Mauvais Genre


Le sujet mériterait amplement une thèse plutôt qu’un simple article mais je vais quand même essayer de traiter le sujet de la question du genre. Les piétineurs de macadam opposés au mariage pour tous, les quelques religieux de toutes croyances et les animaux préhistoriques conservateurs détestent cette idée qui veut que le sexe et le genre soient deux choses différentes. Pourquoi la biologie, la sociologie et la psychologie sont-elles aussi souvent  mélangées et confondues ? Pourquoi refuser l’évidence ?

 

Ouais, genre !

D’un coté les filles, d’un autre les garçons. Les unes se doivent de jouer à la poupée, à la princesse, à la dînette, à la marchande pour devenir ensuite désirables, de bonnes mères, de bonnes épouses, etc., les autres doivent jouer à la guerre, à la police,  s’amuser avec des voitures, au foot, être des durs à cuire, pour devenir de bonnes figures paternelles, viriles, autoritaires, etc.

Toute la société, l’éducation, l’enseignement, la publicité, tout est fait pour que les rôles soient bien définis. Les filles naissent dans les roses et s’habillent en rose, les garçons naissent dans les choux et s’habillent en bleu. Sauf que les roses sont des plantes dont les épines nous rappellent constamment que si conventionnellement tout le monde les adore, elles, de leur coté, nous détestent. Et les choux ça pue.

Donc, depuis des générations il y a des marginaux qui sortent des petits cases, je vous ai déjà conté ma passion pour les pensées divergentes et les gens hors normes. Je parle ici de  marginaux comme je parlerais d’originaux ou d’anticonformistes, autant de personnes qui ne collent pas à la norme des genres mais n’en sont pas moins normales. L’expression un « garçon manqué » pour une fille qui n’aime pas les trucs de filles devrait disparaître si on brisait un peu les carcans et les petites cases dans lesquelles personne n’aime entrer. Parce qu’une fille peut être féminine sans penser perpétuellement à son physique et un garçon peut être masculin sans être une brute qui se gratte l’aine. Je caricature, mais vous voyez l’idée, je l’espère.

Actuellement au cinéma vous pouvez voir le film de Guillaume Gallienne, Les Garçons et Guillaume, à table!, très pertinent en tant que témoignage sur la façon dont notre entourage, notre éducation et l’image qu’on renvoie aux autres influent sur ce que nous sommes, ou sur ce que nous devenons. Mis à part le fait que Guillaume Gallienne grimé en sa mère ressemble à un Alan Rickman travesti, le film est un excellent exemple dans le discours sur la question des genres.

jouets Smosh1

Position intéressante et confortable

En poussant la théorie jusqu’au bout, on peut extrapoler que ce sont ces mêmes schémas de la femme comme objet de désir fragile et de l’homme comme figure protectrice et forte qui génèrent la pornographie, les violences conjugales ou le viol. Au quotidien, cette façon de penser est la source du sexisme et des discriminations que les femmes subissent dans le monde du travail, ou plus généralement dans leur vie. Le tout, couplé à des publicités dégradantes pour la femme, publicités qui elles-même s’inspirent des comportements sociétaux comme elles les inspirent en retour, font qu’un ras-le-bol légitime et croissant commence à se manifester. Même chez des personnes qui jusque-là n’avaient jamais été parties prenantes dans quoi que ce soit de politique, de religieux ou de philosophique,  germe une prise de conscience sur ces questions d’inégalités et de discriminations. Pour peu que l’on prenne le temps d’ouvrir les yeux sur le monde, on est vite aveuglé et submergé quotidiennement par tant d’images choquantes.

La plupart de nos lectrices et rédactrices pourraient témoigner massivement du sexisme ordinaire omniprésent, de mon coté je vais rester léger et vous montrer quelques exemples à contre-courant.

 

Bande de fils de Pub

Pour la question de la publicité, je vous laisse apprécier cette vidéo qui commence à devenir virale, tournée par des étudiants canadiens de l’université du Saskatchewan. A regarder jusqu’à la fin pour bien rigoler.

 

Girls just want to have fun

De plus en plus de parents ont compris que ces stéréotypes, ces conventions, ces caricatures doivent être brisés. Les choses se font petit à petit mais les mentalités commencent à changer. Les féministes luttent depuis longtemps contre l’image de la femme que renvoie Barbie, mais n’oublions pas que les garçons de ma génération ont dû faire avec des héros aussi disproportionnés que Musclor (He-Man en VO) des Maîtres de l’Univers.

He-man genre

Tant qu’on parle de jouets, autant rester dans la thématique. Un indice prouvant que les mentalités commencent à changer nous vient des quelques rares catalogues de Noël brisant les règles du genre, comme le fait celui des magasins Super U. Je vous laisse juge de cette bonne initiative où les garçons jouent à la poupée et les filles aux petites voitures ou tout simplement ensemble comme c’est souvent le cas dans la réalité.

jouets mixtes

Ce spot pour la marque de jouet GoldieBox, à la fois divertissant et intelligent, passe à la vitesse supérieure. Du girl power sympathique pour nous rappeler que tous les métiers sont possibles pour celles qui le souhaitent.

Un autre exemple s’est présenté lors de la sortie du tonitruant Thor 2 : le monde des ténèbres. Natalie Portman, qui interprète dans les deux opus la scientifique Jane Foster, en a profité pour promouvoir avec l’Académie Nationale des Sciences et les Girls Scouts d’Amérique les carrières scientifiques, technologiques, d’ingénieries et mathématiques pour les filles. On ne sait pas si des vocations vont naître mais l’idée est assez bonne pour qu’on la soutienne.

Puisqu’on parle de grand spectacle, à défaut de pouvoir vraiment parler de cinéma quand on évoque Thor, je voulais évoquer le test Bedchel. Ce test, né dans les pages du comic strip d’Alison Bedchel, permet d’évaluer si un film est sexiste ou pas. Pour passer le test, il faut qu’il y ait au moins deux personnages féminins dans le film, que les deux personnages féminins s’adressent la parole et que ce faisant elles ne parlent pas d’un homme.

Le test est perfectible et faillible mais il est très amusant de voir que peu de films, de séries ou de bande-dessinées sont capables de le passer avec succès. Certains films ouvertement sexistes passent le test quand d’autres, qui présentent des personnages féminins forts, ne vont pas rentrer dans les trois règles. Le test Bedchel présente néanmoins l’avantage de nous faire réfléchir sur le fait que trop souvent, les fictions présentent des demoiselles en détresse et/ou des potiches dans un monde masculin.

 

Y’a des genres bizarres

Pour terminer je voulais évoquer la communauté grandissante des cosplayeurs. Le cosplay, de COStume PLAYing, est l’art de confectionner soi-même et porter le déguisement de ses personnages de jeux vidéos, films et séries préférés. Cette communauté a depuis longtemps brisé les codes des genres, le Gender Bender est monnaie courante. Paradoxalement, si on peut valider l’idée d’une princesse Leia au masculin, dans les faits, ça pique un peu les yeux. Dans l’autre sens, on est en droit de se demander pourquoi, dans les deux tiers des cas, la version féminine d’un personnage masculin doit, pour exister et être considéré comme réussi, devenir un fer de lance sexiste qui ramène de nouveau la femme à un simple objet de désir ?

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Une sur quatre

 

Pour conclure, un conseil pour vraiment savoir si un jouet est pour fille ou pour garçon : demandez vous si pour s’en servir il faut utiliser ses parties génitales.

  • Si OUI, ce n’est de toute évidence pas un jouet pour enfants.
  • Si NON, c’est un jouet pour garçon et fille.

Comme je le disais en préambule, je ne fais qu’effleurer la surface d’un vaste sujet passionnant et passionné mais merci de votre attention et n’hésitez pas à réagir dans les commentaires ci-dessous.