Mozart, l’Opéra Classique!


L’affiche était visible partout à Bordeaux depuis plusieurs semaines, impossible de la rater. Pourtant ce n’est pas comme si c’était le style de musique que j’écoute le plus, mais à chaque fois que j’en ai l’occasion, je regrette de ne pas en avoir d’avantage. Ces temps-ci, cet artiste avait donc droit à une politique de communication à la hauteur de tout son talent, à faire presque pâlir les grands noms d’aujourd’hui. Comme si on voulait nous dire « C’est aujourd’hui, ici et maintenant! Alors allez-y ! Ça ne se représentera pas deux fois! ».

Ma culture musicale classique n’est pas mirobolante. Les noms des grands maîtres et des œuvres, je les connais, mais il m’est difficile d’établir un lien entre eux. Prenons seulement deux exemples :

  • La 9e Symphonie de Beethoven, grâce au fait que son final n’est autre que l’hymne européen, souvent appris dans les écoles et autant adulé que repris dans les cultures populaires (je pense notamment à Orange Mecanique et à la reprise du groupe japonais LM.C).
  • La Marche pour la Cérémonie des Turcs de Jean-Baptiste Lully qui vous reste en tête quand vous parcourez les jardins du château de Versailles ou que vous assistez au spectacle de jets d’eau au Puy-du-Fou.

Pour les autres incontournables de la musique classique et d’opéra, notamment ceux relayés par la publicité et la cinéma,… je réponds spontanément par un « ah oui! ça je connais !! » sans pouvoir en dire plus.

La star du jour c’est Mozart ! Génie, surdoué de la musique dès 3 ans, doté de l’oreille absolue, mort on ne sait trop comment, Les Noces de Figaro, La Flûte Enchantée et son Requiem légendaire… Quelques éléments de sa biographie me reviennent en mémoire au fur et à mesure. Mais rien de très détaillé.

Le programme de la soirée est annoncé : son fameux Requiem ; Divertimento en si bémol KV 137 ; Sancta Maria KV 273 ; Laudate Dominum KV 339 (extrait des Vêpres solennelles d’un confesseur). Pour moi, c’est un charabia. Pour vous, j’ai été cherché ce qu’il veut dire :

Non, « KV 137 », « KV 273 » et « KV 339 » ne font pas référence à des plaques minéralogiques luxembourgeoises. « KV » signifie juste « KöchelVerzeichnis » (« Catalogue Köchel » pour les non-germanistes dont je fais partie), du nom de l’érudit allemand qui a recensé et archivé des centaines de créations de Mozart. Ces références permettent alors de les trouver plus facilement parmi toute son œuvre prolifique. Retrouvez-les nommées en latin de façon à ce qu’elles vous parlent plus. Ou pas.

S’il n’avait été question que de Mozart, je ne suis pas sûr que je m’y serais rendu : des représentations en son honneur sont régulièrement données dans divers endroits tout au long de l’année. Celle-ci est assez exceptionnelle pour que je vienne vous en parler. Un orchestre philharmonique, on n’en voit déjà pas tous les jours. En plus, celui-là nous vient de Prague. A son palmarès, des dizaines de prix prestigieux remportés. Prenons par exemple, l’Oscar de la meilleure musique originale pour le film Le Labyrinthe de Pan en 2007. Et quand il n’en est pas à l’origine, il en réinterprète d’autres, comme l’intégralité de la saga Harry Potter, ou plus étonnant en offrant les versions orchestrales des musiques du film d’animation Mes Voisins les Yamada sorti tout droit des studios Ghibli.

Bref, la renommée de l’orchestre philharmonique tchèque repose sur deux piliers aussi solides l’un que l’autre : ses interprétations des plus grands classiques font qu’il est des plus respectés du milieu ; mais sa faculté à inscrire son savoir-faire dans les créations actuelles fait qu’il a ce rôle privilégié de dépoussiérer les lettres de noblesse qu’on attribue tant à la musique classique et à l’opéra.

Donc, oui je le confirme, un événement exceptionnel a bien eu lieu ce jeudi 7 juin 2012, dans la cathédrale Saint-André, ici à Bordeaux.

Il y avait vraiment beaucoup de monde. Arrivé vingt minutes en avance, il ne restait déjà que peu de places, si ce n’est une chaise esseulée par-ci par-là. Je me suis assis sur l’une des premières trouvées. Je regrette un peu de ne pas avoir cherché un peu plus loin, c’est-à-dire un peu plus près de l’orchestre.

En effet, il était installé dans le chœur de la cathédrale. Je me suis demandé dans un premier temps si écouter du classique dans un lieu qui n’est pas fait pour, et qui en plus résonne pas mal, était une bonne chose. En fait, ça s’y prête plutôt bien. Écouter cela en live, entendre des notes pures et non plus relayées par des enceintes, c’est particulièrement agréable. J’aurais quand même bien aimé avoir le moyen d’augmenter un peu le volume ou, du moins, que les sons puissent englober tout mon être et m’isoler des bruits parasites, des toux et autres chuchotements.

D’instinct les yeux se ferment. Et pas que les miens! Je me suis retourné à un moment et les paupières ouvertes de spectateurs se faisaient rares. En effet, seule l’ouïe est sollicitée alors pourquoi s’embêter avec la vue ? De plus, j’ai trouvé les projecteurs de la cathédrale un tantinet trop forts. Une lumière plus tamisée aurait été parfaite.

Le concert commence alors et, dès les premiers instants, de fabuleuses émotions se font ressentir, des joyeux violons du Divertimento aux puissants souffles du Requiem. Les poils hérissent et le cœur bondit!

Là, je regrette aussi de ne pas avoir pris un peu d’argent avec moi : le programme de la soirée étaient en vente à l’entrée. 5€ le livret. Du coup, parfois je me sentais un peu perdu. Comme beaucoup de monde je pense, je faisais confiance aux connaisseurs pour savoir quand applaudir, parce que certains silences ne veulent pas dire que le morceau est fini.
Le concert a duré une bonne heure. A un peu moins de 35€ le billet, le prix est justifié par la qualité de ceux qui ont fait ce moment. Mais il légitime également le prix qu’on peut trouver directement à l’opéra, dans un lieu conçu pour ce genre de représentations.

A vous qui hésitez encore, je pense que la sensibilité musicale est à la portée de tous. Pour en faire l’expérience, plusieurs options s’offrent à vous.

    Des CD initiatiques sur la musique classique sortent très régulièrement dans les bacs :

  • Je n’aime pas le classique mais ça j’aime bien, CD en 2 volumes, paru le 30 juin 2008, environ 20€
  • Je n’aime toujours pas le classique mais ça j’aime bien, CD en 2 volumes, paru le 28 septembre 2009, environ 7€
  • Je n’aime décidément pas le classique mais ça j’aime bien, CD en 2 volumes, paru le 25 octobre 2010, environ 12€
    Les cinéma aujourd’hui vous proposent des retransmissions des plus grands opéras du monde :

  • Les cinémas UGC proposent le programme Viva l’Opera, du Voyage à Reims de Rossini par la Scala de Milan au Falstaff de Verdi interprété au festival de Glyndebourne, en passant par La Chauve-Souris de Strauss à l’Opéra National de Vienne, avec des abonnements à tarifs dégressifs à partir de 20€ la séance.
    Cinéma UGC Ciné Cité Bordeaux – 13 rue Georges Bonnac – 33000 Bordeaux
  • Les cinémas Pathé-Gaumont proposent notamment de suivre 12 représentations en direct du MET de New-York à 258€ pour le forfait complet.
    Gaumont Talence Universités – Allée du 7e Art – 33400 Talence
  • Pour vivre ces émotions plus directement, les opéras introduisent dans leur programme des conférences et des réductions étudiantes :
    Opéra National de Bordeaux – Place de la Comédie -33000 Bordeaux
    Cycle de conférences à 3€ l’entrée | Programme des concerts, le « Paradis des Etudiants » propose 3 spectacles au choix pour 24€

Le classique vous tend les bras. Sachez ne pas lui résister.