Totalitaire guitar


Ami lecteur, il est vrai que parfois te dévore l’envie de lancer une révolution, d’en être l’instigateur pour mieux en devenir le dictateur afin d’imposer au monde le cosplay obligatoire tous les mercredis ou encore Gordon Ramsay comme ministre du bon goût. Sache donc qu’il faut pour cela une solide motivation ainsi qu’un manque flagrant de considération pour tes semblables humains comme premier requis. Reste à se choisir un courant politique, ça fait plus crédible. Bien qu’aujourd’hui on préfère être « décomplexé » , les « bien pensants » du moment n’ont pas dit leur dernier mot, en comptant parmi leur rang quelques-uns des plus fameux autocrates de la planète. Pour vous en convaincre, voici les 5 plus célèbres dictateurs d’obédience communiste.

Numéro 5 : (Presque) Fidel au poste

Rangé au placard frigorifié depuis 2006, il n’en reste pas moins que le barbu le plus connu d’avant l’avènement des autres barbus est un symbole des dirigeants autoritaires qui arrivent à garder un capital sympathie auprès de certains. Célèbre pour ses discours à rallonge, son aspect austère et son abondante pilosité faciale, il est un vestige vivant des politiques de guerre froide so 60’s. Guérillero de première, intellectuel humaniste à ses heures mais politicien finaud et calculateur, il a transformé Cuba en une sorte de bulle temporelle, où se mêlent médecine de pointe et éducation idéologisée au milieu des vieilles cylindrées héritées de l’époque du dictateur de l’autre bord, Batista. Comme tout bon autocrate, il a su déjouer les pièges politiques en effectuant purges (en cela aidé de son bon ami Alberto « Héros des midinettes » Guevara), emprisonnements politiques et autre musellement des médias. Moins porté sur l’auto-congratulation que ses camarades, il reste toutefois une figure tutélaire du pays, encore dirigé par son sang, puisque c’est son « jeune » frère Raul qui est encore aux manettes, à travers le très objectif journal d’état Granma qui sait encore lui laisser la place nécessaire.

Le meilleur rôle de Liam Neeson

Le meilleur rôle de Liam Neeson

Numéro 4 : Pol n’es pas ton Pot

C’est un challenger sérieux au titre de Mister Totalitaire. Bien qu’ayant dirigé une nation modeste, il a su laisser son empreinte dans l’Histoire en soulageant le pays de près de 20% de sa population. L’homme, qui en bon francophone aurait pu garder son prénom original, Saloth, plus en accord avec son destin que le trop sympathique Pol Pot, a gagné ses galons dans le sang des guerres de la jungle et surtout dans le règne bref mais brutal de ses Khmers Rouges. Prisons politiques dont on ne sortait jamais, camps et exécutions sommaires, il n’y a que dans le culte de la personnalité que l’homme n’a pas brillé puisqu’il cultivait une discrétion publique qui l’empêche de briguer une meilleure place dans ce top 5.

Numéro 3 : Meet the Kims

top5_kimjongilImpossible de choisir l’un des trois tant ils sont à la fois interchangeables et différents. Qu’il s’agisse du père fondateur Il Sung, de son fils Jong Il ou du petit fils Jong Un, les Nord-Coréens ont décroché un chef d’état en place pour l’éternité. Culte de la personnalité, purges régulières et célébrations d’auto-congratulation pharaoniques dignes de Kanye West alors que le pays se débat dans la pauvreté, la dynastie Kim (aucun rapport avec les Kardashian, malgré la remarque précédente) ne recule devant rien pour se tailler une place considérable au panthéon des dictateurs communistes. Le grand père ayant tout mis en place de façon talentueuse, devenant président pour l’éternité et donc encore autorité suprême embaumé dans son mausolée, ses descendants ont eu la chance de trouver un système tout acquis à la famille, avec peuple soumis et aimant, police et armée zélées et monuments dédiés à la gloire d’un père de la nation devenu légendaire. Malgré ses coiffures improbables, sa phobie des déplacements, sa manie de regarder des trucs ou son amour pour les films d’actions américains, Kim Jong Il, qui a attendu longtemps son fauteuil mais en a profité un peu plus de 10 ans, a su pérenniser la dynastie. Kim Jong Un a donc hérité à 30 ans d’une nation et d’une armée. Et malgré un charisme digne d’une huître avariée, il a déjà tout pour faire remonter le classement des Kim d’un ou deux postes, entre les menaces de guerre au honni voisin et l’exécution de son ex et de toute sa troupe de danseurs. Un grand avenir donc.

Numéro 2 : Le timonier à la barre

En Chine, tout est bigger than life. Staline a inventé le Stalinisme, faisons mieux, faisons du maoïsme s’est dit un beau jour le jeune Mao Zédong en se rasant. Sorte de dictateur poète, héritier du pragmatisme politico-purgiste du Petit père des peuples et inspiré par la culture confucéenne, il a réussi à se maintenir au plus haut de la république populaire malgré des politiques au nom aussi charmant que leurs résultats furent catastrophiques pour la population : Grand bon en avant, Cent fleurs, Révolution culturelle. En bon dirigeant totalitaire, Mao connaissait bien son petit Tyran Illustré : tout opposant, s’il avait la chance de rester en vie avait droit à une mise au vert en camp de travail après une séance d’autocritique. Tout ceci sous pléthore de portraits bienveillants un peu partout, et avec dans la poche son fameux best-seller plein de citations politico-philosophiques, Le petit Livre Rouge. Après sa mort, ses successeurs ont poursuivi la modernisation de la Chine en adoptant un point de vue nettement opposé au niveau économique qui nous a amené à cette si paradoxale Chine moderne (et qui vous permet certainement de lire ces quelques lignes), mais sans jamais avoir remis en cause les résultats du Grand Timonier.

Numéro 1 : Le petit père fouettard des peuples

 

StalinePS1

Avant Пхотоснор

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Après Пхотоснор

Staline, qui aimait être appelé le petit père des peuples, occupe une place à part dans ce top 5, en maître incontesté et instigateur d’un courant totalitaire qui non content de porter son nom, a inspiré les numéro 2 et 3 de ce classement. Sous cette moustache, signe incontestable d’un despote à la
pointe de la mode, et son air bonhomme, l’ancien rédac-chef de la Pravda, intransigeant sur l’intégrité des écrits y paraissant, a su montrer la voie pour toute une génération de présidents à vie aujourd’hui en poste dans les pays satellites de l’ex-URSS et d’ailleurs. Culte de la personnalité poussé à son paroxysme, purges politiques méthodiques aussi insupportables qu’une émission de Sophie Davant, inventeur des vacances au goulag et précurseur de Photoshop par sa réinterprétation toute personnelle de l’iconographie historique à base de savants montages photo, il a mystifié un pays-continent, et un grand nombre de partisans au cerveau pourtant bien formé à travers la planète, pendant près de 30 ans, au point de provoquer une vague de tristesse à sa mort digne de la disparition de John Lennon. A jamais le premier.