Retour sur Zone Franche


Du 22 au 24 février s’est tenue à Bagneux, dans la région parisienne, la 6e édition du festival Zone Franche, consacré aux cultures et littératures de l’imaginaire. Cette année, l’accent avait été mis sur les sorcières. De nombreuses conférences et animations se sont tenues durant ces trois jours, permettant aux visiteurs de découvrir des auteurs, des univers, mais également de s’amuser sur le thème de la magie.

Les organisateurs ont tout fait pour nous mettre dans l’ambiance. De nombreux éléments décoratifs avaient été disposés dans l’espace du festival. Si ça manquait de balais volants, on pouvait tout de même, durant notre visite, croiser des toiles d’araignées, une forêt mystérieuse, mais aussi des sorciers qui arpentaient les lieux vêtus de lourdes capes… Même si on sait depuis Harry Potter que les sorcières n’ont pas toutes une verrue sur le nez, certains poncifs ont la vie dure.

Zone Franche 01

Une cinquantaine d’exposants et près de cent cinquante auteurs et illustrateurs étaient présents pour l’occasion. Outre les auteurs, il y avait également les représentants de quelques sites internet, des fanzines, du jeu de rôle… Les supports du fantastique sont variés ! Les invités d’honneur de cette édition étaient Dominique Camus (spécialiste de la sorcellerie), Fabien Clavel (auteur fantasy), Pierre Dubois (illustrateur), Mélanie Fazi (auteur fantasy), Jean-Michel Nicollet (auteur et illustrateur) et Pierre Pevel (auteur fantasy). A ma grande honte je n’en connaissais aucun. J’ai cependant découvert avec grand intérêt le travail de Pierre Pevel, qui mêle histoire et fantasy, démons et dragons. Nul doute que ses livres rejoindront bientôt les autres que j’ai en attente de lecture.

Diverses conférences ont permis à ces auteurs de présenter leurs travaux et de débattre (vous pouvez les écouter sur le site Actu SF). Les sujets étaient variés, allant de l’étude des sorcières d’hier et d’aujourd’hui à Nostradamus, en passant par les démons et les damnés. L’une de ces tables rondes avait même pour sujet le super fiasco de Bugarach. Malheureusement, il s’agissait plus d’une mise en avant des différents romans des auteurs présents que de réels débats. A défaut d’en apprendre un peu plus sur le sujet, cela permettait de découvrir des auteurs. C’est vrai qu’après tout ma pile « à lire » ne dépasse pas encore le mètre… Mais j’ai bien peur de ne pas en être loin.

Le conteur Tortequesne.

Le conteur Tortequesne.

Plusieurs conteurs étaient également présents. On se souvient tous des histoires que l’on nous racontait pour nous endormir. Les conteurs nous ramènent un peu en enfance, nous font nous extasier et nous plongent dans leur histoire sans même que l’on s’en rende compte. On finit par rire avec les enfants à l’entente des différentes voix que prend ce drôle de personnage vêtu comme un voyageur à l’époque médiévale. On se prend au jeu sans y faire attention, et finalement on reste jusqu’à la fin du récit alors qu’on s’était simplement approché par curiosité. C’est ce qui m’est arrivé avec Tortequesne, qui m’a happée avec son histoire de samouraï passant la nuit dans une maison hantée. J’ai certes un antécédent avec les japonaiseries, mais je partais également avec un à priori plutôt négatif sur ce type de spectacle, à priori que j’ai bien vite piétiné, sans aucun remord. Je pense qu’il gît encore agonisant sur le sol de la salle des fêtes.

Outre ces créations et animations littéraires, se trouvaient d’autres ateliers. Il était ainsi possible de participer à des jeux détournés sur le thème d’Harry Potter grâce à Obscurus Presse et la Gazette du Sorcier qui modifient des jeux existants tels le Loup Garou ou Il était une fois. Il y avait aussi des ateliers pour les plus jeunes (et, soyons honnêtes, certains moins jeunes) qui permettaient de réaliser sa propre baguette magique, son bestiaire fantastique et son chapeau de sorcière. Beaucoup de paillettes et de papier rose ont été utilisés à cette occasion. Ces ateliers étaient animés par Remi Cierco, Françoise Reiffers et Fawzia Zeddam, des plasticiens.

Une autre animation était particulièrement à l’honneur puisque fort appréciée dans les milieux du fantastique (bien que décriée à tord par d’autres) : le jeu de rôle. La Fédération Française était présente, et proposait de découvrir cet univers méconnu. Même si ce n’est pas encore très développé, l’utilisation du jeu de rôle en milieu scolaire s’est révélé être très positif, permettant aux jeunes de s’exprimer, parfois en anglais, et également de découvrir des univers différents de ceux qu’ils ont l’habitude de connaître. Cette démarche peut de plus être couplée à d’autres cours, comme le français pour la création des personnages ou l’histoire, pour l’univers. L’une de mes découvertes est une création des éditions Footbridge, Teocali, basée sur la conquête de l’Amérique du Sud et les civilisations précolombiennes, le tout agrémenté de magie indigène. Un sujet qui est peu exploité dans ce type de jeu. Alors si vous aussi vous avez envie de combattre des conquérants sanguinaires, n’hésitez plus !

Un organisme surprenant avait pris place au milieu de toute cette magie. En effet, l’INRAP, l’institut national de recherches archéologiques préventives, avait monté un stand d’un grand intérêt. Jouant sur la mode du vampire, ils avaient imaginé la tombe d’un personnage énigmatique dont l’ADN était croisé avec celui d’un loup et d’une chauve-souris. La cause de la mort semblait être liée à l’enfoncement d’un pieu… Je vous passe les détails, mais à l’aide de cette fiction, les chercheurs avaient mis en avant toutes les techniques de l’archéologie et de la recherche archéométrique qui suit les chantiers, le tout de manière ludique et originale. Le clou de cette présentation était le cercueil du présumé vampire. Son aspect momifié semblait cependant loin de l’apparence du Comte Dracula.

Pour conclure, je dirai que ce week-end a été riche en découvertes, et je vous invite fortement à vous rendre à la prochaine édition du festival (en train, avion, portoloin ou tapis volant). Il permet un contact facile avec les différentes personnes présentes, ce que ne permettent pas des évènements de plus grande envergure. Cependant sa petite taille n’enlève en rien sa qualité, et c’est de découvertes en rencontres que se passe ce festival.