Sélection musicale


Dans cette rubrique, je vous parlerai des dernières nouveautés, mais j’avoue avoir vu un peu plus large aujourd’hui. Voici donc mes albums préférés de 2008 et un petit nouveau de 2009, pour se tenir au courant, quand même : une mise en bouche étrange, du garage pour se réveiller, du Dylan – bien sûr-, et aussi un peu de pop sucrée pour le dessert.

Portishead – Third

>En 1994, le trio de Bristol sortait Dummy (vous connaissez tous Glory Box), album devenu culte. Trois ans plus tard, Portishead confirmait le talent de ces trois-là. Depuis, très peu : un album live – enregistré lors d’un concert à New York – qui vous prend aux tripes. A peine de quoi se mettre sous la dent. C’est dire si Third était attendu… Tant et si bien qu’on risque d’être déçu. Third peut paraître surprenant : sonorités moins homogènes morceaux moins mélodiques, quasiment dissonants… Néanmoins, c’est un très bon album. D’une richesse inattendue. A la cinquantième écoute, on découvre encore de nouvelles profondeurs (comme dans tout bon album d’ailleurs). Cela dit, il faut se trouver dans un certain état d’esprit pour l’écouter. Je n’irai pas jusqu’à le juger oppressant, mais un peu dérangeant quand même… Ce qui est tout, sauf un défaut.

The Kills –Midnight Boom


Qu’on se le dise, je suis amoureuse des Kills depuis leur album Keep on your mean side. En plus d’être talentueux, ils ont une classe folle et une sensualité à toute épreuve. A l’époque où une toute série de duos tente d’imiter les White Stripes, Alison « VV » et Jamie débarquent. Une rythmique, un style, une sensualité – je l’ai déjà dit, je sais, mais  écoutez seulement le featuring de VV sur Meds de Placebo – et une teinte blues associé à un son définitivement rock.

Ceci étant dit, parlons de Midnight boom. Depuis No wow, les détracteurs se déchainent sur le duo. Affaire de goûts et de couleurs. Commençons par les reproches, donc. Il y a un titre, sinon mauvais, qui n’égale pas le reste. Getting Down. Et c’est tout. Ce Midnight Boom est exempt de tout reproche. On retrouve la voix d’Alison appuyée par la rythmique de Jamie, les guitares qui vous explosent à la figure, des hurlements… Et l’ambiance malsaine des deux précédents opus. C’est intense, urgent. Mon préféré : What New York Used to Be. Un hymne à la folie de la ville, à sa rapidité, au junkie lifestyle.

C’est brut. C’est du Kills. Midnight Boom aborde le plus souvent des thèmes simples, les thèmes rock par excellence : amours, dépressions, stress. Mais avec classe et élégance et peut-être de manière moins torturée et morbide que ses prédécesseurs. Il n’en reste pas moins un disque tourmenté. Moins abrasif que No Wow. Le garage a laissé entrer des sonorités presque radiophoniques. C’est toujours diablement efficace, le nihilisme en moins, le détachement en plus.  Mais la solitude reste. La conclusion la révèle. Black Balloon en est une esquisse. Goodnight Bad Morning en est la dernière touche, parfaite. La lumière du petit matin, réveil et descente. On pense aux soirs où tout le monde part se coucher et où l’on regarde la nuit pointer le bout de son nez. On pense aux soirées tardives et aux petits matins moroses à regarder le soleil se lever et les gens partir travailler.

Bob Dylan – The bootleg series : Tell tale signs

Pendant environ 40 ans, Bob Dylan a été le musicien américain le plus influent jamais produit. Ses textes ont été les premiers à avoir été considérés comme de la littérature et il est l’un des auteurs-compositeurs les plus productifs de ces dernières décades. Il est revenu fin 2008 avec le 8e volume des désormais très (très, très, très !) attendues Bootleg Series : Tell Tale Sign. Ce volume rassemble 27 perles issues des sessions d’enregistrement de Time out of mind, Love and theft, Modern Times et Oh Mercy, 4 albums enregistrés ces 20 dernières années, au succès public ET critique (Notez bien, c’est rare de nos jours. Le premier que j’entends susurrer Coldplay va au coin.). Les Bootlegs series proposent des versions alternatives de titres studios mais également des titres absents des albums et pourtant enregistrés au même moment. On y trouve également des enregistrements live, les titres originaux pour des bandes originales de films et la démo d’un titre. Un livret de 60 pages accompagne ces disques.

Si vous êtes comme moi, en admiration devant le maestro, vous avez trépigné d’impatience en attendant la sortie de ce bootleg. Le vendeur auquel j’ai acheté le disque a dû me prendre pour une folle échappée de l’asile ou une fan hystérique de Tokio Hotel qui s’était trompée de disque, mais passons.

C’est, à mon sens, le bootleg le plus captivant de la série. Il est truffé de « chutes » provenant des albums Oh Mercy et Time Out of Mind. Comme lors des concerts de son Never Ending Tour, chaque titre est repensé rythmiquement et émotionnellement : Most of the Time se fait introspective, Ring them bells apocalyptique et Ain’t talkin’ très pesante. Une petite préférence personnelle m’amène à vous conseiller Dignity (Dylan se tourne vers le piano ces dernières années, à juste titre), Cocaine blues et Love sick, qui clôt l’album.

Si vous êtes allergiques à la voix de Dylan, passez votre chemin. C’est dommage, mais il est vraisemblable que vous n’accrocherez jamais à la musique de ce grand monsieur. Sinon, foncez, mettez l’album dans votre lecteur (ou écoutez le sur Deezer, au choix).  Écoutez. Et pleurez.

Lily Allen –  It’s not me, it’s you

Elle est très populaire en ce moment., surtout dans les pages people. Mais avant d’être une jetseteuse qui  déblatère sur Amy Winehouse, Katy Perry & consort, Lily Allen est une chanteuse anglaise. Son premier album, Alright, Still, dont est extrait le tube planétaire Smile date d’il y a déjà 3 ans.
Depuis Alright, still, l’artiste pop révélée par MySpace a noirci les thèmes de ses chansons, mais on trouve sur ce nouvel opus la même recette générale : une musique pop acidulée qui permet de faire passer un langage irrévérencieux et quelques piques bien placées. Certes, elle a changé de producteur en passant de Mark Ronson, le principal producteur d’Alright, Still, à Greg Kurstin (tête pensante du duo pop The Bird and The Bee), mais rendons à César ce qui lui appartient, les textes sont principalement écrits par la chanteuse.

Les chansons se font acides, espiègles et lucides, sur des thèmes tels que la banalité des addictions (dans Everyone’s At It, elle dit l’addiction de chacun, de la coke aux antidépresseurs & somnifères, la nuance n’est pas si grande), ses tracas de starlette dans The Fear et 22 ou ses amours déçues dans Never Gonna Happen, Him ou He Wasn’t There. Addiction, sexe, ringardise, rejet de l’homophobie et diktat de la mode… Sans concession mais toujours avec l’humour et la mauvaise foi qu’on lui connait.

Certes, les mélodies sont outrageusement produites, les thèmes parfois naïfs, mais le but est surtout de faire danser. C’est un album pop easy listening. Il plaira aux ados et aux clubbers et fera partie des disques que l’on écoute lors d’un petit coup de blues. Mieux qu’un rail de coke.

Petit bonus : la belle a repris le Womanizer de Britney Spears version acoustique. Sympathique (pour tout dire je le préfère au vrai, qui a le don de me rendre épileptique).