Sean Connery est parti, la production se tourne vers un acteur d’origine australienne : George Lazenby. Il sera le Bond d’un seul film, ne rempilant pas après. Pourtant, Au service secret de sa Majesté est un excellent film, assez sombre. Le plan du SPECTRE, à base de lavage de cerveau, est l’un des plus compliqués et glauques de l’histoire de la série. La prestation de Lazenby en Bond est un peu en deçà de celle de Connery, mais reste tout à fait agréable. De plus, certains lieux, notamment celui du Piz Gloria, sont absolument magnifiques.

Si vous n’avez pas accroché au Bond de Sean, cet opus pourrait vraiment vous plaire !

6 – Goldfinger (de Guy Hamilton, 1964, Sean Connery est James Bond)

Top des films James Bond : Goldfinger (de Guy Hamilton, 1964

Borsalino et casquette, un duo de choc

Le grand classique de la saga James Bond, c’est Goldfinger. La plupart des symboles et gimmicks les plus connus viennent de ce film : l’Aston Martin bourré de gadgets, le sbire du méchant qui tue en lançant son chapeau, le jeune femme assassinée recouverte de peinture d’or… L’intrigue se tient, le méchant est parfait, Sean Connery est au sommet de son jeu. Vous l’aurez compris, Goldfinger n’a pas usurpé sa réputation.

De plus, le film n’a pas trop vieilli, il se laisse facilement regarder aujourd’hui. C’est peut-être le meilleur à voir si vous voulez vous plonger dans la première période des films Bond.

5 – L’espion qui m’aimait (The Spy Who Loved Me de Lewis Gilbert, 1977, Roger Moore est James Bond)

Top des films James Bond : The Spy Who Loved Me de Lewis Gilbert, 1977

Les relations Est/Ouest, une allégorie.

L’Espion qui m’aimait est le film avec Roger Moore le plus équilibré : savant mélange d’humour et de sérieux, d’action et de scènes plus calmes. C’est un film crédible où Moore joue à la perfection l’agent anglais. Le tandem qu’il forme avec Barbara Bach est excellent. On voit aussi l’apparition de Requin, qui va tellement marquer les spectateurs qu’il reviendra pour Moonraker. Enfin, la Lotus Esprit amphibie est l’un des meilleurs gadgets de toute la série.

Pour vous familiariser avec l’esprit pince-sans-rire de Roger Moore, c’est le film idéal.

4 – Tuer n’est pas jouer (The Living Daylights de John Glen, 1987, Timothy Dalton est James Bond)

Top des films James Bond : The Living Daylights de John Glen, 1987

Radio killed the video star

Roger Moore parti, c’est Timothy Dalton qui récupère le rôle de l’agent secret anglais. Il est très bon dans cet exercice, peut-être moins humoristique que son prédécesseur, mais totalement habité par le rôle. L’action est menée tambour battant, les rebondissements se multiplient et les scénaristes essayent de plus inscrire Bond dans l’air du temps en le faisant participer à la guerre d’Afghanistan, contemporaine de l’époque de sortie du long-métrage.

De plus, la James bond girl est violoncelliste et ça, ça ravit l’ancien violoncelliste que je suis !

3 – Casino Royale (de Martin Campbell, 2006, Daniel Craig est James Bond)

Top des films James Bond : Casino Royale de Martin Campbell, 2006

Un placement de produit s’est subtilement glissé dans cette image. Saurez-vous le trouver ?

Je vais être tout à fait honnête : lors de l’annonce du remplacement de Brosnan par Daniel Craig, je pensais que c’était une grave erreur et que ça allait être une catastrophe. Non seulement Craig interprète parfaitement bien Bond, mais le film est une grande réussite. L’idée de faire une sorte de remise à zéro de la licence est bien exploitée et la partie de poker au casino Royale est un monument de tension, dans la bataille sourde que se livrent Daniel Craig  et Mads Mikkelsen.

C’est l’un des meilleurs films pour commencer la saga James Bond.

2 – GoldenEye (de Martin Campbell, 1995, Pierce Brosnan est James Bond)

Top des films James Bond : GoldenEye de Martin Campbell, 1995

Le saviez-vous ? Sean Bean est mort 25 fois à l’écran depuis le début de sa carrière.

Six ans se sont écoulés entre le précédent film, Permis de tuer et GoldenEye. La cause principale en est un énorme imbroglio financier entre la MGM, United Artists et EON Productions (qui possède les droits sur James Bond), cet imbroglio n’étant qu’une des ramifications de l’affaire dite du Crédit Lyonnais. Timothy Dalton décide en 1994 de ne pas rempiler, le rôle est alors confié à Pierce Brosnan. Durant ce laps de temps, le mur de Berlin est tombé, l’URSS s’est effondré : il faut trouver de nouveaux ennemis pour Bond.

Le scénario de GoldenEye tire profit de ce contexte géopolitique et le fait avec brio. Brosnan s’approprie bien le rôle, mais la vraie révélation du casting, c’est Judi Dench en « M », la patronne du MI6. Sa réplique où elle juge Bond « sexiste, misogyne et dinosaure, une relique de la Guerre froide » est devenue instantanément mythique. Toutes les aspects du long-métrages sont réussis, de la mise en scène aux décors, en passant par le casting. Bref, GoldenEye est excellent et, pendant très longtemps, il fut mon Bond préféré.

1 – Skyfall (de Sam Mendes, 2012, Daniel Craig est James Bond)

Top des films James Bond : Skyfall de Sam Mendes, 2012

Je ne veux pas dire, mais l’un a l’air plus à l’aise dans un musée que l’autre.

Bien qu’il occupe la première place de ce top des films James Bond, il m’est difficile de recommander Skyfall aux néophytes de Bond. C’est un film génial, qui se suffit à lui même, mais qui prend toute sa saveur lorsque l’on a vu Casino Royale et Quantum of Solace. Skyfall forme une fin de trilogie qui marque aussi le passage de flambeau entre les James bond du passé et les James Bond qui vont suivre. Au delà de ça, le film est maîtrisé de bout en bout, avec le ressenti d’une vraie course contre la montre, Judi Dench est encore une fois étincelante… C’est, pour moi, le sommet de ce que la filmographie de l’agent secret a pu produire.

Voilà pour ce tour d’horizon des films officiels de la licence James Bond ! Je me permets, pour finir, de vous indiquer un très bon site sur l’univers du personnage, à savoir Commander James Bond France.

Le Reggae Sun Ska 2017 marquait les vingt ans du festival. Cette année, le festival 100 % reggae girondin s’est offert une hausse de fréquentation, avec pas moins de 65 000 festivaliers, et de très belles têtes d’affiche. Rétrospective en image de ce beau weekend du 4, 5 et 6 août 2017.

Reggae Sun Ska 2017 – Photo Maxime Ellies

Reggae Sun Ska 2017

Vendredi 4 août

Hippocampe Fou

Pour l’avant-dernier show de sa tournée Céleste, Hippo a pleinement réussi sa prestation. Au milieu d’un public reggae, le cloudy rap humoristique de l’homme au bonnet a fait bouger Natty Dread !

Hippocampe Fou au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Hippocampe Fou au Reggae Sun Ska 2017


Hippocampe Fou au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Hippocampe Fou au Reggae Sun Ska 2017

UB40

En tant que tête d’affiche du festival, c’était le concert à ne pas louper. UB40, près de 40 ans après leurs débuts ont su convaincre deux générations d’amoureux du reggae. Concluant leur prestation par Red Red Wine puis Kingston Town, c’était une réelle harmonie lyrique dans le public, des paroles connues qui unissent, rassemblent et nous rappellent les valeurs de la musique reggae.

UB40 au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

UB40 au Reggae Sun Ska 2017


UB40 au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

UB40 au Reggae Sun Ska 2017

Yanis Odua

S’imposant ce vendredi comme le chanteur de reggae français, Yaniss Odua a, comme à son habitude, transmis ses valeurs de paix et d’union, parlant aux jeunes d’aujourd’hui. Sa prestation, dynamique et rythmée par l’arrivée de Kenny Arkana sur scène a pleinement satisfait les festivaliers de minuit.

Yanis Odua au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Yanis Odua au Reggae Sun Ska 2017


Yanis Odua au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Yanis Odua au Reggae Sun Ska 2017

Danakil

Dernier show de ce premier jour, Danakil a parfaitement conclu avec du reggae français chanté à l’unisson par le public. Distribution de drapeau au début du show, puis largages des dreads pour le chanteur, pour le plus grand plaisir des photographes.

Danakil au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Danakil au Reggae Sun Ska 2017

Samedi 5 août

Kingfisha

Un des évènements de ce début de soirée de ce samedi a été la première production en Europe du groupe Kingfisha. Mélangeant reggae & rock, le groupe a pleinement assuré sa prestation tout en étant une excellente découverte pour le public.

Kingfisha au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Kingfisha au Reggae Sun Ska 2017


Kingfisha au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Kingfisha au Reggae Sun Ska 2017

Tryo

Déjà présents lors de l’édition de 1999 du Reggae Sun Ska, le groupe emblématique de la scène française garde ici sa forte influence reggae pour satisfaire 20 000 personnes ce samedi. Présentant leur nouvel album Vent debout, c’est avec un show très énergique et haut en couleur qu’ils ont pleinement joué leur rôle de tête d’affiche de cette journée.

Tryo au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Tryo au Reggae Sun Ska 2017


Tryo au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Tryo au Reggae Sun Ska 2017


Tryo au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Tryo au Reggae Sun Ska 2017

Harrison Stafford

Membre émanent de Groundation, Harrison Stafford garde son timbre reggae/jazz pour présenter au Reggae Sun Ska son dernier projet, nommé One Dance. C’est d’ailleurs de cet album qu’est tiré l’hymne du festival cette année, de quoi produire une prestation à la hauteur de l’attente des festivaliers.

Harrison Stafford au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Harrison Stafford au Reggae Sun Ska 2017

Harrison Stafford au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Harrison Stafford au Reggae Sun Ska 2017

Harrison Stafford au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Harrison Stafford au Reggae Sun Ska 2017

Protoje

Leader du groupe The Indiggnation, Protoje est tout d’abord un auteur engagé qui représente la nouvelle génération du reggae conscient. Venu présenter son dernier album The 8 Year Affair, le groupe a pleinement représenté le retour aux sources de jeunes artistes jamaïcains.

Protoje au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Protoje au Reggae Sun Ska 2017

Dimanche 6 août

Train to Roots

Première prestation de ce dimanche offerte par Train to Roots, un groupe aux sonorités rock/reggae qui a commencé à rassembler les premiers festivaliers en milieu d’après-midi.

Train To Roots au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Train To Roots au Reggae Sun Ska 2017

Peter Harper

Benjamin de la fratrie Harper, Peter a apporté un peu de poésie, de douceur. Reprenant Tracy Chapman et des sons de son frère aîné, il offre au Reggae Sun Ska un beau cadeau d’anniversaire tout en apportant un registre moins rythmé.

Peter Harper au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Peter Harper au Reggae Sun Ska 2017

La Rue Ketanou

Trio fantasque briseur de code, La Rue Ketanou a apporté sa dose de folie en ce beau dimanche sur le Reggae Sun Ska. Excellents sur scène et enchaînant les acrobaties, ils ont ravi un public déjà conquis.

La Rue Ketanou au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

La Rue Ketanou au Reggae Sun Ska 2017


La Rue Ketanou au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

La Rue Ketanou au Reggae Sun Ska 2017


La Rue Ketanou au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

La Rue Ketanou au Reggae Sun Ska 2017

Chronixx

Icône du « reggae revival », ce genre de reggae conscient à l’esthétique roots, Chronixx représente la jeune génération venue donner un souffle nouveau au reggae jamaïcain. Prestation très vive, excellente pour représenter la nouvelle génération jamaïcaine en ce vingtième anniversaire.

Chronixx au Reggae Sun Ska 2017 – Photo Maxime Ellies

Chronixx au Reggae Sun Ska 2017

Steel Pulse

Référence en matière de reggae/roots, Steel Pulse est venu rythmer le début de la nuit dans cette dernière journée. Avec des mélodies dynamiques et une prestation haute en couleur, le groupe offre un cadeau en or au festival !

Steel Pulse au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Steel Pulse au Reggae Sun Ska 2017


Steel Pulse au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Steel Pulse au Reggae Sun Ska 2017


Steel Pulse au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Steel Pulse au Reggae Sun Ska 2017

Ky-Mani Marley

Tête d’affiche de ce Dimanche : Ky-Mani Marley. Explorateur de divers univers (R&B, Hip Hop ou encore Dancehall), il fait de l’héritage de son père une arme de discussion massive et propage un message de tolérance, le tout en assurant un superbe show en cette nuit d’été !

Ky-Mani Marley au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Ky-Mani Marley au Reggae Sun Ska 2017


Ky-Mani Marley au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Ky-Mani Marley au Reggae Sun Ska 2017


Ky-Mani Marley au Reggae Sun Ska 2017 – © Photo Maxime Ellies

Ky-Mani Marley au Reggae Sun Ska 2017

© Photos Maxime Ellies

L’été est enfin là, et avec lui, son lot de bons plans sorties en tous genres. Pour commencer notre série d’articles « L’été de Mandorine », nous vous proposons – logique – notre sélection de concerts pour la Fête de la musique à Bordeaux.

fête de la musique à Bordeaux

[At] Évènements

Conduits par l’association [at] Évènements, les rendez-vous Music [at] Caillou investissent tout l’été le café restaurant du Jardin Botanique de Bordeaux pour des concerts hauts en couleurs musicales, entre blues, jazz et musiques du Monde.

A l’occasion de la Fête de la musique, l’association ouvre sa scène au quatuor jazz Alex Golino & the Jazz survivors, composé d’Alex Golino au saxophone, Hervé St. Guirons à l’orgue, Dave Blenkhorn à la guitare et Didier Ottaviani. Ce soir, il revisiteront les composisiosn de grands du jazz, comme Wes Montgomery ou Stanley Turrenti.

Music [at] caillou fête la musique
à partir de 20 H 30
Le Caillou du Jardin Botanique, Esplanade Linné, Bordeaux (sur Google Maps)
Consommation obligatoire, pour soutenir l’association

Action Jazz

La grande poste, espace improbable installé rue du Palais Gallien, offre une Carte Blanche à l’association organisatrice du très prisé Tremplin Action Jazz pour la Fête de la Musique. Au programme, des standards du jazz, des compositions originales, du swing, des titres actuels revisités façon jazzy, du Funk-Rock-Fusion…

Au programme :

  • 19 H – Melodious Tonk. Avec Marina Kalhart (contrebasse, chant), Patrick Bruneau (guitare)
  • 20 H 15 – Jean-Marie Morin Trio. Avec Jean-Marie Morin (basse), Pierre Lucbert (batterie), Christophe de Miras (claviers)
  • 21 H 30 – Jazzed Up. Avec Yazu (Chant) / Alexandre Jian (Contrebasse) / Alexandre Turco (Guitare)
  • 22 H 45 – Tom Ibarra Group (Funk-Rock-Fusion – Lauréat du Tremplin Action Jazz 2016). Avec Tom Ibarra (guitare), Pierre Lucbert (batterie), Jean-Marie Morin (basse), Christophe De Miras (claviers)

Action jazz fête la musique
A partir de 18 H 30
La grande poste, 7 rue du Palais Gallien, Bordeaux (sur Google Maps)
Entrée libre

Allez les filles

Comme à son habitude, l’association Allez les Filles nous propose de nous déhancher tout au long de la journée. Au programme, trois ambiances musicales, pour profiter de la journée et de la soirée en famille ou entre amis. Du groove, du rock psyché, de la soul, du funk… De quoi nous faire bouger la tête, les hanches et oublier nos soucis le temps d’une nuit !

Enfants :

  • 15 H – Sport & Music avec le club de la flèche + Funky Kids

Concerts :

  • 18 H – Dj Francis Feelgood (Organic groove)
  • 19 H – Peru Curent (Rock)
  • 20 H – Wizard (Rock psychédélique) – Groupe lauréat du Tremplin des 2 rives 2017
  • 21 H – Alexis Evans Trio (Soul, Rhythm and Blues)

Dancing in the streets 3 sounds à partir de 22 H . Bal à ciel ouvert avec 3 ambiances musicales autour de la flèche Saint-Michel :

  • Eddy le Chat & Marakatoo (Soul et Funk)
  • Saint Tropez Soulful Patrol (Soul Rock)
  • Dj Francis Feelgood (Organic groove)

Allez les Filles
De 15 H à 1 H
Place Saint-Michel, Bordeaux (sur Google Maps)
Entrée libre, bar et restauration sur place.

Banzaï Lab

Pour cette édition 2017 de la Fête de la Musique, le label indépendant bordelais (Senbeï, Smokey Joe and The Kid) se met au vert côté rive droite avec une programmation encore une fois exigeante, entre Downtempo, Soul, Electro et Hip-Hop. Le tout animé par l’inénarrable Cheeko, membre fondateur du collectif Phases Cachées et champion de France End Of The Weak improvisation Hip-Hop.

Une soirée « au frais » (autant que possible) sur les rives (droites) de la Garonne, avec du bon son pour danser. Que demander de plus ?

MAJ 23 juin 2017 : le label vient se sortir sa nouvelle compilation gratuite de l’été, que je détaille ici.

Au programme :

  • 18 H – Noke (Electro)
  • 19 H 15 – J-Silk (Pop Soul)
  • 20 H – Moonlander (Electronica Trip-hop)
  • 21 H 15 – Poumon (Electro Rock)
  • 22 H 30 – Jean du Voyage (Electro Groove)
  • 23 H 45 – Kognitif (Trip-hop / Downtempo)

Banzaï Lab fête la musique
La Bastide, Aire Rafaël Padilla, 86 quai des Queyries, Bordeaux (sur Google Maps)
A partir de 18 h
Buvette sur place.

Bordeaux Rock

Comme toujours, l’association bordelaise propose un line-up 100 % rock bordelais de qualité. Garage, electro-pop, psyché ou post punk, vous aurez de quoi vous défouler pour débuter l’été. Rendez-vous rue du Mirail pour roxer ensemble, à partir de 19 H.

Au programme :

  • 19 H – Quiche my ass (folk garage)
  • 20 H – Génial au Japon (electro pop)
  • 21 H – Flanagan (power pop)
  • 22 H – Bootchy Temple rock psychédélique)
  • 23 H – Sheriff Mouloud y el Zorro Loco (rock’n’roll garage)
  • 00 H – Daisy Mortem (post punk dance)

Fête de la musique avec Bordeaux Rock
21 juin, à partir de 19 H
Cour du Crédit Municipal, 29 Rue du Mirail, Bordeaux (sur Google Maps)
Accès gratuit, buvette sur place.

I.BOAT

Cette année, l’IBOAT organise une Block Party pour fêter la musique – une sorte de fête des voisins, en un peu moins ringarde, à l’américaine. Et pour l’occasion, le bateau accueille le groupe hip-hop old school Sugarhill Gang, ainsi que les meilleurs crews de break dancers, graffeurs et DJ de la région. Et comme toujours, pour finir, la soirée club pour aller jusqu’au bout de la nuit.

Breakdance :

  • PRISCA (Lady Rocks / Tea Time / 197 Box )
  • LEA (Lady Rocks / Difstyle)
  • BBOY (Chakal La Smala / Arabik Flavor)
  • BBOY (Swing La Smala)

DJ Sets :

  • DOUBLE TEE
  • STEADY

Graffiti :

  • CHARL & OBAD

On vous rassure, on ne sera pas obligées de se déhancher en bikini d’un air gêné.

I.BOAT BLOCK PARTY
21 juin, à partir de 18 H
I.BOAT, Bassin à flot no.1, Bordeaux (sur Google Maps)
Accès gratuit, puis prix libre pour la soirée club
Restauration & bar sur place.

Le Chalet

Décidément, les acteurs de la musique bordelaise investissent de plus en plus la rive droite de la ville, pour notre plus grand plaisir. Pour sa première participation à la Fête de la musique à Bordeaux, Le Chalet, l’association des musiciens de l’écosystème Darwin, propose une soirée 100 % Rock.

Au passage, cette soirée s’inscrit dans le cadre du Refugee Food Festival, évènement itinérant citoyen, créé par l’association Food Sweet Food, et co-organisée avec le HCR (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés). En confiant les cuisines de restaurants à des chefs réfugiés, le festival tente de changer le regard sur le statut de réfugié, d’offrir un tremplin aux chefs réfugiés en facilitant leur accès à l’emploi, et faire découvrir des cuisines venues d’ailleurs.

L’occasion de passer une soirée cool et consciente, comme souvent toujours à Darwin.

Au programme :

  • 18 H – Dj Don Gardener par Le Chalet (Rock) en fil conducteur de la soirée
  • 19 H – Blue Bombay (Rock Space psyché)
  • 19 H 45 – Colonel Mushroom (Rock Garage psyché)
  • 20 H 30 – Moloch Monolyth (Folk Pop)
  • 21 H 15 – SIZ (Grunge Noise)
  • 22 H 15 – Trikini (Post Punk Kraut)
  • 23 H 15 – Père Dodudaboum (Electro énergétique)

Heures Heureuses – Le Chalet X Refugee food festival
A partir de 18 H
Darwin écosystème, 87 quai des Queyries, Bordeaux (sur Google Maps)
Entrée libre, buvette et restauration sur place.

Rock School Barbey

Cette année encore les associations UVS et Freak Kultur s’associent à la Rock School Barbey pour proposer une programmation résolument Street pour la Fête de la musique. Hip hop, Rap, Open Mic, venez découvrir le meilleur de la street culture locale et les collectifs musicaux les plus actifs du moment. Venez également partager une performance graffiti en live avec les artistes du collectif Freak Kultur.

Au programme :

  • 20 H – Open Mic ouvert à tou·te·s. Show MPC live avec l Tomy de Label Étoile, Nordinomouk et Kaazam. Animation de Sam Kaygee Le Pirate.
  • 21 H 30 – Esday, Fleyo, Fhat.R, Joey Larse, Guezess, Obu, Ozidriss et Bene Sao (Rap).

Rock School Barbey fête la musique
A partir de 20 H
18, cours Barbey, Bordeaux (sur Google Maps)
Entrée libre, buvette sur place.


Alors, on se retrouve en ville ? Nous, on est prêt·e·s.fête de la musique à Bordeaux

Lorsque j’ai commencé à jouer à Fallout New Vegas, j’avais dans l’idée dans parler rapidement sur Mandorine dans le cadre des Brèves… histoire du temps passé à jouer. Cependant plus j’y jouais, plus ce que j’avais à en dire prenait de la place, jusqu’à remplir un article entier. C’était le moins que je puisse faire pour rendre honneur à l’un des meilleurs jeux de la décennie 2010.

Fallout New Vegas

Qui-n’en-veut de ma licence ?

Pour comprendre la genèse du développement de Fallout New Vegas, il faut reprendre l’histoire là où je l’avais laissée lors de mon article parlant du RPG sur PC. La licence Fallout, après deux épisodes mythiques, se retrouve à l’abandon après l’annulation du 3e épisode ; le studio responsable du développement, Black Isle Studios, est dissout et l’éditeur, Interplay, en état de coma prolongé. Les deux tentatives de diversification, Fallout Tactics en 2001 et le très mauvais Fallout : Brotherood of Steel en 2004, n’ont pas eu le succès escompté. En clair, il y avait bien peu d’espoir de voir un retour de la franchise sous sa forme originelle.

En 2006, étranglé par les dettes, Interplay vend les droits de cette série à Bethesda Softworks. Le studio, éditeur et développeur, est surtout connu pour sa série de RPG médiéval-fantastique The Elder Scrolls, réussite critique et commerciale. Bethesda décide de se mettre au travail et sort en 2008 Fallout 3, largement inspiré des mécanismes de la série qui a fait le succès du développeur. Le succès auprès de la presse et des joueurs est énorme, mais les anciens fans de Fallout enragent : tout le message idéologique, les choix moraux sont passés à la trappe. Le jeu est bien plus sage que ses aînés. Le scénario n’est lui non plus pas vraiment fameux. Mais si vous voulez mon opinion, cela ne m’étonne pas vraiment : les Elder Scrolls sont superbes au point de vue ambiance et paysages, mais sont très mauvais côté histoire.

Au vu les excellents chiffres de ventes, Bethesda sait que pour réinstaller définitivement la licence, il faudra sortir très vite un nouveau volet. Cependant, le studio interne de l’éditeur est trop occupé à créer le cinquième volet de la série Elder Scrolls, qui sortira en 2011 sous le nom de Skyrim. L’entreprise se tourne donc vers un studio externe, Obsidian Entertainment, pour réaliser le prochain Fallout. Ce geste est bien perçu par les amoureux de la franchise : ce studio est en effet composé de nombreux anciens de Black Isle Studios qui ont travaillé sur les deux premiers volets. Mais alors, qu’est ce que ça a donné ?

Rien ne va plus

Nous sommes en 2281, plus de 200 ans après le 23 octobre 2077, date funeste qui a vu en deux heures l’anéantissement de la quasi-totalité de la population mondiale. Diverses factions se sont constituées parmi les survivants, l’une des plus importantes étant la République de Nouvelle-Californie (RNC). Elle est ce qui se rapproche le plus d’un Etat comme l’on pouvait en connaître avant la guerre nucléaire : frappe de sa propre monnaie, armée constituée, élection d’un président… Elle possède néanmoins de nombreuses parts d’ombre. Elle mène campagne dans les terres désolées du désert du Mojave, autour de ce qui était Las Vegas, pour intégrer ce territoire au sein de la République. Mais elle fait également face à un ennemi dangereux.

République de Nouvelle-Californie

Grande habituée de la licence, la RNC est de la partie

Cet ennemi, c’est la Légion de César, entité qui a uni 81 tribus de l’Est sous la bannière d’un chef, César. Pratiquant le meurtre de masse, l’esclavage, l’asservissement des femmes et le crucifiement, elle cherche également à prendre le Mojave et à détruire la RNC. Elle possède une grande force militaire, fanatisée par ses chefs. Quatre ans auparavant, la RNC a réussi à la repousser lors d’une bataille au barrage Hoover et aujourd’hui, une nouvelle bataille est imminente. Et la balance penche plutôt du côté de la Légion.

Fallout New Vegas

Alors on ne dirait pas comme ça, mais ces gens font peur !

Au milieu de ce jeu de pouvoirs, là où se tenait la ville du pêché, scintillent la nuit les lumières de New Vegas. Sur une portion réduite de l’ancien Strip, des familles font revivre quatre casinos ouvert jours et nuits, un fragment d’opulence dans ces terres désolées. Autour du nouveau Strip, le bidonville de Freeside, Vegas du pauvre où se fréquentent maisons de jeu miteuses et magasins vendant des produits plus ou moins légaux… New Vegas est indépendante, ne prend parti ni pour la RNC, ni pour César. Et le propriétaire d’un des quatre casinos, Monsieur House, qui a posté dans Vegas et Freeside ses Sécuritrons (des robots qui maintiennent la loi, souvent violemment), compte bien que cela reste ainsi.

Fallout New Vegas

Mr House (qui n’est pas Mickey Mouse) a la mainmise sur New Vegas

A travers le Mojave, on trouve de nombreuses tribus et villes indépendantes. Elles se nomment Primm, Novac ou Goodsprings. On peut croiser les Boomers, les Poudriers, les Grands Khans ou les Disciples de l’Apocalypse. Certaines tribus n’ont fait aucune alliance, d’autres penchent pour un camp. Tous ont un œil sur le combat qui s’engage entre la RNC et la Légion, sachant que quelque soit le vainqueur, beaucoup de choses risquent de changer.

Le héros, c’est-à-dire vous, est un courrier qui travaille pour le Mojave Express, une sorte de Poste locale. Vous êtes chargé de livrer un colis sur le Strip de New Vegas. Mais vous êtes intercepté par un individu et ses hommes de main sur la route, près du cimetière de Goodsprings. Après avoir récupéré le colis, l’homme vous tire une balle dans la tête et vous enterre. Cependant, vous êtes sauvé par un Sécuritron du nom de Victor, qui vous emmène voir le docteur de Goodsprings.

Il ne reste plus qu’à récupérer le colis, régler son compte à celui qui vous l’a pris et le livrer. Mais bien sûr, ça va se révéler plus compliqué que prévu.

Quelqu’un de S.P.E.C.I.A.L.

Le système de jeu de Fallout New Vegas reprend dans les grandes lignes celui qui a fait ses preuves depuis le premier Fallout. Lors du réveil du Courrier chez le docteur Mitchell à Goodsprings, une mini-quête va permettre au joueur de configurer son héros, tout d’abord en choisissant son sexe et son apparence. Puis il va falloir répartir les points de compétences dans les statistiques principales. Fallout New Vegas utilise en effet le système dit S.P.E.C.I.A.L., acronyme de Strenght, Perception, Endurence, Charisma, Intelligence, Agility et Luck (en français  Force, Perception, Endurance, Charisme, Intelligence, Agilité et Chance). Vous avez une quarantaine de points à répartir dans ces compétences principales, dix maximum dans chaque. Ces compétences principales vont forger votre style de jeu : Force et Endurance vont faire de votre héros un personnage qui aime faire parler la poudre, Charisme et Intelligence sont plus indiqués si vous voulez tout régler par la diplomatie… Ce qui est important à savoir, c’est que ces compétences ne seront jamais augmentées, sauf en achetant des modules spécifiques, extrêmement rares et chers.

Ceci fait, vous allez devoir répartir d’autres points dans vos compétences. Plus précises que les statistiques principales, elles permettent d’affiner ce que votre personnage sait ou ne sait pas faire. On retrouve dans cette catégorie le Troc, le Discours, les Armes à feu ou à laser, les Sciences et d’autres choses. Chaque compétence peut recevoir jusqu’à cent points, sachant que les points à la création de votre personnage sont déterminés par vos statistiques principales. Vous pouvez choisir jusqu’à trois compétences « majeures » qui reçoivent ainsi des points bonus. Enfin, à chaque fois que vous augmentez de niveau, vous recevez des points à répartir dans ces domaines. Les compétences sont une mécanique essentielle de Fallout New Vegas : les manières de réussir les missions sont nombreuses, les compétences permettent de débloquer l’un ou l’autre des moyens possibles pour la réussite de celles-ci.

Fallout New Vegas

Boum. T’es mort.

Enfin, vous pouvez choisir une aptitude parmi une grande liste. Les aptitudes sont des bonus obtenus pour le joueur, portant sur une catégorie spécifique. Par exemple, « Rechargement rapide » vous permet de recharger votre arme 25 % plus rapidement. « Métabolisme rapide »  vous redonne 20 % de vie en plus quand vous vous soignez. « Nyctalope » octroie des bonus de perception pendant la nuit. « Sanguinaire » fait exploser l’ennemi lorsque vous le tuez. En clair, il y a des bonus pour tout. Vous pouvez en choisir une aptitude supplémentaire toues les deux niveaux ; sachant que vous pouvez progresser jusqu’au niveau 30 dans le jeu de base, vous avez la possibilité de gagner au maximum 15 aptitudes.

Expliqué comme ceci, ça paraît complexe. Mais en cours de jeu, ce système expliqué de telle manière qu’il reste digeste même pour le joueur qui n’est pas habitué des jeux de rôle. Et ce système permet de construire le personnage que l’on souhaite.

Fallout New Vegas

Dans quel pétrin me suis-je fourré ?

Même en plissant les yeux, c’est pas glorieux

On va évacuer tout de suite le point le plus fâcheux de Fallout New Vegas : sa partie technique et graphique. Le jeu utilise une version modifiée du moteur de jeu Gamebryo, utilisée pour The Elder Scrolls IV – Oblivion et Fallout 3. Le problème, c’est que ce moteur avait déjà des problèmes de stabilité lors de la sortie d’Oblivion en 2006. Fallout New Vegas, sorti en 2010, reprend le même moteur avec les mêmes problèmes de stabilité, et surtout assez vieillissant. La technique ne fait pas de miracle  : c’est plutôt moche. La même année, des titres comme Mass Effect 2 ou Red Dead Redeption sont bien plus agréables à l’œil.

Fallout New Vegas

Que fait un T-Rex dans le Mojave ?

A sa sortie, le jeu était bardé de bugs en tout genre. Là aussi, c’est une constante des jeux utilisant le moteur Gamebryo. Heureusement, comme pour tous les jeux de la franchise Elder Scrolls, des fans ont créé un patch non-officiel, réparant un grand nombre de bugs et ajoutant quelques éléments nouveaux. Pour les joueurs PC, je ne peux que vous conseiller l’installation de ce patch, qui vous pouvez trouver traduit en français à cette adresse. D’autre part, le jeu est très ouvert aux mods, n’hésitez pas à en installer pour améliorer certains aspects qui vous déplaisent. Une liste intéressante de mods est proposée sur le forum de Canard PC.

There is no happy ending

Mais s’il est si moche, pourquoi jouer à Fallout New Vegas ? Pour son écriture et son histoire. Elle paraît peut-être très bateau lors du début de votre aventure mais petit à petit, elle révèle toute son ampleur. Dans un sens, ce n’est pas vous le personnage principal du jeu, mais bien le Mojave : chaque recoin, chaque montagne, chaque village a son histoire à raconter, ses quêtes à achever, quelque chose à dire sur les jeux de pouvoir en cours. Vous allez aussi pouvoir, au gré de vos aventures, rencontrer des personnes qui peuvent devenir vos compagnons de route. Outre le fait de vous sentir moins seul, leurs aptitudes peuvent vous être très utiles. Et leurs quêtes secondaires vous ouvrir un peu plus les yeux sur la réalité du Nevada post-apocalyptique.

Lors de vos moments de marche solitaire, je vous conseille très vivement d’activer la radio pour profiter de Radio New Vegas : la petite sélection de musiques des années 1960-70 colle parfaitement avec l’univers désolé et vous permet d’« égayer » votre voyage. Car traverser le désert du Mojave sans un son, si ce n’est le bruit du vent, les grognements de bêtes et les lointains coups de feu, il faut avouer que ça peut mettre franchement mal à l’aise.

En clair, ne vous fiez pas aux graphismes datés et aux éventuels bugs que vous pourrez croiser. Fallout New Vegas est le digne successeur des deux premiers épisodes, un bijou d’écriture comme on en joue trop rarement. Même si vous vous sentez un peu perdu au début, insistez : le jeu est gorgé de contenu et a beaucoup à vous offrir !

NB ; Si l’histoire des jeux Fallout vous intéresse, je ne peux que vous recommander le livre Fallout, les mutations d’une saga, que vous pouvez trouver chez Presse Non-Stop.

Images © 2010 Bethesda Softworks LLC.

Je ne sais pas vous, mais ces dernières semaines nous on un peu fait l’impression d’un Kamoulox géant raté, chez Mandorine. Et la soirée d’hier a plutôt achevé notre moral, déjà pas au beau fixe. Alors, plutôt que d’errer comme des âmes en peine, on a décidé de se rebooster en concoctant une playlist Feel Good collaborative. Et comme on est sympa (si.), on la partage avec vous.

On vous prévient par avance, cette playlist est un maelström de style et d’époques musicales différentes, leur seul point commun étant leur pouvoir de bonne humeur – en tout cas sur notre équipe. Vous trouverez donc, en vrac, du Nina Simone, du David Bowie, les Monty Python, Queen, Bob Dylan, les Beatles, Blur, les Foo Fighters – évidemment, les Beach Boys, les Scissor Sisters, et tout un tas d’autres Prozacs musicaux pour vous aider à surmonter ce lundi un peu morose.

Les bons conseils météo de Paris Hilton

En faisant un point sur ma pile de jeux à jouer, je me suis rendu compte qu’elle dépasse les cinquante titres. Mon défi de l’année va donc être de réduire drastiquement cette liste et, pour joindre l’utile à l’agréable, j’en profite pour livrer mes verdicts ici-même !

Catherine (Atlus & Studio 4°C, 2011)

Vincent Brooks, la trentaine, est en couple depuis cinq ans avec Katherine et cette dernière commence à vouloir réaliser d’importants projets avec lui : habiter ensemble, se marier, agrandir la famille… Mais lui ne sait pas vraiment ce qu’il veut et, au bar Stray Sheep, en compagnie de ses amis, il se pose de nombreuses questions. Un soir, après le départ de ses compagnons, il est abordé par une jeune femme qui l’attire beaucoup, Catherine. L’alcool aidant, il se réveille le lendemain dans son lit avec Catherine à ses côtés. A partir de ce moment, il fait d’horribles cauchemars chaque nuit, des cauchemars dans lesquels il rêve qu’il est à deux doigts de mourir. D’ailleurs, au même moment, de nombreux hommes de son quartier décèdent dans leur sommeil. Coïncidence ?

Catherine (Atlus & Studio 4°C, 2011)

Véritable OVNI dans le monde du jeu vidéo, Catherine est divisé en deux phases. Le jour, on suit Vincent grâce à de splendides cinématiques et des phases de discussions avec d’autres personnages. Il essaie d’en savoir un peu plus sur ces mystérieuses morts et surtout, de savoir ce qu’il veut vraiment dans sa vie : être fidèle à Katherine ou continuer sa tromperie avec Catherine ? Être honnête ou non ? La nuit, on plonge avec Vincent dans ses cauchemars. Transformé en mouton devant escalader une montagne de blocs formant des casses-têtes, il fuit des personnifications de ses angoisses les plus profondes : un monstre portant une robe de mariée, un bébé cherchant à le tuer…

Les questions que posent le jeu sont très adultes et c’est aussi ce qui fait de Catherine un jeu à part, que je vous recommande. Ces thématiques sont rarement abordées dans le jeu vidéo. Par contre, les phases de casse-tête sont vraiment très difficiles. Si vous n’êtes pas familier du genre, ne vous prenez pas la tête : jouez au jeu en mode « facile ». Mais Catherine est à tester au moins par curiosité, ne serait-ce parce qu’il ne ressemble à aucun autre jeu.

Yakuza 4 (SEGA, 2010)

Assez confidentielle jusqu’à aujourd’hui en Occident, la série des Yakuza est l’une des plus connues au Japon, très rentable pour l’éditeur au hérisson. Série débutée sur Playstation 2, les différents volets racontent l’histoire de Kiryū Kazuma, yakuza faisant partie de la famille Tojo, l’une des plus grandes familles mafieuses du Japon. L’action se déroule quasi-exclusivement dans le quartier fictif de Kamurocho, basé sur le vrai quartier chaud tokyoïte de Kabukicho. Si vous n’avez joué à aucun jeu de la licence, rassurez vous : SEGA a inclus des résumés longs et complets des trois premiers titres. La petite subtilité de ce Yakuza 4 c’est que ce n’est plus seulement l’histoire d’un, mais de quatre personnages principaux que vous allez suivre !

Yakuza 4 (SEGA, 2010)

Essayer de définir ce qu’est un jeu Yakuza est assez complexe. Beaucoup pensent que c’est le Grand Theft Auto japonais, or on est très loin de la réalité. Le quartier est en fait assez petit et on le parcourt uniquement à pied. Par contre, il y a énormément de choses à faire : entre les bars, les restaurants, le bowling, les salles d’arcade, les karaokés, le baseball et les autres endroits un peu plus coquins, vous aurez l’embarras du choix pour passer le temps. Kamurocho est également rempli de missions annexes qui se trouvent en se promenant dans le quartier. On risque également à tout moment de se faire alpaguer par de petites frappes à qui l’on va mettre une rouste bien méritée, dans des combats dignes de ceux de Virtua Fighter.

Mais le cœur de Yakuza, c’est son scénario. Truffé de rebondissements toujours plus improbables, il aborde les grands thèmes que l’on retrouve dans les films du genre : honneur, loyauté, sens du devoir, tiraillement entre sa famille mafieuse et ses amitiés. On peut trouver ça légèrement exagéré et très sincèrement, ça l’est parfois. Mais c’est écrit de telle manière qu’on est finalement emporté par l’histoire et qu’on finit par se prendre de passion pour ces héros qui pourtant ne sont pas tous charismatiques.

Avec sa réalisation datée (même pour un jeu de 2010) et son système de jeu finalement très japonais , il m’est difficile de conseiller Yakuza 4 à tout le monde. Mais j’ai adoré ce jeu et si vous êtes curieux, je vous recommande vraiment de tester. Attention toutefois : en France, le jeu n’est sorti qu’en japonais sous-titré anglais !

Wolfenstein : The New Order (MachineGames/Bethesda, 2014)

Série mythique du jeu vidéo (son troisième épisode, Wolfenstein 3D sorti en 1992, est l’un des premiers jeux de tir à la première personne de l’histoire), Wolfenstein avait perdu de sa superbe depuis l’épisode de 2009. Le studio MachineGames devait relancer la licence qui avait été éclipsée par les Medal of Honor, Battlefield et autres Call of Duty et a choisi l’uchronie pour se démarquer de ses rivaux.

Wolfenstein : The New Order (MachineGames/Bethesda, 2014)

En 1946, alors que la Seconde Guerre Mondiale bat encore son plein, un groupe de soldats alliés mené par l’américain B.J. Blazkowicz prend d’assaut le repaire du général nazi Wilhelm Strasse, savant fou et « médecin » aux pratiques ignobles. Sauf que l’attaque tourne très mal, le groupe est décimé et Blazkowicz se retrouve dans le coma, puis dans un état végétatif. Il est recueilli dans un asile polonais dans lequel il reste jusqu’en 1960 où il échappe avec Anya Oliwa, infirmière dans l’asile, à une expédition punitive d’un groupe de soldats nazis. Car en 1960, ce sont les nazis qui règnent en maîtres après leur victoire dans la Seconde Guerre mondiale. B.J. et Anya vont alors essayer de rejoindre la Résistance et de faire tomber l’ordre fasciste.

Je vais être totalement honnête : le scénario est plus que secondaire dans The New Order, voire un peu con. Il sert à tuer du nazi par paquets de dix dans des environnements divers et variés. Le jeu lui-même est ultra-classique dans ses mécanismes et dans son développement. Mais il le fait bien. C’est un bon jeu de tir à l’ancienne qui fait très bien le job, propose même quelques moments de bravoure et d’humour. L’humour, vous en aurez besoin car certaines situations mettent mal à l’aise, MachineGames n’ayant pas lésiné sur le gore. Par contre, l’environnement rétro-futuriste du jeu est vraiment intéressant et certains niveaux du jeu sont tout bonnement excellents, notamment celui sur la Lune !

Ah oui, en 1960, les nazis avaient déjà marché sur le Lune.

Remember Me (Dontnod/Capcom, 2013)

Premier jeu du studio français Dontnod, Remember Me devait être au début une exclusivité Sony pour la Playstation 3, nommée Adrift, mais l’éditeur nippon l’a finalement annulé en 2011. Un autre éditeur japonais, Capcom, décide de récupérer le jeu qui sort deux ans plus tard sous le titre Remember Me. Ce qui m’a donné envie de le tester, c’est de savoir qu‘au scénario et à la conception de l’univers du jeu, on trouve Alain Damasio (cofondateur de Dontnod) puis Stéphane Beauverger, deux écrivains francophones de science-fiction de talent. Si vous n’avez jamais entendu parler d’Alain Damasio, lisez La Horde du Contrevent, c’est un livre essentiel. Si vous ne connaissez pas Stéphane Beauverger, lisez Le Déchronologue, c’est un chef d’oeuvre.

Remember Me (Dontnod/Capcom, 2013)

Remember Me est un jeu d’action/aventure qui se déroule en 2084 à Néo-Paris, reconstruction d’une Paris dévastée après une guerre. Quelques années auparavant, la société Memorize a créé  le Sensen, un dispositif permettant aux utilisateurs de télécharger et de partager ses souvenirs sur Internet, tout en offrant la possibilité d’oublier les souvenirs les plus désagréables, les plus douloureux. Avec près de 99% de la population utilisant le Sensen, Memorize est de facto le vrai tenant du pouvoir, se substituant aux gouvernements trop faibles d’après-guerre. Cependant, un groupe de personnes nommé Erroristes n’accepte pas cet état de fait et cherche à renverser la multinationale. L’héroïne, Nilin, est une chasseuse de souvenirs : elle peut voler des souvenirs d’autres personnes ou même les trafiquer.

Comme j’ai voulu l’aimer, ce jeu ! Le scénario de départ est intéressant ; l’univers créé par Damasio et Beauverger vaste, fouillé et crédible ; la musique d’Olivier Derivière sublime. Le jeu a également un concept original : à l’aide de «Pressen », que le joueur débloque au fur et à mesure de l’aventure, on peut créer des combos de coups personnalisés et ainsi choisir son style de jeu. Mais tous ces bons points sont mis à mal par des environnements étriqués et répétitifs et par un point fondamental : l’histoire ne décolle jamais vraiment et alors qu’on aimerait prendre faits et causes pour Nilin, on n’arrive jamais à s’impliquer et un sentiment de lassitude apparaît assez vite.

C’est vraiment dommage car Remember Me avait tout pour être un très bon jeu. Il est malheureusement simplement moyen, même s’il laisse beaucoup d’espoir pour la suite des aventures de Dontnod.

Super Mario Maker (Nintendo, 2015)

La nouvelle est tombée récemment : Nintendo a arrêté la production de sa Wii U au Japon, ce qui signifie la mort prochaine de la console. Avec ses 13 millions d’unités vendues en quatre ans, il s’agit du plus gros échec dans l’histoire du constructeur nippon. Avec son concept de manette-tablette, elle n’a jamais vraiment convaincu les consommateurs et Nintendo n’a jamais réussi à communiquer convenablement dessus. L’entreprise a désormais les yeux tournés vers sa nouvelle console, la Switch, qui sort le mois prochain. Néanmoins, la carrière de la Wii U a été nourrie par quelques excellents jeux qui méritent d’être mentionnés !

Super Mario Maker (Nintendo, 2015)

Mais en vérité, Super Mario Maker n’est pas vraiment un jeu : c’est plutôt un énorme outil offert aux joueurs. C’est bien simple : il s’agit d’un créateur de niveaux de Super Mario. Les possibilités sont immenses car le nombre d’éléments à disposition du concepteur de niveaux en herbe est conséquent. Quatre « ambiances » sont d’ailleurs proposés : Super Mario Bros (1985), Super Mario Bros 3 (1988), Super Mario World  (1990) et New Super Mario Bros U (2012). Il faut souligner que l’interface de créateur est assez ergonomique, ce qui permet de créer des niveaux assez rapidement.

Mais que faire si, comme moi, on a la créativité un peu limitée ? On se plonge dans les niveaux que les autres ont créés ! Dans le mode « Défi des 10 Mario », le joueur a dix vies pour réussir dix niveaux proposés par les développeurs. Le mode « Défi des 100 Mario » propose lui cent vies pour réussir huit mondes imaginés par d’autres utilisateurs. Et je peux vous garantir que certaines œuvres sont particulièrement retorses ! De quoi dépoussiérer un peu le jeu de plateforme Mario classique.

Si vous aimez les Mario à l’ancienne, il n’y a aucune raison pour vous de ne pas essayer ! Pour les nomades, une version pour 3DS est également sortie l’année dernière.

Cet article a été publié pour la première fois le 14 février 2012, mais il est toujours d’actualité – comme quoi, rien ne change en ce bas Monde.

En cet équateur presque parfait du mois de février (presque, puisque même si je doute qu’il fallut vous expliquer, public sagace, en cette année Olympique et Paralympique, le mois compte 29 jours) va se manifester, une fois de plus, un saint dont la célébration va apporter son taux de cartes mièvres, de bouquet de végétaux décédés, de glycémie sirupeuse et de TVA dans la restauration. Ce salopard a pour nom Valentin.

 

Martyr à l’arc

Comme tout bon saint qui se respecte, ce brave Valentin a subi les pires outrages (rétrospectivement on peut dire qu’il l’aura bien mérité) au cours de sa courte vie de rebelle chrétien. Oui, c’est vrai, ça fait bizarre pour qui voit le Pape aujourd’hui, les rebelles d’un jour sont souvent les régnants de demain, méditez bien ce moment de philo gratuite. On peut même parler de braves d’ailleurs, puisqu’il semblerait que ces bougres soient plusieurs. En effet selon Wikipédia, notre déontologie journalistique n’allant pas plus loin que celle de n’importe quel pigiste de site d’infos, il y aurait eu plusieurs personnages répondant à ce doux nom. Une seule constante, leur statut de martyr. En même temps, avec un prénom comme ça, on est en quelque sorte prédestiné à l’être, et ce dès l’école primaire. Un peu comme Adolf ou Clitorine.

Aujourd’hui cette fête représente l’amour courtois et chaste. Issue du romantisme du 19e siècle, passée à la moulinette anglo-saxonne et remise sur le devant de la scène par les sociétés commerciales toujours en recherche de moments où nous fourguer ses différents produits, le 14 février est devenu un moment aussi horripilant que la fête des grand-mères, aussi lourdingue que Noël et aussi intrusif qu’Halloween, un sacré exploit. Entre les solitaires qui se sentent à l’écart et les duos qui se sentent obligés, on est loin de l’idée d’une fête. Et pourtant, si on remonte aux origines, on pourrait être en présence d’un sacré moment de rigolade devant lequel une partie de Hurling ressemblerait à une partie de bridge. En effet, issue des temps païens, et soigneusement formatée par une église devenue au fil des siècles fort scrupuleuse (sinon voyez les sculptures plutôt osées de l’époque romane), toute célébration moderne est un avatar light de ce que faisaient nos ancêtres barbares. Sacrifices de vierges, abattage d’animaux et transes nus sous la lune, c’était le bon temps.

 

La fête Rome Antique

Pour saint valentin Mandorine vous offre un cœur.

La moitié du mois de février correspondait donc à une célébration délicate du nom de Lupercales. Temps de la fertilité chez les grecs, puis les romains, on était loin de la carte musicale avec un chiot et un cœur (culcul dans tous les cas sauf si ladite carte montre ces éléments dans l’autre sens et au premier degré). Certains disaient que les jeunes amoureux de l’époque se dessinaient leur noms sur les urnes (sans B). Trop léger pour nos ancêtres, il semblerait plutôt que ces festivités impliquassent des chèvres écharpées, du vin, des prêtres, des hommes nus et un cache-cache avec des jeunes filles en fleur. Voilà qui est mieux. En même temps avec une fête en l’honneur de Junon, déesse de la fertilité, et surtout de Pan, satyre en chef, pouvait-il en être autrement? Au final on a perdu une bonne vieille tradition plus Marc Dorcel que Jane Austen de mecs en rut touchant les femmes avec un morceau de peau de bouc sanguinolent et s’adonnant à des vices divers dans les ruelles. Dommage.

 

A la Saint Valentin, je te caresse les… mains

Une carte de saint valentin nouvelle génération

Le Moyen-Âge, l’Église et l’amour courtois étant passé par là, on est passés d’une fête sexuelle digne des backstages de Led Zep’ à un truc aussi excitant que les thés dansants, avec billets doux, chocolats pleins de sucre et d’huile de palme et bouquets garnis. Pourquoi ? Comment ? A vrai dire difficile de l’expliquer. En s’appuyant sur les chiffres très sérieux du FUCK (Fond Universitaire sur les Couples du Kansas, organisme dont le sérieux et l’authenticité n’est plus à démontrer), les conclusions sont catégoriques : la Saint Valentin c’est comme TF1, tout le monde trouve ça nul, mais tout le monde y participe. Le 14 février c’est donc la curée pour restaurateurs, des fabricants de cartes mignonnes et des fleuristes, qui en profitent pour fourguer menus et créations à un prix si excessif que le chiffre d’affaire dégagé servirait aisément à rembourser la dette de la Grèce. Par contre pour les premiers intéressés, les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, c’est la soupe à la grimace : lieux bondés, vague malaise due à une sensation de conformisme moutonneux à se retrouver dans une salle au nombre de couverts multiples de deux, regard en coin pour savoir si on a l’air d’autant s’emmerder que ceux d’en face. Au final, la finalité lubrique des origines, qui quoi qu’on en dise demeurait encore dans l’esprit des célébrants, et vite éclipsée après une note qui donne plus envie de faire la moue façon Lana del Rey que l’amour façon Marvin Gaye.

 

Amplexus-moi

Cröama-sutra

Mais alors, concrètement, où se niche l’amour à la Saint Valentin, pourquoi l’équateur du mois de février a-t-il toujours et pour bien des civilisations, été associé à la procréation? Nos anciens pensaient que la saison était celle de l’accouplement des oiseaux (en plus de la leur), ce qui comme tout le monde le sait est faux. Par contre le mois de février est la période où d’autres êtres tout aussi fascinants se laissent aller au stupre et à la fornication : les amphibiens, c’est à dire les grenouilles et autres salamandres. Mais voyons, me direz vous, ces animaux ont le sang froid, ils ne peuvent en aucun cas s’ébattre à cette période où la bise aurait tôt fait de les transformer en frog on the rocks ? Et pourtant c’est à partir des premiers jours de redoux après les grands frimas de janvier que nos amis batraciens sortent vaillamment faire leur boulot de pérennisation de l’espèce. Dès les premières pluies, une fois le soleil couché et par quelques degrés au thermomètre, les voici par centaines, grenouilles agiles, crapauds communs et salamandres tachetées, à courir la campagne, le besoin impérieux de copuler supplantant sans mal le fond de l’air si frais. Ce sont alors des scènes digne des Lupercales, le moindre étang qui n’a pas encore été comblé par le puissant lobby anti-moustique faisant office de gigantesque lupanar où l’on assiste à la danse sexuelle des tritons ridiculisant la lambada, où se forment des amplexus orgiaques où l’on se laisse aller à deux, trois, quinze. Certes, de romantisme il n’y a point, sauf si l’on considère le summum de la classe d’agripper sa compagne, d’arroser les œufs qui en sortent de sa semence et d’abandonner le tout sans autre forme de procès (tout est question de point de vue). Mais au final c’est ça le fascinant cycle de la nature. Moins spectaculaire qu’un orque dévorant une otarie comme on avale une olive, mais tout aussi efficace.

Alors si ce soir il bruine, que vous n’avez pas envie de vous coller une soirée sinistre d’obligation sociétale, faites cette proposition à votre valentin/e/ami/e/chèvre : laissez de côté le restau, faites des économies, ne prenez pas de voiture, machine à transformer les grenouilles en porridge, mettez bottes et ciré et allez faire un tour avec une lampe de poche, peut-être que de voir la vigueur de vos cousins à la peau muqueuse en exposant vos toutes fraîches connaissances vous donnera des idées lubriques, et tout le monde aura gagné sa soirée. Conseil d’ami.

Mise à jour du samedi 11 février 2017 : c’est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons aujourd’hui le décès de Jirô Taniguchi, à 69 ans. Plutôt que de vous proposer une rétrospective morbide de sa carrière, nous préférons vous proposer de relire nos chroniques émerveillées de son œuvre. Celle-ci se penche sur Quartier Lointain, mais vous pouvez également lire notre chronique du Journal de mon père ci-après. Salut, l’artiste.

Cet article a été publié pour la première fois le 6 août 2009.

Jirô Taniguchi

Hiroshi Nakatana est un salaryman terne et sans perspectives. Un jour, il prend un train pour rejoindre sa femme et ses deux filles à Tokyo après un repas d’affaires bien arrosé et se trompe de destination. Le wagon le conduit vers Kurayoshi, sa ville natale. Il n’y est pas revenu depuis plusieurs années. Avant de rentrer à Tokyo, il erre dans la ville, laissant ses pas le guider vers la rue de son enfance, puis vers le temple où repose sa mère, décédée 23 ans plus tôt. Son recueillement le plonge dans un profond questionnement sur sa vie, les souvenirs de son enfance remontent, notamment celui du départ brutal de son père, l’été de ses 14 ans. Lorsqu’il rouvre les yeux, il ressent un changement en lui, inexplicable.

 

« Mon corps ! Il était plus léger ! J’ai perdu l’équilibre et me suis retrouvé par terre. Qu’est-ce que je fiche avec un uniforme d’écolier ? Et des baskets. ? Hein ? C’est. C’est absurde ! J’avais l’impression d’avoir maigri. J’étais plus petit, aussi. Je rêve ou quoi ? »

En un instant, Hiroshi retrouve l’été de ses 14 ans. Retour dans le passé ou rêve éveillé ? Le secret ne sera pas dévoilé mais là n’est pas l’important. La nostalgie reprend ses droits, tout est exactement comme dans l’enfance du héros. Hiroshi revit avec bonheur ses quatorze ans : il se découvre un intérêt pour les mathématiques (!), qu’il voit comme un jeu, pour le sport –retrouver la vigueur de sa jeunesse lui fait pousser des ailes-, et observe son entourage avec un intérêt accru. Il conserve malheureusement son penchant pour l’alcool, ce qui lui cause quelques soucis.

« Du haut de mes 48 ans, j’éprouve une joie toute simple à retrouver les bancs de l’école, à réapprendre », « Je revivais mes 14 ans et découvrais à quel point ils avaient été précieux… Je savourais ces instants de bonheur. »

L’intérêt du récit se trouve dans le fait qu’Hiroshi sait d’avance ce qu’il va advenir des personnages. Quand sa sœur affirme qu’elle sera hôtesse de l’air, il sait déjà qu’elle ne réalisera pas son rêve et sera femme au foyer. Il sait aussi que son ami Daisuké deviendra un écrivain reconnu. Il sait enfin que, cette année là, son père quittera le domicile conjugal, sans laisser d’explications. Il se doute bien que ce retour vers ses quatorze ans n’est pas innocent : il est revenu spécifiquement à l’été qui précède cette disparition. Plusieurs questions se posent alors à lui : doit-il modifier son passé ? Les amourettes d’adolescent sont-elles permises à un homme marié ? Et surtout : peut-il (doit-il) empêcher le départ de son père ? En modifiant son passé, ne va-t-il pas aussi changer son avenir ? Quel poids avons-nous sur le cours de nos vies ? En parallèle de ces questionnements, Hiroshi observe sa vie d’adulte, son absence auprès de son épouse et de ses filles, sa manière de reproduire le schéma tracé par son propre père. Taniguchi nous entraîne dans un scénario dont on croit connaître le dénouement mais qui étonne souvent par ses rebondissements.

La grande qualité de Quartier lointain repose ainsi sur la narration de Taniguchi. Le lecteur sait que le récit va le mener inexorablement vers le départ abrupt du père d’Hiroshi, mais tout le talent du mangaka est d’intégrer de petits imprévus dans son récit. Hiroshi pense qu’il va revivre cette période exactement de la même manière qu’il l’a vécue 34 ans auparavant, mais il se trouve surpris par quelques changements, certes mineurs, mais qui l’intriguent beaucoup. De plus, le récit en parallèle de sa vie d’adulte ajoute de l’épaisseur à l’histoire et fait écho aux choix du père d’Hiroshi. La maîtrise de Taniguchi se situe dans sa capacité à créer du sentiment et de l’ambiance même dans les scènes les plus banales, son découpage est habile et rien n’est superflu.

On qualifie souvent de figé le trait de Taniguchi. Son dessin se situe certes bien loin des scènes chargées en mouvement du shônen mais il s’adapte parfaitement à sa manière de conter son histoire. Son trait est fin et épuré, ce qui lui évite de surcharger le récit d’effets inutiles. De plus, Taniguchi atteint l’excellence lors des représentations de paysages.

Quartier lointain de Jirô TaniguchiQuartier lointain serait, à mon sens, à réserver aux plus âgés. Même si des adolescents peuvent trouver de l’intérêt dans cette histoire, elle fera écho dans l’esprit des adultes : souvenirs, regrets, réflexions sur la vie et sur la famille, suivies d’une fin prévisible mais paradoxalement surprenante.

Quartier lointain a remporté au festival d’Angoulême 2003 l’Alph Art du meilleur scénario. Il a aussi obtenu le « prix Canal Bd des libraires spécialisés ».

Jirô Taniguchi vient de sortir aux éditions Casterman Un Zoo en Hiver, où il raconte ses souvenirs de jeunesse et son parcours d’auteur.

Voici venue, non pas le temps des rires et des chants, mais la deuxième partie de notre série consacrée à la naissance de la télévision privée en France. Ce deuxième épisode raconte l’histoire de la première chaîne à occuper le cinquième réseau hertzien : la Cinq. Avant de commencer, si vous n’avez pas lu le premier épisode consacré à la privatisation de TF1, il vous est fortement conseillé de vous y plonger car il fait office d’introduction générale à cette série.

Logo de la chaîne La Cinq

Admirez cette utilisation de la 3D !

Il Cavaliere qui surgit hors de la nuit

En 1985, le président de la République, François Mitterrand, annonce la création de deux nouvelles chaînes de télévision privées qui commenceront à émettre avant les élections législatives de 1986. L’une de ces chaînes, qui occupera la cinquième réseau, sera à vocation généraliste. Celle qui prendra place sur le sixième canal aura une vocation musicale, plutôt pour les jeunes. Très vite, le projet de cinquième chaîne généraliste attire beaucoup de compagnies intéressées, notamment la Compagnie Luxembourgeoise de Télévision (CLT, dont on reparlera plus tard). Mais François Mitterrand prévoit de la confier sans appel d’offres à l’un de ses très proches amis, Jean Riboud, président de la Compagnie des Compteurs Schlumberger. Ce dernier a déjà souhaité, mais sans succès, racheter la chaîne Canal Plus.

Cependant, Riboud est déjà très malade et souhaite donc trouver très rapidement des partenaires pour créer cette nouvelle chaîne. Il va tout d’abord faire alliance avec quelqu’un qu’il connaît bien, car il l’a déjà licencié : Jérôme Seydoux. Actuel président de Pathé et grand-père de l’actrice Léa Seydoux, il est, au moment de cette histoire, le PDG du groupe Chargeurs, conglomérat réunissant de nombreuses entreprises, notamment dans le transport maritime et aérien. Jean Riboud cherche un troisième partenaire et Mitterrand lui souffle un nom qui lui a été recommandé par son ami Bettino Craxi, président du Conseil italien : Silvio Berlusconi, surnommé Il Cavaliere.

Silvio Berlusconi

Il Cavaliere est intéressé pour faire des affaires (pas judiciaires) en France

A cette époque, Berlusconi n’a pas encore d’expérience politique mais il est un homme d’affaires de tout premier plan en Italie : avec son groupe Fininvest, il possède le plus grand groupe de télévision italien (Mediaset, à qui appartient Canale 5, la chaîne transalpine la plus regardée), le plus grand éditeur du pays (Mondadori) et de nombreux investissements dans le bâtiment. Il est également propriétaire d’un important catalogue de séries et de films américains qu’il vend aux chaînes de télévision à travers toute l’Europe. Cependant, l’homme a déjà une réputation sulfureuse : quelques affaires judiciaires parlent déjà de lui et surtout, on l’accuse d’avoir conduit le cinéma italien à sa perte à cause de la concurrence féroce de ses chaînes de télé. Malgré tout, Riboud le prend comme associé pour la création de la cinquième chaîne française.

Fin octobre 1985, Jean Riboud décède et François Mitterrand s’impatiente : les deux nouvelles chaines privées doivent émettre avant mars 1986. Le président va donc ordonner à Georges Fillioud, le ministre de la communication, de finaliser l’accord avec Jérôme Seydoux et Silvio Berlusconi. C’est une situation complexe car le ministre déteste l’Italien, au même titre que Jack Lang, ministre de la Culture. Mais les négociations débouchent sur une convention extrêmement favorable au duo, notamment sur le nombre de coupures publicitaires. Le seul problème, c’est que le réseau d’émetteurs octroyé ne permet de toucher que petite partie de la population, moins de 50 %.

Naissance dans la douleur

Au cours du mois de novembre 1985, la société France Cinq est officiellement créée avec comme actionnaires principaux le groupe Chargeurs de Jérôme Seydoux (qui sera l’opérateur de la chaîne), le groupe Fininvest de Silvio Berlusconi et le fils de Jean Riboud, Christophe. Le gouvernement l’annonce ; commence alors une tempête médiatique et politique. Plusieurs points déchaînent les critiques, dont le fait qu’il y ait eu aucun concours entre plusieurs candidats, l’attribution est perçue comme le fait du président Mitterrand. Jacques Rigaud, qui était à cette époque président de la radio RTL et administrateur de la CLT, mène campagne pour casser cette attribution. La droite est furieuse qu’il n’y ait eu aucune compétition. La personnalité de Berlusconi hérisse la Gauche et les milieux culturels français, Jack Lang pensant même à ce moment donner sa démission.

A Paris, une bataille va s’ouvrir entre le gouvernement et le maire de Paris, Jacques Chirac, pour l’installation d’émetteurs relayant la cinquième chaîne sur la Tour Eiffel. Or, pour pouvoir installer ces nouveaux émetteurs, les techniciens de Télédiffusion de France (TDF) doivent avoir une autorisation de la mairie de Paris qui la refuse, officiellement pour des raisons de sécurité. Cependant, un amendement déposé par le gouvernement et adopté par l’Assemblée autorise l’installation des équipements par TDF. Jacques Chirac est furieux et promet que cet épisode laissera des traces.

Au cours du même mois, une grande conférence de presse est organisée par Jérôme Seydoux et Silvio Berlusconi afin de présenter ce qui s’appellerait bientôt La Cinq. L’objectif est aussi de présenter l’Italien sous un jour plus positif que la réputation qui le précède. Il y parvient assez bien car il faut avouer que, bien coaché et avec un charisme assez important, Berlusconi arrive à retourner les opinions. Il va d’ailleurs prononcer une phrase qui va marquer les esprits :

La télévision à laquelle nous commençons à penser, ce n’est pas une télévision Coca-Cola, ce n’est pas une télévision spaghetti. Ce serait plutôt une télévision beaujolais. Champagne le samedi !

Le jeudi 20 février 1986, en première partie de soirée, La Cinq commence à diffuser sur son réseau réduit d’émetteurs, utilisant les moyens techniques de Mediaset et l’important catalogue de séries américaines et japonaises de Berlusconi. La première chaîne privée généraliste nationale vient donc de naître, on peut donc penser que le plus dur est fait.

L’alliance de la peste et du choléra

Sauf que tout ce petit édifice est remis en cause par la victoire de la Droite lors des élections législatives de mars 1986. Le nouveau Premier ministre n’est autre que Jacques Chirac, maire de Paris. Ce dernier n’a pas oublié l’épisode de l’amendement Tour Eiffel et les conditions douteuses de l’attribution des deux nouveaux réseaux de télévision par la gauche. A peine arrivé au pouvoir, il applique le programme commun de la droite en matière d’audiovisuel : privatisation d’une chaîne publique (TF1, en l’occurrence) et annulation des autorisations d’émettre pour La Cinq et TV6. Un nouvel appel d’offres est émis par la Commission Nationale de la Communication et des Libertés (CNCL, ancêtre du CSA, instauré par le gouvernement Chirac), mais La Cinq est autorisée à continuer ses émissions pour éviter l’écran noir.

Dans cette compétition arrive un homme d’affaires influent dans le monde des médias à cette époque : il s’appelle Robert Hersant. Surnommé le « papyvore », il est à la tête d’un très grand groupe de presse qui se compose, entre autres, du Figaro, de France Soir, du Dauphiné Libéré, de la Voix du Nord Il est un soutien solide du RPR et possède un passé trouble de collaborateur pendant la Seconde Guerre Mondiale, à tel point que Le Canard Enchaîné le surnomme alors « Herr Sant ». L’arrivée de Jacques Chirac au pouvoir lui ouvre des perspectives de développement dans la télévision.

Robert Hersant

L’annulation des concessions est une aubaine pour Robert Hersant

Hersant, poussé en ce sens par le Premier ministre et ses collaborateurs, va entamer des négociations avec Berlusconi et Seydoux afin de devenir actionnaire majoritaire et opérateur de La Cinq. Il va également se doter de studios de télévision ultra-modernes afin d’ouvrir une rédaction journalistique dans la nouvelle Cinq. Le 23 février 1987, après une audition à la CNCL, le trio Hersant-Berlusconi-Seydoux se voit attribuer le cinquième réseau face au projet de l’homme d’affaires Jimmy Goldsmith. Les programmes de la Cinq vont alors subir quelques modifications.

Robert Hersant installe donc une rédaction importante et performante pour l’époque avec certains journalistes qui ne sont pas inconnus du grand public : Jean-Claude Bourret, Béatrice Schönberg, Guillaume Durand, Gilles Schneider, Marie-Laure Augry, Jean-Marc Morandini…  Mais la privatisation en cours de TF1 va surtout inciter Berlusconi à proposer à ses deux associés une stratégie agressive : débaucher à prix d’or les plus grandes stars de la Une pour les rapatrier sur La Cinq, afin que le public les suive et que les résultats de la chaîne franco-italienne décollent définitivement. En cette année 1987, Silvio et Robert vont successivement attirer à coup de gros chèques Patrick Sabatier (la grande star de l’époque), Stéphane Collaro, Patrick Sébastien, mais aussi Philippe Bouvard et Thierry Ardisson. Non seulement ces présentateurs sont grassement payés, mais ils vont aussi avoir la responsabilité de la production de leurs émissions, chose nouvelle dans le PAF. La Cinq met également le paquet sur sa communication en lançant une campagne de publicité massive, présentant les nouvelles recrues et affichant le nouveau slogan : « Cinq you la Cinq ! ». Tout est prêt pour partir au sommet des audiences.

Annulation du décollage

Sauf qu’au lieu du succès annoncé, au lieu des audiences confortables et de la manne publicitaire qui devait en découler, les nouvelles émissions se cassent la figure et sont des gouffres financiers. L’effet « stars » ne joue pas, la Cinq enchaîne échecs sur échecs. L’une des explications est que, ne disposant que de peu d’émetteurs, elle n’est regardable que par moins de la moitié de la population. Or, il faut beaucoup d’audience pour engranger des recettes publicitaires suffisantes pour amortir les coûts faramineux des salaires et de la production de ces émissions. D’autres observateurs mettent aussi en doute la qualité des émissions proposées. En tout cas, dès la fin 1987, la plupart des animateurs s’en vont de La Cinq et retournent chez TF1 qui les accueille à bras ouverts.

1988 sera une année très compliquée : pour remplir la grille des programmes, la chaîne va diffuser et multi-diffuser les séries américaines du catalogue de Berlusconi. Elles permettent de faire des audiences correctes mais pas d’attirer la publicité. C’est aussi à ce moment que de forts conflits apparaissent entre les actionnaires principaux de La Cinq. Silvio Berlusconi reproche à Robert Hersant de se concentrer sur l’information qui coûte très cher et ne rapporte pratiquement pas de revenus. De son côté, le papyvore trouve que l’Italien vend son catalogue de programmes à un prix beaucoup trop élevé. Pendant ce temps, les dettes s’accumulent : 1 milliard de francs…

Le combat des chefs

En septembre 1989, l’hostilité entre les deux actionnaires principaux est à son comble. En secret, Silvio Berlusconi essaie de se débarrasser de son encombrant partenaire. Il convainc Jérôme Seydoux, resté actionnaire minoritaire, de s’allier à lui. Le duo va essayer d’acheter en sous-main des actions de La Cinq et de mettre Hersant en minorité lors du prochain conseil d’administration afin qu’il quitte le poste de président de la chaîne. Seydoux prendrait cette place mais Berlusconi posséderait le contrôle principal.

Hersant  et Berlusconi

Le torchon brule entre ces deux là.

Ce plan est parfait. Mais Robert Hersant et le directeur général de la chaîne, Philippe Ramond, ont vent de la manœuvre. Le magnat des médias décale alors le conseil d’administration et réussit à retourner le coup en sa faveur. Résultat : le groupe Hersant renforce son contrôle au détriment de Fininvest et de Chargeurs.  Cette histoire va se finir au tribunal de commerce où chacun va accuser l’autre de tous les maux. Au final, c’est bien le papyvore qui gagne le combat. Pendant ce temps, les dettes de La Cinq se creusent de jour en jour.

Revoilà Hachette

Début 1990, au vu de la situation catastrophique de l’entreprise qui risque de le ruiner, Robert Hersant décide de se retirer du jeu. Sauf qu’il doit trouver quelqu’un prêt à racheter ses parts pour éviter la la liquidation ; le cas échéant, le groupe Hersant, en tant qu’actionnaire principal et opérateur, devra payer les dettes. Robert Hersant va donc se mettre en quête d’un acheteur et le trouver, en la personne de Jean-Luc Lagardère.

Jean Luc Lagardère

Il est de retour dans notre histoire.

Le patron d’Hachette, qui a échoué face à Bouygues lors de la privatisation de TF1, souhaite toujours posséder une chaîne de télévision. Hersant va le contacter d’abord en tant qu’intermédiaire : il est chargé de vendre les parts de Jérôme Seydoux, sur le départ après l’échec du putsch. Sauf que, comme le dit le directeur général d’Hachette, Yves Sabouret :

On ne rentre pas minoritaire dans La Cinq pour rester minoritaire.

En effet, Hersant fait part à Lagardère de son envie de partir et de laisser les commandes. Même si la loi française interdit à toute entreprise de dépasser les 25% du capital total, Hachette et Hersant vont s’entendre pour que le groupe de Lagardère rachète en secret les parts du second. En échange, Hachette deviendrait opérateur de la chaîne et aurait les coudées franches pour modeler à sa guise l’antenne. De leur côté, Seydoux et Hersant se désengageraient de La Cinq sans avoir à répondre de la dette de l’entreprise : tout le monde est content.

Capital de La Cinq, première participation d'Hachette

Après la première participation d’Hachette, le capital de La Cinq se compose ainsi

Enfin, presque tout le monde. Oublié de ce beau petit montage, Silvio Berlusconi n’est pas content que les anciens actionnaires partent sans dommage de la chaîne et de se retrouver devant le fait accompli. Il fait du chantage : si Hachette ne lui rachète pas une part importante de ses avoirs dans l’entreprise, il s’en ira chez TF1 avec son catalogue de programmes, la chaîne du groupe Bouygues faisant tout pour l’attirer. S’il s’en va, le plan capote et ce serait la fin de La Cinq. Hachette doit donc céder et s’arranger financièrement avec l’Italien, qui reste. Alors même que Lagardère n’est pas opérateur, son aventure télévisuelle lui coûte cher.

« Sauver La Cinq 

Les manœuvres d’Hachette ne restent pas secrètes très longtemps et beaucoup d’acteurs du monde de la télévision s’inquiètent. Beaucoup considèrent que le groupe  va droit dans le mur avec cette chaîne dont les dettes approchent les deux milliards de francs. Certains essaient de dissuader Jean-Luc Lagardère, comme Jacques Rigaud, l’administrateur de la CLT et ami de Lagardère :

Vous êtes fous ! Vous allez vous planter !

Mais après tout, Hachette tient vraiment à cette acquisition et l’opération évite au groupe Hersant de se retrouver en faillite. Ne reste plus qu’à passer une audition devant le successeur de la CNCL, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) : c’est obligatoire une chaîne change d’opérateur. Cette audition se déroule le 23 octobre 1990 et Jean-Luc Lagardère prononce une phrase qui restera dans les mémoires :

Moi, je dis qu’Hachette et ses associés vont sauver La Cinq !

Et il faut avouer qu’Hachette met les moyens pour essayer de relancer la machine. Dès avril 1991, un logo et une nouvelle identité visuelle, créés par Jean-Paul Goude, sont mis en place ainsi qu’une vingtaine de nouveaux programmes censés rebooster l’audience, tout en réduisant un peu la place de l’information. Le groupe de médias y croit.

Mais ces nouveaux programmes s’arrêtent très vite : au bout de quelques mois, quelques semaines, voire quelques jours pour certains. Seul le jeu Que le meilleur gagne présenté par Nagui, la Formule 1, les journaux et quelques séries comme Twin Peaks attirent les téléspectateurs. Pour le reste, c’est une catastrophe. Non seulement La Cinq n’attire pas de nouveaux fidèles mais les anciens sont perturbés par ces changements et l’audience de la chaîne stagne, laissant les déficits se creuser.

La lutte finale

En décembre 1991, devant la situation financière désespérée, Hachette prend des mesures et décrète un plan de licenciement très important : 576 employés doivent quitter la chaîne, pratiquement les trois quarts des effectifs. La nouvelle est annoncée aux téléspectateurs le 17 décembre lors du journal du soir par Béatrice Schönberg et Gilles Schneider. Le plan ne passe finalement pas et le 31 décembre 1991, La Cinq dépose le bilan au tribunal de commerce de Paris.

Le début de l’année 1992 voit plusieurs tentatives pour sauver la chaîne. Les équipes de l’entreprise vont créér l’Association de défense de La Cinq, qui permet de récupérer des promesses de dons de la part de particuliers. L’association de défense aura un certain succès, mais les sommes ainsi récoltées ne sont pas suffisantes. Le pouvoir en place essaie alors d’organiser un mariage entre le cinquième réseau et M6, puis TF1. Ces derniers refusent : ce n’est aucunement dans leur intérêt.

C’est à ce moment que Silvio Berlusconi revient pour un dernier tour de piste. Il se propose de reprendre, seul, l’intégralité de la chaîne. Cette proposition déclenche immédiatement un tollé aussi bien politique que médiatique. TF1, France Télévision, Canal+ et M6 s’allient et proposent d’utiliser le canal de La Cinq pour en faire une chaîne d’informations en continu : même si le projet n’est pas retenu, la coalition permet de chasser Berlusconi de France. Aucun repreneur ne se présente pour sauver La Cinq : le 3 avril, Jean-Claude Bourret annonce en ouverture du 20h la mort de la chaîne, prévue pour le 12 avril.

Le dimanche 12 avril au soir, une émission rétrospective passe en revue l’histoire de La Cinq. A la fin de la soirée, l’antenne est rendue sur un dernier carton affiché à l’écran : « La Cinq vous prie de l’excuser pour cette interruption définitive de l’image et du son ». Hachette aura dépensé plus de trois milliards et demi de francs dans cette aventure. Mais La Cinq n’est pas, comme on le lit souvent, la première chaîne à être morte en direct en France. Celle qui a eu ce « privilège », vous la découvrirez lors du prochain et dernier volet de cette série d’articles.

Pour éviter la création d’une nouvelle chaîne de télévision généraliste et commerciale, le pouvoir préempte le cinquième canal pour permettre à ARTE, créée fin mai 1992 sur le câble, de l’utiliser en soirée dès septembre. Et en 1994, elle est rejointe en journée par une nouvelle chaîne dédiée au savoir et à l’éducation : La Cinquième.

Plagiant sans vergogne l’excellent titre de notre spécialiste cinéma why, il me fallait faire profiter Mandorine de mes nombreuses expérimentations vidéoludiques. Voici quelques titres testés par mes soins et plutôt approuvés, qui vous permettront à coup sûr de passer un bon moment !

System Shock 2 (Irrationnal Games/Looking Glass Studios, 1999)

System Shock 2 (Irrationnal Games/Looking Glass Studios, 1999)

Elle va vous en faire voir de toutes les couleurs

Acclamé par la critique à sa sortie en 1999 mais n’ayant pas bénéficié d’un grand succès commercial, System Shock 2 se déroule en 2144. Vous êtes un soldat de l’UNN (la junte militaire dirigeant la Terre) et vous embarquez sur un vaisseau d’expédition, le Von Braun, où vous êtes mis en sommeil. Cependant, lorsque vous vous réveillez quelques semaines plus tard, c’est pour découvrir qu’après avoir répondu à l’appel de détresse d’une planète inhabitée, tout l’équipage du vaisseau a été massacré et que l’IA du vaisseau semble avoir pris les commandes. Votre but est de découvrir ce qu’il s’est passé et, si possible, d’en sortir vivant.

L’ambiance de survie dans ce grand vaisseau complètement hostile est superbement retranscrite, bien servie par une excellente musique et le scénario est très bien amené. Le jeu vous propose trois types de styles de jeu : la force brute (armes et consorts), les pouvoirs technologiques (piratage, réparation…) ou les pouvoirs psychiques. Ces trois différents styles modifient en profondeur votre façon de jouer, ce qui donne envie de recommencer le jeu après l’avoir fini.

System Shock 2 (Irrationnal Games/Looking Glass Studios, 1999)

Bien moddé, System Shock 2 est très agréable visuellement !

Pour ceux que les graphismes de 1999 effraient, un grand nombre d’améliorations ont été apportées par la communauté, rendant le jeu très agréable à l’œil. Il faudra mettre un peu mettre les mains dans le cambouis mais c’est ce qui fait le charme des vieux jeux PC !

Certains ont noté que l’équipe derrière System Shock 2 est celle qui, quelques années plus tard, a sorti Bioshock. Si, comme moi, vous n’avez pas vraiment aimé ce titre malgré ses qualités, rassurez-vous : en termes de direction artistique, de mécaniques, d’ambiance, de plaisir de jeu, SS2 atomise Bioshock !

Kerbal Space Program (SQUAD, 2013)

Kerbal Space Program (SQUAD, 2013)

Enfin, « easy », c’est vite dit !

Si vous avez toujours rêvé de construire des fusées, de les mettre en orbite ou d’atterrir sur la Lune, alors Kerbal Space Program est fait pour vous ! Créé par un petit studio mexicain, ce jeu se propose de vous permettre de créer des engins spatiaux (des fusées donc, mais aussi des navettes) et d’explorer un système solaire fictif avec des personnages attachants tout verts, les Kerbals. Arrivé en 2013 en accès anticipé, le jeu a pris son temps pour ajouter, petit à petit, des fonctionnalités de plus en plus poussées. La première version « complète », la 1.0, est sortie en 2015.

Si vous vous lancez dans ce jeu, attention : c’est très dur. Kerbal Space Program utilise en effet les vraies lois scientifiques de l’univers et même si c’est accessible aux moins matheux d’entre vous (merci au tutoriel qui aide bien), vous allez devoir apprendre les significations de terme comme apoapsis, periapsis, poussée, changement d’orbite… Vous allez calculer combien de moteurs ajouter à votre fusée, de quel type, avec combien de litres de carburant les remplir… Et même en faisant bien tout cela, les premières heures dans ce jeu vont être celles des fusées qui explosent ou qui dérivent, tuant le plus souvent votre petit kerbal astronaute.

Résumé du ju Kerbal Space Program par XKCD

Une situation bien résumée par XKCD

Il faut s’accrocher pour en profiter. Mais une fois que les bases sont apprises, c’est vraiment jouissif ! A réserver à ceux qui n’ont pas peur de s’investir.

The Secret World (Funcom/Electronic Arts, 2012)

N’appréciant pas vraiment les jeux en ligne massivement multijoueurs, j’ai pourtant été conquis par The Secret World. Probablement parce que ce MMO peut se jouer tranquillement tout seul, mais surtout parce que la qualité de son univers et de ses quêtes m’ont conquis.

The Secret World (Funcom/Electronic Arts, 2012)

De gauche à droite : Dragons, Templiers, Illuminatis

Le jeu prend place dans un univers contemporain et part du principe que toutes les légendes, tous les mythes, toutes les histoires sont vraies. Pour vous donner un aperçu, la première zone traversée par le joueur est clairement inspirée par les écrits de Lovecraft. Vous incarnez le membre de l’une des trois sociétés secrètes qui se battent contre les monstres issus de ces mythes et légendes : les Templiers, les Dragons et les Illuminatis. Ces trois sociétés se détestent cordialement et n’hésitent pas à se taper dessus dès que les non-initiés ont le dos tourné.

The Secret World (Funcom/Electronic Arts, 2012)

Libérez le kraaaaaaken !

Ce qui place The Secret World au-dessus des autres MMO, ce sont ses quêtes dites d’énigmes. Longues, prenantes et haletantes, elles mêlent des éléments mythologiques, littéraires, picturaux et sont très travaillées. A tel point qu’il est bien souvent nécessaire de se munir de papier et d’un crayon pour avancer dans ce brouillard et avoir le fin mot de l’histoire ! Les quelques reproches que l’on peut faire au jeu (l’éditeur de personnage un peu faiblard, le peu de quêtes propres à chaque confrérie, la sous-utilisation des QG des dites confréries) n’occultent pas le plaisir d’y jouer et de s’y torturer les méninges. Funcom continue en plus d’ajouter du contenu (payant) au jeu, quatre ans après sa sortie !

Big Pharma (Twice Circled/Positech Games, 2015)

Je vous ai dit, dans un précédent article, à quel point j’aime les jeux de gestion/stratégie. Mon petit plaisir actuel se nomme Big Pharma. Vous êtes aux commandes d’une entreprise pharmaceutique et votre but est de vendre beaucoup de médicaments, surtout que vous avez de nombreux concurrents, prêts à tout pour vous battre sur le marché. Il va donc falloir produire rapidement de nouveaux produits !

Big Pharma (Twice Circled/Positech Games, 2015)

Devenez un magnat du médicament !

Le problème, c’est que les médicaments possèdent des effets secondaires qui peuvent être contraignants. Bien sûr, il est possible de les éliminer. Mais cela coûte cher, prend de la place dans l’usine et le produit en sera moins rentable. Faut-il vendre une gélule parfaite mais peu rentable ou un comprimé peu cher à produire rapportant beaucoup ? Le propos est très cynique (mais pas si éloigné de la réalité) et c’est aussi ce qui m’a fait aimer Big Pharma.

Big Pharma (Twice Circled/Positech Games, 2015)

Au bout d’un moment, vos chaînes de production vont ressembler à ça.

Pour ne rien gâcher, l’interface épurée est très pratique et la présence d’une campagne tutoriel est très appréciable. Accessible aux néophytes du genre comme aux mordus, je vous le recommande fortement !

Pour la seconde année se tenait à Darwin Écosystème le festival Océan Climax. Inauguré en 2015 à l’initiative des 25 ans de la Fondation Surfrider Europe, le festival a gagné en ampleur cette année pour offrir une seconde édition tournée vers la prise de conscience des changements climatiques au niveau sociétal.

ocean-climax-2016-conferences

Climax c’est donc ce mélange de conférences, d’esprit cool et de plateau de concerts à même d’attirer un public pas forcément au fait des enjeux environnementaux. C’est d’ailleurs tout le paradoxe, assumé par le festival, de créer un évènement rassemblant près de 30 000 personnes, avec le bilan carbone que cela entraîne, même s’il est certainement le festival le plus vert qui existe en France, et peut-être même au monde (food trucks bio et sans contenants plastiques, tri généralisé, bois et récup pour la signalétique…). Le message est en soi intéressant, loin d’un discours souvent culpabilisant : soyons à la fois fun et concernés, même si on n’est pas 100% parfaits, si on est suffisamment nombreux à faire un effort les changements peuvent être significatifs. Comme dirait le bon vieux sens commun, mêlons l’utile à l’agréable.

 

Talk chaud

Pour ce qui est du contenu, avec ses quatre jours d’interventions, le festival offrait un programme en mesure d’intéresser un grand panel de population, du punk à chiens alter au branché bordelais raffiné, ce qui donnait parfois à l’évènement un petit air de cantina de Star Wars.

Océan Climax 2016 - Edgar MorinOcéan Climax 2016 - Le skate, le skateOcéan Climax 2016 - Marion Cotillard

Côté plateau des conférence, c’est un peu à l’avenant de l’an passé : de grosses têtes d’affiches, à même de remplir la salle de conférences de près de 1500 personnes, et des intervenants pointus pour animer les tables rondes sur les enjeux fondamentaux autour du climat et de son influence sur les sociétés à venir. Les apparitions les plus attendues ont su faire le plein, avec un Nicolas Hulot vibrant, quasi pastoral, mais au discours plus optimiste qu’à l’accoutumée, et un Edgar Morin à la verve et la vivacité d’esprit qui a bluffé la salle. Séniors surfant la vague bleue, prenez-en de la graine ! En point d’orgue, l’alerte de Darwin, avec une Marion Cotillard en caution people/invitée surprise. Les conférences, diffusées en streaming, sont pour certaines encore disponible sur le site. Tout cela s’intégrait finalement fort bien au cœur de Darwin, vaste projet aux airs d’enfant illégitime entre un squat de friche Berlinoise et de start-ups californiennes, avec expos d’artistes engagés (Stephen Burke, Ed Templeton, Ben Horton entre autres) et démos de skate ou de BMX. Cool et conscient.

 

Friche and chips

Le soir arrivant, le peuple Climaxien voyait s’opérer une curieuse transhumance : de la halle aménagée pour les conférences, voici qu’il se dirigeait vers le cœur de la friche encore sauvage. Là, entre les budleias poussant spontanément au cœur des squelettes métalliques des vieux hangars désaffectés, se trouvait l’autre ventricule du cœur Darwinien, les scènes. Une grande pour les têtes d’affiches, une plus modeste (mais toutefois bien pourvue) pour les jeunes pousses. Tout autour, dans un esprit paillote / guinguette, des baraques à frites food trucks en nombre, des stands de disques ou de tatoos, et de quoi satisfaire de milliers de buveurs de bière avec la vente d’un breuvage houblonné local plutôt goûtu, quoique comme souvent dans ces circonstances, un peu cher, malgré un bracelet électronique qui faisait défiler la note en silence mais avec efficacité.

Océan Climax 2016 - GuinguetteOcéan Climax 2016 - Concert

Pour ce qui est de ce qu’il s’est passé sur scène, on a eu le choix, de l’electro french touch au hip hop, en passant par le rock, le métal, ou la pop psyché, tout le monde a pu trouver son bonheur, même si la programmation chargée a pu laisser sur sa faim avec des passages minutés avec la précision d’une horloge suisse.

 

Au top du Hip Hop

Parmi les concerts vus et approuvés par Mandorine, la pop-rock toujours aussi sobre et chouette de Kerenn Ann, les découvertes de Papooz, de Her Grand Blanc, les shows bien exécutés de Lilly Wood and the Prick ou encore Air, la puissance scénique (et le bel accent flamand) de Selah Sue, ou encore les curieux rappeurs bordelais d’Odezenne, sur la corde raide entre ironie totale et sérieux absolu. Parmi les coups de cœur la pop psyché de Temples, qui ont visiblement apprécié le confort des toilettes sèches, et surtout le show des Papys (relatifs) du Hip Hop De La Soul. S’il y a bien un concert où l’on aurait aimé « put your hands up » un peu plus d’une heure, c’est bien celui là tant le trio de la côte Est a su se mettre le public dans la poche lors d’un show hip hop à la foi américainement efficace, avec reprise de ses grands hits, et proximité des artistes avec le public, qui savent y faire pour y mettre l’ambiance ; notamment Vincent « Maseoe » Mason aux platines avec ses faux airs d’Oncle Phil funky. Avec Edgar Morin, ils sont à mettre dans la catégorie « quand je serai grand je veux être comme eux ».

ocean-climax-2016-de-la-soul04 ocean-climax-2016-air ocean-climax-2016-bmx

 

Au delà du Climax

En ayant vu les deux côtés de l’évènement une question subiste : les publics des conférences, gratuites, naturellement connaisseurs et concernés par les sujets abordés, et des concerts, payants, venus pour écouter un panel plutôt relevé ? L’équilibre est délicat. L’attractivité du second, constatée par les affluences massives lors des concerts tête d’affiche (visibles aux queues monstres à la buvette et aux toilettes), est certainement un plus pour donner de la visibilité à l’événement, même si au cœur du festival musical on perd un peu le fil de l’aspect environnemental, malgré les dispositifs mis en place pour minimiser son impact (ecocups, toilettes sèches, bio et local etc.). Si une partie des 27000 personnes repartent avec un point de vue enrichi par l’expérience, on peut dire c’est toujours ça de pris. Reste à confirmer ce bel engouement non seulement sur l’édition 2017, mais aussi dans les actions de la société civile puisque cette alerte de Darwin veut aussi peser sur la campagne présidentielle. Au vu de certaines déclarations récentes, il va falloir cravacher…

Entre 1984 et 1986, le paysage de la télévision française connaît une métamorphose spectaculaire. D’un appareil jusque-là entièrement aux mains de l’Etat, le petit écran français passe aux mains d’acteurs privés, qui se taillent une part importante du gâteau. Commence alors une grande épopée qui, jusqu’en 1992, va marquer la première révolution télévisuelle française et définir le paysage audiovisuel national jusqu’à l’arrivée de la TNT. Le premier volet de notre trilogie sur la privatisation de la télévision française sera consacré à la première chaîne publique, TF1. Suivront l’histoire des cinquième et sixième réseaux.

Paysage d’après ORTF

Une grande introduction est nécessaire pour comprendre ces années-clefs durant lesquelles la télévision privée débarque sur les ondes françaises. En 1984, le paysage audiovisuel est le même depuis l’éclatement de l’Office de Radiodiffusion-Télédiffusion Française (ORTF) en 1975. Le groupe rassemblant toutes les activités de radio et de télévision est séparé en plusieurs entités. Les stations de radio sont rassemblées sous Radio France, les trois chaînes de télévisions divisées en trois sociétés distinctes (Télévision Française 1, Antenne 2 et France Régions 3) et les activités annexes réparties en établissements publics distincts (Télédiffusion de France, Société Française de Production et l’Institut National de l’Audiovisuel). Cependant, ces nouvelles sociétés restent aux mains de l’ État : la télévision reste la chasse gardée du pouvoir.


Reportage présentant les nouvelles sociétés issues de l’éclatement de l’ORTF,
diffusé lors du JT de 20H le 5 janvier 1975. source : ina.fr

Il faut attendre 1982 et une déclaration de François Mitterrand pour que s’entrouvre le marché télévisuel : le Président de la République d’alors annonce la création d’une nouvelle chaîne nationale « subventionnée ni par la redevance, ni par la publicité ». Après moult atermoiements, ce projet sera confié au groupe de communication Havas (qui sera racheté bien des années plus tard par la Compagnie Générale des Eaux, donnant ainsi naissance à Vivendi). Le nouveau président d’Havas, André Rousselet, ami personnel de Mitterrand va peser de tout son poids pour que cette nouvelle chaîne naisse, ce qui sera chose faite le 4 novembre 1984. 186 000 abonnés découvrent les premières images de Canal +, première chaîne nationale privée et premier coup de canif dans le monopole d’Etat.

Matinale du jour d'ouverture de Canal +, Michel Denisot en compagnie de Michel Depardieu & Jean-Pierre Coffe

Le 7/9 de Canal +, le jour de l’ouverture de la chaîne, Michel Denisot en compagnie de Michel Depardieu & Jean-Pierre Coffe. Les matinales TV ont bien changé depuis…

 
Le 16 janvier 1985, à un an de législatives qu’il sent défavorables, François Mitterrand lance l’idée de créer de « nouveaux espaces de liberté supplémentaires » à la télévision. Il espère surtout que, si la gauche perd les élections, et donc le contrôle des trois chaînes publiques, ces nouvelles chaînes lancées par le pouvoir en place permettront au Parti Socialiste d’avoir un relais médiatique. Ce qui aboutit dès 1986 à la création des cinquième et sixième chaînes dont l’histoire vous sera contée dans les prochains volets de cette trilogie.

« Le mieux disant culturel »

Le 16 mars 1986, les élections législatives donnent la majorité à la coalition RPR-UDF menée par Jacques Chirac. Ce dernier redevient Premier Ministre plus de dix ans après avoir exercé cette fonction pour la première fois. Dans le programme commun de la Droite pour les législatives, un sujet revient comme un leitmotiv : privatiser deux chaînes publiques. Finalement, seule une sera privatisée, mais laquelle ? Les avis penchent tantôt pour Antenne 2, tantôt pour FR3. Le gouvernement finit par trancher : ce sera TF1.

TF1 revient de loin. Quelques années auparavant, la chaîne avait une image vieillotte et était distancée dans la course aux audiences par Antenne 2, alors dirigée par Pierre Desgraupes. L’arrivée d’Hervé Bourges à la tête de la première chaîne, en 1983, inverse la tendance et c’est TF1 qui trône au sommet des audiences. Le gouvernement pense alors que la chaîne peut garder son niveau d’obligation de contribution à la production française grâce à ses bons résultats. Et que sa vente va permettre de rapporter une coquette somme d’argent.

Temps X, 1981

En 1981, dans la grille des programmes de TF1, on trouvait déjà les inénarrables frères Bogdanov dans leur émission Temps X. Leur présence 35 ans plus tard dans Fort Boyard, sur France 2, est plus inexplicable que leur mutation physique.

 
Le schéma est le suivant : 50 % du capital de TF1 est mis en vente pour un prix total de 3 milliards de francs, somme considérable à l’époque. La loi précise qu’aucun actionnaire privé ne peut détenir plus de 25 % du capital de la chaîne : il faut donc que plusieurs groupes ou investisseurs s’allient pour emporter cette grosse part de gâteau. L’actionnaire majoritaire du groupement sera l’opérateur de la chaîne. L’arbitre de la compétition sera la Commission Nationale de la Communication et des Libertés (CNCL), officiellement indépendante mais perçue comme très favorable au gouvernement de Droite. Comme le tarif est fixé par le Gouvernement, le choix du repreneur se fera sur la base de son programme culturel pour la chaîne et le projet de meilleure qualité culturelle sera choisi. Cette idée est résumée par une expression : « le mieux-disant culturel ». Mais les projets, c’est comme les promesses : elles n’engagent que ceux qui les croient.

Top à la Hachette

3 millards de francs, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Beaucoup d’intéressés jettent l’éponge et finalement seuls deux groupes paraissent des prétendants sérieux au rachat de la chaîne de télévision.

Le premier concurrent est le groupe Hachette, dirigé à cette époque par un chef d’entreprise de premier plan, Jean-Luc Lagardère, également dirigeant du groupe Matra. À cette époque, Hachette est déjà un poids lourd des médias et de la communication : outre ses maisons d’édition de livres (Tallandier, Grasset, Stock…), le groupe possède un réseau de distribution de presse (les Relais H, aujourd’hui nommés Relay) et des titres de presse reconnus comme Paris Match, Ici Paris, Le Journal du Dimanche ou Télé 7 Jours. Son fer de lance reste néanmoins la radio généraliste Europe 1, une des trois radios les plus écoutées en France avec RTL et France Inter. Absent de la télévision, Hachette rêve de s’offrir TF1 et trouve un allié de poids : le groupe Havas, celui-là même qui possède Canal +. Pour mener le dossier d’Hachette, Lagardère fait appel à l’ancien directeur de l’information d’Europe 1 et actuel rédacteur en chef du Journal du Dimanche, Etienne Mougeotte ainsi que Christine Ockrent.

Guy Lux, Léon Zitrone et Simone Garnier

En 1986, on voit débarquer sur TF1 la déjà culte Intervilles, avec Guy Lux, Léon Zitrone et Simone Garnier aux manettes.

 
Dans le rôle de l’outsider, on rencontre le groupe industriel Bouygues, poids lourd du BTP alors dirigé par son fondateur Francis Bouygues. La présence d’un groupe n’ayant aucune activité dans les médias surprend, mais c’est à cette époque que Francis Bouygues cherche à diversifier ses activités dans d’autres secteurs que le bâtiment, l’achat de TF1 lui semblant une bonne entrée en matière. Un temps annoncé comme partenaire d’Hachette, Bouygues fait finalement cavalier seul, car le groupe de médias veut être l’actionnaire majoritaire de la chaîne, ce que le groupe de BTP refuse. Pour piloter ce dossier, c’est le bras droit de Francis Bouygues, Patrick Le Lay, qui est choisi.

Sur le papier, l’alliance Hachette-Havas est bien sûr donnée gagnante. Sauf que tout ne va pas se passer comme prévu.

Erreur de la banque

Le but de Bouygues est simple : se faire connaître et montrer qu’un groupe spécialisé dans le béton peut gérer une chaîne de télévision. Dans le documentaire Télévision, histoires secrètes, Patrick Le Lay confie qu’il va organiser de nombreux rendez-vous avec les membres de la CNCL afin de faire connaitre et faire ce qu’il appelle « du lobbying, au sens noble du terme ». Cependant, Hachette ne juge pas utile ou éthique de faire ce genre de choses. Probablement parce qu’elle avait fort à faire du côté financier. Car à l’annonce du prix de vente de TF1, Havas laisse tomber le groupe de Lagardère et ce dernier doit d’urgence trouver un investisseur capable de l’aider dans l’acquisition de TF1.

Le 23 février 1987, les deux groupes déposent leurs dossiers de candidature, ce qui permet d’en savoir un peu plus sur leurs partenaires. Vers 19h30, l’équipe Bouygues arrive la première. Son tour de table comprend notamment une association avec Robert Maxwell, magnat anglais des médias qui possède notamment le Daily Mirror (la gestion très hasardeuse de son groupe sera révélée après sa mort) et Bernard Tapie, qu’on ne présente plus. Le tout est complété par quelques actionnaires plus minoritaires permettant à Bouygues d’atteindre les 3 milliards de francs demandés. Le dossier du géant du BTP est donc remis et on attend Hachette.

Robert Maxwell à l'époque de sa gloire

Robert Maxwell à l’époque de sa gloire

 
Le problème, c’est que l’heure passe, et le groupe de Jean-Luc Lagardère ne vient toujours pas déposer son dossier. Les principaux représentants du groupe, Lagardère lui-même et Yves Sabouret, le directeur général d’Hachette, ont toujours expliqué qu’un problème technique a entraîné un retard dans le dépôt de leur dossier. Cependant, Patrick Le Lay donne une version différente dans le documentaire Télévision, histoires secrètes :

On attend le dossier d’Hachette. Et le dossier d’Hachette, il n’arrive pas. Il n’arrive pas pourquoi ? Parce que Hachette n’a pas réussi à boucler son tour de table. Et dans la soirée, le gouvernement aide Hachette à terminer son tour de table et demande à des banques de venir.

Vers minuit moins dix, Hachette arrive enfin avec son dossier. Sauf qu’il y a un hic : dans le groupement emmené par Lagardère,  on trouve la Banque Nationale de Paris. Et la BNP est la banque ayant fait l’audit de TF1 pour annoncer un prix de vente. On appelle cela soit un conflit d’intérêt, soit un délit d’initiés : dans tous les cas, le groupe Bouygues se fait un plaisir de dénoncer cet état de fait, de menacer la CNCL d’engager une action en justice, et de demander qu’Hachette soit exclu de l’appel d’offres. Cette dernière reste ferme et valide les deux dossiers de candidatures (après le retrait de la BNP du dossier Lagardère) mais il s’agit déjà d’un sérieux coup dans le projet du groupe de médias.

Jean-Luc Lagardère est inquiet

Jean-Luc Lagardère est inquiet

 

Dernière couche

Le 3 avril 1987, c’est le moment des auditions au siège de la CNCL, 56 rue Jacob. Les prestations des deux groupes sont retransmises en direct sur TF1 et les téléspectateurs découvrent alors les deux projets. Hachette présente son dossier le matin et Bouygues passe l’examen l’après-midi. Jean-Luc Lagardère mène le grand oral dans une représentation sans folies, certains diront universitaire. Mais le tout est solide, la réputation du groupe dans le domaine de la communication est importante. A midi, Hachette est archi-favori. Puis, arrive l’audition de Bouygues.

Ce que l’on ne sait pas, c’est que toute l’équipe Bouygues fait, depuis le début de la semaine, des entraînements intensifs pour préparer l’oral devant la CNCL. Chaque jour, Francis Bouygues, Patrick le Lay et les autres essaient de progresser avec Bernard Tapie pour entraineur, qui, s’il a pas mal de lacunes dans la gestion de ses entreprises, est expert dans l’art oratoire. La prestation du groupe de BTP se passe ainsi bien mieux que prévu : ce n’est pas un show à l’américaine mais les auditionnés comme les membres de la CNCL sont très détendus. On peut supposer que le travail de lobbying mené par Bouygues a fonctionné.

Francis Bouygues et Patrick Le Lay lors des répétitions précédent l'audition à la CNCL

Francis Bouygues et Patrick Le Lay lors des répétitions précédent l’audition à la CNCL

 
Réécouter le grand oral de l’équipe Bouygues est du plus grand comique : on y apprend que « faire absorber aux téléspectateurs des séries américaines à longueur de journée, ce n’est pas une fatalité » et que Bernard Tapie imagine bien des soirées de musique classique en première partie de soirée ! Francis Bouygues promet tout à la CNCL qui se laisse séduire : le lendemain, la Commission le choisit pour reprendre la majorité de TF1. Hachette est battue et doit ronger son frein pour ses rêves de télévision. Quelques semaines plus tard, une grande fête organisée à Port-Marly marque la fin de TF1, la chaîne publique, et son passage au privé. Francis Bouygues est très heureux : il a récupéré la première chaîne française en terme d’audiences, avec toutes ses stars. Tout s’annonce pour le mieux !

Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’en coulisses, une grande partie de ses présentateurs vedettes sont en train de quitter le navire…

A suivre…


Je profite de ce premier article pour vous donner les sources les plus utilisées dans cette série d’articles :

  • l’Histoire générale de la radio et de la télévision en France de Christian Brochand, édité par la Documentation Française et dont nous vous avons déjà parlé sur Mandorine.
  • La série documentaire Télévision, histoires secrètes complété du livre La Télé, dix ans d’histoires secrètes de Marie-Eve Chamard et Philippe Kieffer
  • Le premier épisode de la série de documents La Guerre des Télés de Guy Dutheil et Estelle Ghouzi
  • Les numéros de l’émission Affaires Sensibles de France Inter consacrés à la privatisation de TF1 et la vie de la Cinq.

Ces dernières semaines, les bordelais avaient vu la façade du bâtiment de l’ancien Virgin Megastore, se parer de graffs colorés. Rapidement, on apprenait que le bâtiment, à l’abandon, avait été réinvesti par l’association Transfert, à l’occasion de son exposition annuelle. Une semaine avant la grande ouverture, nous sommes allés découvrir l’expo et discuter avec Patti & Maud du collectif Transfert.

Façade de l'ancien Virgin Megastore de Bordeaux © Photo Nathalie Kaïd

Façade de l’ancien Virgin Megastore de Bordeaux
© Photo Nathalie Kaïd

 
Après une édition 2015 des plus réussies à l’ancien commissariat Castéja – 42 000 visiteurs en trois mois, excusez du peu, le collectif Transfert rempile cette année avec un projet tout aussi ambitieux. Pour sa sixième édition, et au terme d’une résidence de trois mois, Transfert#6 accueille, en plus des 13 artistes du collectif, 17 artistes nationaux et internationaux.

Sur les quatre étages du bâtiment se déploient installations, fresques et galerie ; nous plongeant dans des thèmes & univers très variés. Entre fresques purement graphiques et installations aux réflexions et messages plus poussés, on en prend plein les mirettes – et on se prend également à regarder d’un œil nouveau ce bâtiment qui, jusque-là, laissait froids beaucoup de bordelais.

Une semaine avant le vernissage, nous sommes donc allés fureter dans une expo alors pas tout à fait finie, au milieu d’artistes se hâtant de terminer leurs œuvres, bombe de peinture ou chalumeau à la main – véridique. Nous vous avons ramené quelques images de ce Transfert #6, juste assez pour vous donner envie d’aller la voir de vos yeux vu. Et, une fois perchés sur le toit du bâtiment – qui accueillera, avec le quatrième étage, la programmation musicale de ce cru 2016, nous avons discuté avec Patti & Maud du collectif et de son évolution, entre coups de vent, pinpons des ambulances et chants de footophiles en contrebas de la rue.

 
Si vous n’êtes pas des chanceux qui partent en vacances, vous pourrez profiter des afterworks et concerts sur le rooftop du bâtiment. Toute la programmation musicale – plus électique que les années passées, donc, entre hip-hop, acoustique et quand même un petit peu d’électro parce que ça passe plutôt bien lors des douces soirées d’été – se trouve sur le site web ainsi que la page Facebook de l’exposition. A noter également, la préparation d’un livre dédié au collectif – pour tout avouer, on ne se refait pas, j’en trépigne un peu d’avance, ayant eu l’occasion d’avoir un aperçu de quelques pages dudit bouquin. Mais j’aurai probablement l’occasion de vous en reparler.

Cet article a été publié pour la première fois le 20 mars 2013.

Ce weekend, nous apprenions avec tristesse le décès de Michael Cimino. Pour lui rendre hommage, nous vous proposons de redécouvrir cette réflexion sur son film La Porte du Paradis.

L’Utopia Bordeaux propose actuellement de revoir un monument du cinéma américain, La Porte du Paradis de Michael Cimino; sans compter que Ciné+ offre ce mois-ci une rétrospective Western. Alors quoi de mieux pour regarder ou réévaluer d’un peu plus près ce film, western d’aspiration réaliste et qui marqua la fin de la crédibilité de Cimino auprès des studios ? Souvent comparé à Voyage au Bout de l’Enfer pour mieux souligner l’abîme qui sépare ces deux films, il serait bon de ne pas opposer La Porte du Paradis à ce précédent film de Cimino mais de plutôt le considérer comme la continuation d’une réflexion sur la signification du mythe américain.

Quand la légende est plus importante que le film

À l’occasion de la sortie du film sur les écrans français en version longue et restaurée, les articles fleurissent sur ce film finalement moins « connu » que Voyage au bout de l’Enfer de Cimino. Dans la presse en général, on ne parle pas du film lui-même, mais de l’échec cuisant qu’il fut au box-office et de la mégalomanie du réalisateur. Dans la presse française, en plus de relater encore une fois le sort du film et son lien avec la fin du studio United Artists, la plupart des articles se focalisent sur la décision d’engager Isabelle Huppert envers et contre tous. On ressort même pour l’occasion de vieux entretiens avec l’actrice en question dans lesquels elle raconte son expérience américaine. Et pour témoigner des énormes répercussions d’un tel échec, un film analysant les raisons de ce naufrage critique (à l’époque) et commercial a été diffusé en 2004, Final cut : the Making and Unmaking of Heaven’s Gate. Narré par Willem Dafoe, ce documentaire donne la parole aux différents acteurs de feu United Artists et étaye la légende du réalisateur mégalomane qu’était Cimino.

Cimino sur le tournage de La Porte du Paradis.

Cimino sur le tournage de La Porte du Paradis.

 

On lit également à l’envi que Cimino n’est pas l’homme d’un film, mais de deux : adulé par la critique et le public en 1978 avec Voyage au Bout de l’Enfer, sa chute est d’autant plus rude avec son ambition sans limite de réaliser son Autant en Emporte le Vent lorsqu’il entame le tournage de La Porte du Paradis. Il ne fait pas de doutes que Cimino est un personnage. Mais peut-être faut-il voir au-delà de l’homme, de ses frasques et de sa carrière depuis les années 80, et apprécier La Porte du Paradis à la lumière de Voyage au Bout de l’Enfer et non pas en opposition à ce film adulé. Pour une fois la traduction française, en voulant effacer une référence littéraire purement anglo-saxonne pour la remplacer par une référence très française (1), met en avant le lien étroit qui unit ces deux films en soulignant l’importance des notions d’enfer et de paradis dans l’imaginaire américain.

Si les avis divergent en ce qui concerne Voyage au Bout de l’Enfer et l’image de l’Amérique qu’il véhicule, les avis sont généralement moins tranchés au sujet de La Porte du Paradis. Ces deux films font appel aux deux genres phares du cinéma américain – le Western et le film de guerre – mais utilisent les tropes du genre pour mieux exposer les défauts du mythe américain. Comment expliquer alors les deux sorts totalement opposés que connurent ces films ?

Deux genres pour un même discours

Comme le documentaire Final Cut le souligne, Cimino n’est pas le seul réalisateur à avoir soutenu bec et ongles un projet tellement ambitieux que dépassements budgétaires et caprices artistiques étaient le quotidien du tournage. Coppola lui-même jouait avec le feu en 1979 lors de la réalisation d’Apocalypse Now. La seule différence est que malgré la présentation d’une version inachevée du film au Festival de Cannes de cette année-là, le film repartit avec la Palme d’Or. En 1981 le festival ignora complètement La Porte du Paradis.

Voyage au Bout de l’Enfer en 1978 puis Apocalypse Now en 1979 correspondent tous deux à cette période de la fin des années 70/début des années 80 qui vit l’émergence de films profondément critiques à l’égard de la politique militaire du pays, en réponse à l’enlisement au Vietnam. Et il est intéressant de voir à quel point l’échec vietnamien semble avoir touché la corde sensible du peuple américain, à savoir l’idée de sa destinée. Ce thème était d’abord présent dans les Westerns, et il semble donc naturel de voir les films de guerre emprunter les codes du Western pour traiter de la désillusion de la nation américaine. Voyage au bout de l’Enfer, Apocalypse Now donc et même un film comme Rambo en 1982 pour ne citer que ces trois films empruntent tous lourdement à l’imagerie et à la thématique du Western.

L’affiche originale de Voyage au Bout de l’Enfer.

L’affiche originale de Voyage au Bout de l’Enfer.

 

On retrouve à travers ces films de guerre l’usage, pour mieux le dénoncer, de tout ce qui est cher au Western : la notion du Paradis perdu à travers la perte de l’innocence du soldat américain, la transformation en héros à travers une violence purificatrice, la pastorale américaine à travers l’opposition entre industrialisation et nature (2). Cette dénonciation des bases du mythe américain rendent dès lors le Western classique obsolète : ce genre ne peut plus décemment faire l’apologie de valeurs qui ont été si violemment écrasées au Vietnam, et sur le territoire américain lui-même au cours des nombreuses manifestations contre la guerre sans compter sur la montée en puissance du mouvement afro-américain. Autant dire, donc, qu’il fallait de toute façon être un peu fou pour vouloir réaliser un Western (qui plus est « réaliste »), certes, mais qu’il fallait l’être tout autant pour donner le feu vert, ce que fit United Artists.

Au vu du succès de Voyage au Bout de l’Enfer et du peu d’éclat des films qui suivirent La Porte du Paradis on peut alors se demander si finalement Cimino n’a pas fait simplement fait le bon film au bon moment : dans un contexte ou la transposition du Western au Vietnam fonctionnait, Voyage au Bout de l’Enfer transcendait ses défauts ; dans un contexte en revanche peu réceptif au Western plus classique, il apparaît que la réalisation de Cimino et son ambition démesurée furent plus saillantes et moins facilement pardonnées.

Mais opportunisme ou pas, il n’empêche que Cimino a constitué avec ces deux films une critique du rêve américain en utilisant les genres à même de mieux le porter : le film de guerre et le Western. Le sentiment de dyptique induit par la thématique commune à Voyage au Bout de l’Enfer et La Porte du Paradis est également renforcé par l’intérêt porté au destin de la communauté slave en Amérique. Opprimés à l’époque de la conquête de l’Ouest, leur destin n’est pas beaucoup plus enviable dans Voyage au Bout de l’Enfer, ou le quotidien de la communauté russe tourne autour des fourneaux d’une ville industrielle de Pennsylvanie.

L’errance des personnages, mais aussi l’errance de la narration…

Bien que ces deux films mettent en avant un casting quatre étoiles, la majeure différence est que l’on s’attachait réellement à Mike (De Niro) et à Nick (Walken), et même à Linda. Le défaut majeur de La Porte du Paradis, c’est qu’à part Nathan (Walken, à nouveau), il est difficile de s’attacher à des personnages esquissés mais finalement jamais développés. Ce qui est bien embêtant puisque La Porte du Paradis se veut être un film sur des personnages qui cherchent leur place, entre la Vieille Europe et le Nouveau Monde, entre la civilisation et les grandes plaines sauvages. Au vu de l’affiche pour la version remasterisée il semblerait que le film soit désormais « vendu » comme un film sur le Grand Ouest américain, avec une histoire d’amour en trame de fond, plutôt que comme étant d’abord une histoire d’amour comme le laissait penser l’affiche de 1980. Tout en regrettant la beauté des affiches de l’époque, la nouvelle a le mérite de rediriger l’attente du spectateur vers quelque chose qu’il sera plus à même de trouver dans le film : de magnifiques paysages, une période spécifique de la conquête de l’Ouest. En aucun cas le spectateur ne s’attachera vraiment au héros (mais peut-être à un personnage comme Nathan, voire Ella (Huppert)), et en aucun cas ne trouvera-t-il le grand souffle épique qui vient avec une grande histoire et de grands personnages.

L’affiche originale de La Porte du Paradis.

L’affiche originale de La Porte du Paradis

L’affiche de La Porte du Paradis à l’occasion de la redistribution du film en version longue remasterisée.

L’affiche de La Porte du Paradis à l’occasion de la redistribution du film en version longue remasterisée

 

Et parce que Cimino n’est pas le meilleur scénariste, le fait qu’il ait écrit seul La Porte du Paradis ne fait que faire ressortir certains des défauts déjà visibles dans Voyage au Bout de l’Enfer, à savoir une propension à la caricature et une emphase sur la symbolique visuelle plutôt que l’écriture des personnages. Ce qui est dommage finalement, car si Nathan est un personnage apparemment ambigu mais finalement « bon », le personnage d’Averill est foncièrement plus difficile à cerner et est dans le fond plus humain, le moins caricaturé des protagonistes du film. La Porte du Paradis regorge donc de symboles et de motifs très intéressants (les rondes qui ponctuent le film, l’ambiguïté du personnage de Nathan symbolisée par son accoutrement gris, Averill (Kris Kristofferson) qui cherche constamment une de ses bottes, l’opposition systématique d’une scène sur l’autre du silence et du bruit, de la multitude et de la solitude…) mais n’engage que très rarement le spectateur à vraiment se soucier des personnages.

C’est donc plus grâce à la magnifique photo de Vilmos Zsigmond, à la beauté des plans et à la musique que La Porte du Paradis est un film qui ne peut pas laisser indifférent ; d’une durée de 3h40 cette « director’s cut » est un film qui prend son temps, parfois trop justement, mais qui peint un tableau à l’impression durable, si l’histoire elle, ne nous marque pas nécessairement. Et puis c’est aussi une bonne excuse pour voir Mickey Rourke dans un de ses tout premiers rôles, sans négliger quelques autres petits noms, juste comme ça : John Hurt, Brad Dourif, Jeff Bridges… Et si le réalisme que cherchait Cimino s’exprime nettement mieux sur le plan visuel que narratif (nombre de personnage ou d’événements de la « Johnson’s County War » ont été largement modifiés) il ne fait aucun doute que ce film met la lumière sur ce pan quelques fois oublié de l’histoire américaine.

Et la réflexion de Cimino sur un mythe américain défaillant ne serait pas si intéressante sans Voyage au Bout de l’Enfer deux ans auparavant, ni aussi éclatante si La Porte du Paradis n’avait justement pas été un tel échec : ce refus catégorique d’admettre les qualités tout autant que les défauts lors de la sortie du film montraient bien que quelque part le Western n’était vraiment plus en mesure de véhiculer les valeurs auxquelles l’Amérique aimait à se raccrocher.

 
La Porte du Paradis (Heaven’s Gate) De Michael Cimino
Version remasterisée de 2012
Avec : Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, John Hurt, Christopher Walken.
à l’Utopia Bordeaux jusqu’au 1er avril 2013


(1) The Deer Hunter fait référence aux ouvrages de James Fennimore Cooper, auteur des Leatherstocking Tales (Histoires de Bas-de-Cuir) qui font partie du canon de la littérature américaine, mais qui n’est finalement que très peu connu en France. Voyage au Bout de l’Enfer rappelle plutôt Voyage au Bout de la Nuit de Céline.
(2) http://television.telerama.fr/television/la-philo-tient-saloon,94398.php

Mise à jour 10 juin 2016 :

Sans vraiment prévenir sur leurs réseaux sociaux, le site est de nouveau en ligne ! C’est l’occasion de revenir sur les possibilités et l’expérience de ce réseau.

 
Cet article a été publié pour la première fois le 13 octobre 2015.

C’était le 28 septembre à minuit. Plug.dj, site communautaire d’échange musical disparaissait du Web, après un début silencieux en 2012. Twitter se souvient :

Depuis 2013, où je me suis connecté sur ce site que finalement peu de gens connaissaient, j’ai passé un temps certain à communier avec le monde de la musique. J’ai partagé grâce à sa chatbox intégrée, et j’ai découvert tout un tas de nouveaux artistes dont je n’avais parfois, pour le meilleur, jamais entendu parler. Plug.dj, comme tout site communautaire avait un nombre incalculable de rooms dédiées à un panel de communautés variées passant uniquement de la house, de l’électro, et j’en passe. Une radio libre et libre de ton où tout le monde pouvait donner son avis par le biais d’un pouce vert ou rouge sur l’internaute apprenti DJ et sa playlist.

Dans ma communauté bâtarde où des geeks de tout poils se rejoignaient pour écouter leurs OST préférées ou le nouveau son qui sent bon, on a pu tester et éprouver un bon nombre de sujets comme le ferait un groupe d’amis autour d’un verre. Tant est si bien que le rituel fut de passer mes soirées, en fervent utilisateur du « plug », à écouter et regarder des clips comme à l’époque d’MTV. Si pendant une période, ma communauté était active, elle a véritablement survécu grâce à un petit groupe jusqu’à peu. Une mise en abyme de la situation du site.

Car il faut bien l’avouer, le site a eu droit à un nombre impressionnant de modifications durant son activité. Pouvoir faire vivre les employés et les serveurs d’un site n’est pas tâche facile. Surtout quand la communauté, elle, grandit et met à bout des serveurs trop étroits. Fonctionnant sur des playlists venant tout droit de Youtube et de Soundcloud, Plug.dj réussissait pourtant à contourner le problème des droits d’auteur contrairement à son concurrent d’alors, Turtable.fm, qui rendit son tablier en 2013. Quant à l’histoire de Radio.Blog.Club

pLUG.DJ

Une interface claire mais un habillage étrange.

Je me rappelle de périodes successives de tentatives de monétisation, avec des choix pas toujours bien sentis : les pubs Youtube intégrées entre deux chansons. Il y a eu aussi le changement d’interface, qui, non content d’enlever des bugs déjà récurrents, en rajoutait. Une charte graphique aux choix douteux, et dernièrement, la possibilité de s’abonner à des services divers, comme payer pour changer d’avatars tous aussi laids les uns que les autres ou pour changer de playlist en cours (limitée à 200 morceaux).

Comme un dernier rappel sur scène, le 14 septembre dernier, le pantalon sur les guibolles, le site appelait la communauté de millions d’utilisateurs aux dons pour repousser l’échéance de quelques mois. Une manière douloureuse d’essayer de faire tenir un Jenga qui s’écroule.

Pour célébrer le « plug » une dernière fois, j’ai donc eu envie de vous faire une liste des morceaux géniaux que j’ai pu découvrir sur ce site afin de continuer à partager une profondeur musicale qui ne demande qu’à être écouté. Vous pouvez retrouver tout ceci sur notre chaîne YouTube section Playlists !

Mais tout de suite un extrait :

 

  • Pour ceux ayant raté l’initiative, il existe malgré tout des alternatives telles que Dubtrack.fm ou le futur Turn.fm.
  • Grâce à cette expérience, j’ai également pu découvrir la merveilleuse radio de Seattle KEXP qui fourmillent d’artistes et de performances lives. À voir absolument pour les mélomanes.

 

Il y a quelques années, je vous parlais d’Euro Truck Simulator 2, simulation de chauffeur routier qui se révélait être un excellent titre. Reposant, bourré de qualités, à petit prix, il m’avait tapé dans l’œil et n’a pas quitté mon disque dur depuis. Deux grosses extensions officielles et deux mods amateurs à la qualité toute professionnelle (TruckSimMap et ProMods) ont encore enrichi la durée de vie d’Euro Truck Simulator 2 et les développeurs tchèques de SCS Software ont confirmé travailler à une nouvelle extension qui concerne… la France ! Dans le même temps, le studio vient de sortir son nouveau jeu de simulation de routier : American Truck Simulator. Est-ce que SCS a réussi à appliquer la formule gagnante une seconde fois ?

L'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurais

L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurais

 

On the road again, again…

Le début de partie d’American Truck Simulator est calqué sur celui de son grand frère : vous êtes un chauffeur qui vient d’acquérir un garage aux États-Unis, mais qui n’a pas assez d’argent pour s’acheter son propre camion. Il va donc falloir enchaîner plusieurs missions pour des employeurs divers, ce qui va vous faire gagner de l’argent ainsi que des points d’expérience. Ces derniers vont vous permettre de progresser dans six catégories différentes : matériaux dangereux, livraison longue distance, livraisons de marchandises onéreuses, livraisons juste à temps, livraisons fragiles, éco-conduite. Chaque capacité débloque des missions aux revenus plus confortables. Avec vos gains, vous allez pouvoir vous offrir de nouveaux camions, améliorer votre garage, embaucher des chauffeurs et ainsi devenir petit à petit le magnat de la livraison routière !

San Francisco s'éveille

San Francisco s’éveille

Question gameplay et graphismes, on se retrouve en terrain connu puisque peu de changements et d’améliorations sont à noter depuis Euro Truck Simulator 2. En même temps, il n’y en avait pas vraiment besoin car le jeu tournait comme un charme sur la plupart des configurations. Les camions américains demandent un temps d’adaptation un peu plus long que leurs homologues européens (ils sont notamment beaucoup plus lourds donc attention aux virages pris un peu trop vite) et il va falloir vous familiariser avec les subtiles différences entre les codes de la route américain et européen. Par exemple, aux États-Unis, les feux tricolores sont situés après l’intersection. Mais ne vous inquiétez pas : après avoir grillé plusieurs feux rouges et percuté des voitures, vous allez retenir la leçon. D’autre part, les amendes données par la maréchaussée sont beaucoup, beaucoup plus onéreuses qu’en Europe. Alors un conseil : jouez la réglo quand une voiture de police s’approche de vous.

 

Very Far West

On arrive au moment de l’article où je dois parler de la chose qui fâche : la taille de la carte. Actuellement, la zone de jeu couvre les États du Nevada et de la Californie et l’Arizona arrive gratuitement d’ici deux mois. Cette zone est très bien faite avec une ambiance dépaysante qui fonctionne à merveille… Mais elle reste bien trop petite pour l’habitué d’Euro Truck Simulator 2 qui, même à la sortie de ce dernier, avait accès à une plus grande carte. Peut-être moins détaillée certes, mais couvrant beaucoup plus de kilomètres. Le flou subsiste quant à l’augmentation de la zone de jeu : certains États vont-ils être offerts ? Lesquels seront modélisés en suivant ? Quelle va être la grille tarifaire ? Au vu de leur travail sur Euro Truck Simulator 2, de qualité et généreux, on ne peut qu’être confiant pour l’avenir d’American Truck Simulator, mais il faut savoir rester prudent. De même, il n’y a pour l’instant que trois modèles de camion, ce qui est bien chiche comparé à ce que le volet européen de la série propose.

Il faut se l'avouer, c'est un peu petit

Il faut se l’avouer, c’est un peu petit

A l’heure du verdict, je suis bien embêté. Si vous n’avez jamais joué à un jeu de ce type, achetez plutôt Euro Truck Simulator 2, beaucoup plus fourni en quantité. Si l’ambiance américaine vous attire ou si vous voulez soutenir SCS Software, vous pouvez vous procurer American Truck Simulator qui propose quand même pas mal de plaisir de jeu pour un prix modique. A titre personnel, j’ai acheté ce jeu car je crois à son potentiel et à la capacité de ses développeurs d’en faire une expérience aussi prenante que le précédent titre. Mais considérez vraiment cela comme un pari sur l’avenir, en espérant que l’on puisse un jour faire un trajet Los Angeles – New York au volant d’un puissant camion américain.

NDLRédac’ chef : Jusqu’ici, on vous a beaucoup raconté – et montré – l’ambiance du Festival International de la BD d’Angoulême, mais peu de bandes-dessinées. Un comble. Que nous allons nous efforcer de pallier en vous parlant de nos coups de cœur phylactériques, version 2016. Cette année, Lucas a jeté son dévolu sur le stand Delcourt. Petite sélection choisie.

Relation Cheap de Elosterv et Davy Mourier

Couverture de Relation Cheap

Dans Relation Cheap, Davy Mourier (auteur notamment de 41€ pour une poignée de psychotropes, La Petite Mort) et Elosterv se mettent en scène et racontent l’histoire de leur rencontre. Les deux dessinateurs y parlent de leur relation à distance par écran interposé, de la vie, d’amour, de sexe et de mort, le tout avec une pointe de cynisme, en s’échangeant diverses histoires et planches que chacun a réalisé.

Très rapidement, on est happé par cette histoire, par ces mini-bandes-dessinées, elles-mêmes dans une BD, chacune avec son style et son ton propre, abordant une vision de la vie différente. On s’attache très vite aux deux personnages, on attend le strip suivant avec impatience, et on est curieux de découvrir où va bien pouvoir arriver cette relation. Les deux auteurs vont-ils finir ensemble? Comment vont-ils réagir en se voyant IRL?

On aurait pu s’attendre à ce que la cohabitation de deux dessinateurs aux styles différents au sein d’une même œuvre soit troublante, mais pas du tout. Les dessins s’enchaînent et se marient très bien, et l’on retrouve le ton de chacun dans leurs BD respectives. Davy et Elosterv ont réussi le pari de réaliser une bande dessinée à quatre mains, et nous livrent les prémices de leur relation, qui est loin d’être cheap.

Relation Cheap, de Davy Mourier et Elosterv
Éditions Delcourt
15.50 €, 96 pages

 

Comédie Sentimentale Pornographique de Jimmy Beaulieu

Comédie Sentimentale Pornographique

En passant devant ce livre sur le stand Delcourt, j’ai été intrigué par son titre, et le style de dessin à l’aquarelle de Jimmy Beaulieu, auteur canadien dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Ce livre appartenant à la collection Shampooing (dont font également partie les Notes de Boulet), j’ai ainsi décidé de mon achat compulsif du week-end, et ce fut une agréable surprise.

Comédie Sentimentale Pornographique raconte l’histoire de Louis et Corrine, un couple qui s’est rencontré au cinéma alors que Louis était allé voir un nanard afin de trouver l’inspiration pour en écrire lui-même un et devenir riche. Son plan a fonctionné, il achète alors un hôtel dans un coin reculé du Canada, construit par un architecte un peu fou et qui contient de nombreux secrets.

En parallèle, on suit le parcours d’autres personnages qui nous en apprennent un peu plus sur la vie des deux protagonistes, comme Annie, une ancienne partenaire sexuelle de Corrine qui continue de l’obséder, ou encore Martin, un écrivain fou amoureux d’Annie, qui trouve l’inspiration dans sa relation impossible avec celle-ci.

Au final, cette comédie sentimentale, plus érotique que pornographique, est très agréable à lire. Elle aborde les thèmes de l’amour, du libertinage et de la sexualité de manière libérée, très légère et captivante.

Comédie Sentimentale Pornographique, de Jimmy Beaulieu
Éditions Delcourt
25.50 €, 285 pages

 

Axolot, volume 2, par Patrick Baud (et plein de dessinateurs talentueux)

Axolot - Volume 2

Patrick Baud, alias Axolot, est un formidable conteur d’histoires, toutes plus insolites et extraordinaires les unes que les autres. Si vous ne le connaissez pas déjà, je vous invite vivement à découvrir son blog ou sa chaîne Youtube, tous deux passionnants.

Patrick Baud, épaulé par plusieurs dessinateurs (Davy Mourier, Pénélope Bagieu, Yohan Sacré ou encore Julien Neel pour ce citer qu’eux) nous propose une multitude de petites anecdotes surprenantes et curieuses, que l’on (re)découvre avec étonnement. Chaque mini-bande-dessinée est accompagnée d’un texte racontant l’histoire en question, nous apportant quelques précisions sur ces récits farfelus mais bien réels.

C’est avec grand plaisir que l’on apprend l’étrange légende de la maison Winchester, les diverses expériences de plusieurs savants fous ayant fait progresser la science au péril de leur vie, ou encore l’origine des lèvres les plus embrassées au monde, celles d’un mannequin de secourisme. Si vous aimez les histoires insolites, je ne peux que vous recommander chaudement ce très bel ouvrage, qui ne manquera pas de vous faire passer un bon moment, rempli de découvertes.

Axolot – Volume 2, de Patrick Baud
Editions Delcourt
19.99 €, 128 pages
 
 

Chez Mandorine, le journalisme d’investigation, le vrai, est de rigueur : en effet, nous mettons un point d’honneur à ce que chaque sujet soit abordé sous un angle différent du commun des médias, et le Festival International de la BD d’Angoulême d’Angoulême ne fait point exception ! Alors qu’Antoine nous a fait voir le festival depuis les hauteurs de la tour Pey-Berland , j’ai donc choisi de prendre son contre-pied et de vous faire un compte-rendu en photos… vues de ma hauteur, soit 1m50 et demi (oui, c’est important le demi).

Le Festival International de la BD d’Angoulême, c’est avant tout, ne nous mentons pas, la foule… Avec une vue des plus aérées de laquelle il est possible de humer toutes sortes de choses tout en ne voyant pas à 30 centimètres devant soi. En voici la preuve (photos tout à fait contractuelles)

angougou_1

Oh, la belle prise.

 

angougou_2

Ah, c’était l’exposition sur Last Man (un manga 100% Made in France) ? Je vous crois…

 

angougou_3

Même de loin, les planches originales de Lucky Luke en jettent !
(exposition très chouette en hommage à Morris que je vous recommande chaudement si vous passez en terre angoumoisine)

 

Heureusement, Joe me comprend !

Heureusement, Joe me comprend !

 

Vue très "artistique" de quand ej ne lève pas la tête... Pas très pratique pour admirer le travail de LiChi Tak, talentueux auteur Hong-kongais…

Vue très « artistique » si ne lève pas la tête… Pas très pratique pour admirer le travail de Li Chi Tak, talentueux auteur hong-kongais.

 

La moto d'Akira

Autre chose amusante (ou pas) quand vous êtes petit format, c’est que la plongée est impossible, il y a toujours une barrière pour gêner sur vos photos, comme par exemple la moto de Kaneda dans le cultissime Akira. Oui, celles et ceux qui le désiraient pouvaient enfiler le fameux blouson de cuir du héros et se la péter sur cette superbe réplique le temps d’un cliché… J’y serais bien allé si la file d’attente n’avait pas été si longue !

 

Le stand des éditions Cornélius

Je râle, je râle, mais de très bonnes surprises nous attendaient au détour des différentes bulles, notamment le stand des éditions Cornélius qui, toujours sale gosse dans l’esprit, offrait sur place un large choix de BD pour le moins originales que nous ne trouverions nulle part ailleurs…

 

Florent Chavouet dans ses oeuvres, au crayon de couleur.

…ou bien un auteur que l’on apprécie en train de dédicacer son dernier ouvrage :Florent Chavouet dans ses œuvres, au crayon de couleur.

 

Et pour finir, voir l’exposition hommage au parrain de cette cuvée 2016 : Katsuhiro Otomo, le papa d’Akira. Nombre d’artistes ont proposé leur vision de l’univers qui lui est associé, mais voici celle qui, en toute subjectivité, m’a tapé dans l’œil tant elle est détaillée.

Quand Olivier Ledroit rend hommage à Katsuhiro Otomo, un seul mot sort : Wow.

Quand Olivier Ledroit rend hommage à Katsuhiro Otomo, je n’ai qu’un seul mot : wow.

 

Nous sommes en 2016 après Jésus Christ, toute la rédaction de Mandorine se déplace au Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) d’Angoulême. Toute ? Non ! Un rédacteur roux et auvergnat résiste encore et toujours à l’attrait de la capitale charentaise. Du coup, il décide de se lancer dans une expérience étonnante pour essayer de vivre de loin la trépidante vie angoumoisine.

N’oublie pas de monter là-haut

Voici les données du problème. Durant le temps du festival, je suis bloqué à Bordeaux sans possibilité de m’en éloigner. 110 kilomètres à vol d’oiseau séparent les capitales girondine et charentaise et je ne possède pas encore le don de téléportation. Cependant, le centre-ville d’Angoulême se situe sur un plateau de 110 mètres de hauteur, ce qui est un atout pour le voir de loin. Et avec de très bonnes jumelles, je vais peut-être même distinguer quelques auteurs connus !  Il faudrait juste trouver un moyen de m’élever suffisamment…

On ne peut pas dire que ce soit très éloigné

On ne peut pas dire que ce soit très éloigné

Sur ma liste, plusieurs possibilités sont à tenter. L’Hôtel de Bordeaux-Métropole à Mériadeck, haut de 77 mètres ? Fermé aux visiteurs, comme la Cité administrative, building sans charme de 92 mètres. Du côté de la Flèche Saint-Michel, j’ai beau essayer de pousser la porte, un petit panneau m’indique qu’elle est fermée actuellement. Quant à la Cité du vin, elle n’est pas encore finie et il m’est impossible de passer derrière les barrières. Plus qu’une solution : la tour Pey-Berland !

Ne vois-tu rien venir ?

Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Je vous en ai déjà parlé il y a quelques temps dans une émission spéciale sur la place centrale de la ville. Si j’ai une petite chance de mener mon projet à bien, c’est ici que je dois aller ! Le temps de monter à la plus haute terrasse et de préparer mon télescope ultra-grossissant et je commence mon observation.

Franchement, je devrais voir Angoulême d'en haut, non ?

Franchement, je devrais voir Angoulême d’en haut, non ?

Et là, c’est un échec critique. En effet, dans ma frénésie de plans plus ou moins alambiqués, j’ai oublié un léger détail : le relief. En effet, la rive droite de Bordeaux, située sur un plateau, est bien plus élevée que la rive gauche. Du coup, j’ai beau faire tous les efforts possibles, quand mes yeux se tournent vers le nord, impossible de voir au-delà du parc Palmer et de la côte des Quatre-Pavillons, soit à 8 kilomètres du monument. D’Angoulême, je ne distingue rien du tout, même pas la cathédrale Saint-Pierre.

Pour moi, le FIBD 2016 se résume donc aux panneaux de publicité arborant l’affiche du festival et à mon flux Twitter. Mais au moins, je n’ai pas tout perdu car j’ai eu une superbe vue sur Bordeaux ! Et si, comme moi, vous n’avez pas pu vous rendre au Festival, je vous renvoie aux compte-rendus écrits par l’équipe !

 

Bien que les artistes de bande-dessinée franco-belge se disent inspirés par le comics américain et que les artistes de comic books se disent inspirés par le neuvième art européen, un festival comme celui d’Angoulême peut paraître un peu timide en termes de représentation de ces artistes qui officient outre Atlantique.

Ms Jackson…

outcast 1Emmené par le fer de lance et rouleau compresseur phénoménal qu’est Walking Dead, le petit monde de l’édition de comic books en France commence à se faire entendre.
Le créateur de la série de tous les records, le très prolifique Robert Kirkman, est aussi l’auteur de diverses série super-héroïques dont la plus connue reste l’excellente Invincible. Et cette année en sélection officielle on pouvait retrouver le premier tome de sa nouvelle série Outcast.
Outcast est l’histoire de Kyle Barnes un homme un peu perdu et qui se croit maudit depuis son enfance. Quand le surnaturel s’en mêle et que ses pires craintes sont fondées, l’angoisse prend le dessus.
Un premier tome qui à un goût d’Exorciste, de La Malédiction et d’American Gothic, le tout dans une ambiance qui anticipe l’Apocalypse. Kirkman comme à son habitude apporte son savoir faire dans l’art d’humaniser et de rendre réalistes des situations fantastiques. De son coté le dessinateur Paul Azaceta qui était l’invité de ce FIBD 2016, apporte avec son trait Mike Mignolesque, une ambiance horrifique claire dans laquelle on sent bien toute la détresse des personnages. Autant dire que l’on attend la suite avec impatience.

Aïe ! Hey ! Robot.

descender tome 1Autres invités de ce festival de la BD 2016, Jeff Lemire et Dustin Nguyen venaient présenter entre autres, le premier tome de leur série Descender.
Descender est l’histoire de Tim-21, un robot de compagnie qui a l’apparence d’un garçon. Tim-21 se réveille après dix ans de sommeil sur une planète minière sur laquelle tous les habitants humains sont morts. Commence alors le début de son aventure pour comprendre ce qu’il s’est passé et qu’est-ce que lui veut le Conglomérat Galactique Unifié.
Ce premier tome d’une très grande beauté formelle fait déjà penser aux romans de Philip K. Dick, à Isaac Asimov, Mary Shelley et star wars/trek pour le coté fédération intergalactique multiraciale.
 
Les planches de Dustin Nguyen font penser à des aquarelles cosmiques qui nous absorbent et nous laissent immerger dans l’histoire passionnante imaginée par Jeff Lemire longtemps après que l’on ai fermé ce premier volume. Une nouvelle série prometteuse dont le potentiel semble aussi vaste que l’univers connu.

Présenté par Stéphane Bern

saga volume 5D’une épopée galactique à une autre, on passe à Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples. Cela fait longtemps que je voulais parler de cette série.
Le cinquième tome qui vient de sortir était en sélection pour le prix du public Cultura de cette année. La série multi-lauréate des prestigieux Eisner Awards n’en est pas à sa première sélection en territoire charentais qui malgré son excellence lui préfère encore d’autres œuvres tout aussi qualitatives.

Saga c’est du Space Opera nouvelle génération, l’histoire d’un couple mixte issues de deux races qui se font la guerre depuis des années. Ils vivent donc dans la clandestinité et fuient leurs deux civilisations. Le couple est poursuivi et entouré d’une ribambelle de personnages tous plus excentriques les uns que les autres. Il y a une baby-sitter fantôme, un chasseur de prime dont le chat est un détecteur de mensonges, une tueuse arachnide, une royauté cathodique, un vaisseau spatial végétal ou encore des romans à l’eau de rose prophétiques. Le tout est narré par l’enfant du couple protagoniste sur une période de temps encore indéterminée.
L’écriture de Brian K. Vaughan est toujours aussi prenante et les dessins géniaux de Fiona Staples mettent toujours plus en avant cette histoire exaltante, avec une clarté et lisibilité admirable. C’est une série qui vaut vraiment la peine d’être découverte, elle comporte tous les éléments de l’oeuvre culte, à la fois distrayante, profonde et plus politiquement engagée que l’emballage et le genre science-fiction ne pourrait le laisser croire de prime abord.

Fabuleux

Passons d’une saga à une autre, ce FIBD a correspondu avec la sortie du dernier tome de la série Fables de Bill Willingham et Mark Buckingham.
Fables chapitre 150 adieu
Raconter Fables en quelques lignes c’est comme essayer de faire un pitch de la Bible, disons que l’histoire de la série est celle de Blanche-Neige, sa sœur Rose Rouge, le grand méchant loup et tous les personnages des contes du monde entier qui vivent parmi nous, dans notre réalité. Ils ont tous fui la tyrannie de l’Adversaire qui gouverne tous les royaumes, autant d’univers fictionnels différents qui se côtoient et dont ils sont tous issus.

La galerie de personnages est vertigineuse, elle va des personnages des contes de Perrault, Andersen, Grimm ou Kipling, il y a des personnages mythologiques, folkloriques, des dieux, héros chevaleresque, jusqu’à des incarnations de concepts littéraires. Pinocchio discute avec Mowgli, le vent du Nord est respecté de tous y compris de la reine des neiges et Lancelot est aux ordres du Prince crapaud.
Fables est une série épique, politique et mythique mais surtout fantastique dans tous les sens du terme. Toujours sous la direction de Bill Willingham, les 24 ou 25 tomes selon l’édition, ont été dessinés par une armée d’artistes différents. Ce changement très fréquent de dessinateur est parfois déstabilisant quand il n’est pas agaçant, mais l’histoire reste excellente de bout en bout.

La série et ses dérivés, Fairest, Jack of Fables et Cendrillon, ferait un excellent sujet de thèse, tant la variété des thèmes abordés, les références, le jeux narratifs et les histoires racontées sont immenses. Commencer la série c’est comme entrer en sacerdoce, on est d’abord attiré par les jolies couvertures de James Jean ou Adam Hughes, puis les histoires racontées sont un mélange de guerres, de politique, de croyances et de Destins, le tout présenté sur des pages avec des enluminures. Nuls doutes qu’il y aura des textes apocryphes et que les séries dérivées vont continuer encore un temps mais le pape Willingham a créé une religion et un culte dont on parlera encore pendant un moment.

C’est donc avec un petit pincement au cœur que l’on laisse partir tous ces personnages, en se disant que leur immortalité ne tient qu’à la popularité qu’ils ont génération après génération, autant dire qu’ils sont là pour longtemps.

 
Outcast de Robert Kirkman et Paul Azaceta – Delcourt

Descender de Jeff Lemire et Dustin Nguyen – Urban Comics

Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples – Urban Comics

Fables de Bill Willingham et Mark Buckingham – Semic, Panini Comics et Urban Comics

Angoulême et Mandorine, c’est jusqu’à aujourd’hui une histoire d’amour à sens unique, avec d’humbles rédacteurs déboursant chaque année leurs précieux euros afin de se rendre dans cette grand-messe européenne, voire mondiale, de l’illustré, pour vous en faire à chaque fois une délicate chronique.

Ave sésame

C’était sans compter sur la pugnacité légendaire de Mylène et ses demandes répétées pour obtenir un sésame presse, qui en cette année démarrée sous d’étranges auspices nous a été, pour notre grande joie, enfin accordé, merci ô dieu des Phylactères. A nous les coupes files, les cafés gratuits dans l’espace presse et un argument valable pour harceler nos auteurs favoris (coucou Boulet) sur les deux rives de la Charente!

Humidité, pages gondolées

Nous partîmes donc deux jours affronter la foule, la pluie et le plan vigipirate rouge écarlate cramoisi afin de vous ramener nos sensations sur cette étrange édition sertie de polémiques (nous ne reviendrons point dessus tant elles ont été commentées, bien que nous nous soyons tâtés à essayer de nous incruster à la désormais légendaire remise des prix en chocolat) et vous donner quelques idées de lectures quant à nos trouvailles de l’année.

En guise d’apéritif, et pour ceux qui n’ont pu se joindre à la foule compacte de ce festival, voici donc un résumé en 2’42, garanti sans brouhaha et sans faux prix.

Vendredi dernier, bravant la pluie et une grippe aussi tenaces que soudaines, je filai au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine – TnBA pour les intimes – pour assister au spectacle Please kill me, une réalisation de Mathieu Bauer. Bien m’en prît, car j’assistai à un OVNI musical des plus intrigants et réussis.

Pink is not dead

Avant tout, un petit retour en arrière me semble de mise. En 1996 – ça nous rajeunit pas –, Legs McNeil – co-fondateur du magazine Punk, qui donna son nom au mouvement – et Gillian McCain publiaient Please kill me, l’histoire du punk non censurée racontée par ses acteurs. Un bon gros pavé rose fluo renfermant plus de 600 pages d’entretiens avec celles et ceux qui ont composé ce mouvement culturel foudroyant et chaotique. Rapidement devenu culte, le livre est traduit dans une douzaine de langues (et publié en France aux éditions Allia). Sorte de kaléidoscope de l’histoire du punk, cet objet peu banal regorge d’anecdotes délirantes, insensées, glauques, ou carrément tragiques contées par Lou Reed, Iggy Pop, les New York Dolls, Patti Smith, les Heartbreakers, les Ramones, Blondie, et tant d’autres… Difficile dès lors d’imaginer une adaptation à ce format savamment – et brillamment – déconstruit.

The piss factory

Mais Mathieu Bauer, musicien devenu metteur en scène, connait sa partition. Hybride entre concert et pièce de théâtre, son Please kill me déroule des morceaux choisis du livre. Et débute par une litanie de noms. Ceux de légendes du punk, suivis de leur dates de naissance et de décès, pour l’écrasante majorité. Avec un gros pincement au cœur lors de l’évocation de la mort de David Bowie – petit hommage au milieu du grand – qu’on n’a décidément pas encore encaissé.

Rapidement cependant, les acteurs-chanteurs enchainent, en déroulant l’époque Stooges et les frasques d’Iggy Pop. Il faut dire que Legs McNeil consacre une belle part de son livre à l’iguane précurseur du punk. Suit l’histoire de Legs McNeil, de ses potes, et de la création de leur magazine Punk, justement. Puis le spectacle zappe entre Richard Hell, Bob Quine, les Hearbrakers, les Dictators, les Ramones, et, un peu, Malcom McLaren et ses Sex Pistols.

Please kill me de Mathieu Bauer

© Photo Pierre Grosbois

 
Sur scène, un batteur – Mathieu Baur –, un guitariste, un sampler et deux chanteurs-acteurs. Matthias Girbig raconte le spectacle en français & interprète les standards du genre. Kate Strong raconte le spectacle en anglais et mène la danse. Tous deux incarnent à merveille le punk, ses attitudes, ses excès, son côté absurde, parfois, portés par une mise en scène et une scénographie des plus réussies. Sur l’écran, et sur la scène, des textes du livre et des images des légendes du punk sont diffusés, englobant musiciens acteurs-chanteurs et spectateurs dans cette ambiance si particulière.

Un public probablement conquis un peu d’avance, ce soir-là : vieux nostalgiques de leur jeunesse & trentenaires nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont pas connue – je m’inclus volontiers dans cette description –. Mais là n’est pas l’important. On ressort de ce spectacle de la musique plein les oreilles et du punk plein le cerveau. Avec une envie folle de relire le bouquin ayant inspiré le spectacle. Et d’écouter sa playlist perversion en secouant la tête.

 
Please Kill Me
Adaptation, conception et Mise en scène Mathieu Bauer
1H25, en tournée jusqu’au 5 avril 2016
Les prochaines dates de Please Kill Me

 
Please Kill Me – L’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs de Gillian McCain et Legs McNeil
Éditions Allia
632 pages, 25 €

Il y a quelques mois, j’entendais parler d’un visual novel du nom d’Higurashi no naku koro ni qu’on m’avait vendu comme le meilleur d’entre-eux. Déjà adapté en anime et remasterisé dans la langue de Shakespeare, il était temps de m’y pencher. Après mes aventures sur If My Heart Have Wings, je ne pouvais que me réjouir. Je connaissais maintenant les codes du genre, je pouvais bien faire un pas de plus vers le soi-disant Saint Graal. En plus de ça, j’apprenais sa traduction en français et qu’il dispose d’une démo pour s’y essayer. Il y a de quoi partir confiant. Mais pourquoi donc un « livre interactif » semblant aussi bon n’a pas eu plus de retentissement ? Les raisons m’échappent encore mais j’allais apprendre à connaitre celui qu’on nomme en français : Le Sanglot des Cigales.

Visual Novel : un livre 2.0

Je ne vous refais pas le cours sur le visual novel, sachez seulement que le terme s’emploie pour les jeux narratifs qu’on trouve sur PC au Japon depuis des décennies et qui arrivent au compte-goutte chez nous pour le grand public depuis peu de temps. Coucou le crowdfunding. Pour rendre le tout moins austère, ces jeux vous gratifient souvent d’une bande-son, de visuels et de doublages. Dans le meilleur des cas.

sanglot des cigales

Pour Le Sanglot des Cigales, c’est un peu différent. Déjà parce que l’acception de visual novel colle mal à l’œuvre. On lui préfère le nom de sound novel. Pourquoi ? Pour la pauvreté de ses graphismes et l’importance accrue accordée à son ambiance et à sa bande-son. Et autant vous dire que sur ce point, il déconcerte. En premier lieu par son character design (des poings carrés qui rappellent les premières heures de la 3D dans le jeu vidéo) puis graduellement par sa beauté cachée qui révèle un charme tout particulier. Une histoire d’habitude, de compréhension et de fascination qu’il a exercé sur moi. Un dessin qui s’explique en partie parce que ce jeu a été réalisé en 2006 par un homme : Ryukishi07, aidé de son frère et d’un compositeur principal. Des artistes faisant partie de cette fourmilière méconnue qu’est le milieu amateur japonais, véritable culture parallèle appelée littéralement doujin. Un amateurisme qui se révèle étonnant et qui ne reflète nullement un travail perfectible. Si le sujet vous intéresse, il y a un tas de gens qui en parlent mieux que moi à commencer par ce site.

Il est maintenant temps pour moi de vous expliquer, pourquoi, malgré son statut de jeu « amateur », Le Sanglot des Cigales est un des meilleurs jeux narratifs au monde.

Le poids des maux

Le jeu vous plonge en été 1983 dans le village rural fictif de Hinamizawa au Japon. Vous suivez la nouvelle vie de Keiichi Maebara, un adolescent fraîchement débarqué. Il se lie rapidement d’amitié avec un groupe de filles de sa classe et occupe son temps autour de divertissements et de défis en tout genres quand arrive un événement qui bouleverse le récit, la fête du village commémorant le dieu local. Depuis quelques années déjà, pour des raisons diverses, est retrouvé un corps sans vie au lendemain de la cérémonie de Purification du Coton. Simple coïncidence ou véritable malédiction ancestrale ? Le jeu se compose de deux parties de quatre actes, chacun eux-même composés de chapitre et de petites histoires déblocables au fur et à mesure. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai terminé la première partie. Les Internets ont l’air d’accord pour dire qu’il se finit en 45 heures. Tout dépend de votre rythme de lecture. Si je décide d’en parler maintenant c’est que le jeu se compose bel et bien de deux parties distinctes : les quatre chapitres de l’Arc des Questions et les quatre derniers de l’Arc des Réponses. Deux œuvres qui mériteraient d’être discutées séparément. Il est maintenant temps de vous préciser ce que contient le jeu.

sanglot des cigales

On est loin du confort optimum de lecture mais on s’y fait.


 

Lorsqu’on commence Le Sanglot des Cigales, il est assez facile de comprendre qu’on est loin d’une simple histoire d’un lycée de campagne. L’ambiance de la scène introductive passe d’ailleurs pour une mise en garde pour quiconque serait hostile à la violence et au sordide. Car oui, Le Sanglot des Cigales est un récit avec une ambiance morbide qui en veut à votre psyché. Tout y est suggéré, donc vous n’aurez jamais sous les yeux ce qui est crûment décrit. Ce qui en fait une de ses forces. Ceci dit, l’histoire se déroule finalement très simplement dans le premier acte. Il est même clairement écrit pour identifier un peu tous les personnages et mettre en place un terreau très fertile pour la suite de l’aventure. Volontairement très différents dans leurs caractères, il est plaisant de voir interagir les protagonistes dans la joie et la bonne humeur. Les musiques sont d’ailleurs clairement là pour la souligner : rythmées et vivantes, elles ne m’ont pas toutes été agréables à force de répétition mais il est malheureusement impossible ne serait-ce que de la réduire. Dommage. Et tant mieux en même temps, puisqu’elle fait véritablement le sel qui accompagne la pièce du boucher. Soyez-en sûr. Passés les premiers chapitres et l’ambiance estivale du village qui vit au son des cigales, le ton se radicalise progressivement en entrant dans le sujet préoccupant, à savoir l’enquête autour d’un meurtre et ce qu’il implique pour la vie de Keiichi et des villageois en général.

Seules les cigales savent

À partir de maintenant il est compliqué de vous en dire plus tant l’œuvre fourmille de détails cruciaux et de scènes qui méritent une récompense en or massif que je ne désire aucunement vous révéler au risque de vous gâcher de très bons moments. Sachez seulement que c’est un puzzle scénaristique qui va en se densifiant et donne une impression géniale de vivre un feuilleton digne d’Agatha Christie qui aurait rencontré une monographie ethnologique barbare. C’est organique au point de ne plus vouloir s’arrêter de lire passé les cinq premières heures. Et vous aurez envie de savoir. Car si le premier acte donne à voir et à comprendre la structure de l’histoire, il ne livrera qu’une infime bribe de ce qui vous attend. Vous devrez alors tirer vous-même les conclusions face à cette intrigue qui ne révélera pas tous ses secrets. D’ailleurs, chacun des quatre premiers actes explorent volontairement l’histoire de manière différente en vous questionnant sur les raisons de ce drame qui entache une communauté. Si le premier acte fait l’effet d’une bombe pour le premier contact que l’on a avec le jeu, avec tout ce qu’il peut donner à voir d’effroyable et de fou, le deuxième acte approfondit une qualité scénaristique indéniable avec une intrigue plus dense qui fascine et désarçonne par la complexité des liens qui unissent les villageois de Hinamizawa. Si vous êtes encore scotché, attendez de lire le troisième acte qui a bien l’intention de vous faire vivre, encore une fois, des moments pénibles et vibrants laissant impuissant face aux événements relatés. Le quatrième acte conclut admirablement une enquête décidément brillante avec un regard plus analytique fouillant alors d’autres enjeux pour la seconde partie du jeu.

Le Sanglot des Cigales ne peut pas vous laisser indifférent. Je ne peux qu’applaudir devant un récit aussi poignant qui m’aura fait ressentir des émotions d’une rare intensité. Il est aussi fascinant de voir à quel point je me suis imprégné mentalement de l’ambiance de certaines scènes, comme quand on lit un livre, accentuant ainsi leur efficacité sur mon psychisme. Il incarne véritablement une œuvre généreuse, polymorphe et torturée, entre le roman policier, le school life et le drame psychologique, baignant dans l’immersion visuelle et sonore du jeu vidéo. Et même si les dessins de moindre qualité peuvent rebuter, il faut bien évidemment aller au-delà de la première impression pour comprendre où réside la force de ce titre. Son histoire complexe faite de faux-semblants, de mensonges et de rebondissements fait du Sanglot des Cigales un monolithe noir du visual novel. Un indispensable.

Si vous voulez en savoir plus sur le formidable travail de traduction entrepris pour la localisation française, je vous conseille de regarder une des interviews de Pierre Bancov.

P.S : j’ai commencé le prologue de la suite nommée sobrement Le Sanglot des Cigales R (l’arc des Réponses). Je ne vous cache pas mon envie de m’y replonger le plus rapidement possible pour avoir le fin mot sur l’épais mystère qui entoure le village d’Hinamizawa et pour revenir vous en parler avec passion dans ces colonnes.

 
 
Le Sanglot des Cigales
07th Expansion
Traduit en français par Pierre Bancov
19,90 euros
 

Régulièrement en ces pages, nous affichons toute notre sympathie pour Boulet, illustre illustrateur qu’on ne présente plus, et pour Neil Gaiman – illustre auteur-scénariste qu’on ne présente plus non plus. Autant dire que lorsque nous avons appris que les deux comparses avaient travaillé ensemble sur un roman illustré, intitulé Par bonheur, le lait, nous étions tout aussi curieux qu’impatients.

Il faut dire que ces deux-là partagent le don non-négligeable de plonger leurs lecteurs dans des histoires merveilleuses à partir de faits du quotidien somme toute très banals. Il n’y a qu’a se plonger dans Le Jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges ou dans Coraline de Neil Gaiman pour s’en convaincre. Quant à Boulet, un petit détour par son blog ou par ses Notes produira le même effet.

Couverture de Coraline de Neil Gaiman

Et puisqu’on parle du Jour où j’ai échangé mon père contre deux poissons rouges, Neil Gaiman explique en préambule de Par bonheur, le lait qu’il se sentait coupable de n’avoir pas donné une représentation très positive des pères dans cette précédente histoire. Il a donc décidé de faire du père de sa nouvelle histoire un personnage plus intéressant. Actif. Se déplaçant pour acheter du lait pour ses enfants. Et vivant même tout un tas d’aventures passionnantes au passage.

Par bonheur, le lait commence par une scène banale. Deux enfants se lèvent, sortent les céréales du petit-déjeuner, et découvrent qu’il n’y a plus de lait dans le frigo. Leur père entre dans la pièce, et découvre qu’il n’y a plus de lait pour le petit-déjeuner de ses enfants. Ni pour son thé matinal. Qu’à cela ne tienne, il sort en acheter. Mais il met plus de temps que prévu. En revenant, il raconte ses tribulations rocambolesques à ses enfants.

Couverture de Par bonheur, le lait - Neil Gaiman & Boulet

Les wumpires de Par bonheur, le lait © Gilles Roussel, Au Diable Vauvert

Rapidement, l’histoire bascule dans le délire merveilleux si cher à son auteur & son illustrateur. Nourris de l’obsession des deux artistes pour les dinosaures et le continuum espace temps, l’histoire & ses personnages passent d’un univers à un autre, enchainant les situations et accumulant les rencontres sans jamais perdre le rythme.

Sous la plume d’un autre, cette foultitude de personnages pourrait rendre l’histoire foutraque et difficile à suivre, mais Gaiman retombe toujours sur ses pattes. Les illustrations de Boulet font le reste : ses petits traits, sa maitrise des univers fantastiques et son style reconnaissable entre tous font mouche, comme toujours.

Captivant, loufoque et foisonnant de détails, Par bonheur, le lait nous emmène à la rencontre de pirates, de vampires un poil singuliers, de diplodocus et tyrannosaures, d’un volcan en éruption et même d’extraterrestres.

Couverture de Par bonheur, le lait - Neil Gaiman & Boulet

Les pirates de de Par bonheur, le lait © Gilles Roussel, Au Diable Vauvert

Je ne vous en dirai pas plus, pour ne pas gâcher votre plaisir à la lecture de Par bonheur, le lait. Sachez simplement qu’on y apprend où sont partis les dinosaures, que les piranhas sont des poissons d’eau douces, que le mauvais goût, question déco, est puni par la Police Galactique. Et qu’une bouteille de lait peut sauver le monde.

Cet été, l’équipe de votre webzine favori a éclusé festivals, salles de concerts et scènes éphémères & ramené quelques trouvailles pour égayer vos oreilles en ce morne automne qui s’annonce. Fin août, nous avons donc fait un petit détour par le parc de Cantefrène d’Ambès, à l’occasion du festival Odyssées, et en avons profité pour discuter avec le groupe Blackbird Hill, avant leur passage sur scène.

Pour rappel, Blackbird Hill est le (premier) protégé du label Miaou Records. Un duo au rock brut, mâtiné de blues, dont le premier EP, Songs to keep the devil busy, en plus d’être sacrément addictif, me donne invariablement envie de partir en road-trip, façon Hunter S. Thompson. Ou Thelma et Louise.

A l’occasion des Odyssées 2015, donc, nous nous sommes posés avec Alex et Max au bord du lac de Cantefrène pour une interview champêtre :


Si vous avez apprécié les extraits disséminés dans notre reportage, sachez que leur EP, Songs to keep the devil busy, est disponible en ligne (sur iTunes & Bandcamp), ainsi qu’au format physique, sur le site de Miaou Records.

Pour les écouter en live, les Blackbird Hill seront à la Médiathèque Mériadeck le 31 octobre prochain.

Et si vous souhaitez leur donner un coup de pouce, le duo bordelais participe au concours Esprit Musique, catégorie Jeunes Talents. Pour voter, c’est par ici : espritmusique.fr
Blackbird Hill – Songs to keep the devil busy
Mai 2015, Miaou records
blackbirdhill.fr