Black Summer
Présentation :
« Quand on combat pour le Bien, jusqu’où peut-on aller ? Les Sept Armes combattent la corruption dans la rue. Mais la lutte est inégale et le champ de bataille, infini. John Horus sait ce qui est bon pour vous. Et il est déterminé à faire le Bien, que vous le vouliez ou non… quitte à plonger le pays dans le chaos. Le président va l’apprendre à ses dépens… »
« A good president is a dead president! »
L’élément déclencheur de toute l’histoire est l’exécution du président des États Unis par John Horus, il estime que le conflit en Irak et toutes les exactions du gouvernement doivent s’arrêter!
Le personnage principal est un déchet, veuf, alcoolique, cynique et unijambiste. Une farce à lui seul, pas le genre de super héros propre sur lui qui est là pour défendre la nation et sauver la veuve et l’orphelin. Et le reste du groupe des Sept Armes est à deux doigts de se déchirer, usé par les conflits internes et l’aliénation que peuvent provoquer des pouvoirs vous mettant au dessus des lois. L’histoire jongle entre les événements présents et la genèse du groupe, faisant de nombreux aller-retour qui permettent d’éclairer les événements racontés.
« Ni Dieu, ni Maître »
Black Summer a été décrit à sa sortie comme une sorte de suite de The Authority. Je vais donc faire ici un petit aparté pour présenter en quelques mots cette série.
The Authority est un groupe de super héros que l’on pourrait qualifier d’anarchiste à la limite du nihilisme. La série, crée par Warren Ellis, ce caractérise par un engagement très marqué à de nombreux points de vue, politiquement d’abord, The Authority agit à l’échelle planétaire, elle ne rend de compte à personne ou presque comme son nom l’indique. L’engagement est aussi civique puisque les équivalents de Batman et Superman dans l’équipe sont un couple gay qui va adopter par la suite, et un autre des membres est un héroïnomane notoire… Le groupe va combattre différents ennemis pour défendre la Terre et sera même amené à tuer Dieu …
Fin de l’aparté. Black summer est de son coté une histoire de héros aux pouvoirs et ambitions un peu plus modestes, mais qui reste par contre,vous l’aurez compris, dans le même état d’esprit. Ce roman graphique est donc très engagé politiquement, irrévérencieux, iconoclaste, assez rock’n’roll et souvent très drôle. Virtuose.
L’hélice vous fait voler et l’amour vous donne des ailes…
Le quatrième de couverture « tease » un peu en parlant de nouveau Watchmen, si la portée politique est là, la portée philosophique, universelle et épique moins.
Les personnages sont bel et bien désabusés, détruits par la vie et d’un cynisme rare mais on est loin de l’œuvre d’Alan Moore quand même. Ne serait-ce que par l’humour, Warren Ellis (qui est à la première place de mes scénaristes préférés) allie toujours politique, action, engagement et hyperviolence avec un humour décapant qui le rend souvent plus abordable et facile à lire que son compatriote tout aussi barbu, cosmique et britannique.
Coté dessin, Juan Jose Ryp propose un dessin ultra détaillé, ultra violent et puissant. Le style est très proche d’un Frank Quitely, d’un Darrick Robertson (tout deux collaborateurs de Warren Ellis) et d’un Geoff Darrow. C’est gore, drôle et bourré de références cachés. Formidable.
Pour terminer je dirais que, comme beaucoup des travaux de Warren Ellis, tout ceci est amené à devenir très culte.