Deutsch Metal ist nicht dead !


Amis de la langue allemande, bien le bonjour ! Au menu musical chez Mandorine, six teutons tous quasiment cinquantenaires, les dénommés Rammstein…

Si vous ne les connaissez pas, petite présentation (de gauche à droite) de ceux qui font partie des emblèmes du métal industriel allemand, et ce depuis 1994 :

Till Lindemann, 49 ans. Chanteur à la voix grave et puissante si particulière. Selon une antique légende, ce dernier refusait de chanter jusqu’à un certain soir où, poussé par Richard Kruspe ainsi qu’une grande quantité de schnaps, il laissa entendre ses capacités vocales. C’est lui qui écrit tous les textes des chansons du groupe, et il est également poète, mais j’y reviendrai plus tard. Particularité : il a obtenu un diplôme d’artificier afin de superviser tous les effets pyrotechniques durant les concerts, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, aucun mort n’est à déplorer lors de ses mises en scène disons… originales…

Richard Zven Kruspe, 45 ans. Guitare solo et chœurs. Il dispose d’une dizaine de guitares lors des concerts pour les différents accordages. Il a aussi créé son propre groupe du nom de Emigrate où il chante en anglais. Particularité : hormis tous ses changements de couleur de cheveux, il a signé chez ESP le design d’une guitare électrique qui porte ses initiales et ça, c’est la classe !

Paul H. Landers, 48 ans. Guitariste rythmique et chœurs. Particularité : c’est le plus petit du groupe, ce qui lui a valu d’être le « bizut » le temps du clip Sonne (prononcer « Zôôneu »), mais le reste du temps, faut pas déconner c’est Flake qui l’est.

Christoph « Doom » Schneider, 46 ans. Batterie et percussions. Particularité : c’est l’une des fortes têtes du groupe avec Richard. Il a également signé de son côté un modèle de baguettes pour batterie, classe aussi.

Oliver « Ollie » Reidel, 41 ans. Basse. Particularité : C’est le plus solitaire et discret du groupe.

Christian « Flake » Lorenz, 46 ans. Claviériste. Se plaît à dire, même s’il joue dans le groupe depuis le début, qu’il n’est qu’un « invité ». Particularité : souffre-douleur officiel du groupe (surtout de Till) sur scène : il termine souvent fouetté, tabassé, cuisiné, mis en laisse et autres joyeusetés, mais pour de faux bien sûr… Surnommé « Doktor Lorenz » par le reste du groupe, ayant fait des études de médecine.

Les présentations faites, rentrons dans le vif du sujet avec les 5 raisons pour lesquelles écouter Rammstein n’est pas si sale que ça, ni mauvais pour la santé :

 

1 -Till Lindemann est un graaaand poète

Ce qui est fascinant avec Till Lindemann, c’est cette capacité à faire se côtoyer l’amour et la haine, voire carrément la violence, dans des textes allant tantôt vers le poétique (Reise Reise, Ohne dich, Hailfisch ou Roter sand par exemple) tantôt vers des textes plus crus parlant entre autre de torture (Ich tu der weh), de cannibalisme (Mein teil) ou bien de nécrophilie (Heirate mich), ce qui ne laissera aucun doute quant à la nature complexe et torturée de ce personnage.

Ses talents poétiques ont d’ailleurs été remarqués puisqu’il a publié en 2002 un recueil de poésies sobrement intitulé Messer (« couteau » en français), et qui à ce que j’ai déduit des critiques prolonge le travail d’écriture entamé avec Rammstein. Je ne peux que vous engager à aller chercher les traductions des chansons citées ci-dessus afin de vous faire votre propre idée de la teneur des textes des chansons de Rammstein.

 

2 – Certains de leurs clips transpirent le second degré

Il suffit de voir tout d’abord leur dernier clip en date Mein land, où nous voyons nos six compères en pseudo Beach Boys se trémousser comme s’ils dansaient le twist, pour se dire qu’ils ont quand même un tant soit peu d’humour !

Quelques uns de leurs autres clips possèdent des éléments permettant de donner du second degré aux paroles. Dans Hailfisch, c’est l’enterrement de Till qui est mis en scène, et on découvre que chaque membre du groupe avait un motif pour le tuer, alors que les paroles de la chanson traitent de l’amitié indéfectible qui les unit.

Dans Sonne, ils sont des nains au service d’une Blanche-Neige pas très commode qui sniffe l’or qu’ils extraient de leur mine.

Dans Mann Gegen mann (Homme contre homme, littéralement) ils jouent même dans le plus simple appareil avec pour seul vêtement leurs instruments, et Till vêtu d’un slip en cuir (tout à fait seyant par ailleurs) vantant le droit de chaque homme aux amours masculine. Le tout au milieu d’une mêlée d’hommes nus, bien sûr !

La liste n’est pas exhaustive, et pour ne pas vous abreuver de titres plus qu’il n’en faudrait pour vous faire rendre votre verre de Schnaps, regardez leur « clipographie », elle en vaut la peine !

3 – Leurs concerts sont des instants inoubliables

Si j’en crois la tête d’une de mes meilleures amies qui a vu leur récent concert à Bercy, et le temps qui lui a fallu pour redescendre sur Terre (à la réflexion elle n’en n’est toujours pas redescendue), leurs concerts valent très largement le déplacement. On y voit le plaisir qu’ils prennent à jouer ensemble et le don total qu’ils font de leur personne pendant les 2h30 que dure le show.

Cela change de leurs premiers concerts à l’atmosphère disons plus… austère et concentrée où ils ne se permettaient que peu de fantaisie, si ce n’est une arrivée à la Jean-Claude Van Damme de la part de Till Lindemann. Maintenant qu’ils ont de la bouteille (et beaucoup de shots de tequila dans le gosier vu qu’ils en boivent toujours un avant d’entrer en scène), ils se lâchent beaucoup plus et c’est tant mieux pour les fans !

4 – Ils se renouvellent sans cesse à chaque album sans être encore essoufflés

Il faut l’admettre, Herzeleid (1995) est un album quand même super daté qui fleure bon l’Allemagne post-destruction du Mur de Berlin si on l’écoute aujourd’hui, alors que Sehnsucht (1997) et Mutter (2001) confirment la voie dans laquelle ils s’étaient engagés et montrent un son un peu plus affiné qui présage de grandes choses.

S’ensuivent la bombe Reise Reise, plus travaillée et mélodieuse, et le mésestimé Rosenrot qui bien que ressemblant beaucoup (trop selon certains fans) à son prédécesseur mérite un petit détour. Enfin vient le dernier en date, Liebe ist für alle da (2009) qui arrive à faire l’alliage entre la dureté des deux premiers albums et le côté mélodieux des suivants. L’album de la maturité ? Pourquoi pas. Toujours est-t-il qu’avec leur dernier single Mein land (sorti pour promouvoir leur best of Made in Germany) ils prouvent qu’ils ont encore de beaux albums devant eux, et de quoi ravir nos oreilles !

Fan ou non, force est de constater qu’entre Herzeleid et Liebe ist für alle da, il y a une réelle évolution musicale, et des prises de risque chez Rammstein quasiment entre chaque album (ce que ne font pas beaucoup de groupes qui se contentent d’appliquer la même recette encore et encore une fois qu’ils ont trouvé ce qui était vendeur).

5 – Faire taire les préjugés sur leur musique

Que de choses ont été dites sur Rammstein ! Qu’ils sont nazis et homophobes, qu’ils sont responsables avec Marilyn Manson de la tuerie du lycée de Columbine par leur mauvaise influence, que Till Lindemann est un Barbe-Bleue des temps modernes qui torture et mange des chatons et boit du sang de jeune vierge au petit déjeuner…

La majorité de ces rumeurs sont tenaces, surtout en raison du fait que chantant en allemand, qui plus est avec une diction qui fait qu’un simple « passe-moi le sel » sonne comme une menace de mort, leurs paroles passent à la trappe chez les auditeurs étrangers, d’où de possibles malentendus…

Pour ce qui est des accusations de nazisme, ils s’en sont défendus aussi bien en interview qu’en chanson dans Link 2, 3, 4 (en français Gauche 2, 3, 4) où ils clarifient être politiquement à gauche et Mann Gegen Man (« Homme contre homme ») suffit à elle seule à montrer leur non homophobie si on fait l’effort d’en traduire les paroles.

Je terminerai cet article sur leur actu qui consiste en la sortie d’un DVD-rétrospective de leurs clips, ainsi que la continuation de leur tournée dans l’Europe entière suite à la sortie de leur best of Made in Germany

D’ailleurs, de nouvelles date françaises sont à prévoir après les deux Bercy archi-bondés du mois de mars :

  • le 23 avril 2013 à Montpellier
  • le 24 avril 2013 à Lyon
  • le 7 Juillet 2013 à Nancy
  • Le 18 juillet au festival Les vieilles charrues

Ah oui, un nouvel album est en préparation pour 2013. Sur ce je vous laisse et m’en vais trépigner d’impatience, ach !