Elementary


En septembre 2012 a commencé sur CBS (chaîne américaine) la diffusion d’Elementary, nouvelle série adaptée de l’univers d’Arthur Conan Doyle. Une adaptation bien plus libre que les précédentes qui a été achetée par M6 et devrait bientôt être diffusée en France.

Sherlock, qui sort de gros problèmes de drogue, se voit imposer par son père un compagnon de sobriété, Joan Watson. La jeune femme, ancien chirurgien, va donc aider Sherlock a reprendre pied dans la vie active, l’aidant à lutter contre ses démons en vivant avec lui plusieurs semaines. Peu de temps après son arrivée, Sherlock va reprendre contact avec un enquêteur de sa connaissance et commencer à aider la police de New York dans leurs enquêtes.

Une fois passés les premiers instants de perplexité et malgré pas mal de réticences, j’ai décidé de regarder la chose. Oui, la chose. C’est vous dire à quel point j’en attendais peu ! Grave erreur.

Un peu trop d’innovation ?

Pour les inconditionnels, amateurs d’énigmes tarabiscotées et de romans du siècle passé, le choc risque d’être rude. La série Sherlock avait cependant préparé le terrain : transposant avec brio les aventures du détective consultant à notre époque, Steven Moffat et Mark Gatiss avaient réussi un pari risqué. Robert Doherty, dans une course au record en a rajouté une couche, américanisant une série dont la british attitude faisait la force. En effet, non content de transposer l’action sur un autre continent, il semblerait que le voyage aient également altéré la personnalité pourtant si délicieuse de Sherlock. Sans parler de Watson qui a quant à lui carrément changé de sexe, se transformant en une jeune femme. C’est dangereux la traversée de l’Atlantique !

Le concept est si éloigné de la série de romans, que je n’aurais sans doute même pas reconnu l’histoire si on m’avait dissimulé le nom des personnages. Et je n’aurais sans doute jamais regardé. On sent une volonté de faire une série américaine en surfant sur le phénomène anglais. Le résultat est cependant assez intéressant, quoi que mitigé. Les jeux d’acteur de Jonny Lee Miller et de Lucy Liu sonnent juste, et les deux personnages sont assez complémentaires. Pour une fois, Watson n’est pas uniquement le faire valoir de Holmes, tout juste bon à jeter un coup d’œil aux cadavres ! Le personnage prend ici une toute autre dimension : il s’agit d’une jeune femme brillante et curieuse, qui apporte une aide réelle à Sherlock. Ma plus grande angoisse concernant le changement de sexe de Watson était que le but de la manœuvre ne soit qu’une excuse pour instaurer une romance entre les deux personnages, grand classique des séries policières. Mais Elementary ne tombe pas dans le piège, et c’est une réelle amitié ainsi qu’un respect profond qui va lier les deux personnages.

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Une intrigue lente à démarrer

Cette série est un diesel : le début est un peu laborieux, on se demande si on tient vraiment à continuer, et peu à peu, ça prend de l’ampleur, et on se surprend à accrocher de plus en plus. Contrairement à la série Sherlock qui régale les fans de clins d’œil aux romans, réutilisant des éléments d’intrigue, Elementary innove. Invente des enquêtes nouvelles, plus adaptées au sol américain. Les premiers épisodes ne sont pas mauvais, mais la série donne l’impression de ne pas vouloir prendre trop de risques. Certains éléments sont intéressants, mais malgré tout le potentiel offert par les personnages, les scénaristes restent très accrochés au schéma de la série policière traditionnelle. Mais finalement, l’arrivée d’un personnage qui relance une enquête du passé de Sherlock va mettre en branle toute une série d’évènements et dévoiler un fil rouge qui va nous mener à une conclusion absolument géniale dans les trois derniers épisodes de la saison. Il m’est malheureusement impossible d’en dire plus, à part que Robert Doherty exploite extrêmement bien le potentiel de ses personnages.

En résumé, deux aspects : une volonté importante de rester fidèle aux traditionnelles séries policières américaines afin de ne pas trop dépayser le téléspectateur lambda, tout en innovant avec les personnages, en s’éloignant de certains clichés parfois pesants. Vingt-quatre épisodes étaient peut-être un objectif un peu ambitieux pour lancer le projet, et les intrigues des premiers épisodes en pâtissent légèrement. Douze épisodes auraient sans doute permis d’instaurer un suspens plus important, et de faire démarrer l’intrigue de fond beaucoup plus tôt, et de scotcher les téléspectateurs à leurs écrans. Regardant un nombre conséquent de séries, j’ai plus d’une fois hésité à arrêter celle-ci afin de gagner du temps. Mais la fin m’a laissée dans un tel état de ravissement que je ne regrette en aucun cas ma décision de m’accrocher ! Attention cependant. Si vous êtes fans du détective anglais, prenez un peu de recul afin d’apprécier la série à sa juste valeur.