41€ pour une poignée de psychotropes : le carnet qui vaut de l’or


Quelques jours après une chronique sur Il était une fois… une fille que j’ai rencontrée deux fois, voici 41€ pour une poignée de psychotropes.

Narcissisme ou auto-psychanalyse : la vie d’un clown triste

On ouvre la couverture et on tombe sur « Offert : une vraie dépression » ! Chouette, j’adore les cadeaux gratuits ! Et on tourne les pages de sa vie, on lit avec attention, étapes par étapes, l’histoire du trublion de Nolife.

« L’enfance : laps de temps séparant le néant de l’acceptation du néant »

D’abord, son enfance: -« Qu’est-que tu veux faire quand tu seras grand? » – « Je veux pas être grand ! » La couleur est annoncée. Davy, il voulait être Goldorak ! Mais pas de RTT ! Dur d’être un super-héros… On y découvre aussi un petit bonhomme plein d’imagination, au complexe d’œdipe, s’inspirant tant de James West dans « les Mystères de l’Ouest » que des blagues Carambar.

Puis, vint l’adolescence, et tous ses problèmes: le rapport à la mort, la recherche d’identité et, surtout, les filles… Du coup, il préfère survoler le sujet et se renfermer sur les jeux vidéos… Éviter les autres au maximum !

Puis l’amour, cet « Artifice tentant de rendre la vie plus belle, ayant pour effet de rendre la vie plus compliquée ». Avec « Elle » : Pour ne pas citer Sylvie Vartan : « l’amour, c’est comme une cigarette ! » (Oups !). On s’y habitue et on finit dépendant! Davy raconte sa dépendance à « Elle », il ne se cache pas! Tout lui rappelle « Elle » ! Après 5 ans de relation, il en est devenu accro, physiquement et mentalement. Quand elle est partie, il débuta sa psychanalyse, « cet artifice tentant de rendre la vie plus supportable, ayant pour effet de la rendre plus compliquée ». Comment refaire sa vie en pensant tout le temps à une personne? Cette partie est constituée d’une série de strips courts, compte-rendu de ses séances, avec un ton décalé et un sens de la répartie percutant.

Non conformiste jusqu’au bout du stylo

Pour cette BD, Davy ne s’est pas servi comme pour Il était une fois… d’une tablette graphique, mais de stylos bille! Dieu sait combien il a du en user! 41€ se démarque des autres. Déjà par son format : un carnet en spirale, genre cahier Oxford (ça donne envie d’aller plus loin!) qui évoque les carnets à dessins, tout simplement parce que sa BD est un enchevêtrement de dessins, de collages, de gribouillages, de petits mots par-ci par-là. On y retrouve, en guise de bulles, les vieilles étiquettes des nos cahiers d’écoles de primaire, des auto-collants Star Wars et quelques emballages de Carambars. Et des photos! De lui, enfant, ado, adulte, de ses parents, d’ « Elle ». Au milieu de ce fouillis de carnet de dessinateur, il y a les strips, propres et courts, de ses séances psychanalytiques. A croire que les seuls moments de rangement se trouvaient dans le bureau de cet homme…

Dans ce volume, on ressent toute la sensibilité et le mal-être de Davy. Et le bougre nous fait bien ressentir toute sa nervosité dans son trait de stylo ! Un auteur mal dans sa peau mais qu’on a plaisir à lire!

Et sinon?

Refusant de renoncer à son blog, Badstrip, et à ses activités pour des histoires amoureuses, il met tout quotidiennement à jour, série, émission et blog ! (Il le dit lui-même: « Si je ne mets pas mon blog à jour tous les jours, je vais perdre des lecteurs et plus personne ne va m’aimer »). Sa série Nerdz a déjà quatre saisons à son actif, et depuis 2010, il a créé et anime, avec Mr Poulpe, une émission hebdomadaire J’irai loler sur vos tombes!.

41 euros pour une poignée de psychotropes
Éditions Ankama et Adalie
Sortie le 27 Janvier 2011
11,90€

En complément de cette chronique :  une petite interview de Davy, réalisée par Mylène et moi-même.