Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit, aux Champs-Elysées


Face à la cohérence des univers qu’a crée Neill Blomkamp, j’avoue ne pas savoir par où commencer. Alors que sort Elysium, son deuxième long métrage, je me demande s’il n’aurait pas inventé une machine à voyager dans notre futur proche, le plus dystopique qui soit. Parce qu’entre District 9, son génial premier film, et Elysium, on dégage déjà une constante dans son cinéma.

elysium affDans les deux cas il situe l’action dans un futur proche tout à fait plausible et effroyablement réaliste. C’était déjà le cas dans ses premiers courts-métrages, le fait qu’il travaille lui-même ses effets-spéciaux, permet à Neill Blomkamp de développer avec maestria un visuel récurent qui mélange prises de vue caméra à l’épaule avec des éléments de pure science-fiction, des bidonvilles où règne la loi du plus fort dans lesquels se mélangent la misère et la technologie high-tech qui n’a rien de lisse, auxquels s’ajoutent des populations cosmopolites qui parlent indifféremment plusieurs langues.

Dans District 9, les personnages parlaient anglais, afrikaans et la langue extra-terrestre. Dans Elysium, ils parlent un mélange d’anglais, d’espagnol, de français et d’afrikaans. Dans son premier film on voyait clairement un faux documentaire métaphorique sur l’apartheid et une dénonciatio de tous les camps de réfugiés avec tout ce que ça implique. Pour ce second film, il est question de lutte des classes, d’immigration clandestine, des inégalités, des discriminations et de l’accès aux soins. Le tout dans des films à grand spectacle.

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Elysium raconte les derniers jours de Max, une petite frappe qui essaye de rester dans le rang dans un monde où les riches vivent dans une cité spatiale utopique en orbite autour de la Terre et les gens normaux vivent dans la crasse de la vallée de larmes et de poussières de notre bon vieux plancher des vaches.

On y retrouve Matt Damon, Jodie Foster, Diego Luna, William Fichtner, Wagner Moura, Alice Braga et l’excellent Sharlto Copley. Tout le casting est formidable mais Sharlto Copley livre encore ici une prestation sur le fil du rasoir. Il est à la fois drôle, surexcité, inquiétant, voire carrément flippant. Avec ce bon casting, une histoire qui tient très bien la route, des thèmes profonds, une réalisation et des visuels bluffants et surtout du très grand spectacle, on ne peut être qu’aux anges.

elysium mercLes références dans le film sont nombreuses, mais surtout subtiles et bien digérées. On pense un peu à Robocop, aux films de David Cronenberg à Breaking Bad pour le coté désespoir et jusqu’au-boutisme de celui qui se sait condamné. On retrouve un mélange de cynisme, de sens du sacrifice, d’humour noir, d’hybridation. On voit des clandestins se brûler littéralement les ailes en essayant d’aller là où l’herbe est plus verte. On voit des hommes fusionner avec de l’électronique et de la mécanique et des mercenaires traités comme des outils, des ouvriers traités des animaux et des riches qui ont perdu leur humanité.

Quand on voit les ordures que semblent être devenus les habitants d’Elysium et quand on sait qu’en latin Elysium est le lieu où séjournent les hommes vertueux après la mort, on sourit devant tant d’ironie.

Ne ratez pas l’un des meilleurs films de la rentrée. Et si vous ne l’avez pas encore vu précipitez-vous sur District 9.

 

Elysium

de Neill Blomkamp

14 Août 2013

avec Matt Damon, Jodie Foster, Diego Luna, William Fichtner, Wagner Moura, Alice Braga et Sharlto Copley,…