Les Contes de la Crypte : hommage posthume


Peut-on être raffinée tout en aimant le gooore (oui, le mot “gore” devrait s’écrire avec au moins trois “o”) ? Aujourd’hui, je vous prouve que c’est possible.

L’autre jour, je tombe sur un exemplaire des Contes de la Crypte au rayon bd de la bibliothèque. Ni une ni deux, j’emprunte un volume au titre prometteur : “Plus morts que vivants ! “. Pourquoi tant d’empressement ? Eh bien voyez-vous, les Contes de la Crypte, ou Tales from the Crypt pour les bilingues, c’est un mythe pour les gens qui aiment les histoires qui font peur.

A l’origine, Tales from the Crypt est un comic publié aux Etats-Unis dans les années 1950. Dans chaque recueil, huit histoires d’horreur sont présentées par un personnage macabre : la Vieille Sorcière, la Sentinelle du Cimetière…ou le plus charismatique d’entre eux, le Gardien de la Crypte. Prenez des personnages dénués de toute morale, faites ressortir les plus bas instincts de l’homme (à côté Koh Lanta, c’est le pays des bisounours), rajoutez une bonne dose d’humeur noire, repensez à vos cauchemars les plus sombres, et vous aurez une idée de ce que raconte cette série mythique. Sueurs froides garanties !

“Plus morts que vivants ! “ n’échappe donc pas à la règle. Parmi les récits présentés, on trouve  les titres aux typos dégoulinantes “Horreurs de jeunesse” (un enfant maltraité est vengé par un croque-mitaine sanguinaire), “Criant de vérité” (un artiste floué utilise le vaudou pour obtenir réparation) ou le diabolique “Cuits à point” (un manuel d’effets spéciaux horrifiques est volé à Paris par des américains peu scrupuleux). Les planches en noir et blanc, dans le pur style des années 1950, sont ragoûtantes à souhait. L’ironie est omniprésente, et l’on apprécie la “morale” qui conclue chaque récit.

Mais je ne peux passer à côté de la série télé qui a profondément marqué ma génération de presque trentenaire. Dans les années 1990, les Contes sont adaptés à la télévision en épisodes courts. Présentés par le Gardien de la Crypte, squelette desséché au rire d’asthmatique et à l’humour bien caustique, on peut y voir apparaître de nombreux acteurs connus (Scharwzi, Whoopi Goldberg, Joe Pesci…). Depuis les temps bénis (ou maudits !) où j’ai découvert cette série, je me vantais plus ou moins d’aimer les séries Z un peu gooores donc, jusqu’au jour où l’on m’a fait découvrir Braindead lors d’un repas (j’insiste bien, lors d’un repas). Tapez “braindead cream scene” sur Youtube et vous comprendrez ma douleur. Je ne peux me permettre de mettre le lien sur ce webzine si subtil ;). Depuis cette soirée, je ne fais plus la belle, croyez-moi. Pour moi, les Contes de la Crypte, ça sent les vacances d’été de notre adolescence, quand on se goinfrait de cochonneries pleines de gélatine animale devant la télé (l’agar-agar n’était pas encore entré dans notre vocabulaire), épuisés par une bonne journée de pistoche, pendant que les parents picolaient jusqu’à pas d’heure devant le barbecue. On attendait le jeudi soir, en supportant patiemment les interminables plages de pubs qui cisaillaient chaque épisode de 24 min. Ma cousine la plus jeune avait tellement peur qu’elle se glissait au milieu de la nuit dans mon lit, et s’endormait en grattant la tapisserie avec ses ongles (véridique !).

Les Contes de la Crypte ont inspiré des générations d’illustrateurs, d’auteurs (Stephen King), de réalisateurs (George A.Romero). Et d’une manière générale, “THE” référence pour tous les amateurs d’horreur. Alors pourquoi ne pas se plonger, un soir de mauvais temps, dans un exemplaire -ou un épisode- des Contes de la Crypte ? Enfin, si vous osez…

Tales from the crypt, Jack David
Albin Michel, environ 9€

Et pour les nostalgiques, le générique :

*** Notes
Tout est ici : âmes sensibles et cardiaques s’abstenir